Empires, Royaumes et Papauté
Publié le 27/02/2008
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L'empire romain a quelque temps représenté, autour de la Méditerranée, un équilibre territorial fondé sur l'uniformitéthéorique de l'impulsion gouvernementale.
La diffusion du christianisme a fortement modifié cet état de choses.Après une longue hésitation, l'État romain a, au IVe siècle, admis puis adapté la religion nouvelle.
Encore fallaitil quece christianisme constituât, pour l'empire, un lien de même qualité que les cultes antérieurs.
L'empereur n'a jamaiscessé de considérer que la vie religieuse était de sa compétence : devenu chrétien, réalisant la christianisationvigilante du droit antérieur à la conversion, l'empereur byzantin a défini l'orthodoxie par voie législative et cherché àen imposer le respect par la force.
Dès lors, les Patriarches de Rome, d'Antioche, d'Alexandrie, de Jérusalem, celui,plus récemment installé, de Constantinople sont, aux yeux de l'empereur, des agents religieux du pouvoir et nonpoint les détenteurs d'un pouvoir spirituel séparé.
De graves confits sont issus de cette conception, aux Ve et VIesiècles, entre Rome et Byzance.
L'orthodoxie imposée par le clergé melkite et la police byzantine a suscité desrévoltes confondues contre elle et contre l'État byzantin dans les provinces syriennes et égyptiennes ; et uneconstante réserve de l'Occident.
Dès le IVe siècle, d'autre part, des peuples étrangers à l'empire ont été convertis, le plus souvent par des dissidents chrétiens.
Au VIe siècleencore, sembletil, les empereurs appréciaient qu'il en fût ainsi ; l'orthodoxie se confondait avec l'empire, l'hétérodoxie avec les " Barbares " de toutesorte qui entouraient les terres " romaines ".
A cette analyse traditionnelle s'opposait un réflexe plus chrétien : pour séparés qu'ils fussent, les unset les autres adoraient un même Dieu, de part et d'autre du limes .
La majeure partie de l'Occident était, au demeurant, au début du VIe siècle, dominée par des princes ariens et l'avenir des relations entre les deux fragments de l'ancien empire romain dépendait de l'attitude que prendraitByzance.
Justinien P178 , comme son prédécesseur immédiat, a choisi l'intolérance légale contre l' arianisme KW020 , toutes les autres déviations chrétiennes et le prosélytisme renaissant des israélites.
Cette attitude a conduit à l'affrontement armé entre le christianisme officiel et les royaumesgermaniques qui se réclamaient d'un arianisme KW020 luimême plus ou moins tolérant.
La Reconquête byzantine du VIe siècle a fait triompher une conception de l'orthodoxie armée, une confusion entre l'empire et la Cité de Dieu qui se révélerait lourde de désastres lorsque l'empire allaits'affaiblir.
La Reconquête byzantine a abattu, en Occident, la tentative qu'ont esquissée certains rois ariens d'organiser, sur le modèle byzantin, une Égliseroyale distincte par son dogme et sa hiérarchie de l'Église populaire rattachée à Rome et à Byzance.
Minoritaires ils ne représentaient jamais plusde 5 à 10 % de la population qui les entoure les Germains peuvent chercher dans l' arianisme KW020 une solidarité qui les préserve de la fusion. Ainsi les Lombards, arrivés en Italie à la fin du VIe siècle après le reflux de la Reconquête byzantine, ont longtemps hésité à abandonnerl'arianisme KW020 .
Les tentatives byzantines du VIe siècle ont probablement empêché l'Occident d'être totalement séparé duchristianisme romain ; elles n'ont pas ouvert les voies à une réunification religieuse des deux moitiés de l'empire, tantl'Occident s'était alors déjà éloigné des préoccupations et du style de vie des chrétiens de l'Orient et tant, àcommencer par le pape, il était réticent aux formes du christianisme officiel de Byzance.
Le Patriarche de Rome, dès le Ve siècle, a commencé à réagir contre l'emprise de l'État sur la foi : l'évêque de Romea le souci de ne pas se laisser enlever par le pouvoir laïc le soin de dire le dogme et la responsabilité juridictionnelled'en assurer la sauvegarde.
Une autre légitimité, fondre sur un nouveau droit le droit canonique donne au pape unestature historique ambiguë.
Patriarche méditerranéen comme ses collègues d'Antioche, d'Alexandrie, de Jérusalem etde Byzance, il est aussi le seul responsable morcelé et désorganisé qui a succédé à la Pars Occidentis de l'empire. Agent de l'empereur, il est aussi successeur de Pierre, et pierre angulaire d'une destinée collective humaine qui n'estpas principalement de ce monde.
A ce dernier titre, il se sent et se dit coresponsable avec les autres évêques,devant Dieu, de tous les chrétiens à commencer par l'empereur.
Comment pourraitil n'être qu'un agent d'exécutiond'une orthodoxie fixée par une loi humaine ? A la charnière de deux types différents de responsabilités, le pape est aussi au contact de deux mondes de plus enplus différents l'un de l'autre depuis le Ve siècle.
L'Occident comprend maintenant des territoires que n'englobait pasl'empire, la loi n'y a plus valeur universelle et chaque groupe ethnique s'efforce de préserver sa tradition juridiquepropre ; la culture n'y survit que par îlots ; la religion n'y constitue pas, au Ve siècle, un élément d'unification.
Lesrois sont, ici, avant tout chefs de guerre, traditionnellement choisis dans quelques familles mais contestés dès queleurs qualités guerrières semblent s'affaiblir.
S'ils disposent d'un large réseau d'alliances familiales ou personnelles, ilsn'ont, pour gouverner les masses d'origine romaine, que des cadres d'origine militaire.
Ni le prestige de la fonction, nil'auréole d'une désignation divine, ni l'appui d'un fonctionnariat loyal n'enracinent et n'imposent leur puissance.
Ilssont à la merci des fidélités intéressées et marchandées et des rapports de force.
Les Francs, les premiers, ont trouvé, à la fin du Ve siècle, dans le christianisme d'inspiration romaine un élément de contact avec les régions plusprofondément christianisées de la Gaule et le prestige nouveau d'une dynastie " barbare " et convertie.
Un siècle durant à peu près, les Francs ontbénéficié de l'active sympathie des évêques d'Occident, dans leur effort de conquête de la Gaule sur leurs voisins ariens ou païens.
Mais le roimérovingien, allié de l'Église et chrétien à titre privé, n'est toujours qu'un chef de guerre aux prises avec les sordides débats qui l'opposent à sesGrands et le conduisent à dilapider sa fortune foncière sans espoir de retour.
Les mariages, la pression byzantine, l'exemple franc, le soucid'assurer au pouvoir royal d'autres bases, plus stables que les successions par régicide et les coups de force qui ont été son lot depuis quelquesdécennies au moins, conduisent les Wisigoths d'Espagne, à la fin du VIe siècle, à abandonner l' arianisme KW020 pour le christianisme romain.
Au même moment, dans l'Italie qu'occupent les Lombards, un pape d'exceptionnelle personnalité, Grégoire Ier P121 , comprend quel rôle peut jouer, en Occident, le christianisme dont le successeur de Pierre est le porteparole et le garant, loin des pressions temporelles impériales.
Utilisant lesouple levain du monachisme bénédictin, avant assuré à son siège la stabilité de revenus accrus et le prestige d'une obédience très élargie enItalie, le pape peut entrer en contact personnel avec les princes de l'Occident germanique, convertis ou non..
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