En 1944, la France sort meurtrie et divisée des «années noires» de l’Occupation et la collaboration.
Publié le 14/10/2018
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En 1944, la France sort meurtrie et divisée des «années noires» de l’Occupation et la collaboration. Le général de Gaulle, chef du Gouvernement provisoire de la République française, impose alors une mémoire collective et quasi officielle de la période, celle d’une France majoritairement résistante et victime de l’oppression nazie. Dans les années 1970 ressurgissent les responsabilités de l’État français et de ceux qui ont collaboré. En quoi peut-on dire que les mémoires des génocides ont mis du temps à se faire jour? Après avoir rappelé comment la mémoire du génocide n’est pas reconnue comme telle (de 1945 au début des années 1960), on évoquera la période de sa remise en cause (de 1960 au début des années 1990), puis l’apparition de diverses formes de mémoires. Une mémoire d’abord occultée et fondue dans la mémoire de la Résistance (1945-années 1960) Si lors des toutes premières années de l’après-guerre il y a une émergence d’une mémoire juive du génocide, elle est très vite amalgamée avec la déportation des résistants. Hormis quelques cérémonies, plaques commémoratives, monuments, ou encore livres du souvenir, la mémoire juive du génocide n’émerge pas dans la société française. Souhaitant affirmer leur appartenance à la communauté n...
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oeuvre du génocide.
En 1996, la France finit de réparer les spoliations des biens juifs.
En 1997, l'Eglise de
France fait une "déclaration de repentance" à Drancy.
La màªme année, Lionel Jospin, Premier
ministre, reprend le terme d'"irréparable" en précisant que "pas un soldat allemand n'a
été nécessaire à l'accomplissement de ce forfait".
La multiplication de lois mémorielles et des déclarations de repentance des responsables politiques
français provoque la colère d'historiens qui n'admettent pas que la loi écrive l'histoire ou soulignent que la
repentance à outrance nuit aux mémoires.
En 1990, la loi Gayssot fait de la négation des crimes contre l'humanité un délit.
La loi s'affirme ainsi
comme instrument de mémoire, en condamnant la perversion de cette dernière.
L'Etat encourage des journées commémoratives pour empàªcher l'oubli: le 16juillet devient une
journée nationale des persécutions racistes et antisémites commises sous l'autorité de fait dite
"gouvernement de l'Etat français".
Le 16 juillet 1994, un monument commémoratif est
inauguré à l'emplacement du vélodrome d'Hiver.
La mémoire du génocide tend màªme à devenir plurielle, car on assiste au réveil de la mémoire
d'autres communautés oubliées ou occultées jusque-là , màªme si leur extermination n'a pas toujours eu
le cà´té "systématique" de celle des Juifs: Tziganes, noirs, homosexuels, témoins de
Jéhovah€¦ En France, trente mille Tziganes ont été internés dans des camps.
Pourtant, ils furent parmi
les "oubliés" du procès de Nuremberg, car aucun Tzigane n'a été appelé à témoigner.
Il
faut attendre 2008 pour qu'une loi soit proposée au Sénat pour commémorer cette mémoire.
Conclusion
En 1945, le général de Gaulle, "libérateur du territoire", veut redonner des bases saines à la
République.
Le désir de panser les plaies de la guerre prime sur un véritable travail de mémoire.
De
grands procès vont cependant réveiller ces vieilles blessures pour aboutir une véritable repentance
jugée parfois excessive par certains historiens (René Rémond, Jean-Pierre Rioux).
Il a donc fallu du temps pour que l'histoire du génocide soit reconnue comme un événement à part
entière et spécifique.
Le travail d'analyse des historiens a largement contribué à la construction de
mémoires pacifiées et assumées, mais a aussi permis l'émergence de mémoires multiples oubliées
de la reconnaissance officielle et qui revendiquent leur place, comme celle des Tziganes..
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