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En quoi le chartisme est-il un mouvement politique novateur?

Publié le 01/12/2024

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« En quoi le chartisme est-il un mouvement politique novateur? Selon François Bédarida, le chartisme fut « le mouvement populaire le plus profond et le plus riche qu'ait connu l'Angleterre moderne ».

Il s’agit d’un mouvement social et politique anglais qui, à partir de 1836, porte les revendications de ceux qui ne se satisfont pas de la réforme électorale de 18321 et vise à imposer le suffrage universel dans le système politique britannique.

Son nom vient de la Charte du peuple (The People’s Charter), pétition publiée en 1838 qui expose son programme démocratique. I- UN MOUVEMENT INEDIT 1.

Un mouvement national de masse Comme l’écrit Roland Marx, « le chartisme puise immédiatement ses sources dans l'énormité des rancœurs populaires de 1832 ».

Mais le climat politique n’explique pas tout, la situation éco et sociale joue un rôle essentiel.

Les Whigs conservent la Corn Law qui a pour effet de maintenir un prix élevé des denrées de première nécessité.

Il en va de même pour d’autres formes injustes de taxation indirecte.

En 1834, les New Poor Laws criminalisent la pauvreté et l’encadrent strictement.

Dans les milieux ouvriers aussi bien que dans la fraction bourgeoise qui s’est ralliée aux idéaux du radicalisme, l’agitation se propage, et ce, dans tout le royaume.

Le chartisme des premières années n’est donc pas un mouvement local ou sectoriel : il est un mouvement national.

Il est très ancré en Ecosse, dans le Pays de Galles et dans la région de Manchester, poumon industriel du pays, ville où les ouvriers forment presque les 2/3 de la population.

Au total, près de 640 communautés d’Angleterre, du sud et du centre du pays de Galles et des basses terres écossaises abritèrent l’activité chartiste sous une forme ou une autre au cours des dix-huit mois qui suivirent la publication de la Charte du Peuple.

En 1842, on estime que 500 000 personnes sont engagées dans le mouvement chartiste. 2.

Un mouvement révolutionnaire ? Le chartisme naît officiellement avec la publication de la première pétition chartiste, publiée le 8 mai 1838.

William Lovett et Francis Place la présentent à Glasgow lors d’un meeting de 200 000 ouvriers. Ces vastes meetings sont destinés à recueillir des signatures et à élire les délégués d’une Convention générale des classes laborieuses, véritable « Parlement fantôme » des exclus du droit de vote. L’objectif est de faire pression sur le gouvernement en faisant signer le texte par la population.

Le mouvement définit en six points les conditions de la vie politique : - suffrage universel masculin scrutin secret suppression de tout critère d’éligibilité, tout électeur doit pouvoir être élu, qu’il soit riche ou pauvre instauration d’une indemnité parlementaire pour permettre à un travailleur de siéger aux communes nouvelle carte électorale avec équivalence entre les circonscriptions pour mettre fin au déséquilibre qui voit une minorité d’électeurs désigner la majorité des élus (« bourgs pourris ») renouvellement annuel du Parlement pour réduire l’autonomie des députés par rapport à leur électorat et éviter ainsi qu’ils ne trahissent leurs promesses Ces revendications apparaissent comme révolutionnaires aux yeux des classes dirigeantes qui redoutent les effets de l’élargissement du suffrage universel sur l’équilibre de la société britannique. 1 Le corps électoral passe de 478 000 à 813 000 électeurs pour 24 millions de Britanniques, soit un électeur pour 30 habitants (contre un pour 200 dans la France de la Monarchie de juillet) 1 3.

Un mouvement singulier L’originalité du chartisme réside dans le fait que les revendications politiques sont étroitement liées à une volonté de changement social : il s’agit de mettre fin à la confiscation du pouvoir par une minorité en vue de résoudre la question sociale, le problème posé par les conditions de vie et de travail des plus modestes.

On lit ici l’influence du socialisme utopique de Robert Owen qui insiste sur la nécessité d’un Parlement représentatif des vrais producteurs.

Le chartisme s’inscrit à la fois dans ce socialisme utopique et dans le radicalisme (usage de pétitions, pas d’opposition entre possédants et possédés, mais entre représentés et non-représentés…).

Le but du chartisme n’est donc pas la fin de l’expropriation du riche par le pauvre mais la fin d’une situation de monopole politique. II -UN MOUVEMENT AVEC DE NOUVEAUX MOYENS D’ACTION 1.

Le pétitionnement Les pétitions ne sont pas une nouveauté chartiste.

Ce répertoire d’action collective est déjà celui des radicaux de la fin du XVIII siècle2.

Mais ce qui change, c’est la dimension du pétitionnement.

Les trois pétitions présentées au Parlement en 1839, 1842, 1848 rassemblent respectivement 1,28, 3,32 et 1,9 millions de signatures, soit des niveaux inédits, supérieurs à celui des électeurs du « pays légal », ce qui n’empêchera pas la Chambre des communes de les rejeter par trois fois.

Les 3,3 millions de signatures de 1842 représentent le tiers des adultes britanniques, 3,5 fois le nombre de votants aux élections parlementaires.

Par ailleurs, la signature, geste militant, est parfois ritualisée, à l’instar de la remise au Parlement.

Il y a bel et bien un geste politique nouveau et dans son ampleur et dans sa publicité. 2.

Une modernité politique Les rassemblements participent également de la modernité du chartisme.

Les meetings et.... »

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