Dossier la guerre selon CLAUSEWITZ
Publié le 06/10/2021
Extrait du document


«
Doc 5 : L’entraînement militaire, une huile pour lubrifier le frottement de la guerre
« Il existe une huile pour lubrifier ce frottement (…) : c’est l’habitude de la guerre dans l’armée.
Elle endurcit le corps contre
les grandes fatigues, trempe l’âme contre les grands dangers et affermit le jugement contre les premières impressions.
Partout
elle produit un précieux discernement qui s’étend depuis le hussard (…) jusqu’au général de division et qui facilite l’action du
général en chef ».
Clausewitz, De la guerre , livre I, chapitre I, 1832.
Doc 6 : La montée aux extrêmes de la guerre
« La guerre n’est qu’un duel sur une grande échelle (…).
Son but immédiat est de terrasser l’adversaire et de le rendre par-là
incapable de continuer la résistance (…).
La guerre est un acte de violence à l’emploi de laquelle il n’existe pas de limites ; les
belligérants s’imposent mutuellement la loi ; il en résulte une action réciproque qui doit conduire aux extrêmes ».
Clausewitz,
De la guerre , I, chapitres 1, 1832.
Doc 7 : La guerre, une singulière trinité entre le peuple, le général et le gouvernement
« [La guerre forme] (…) une singulière trinité composée : de la violence originelle de son élément, de la haine et de l’hostilité,
qu’on peut considérer comme un instinct aveugle ; du jeu des probabilités et du hasard, qui y introduit l’activité libre de
l’âme ; de la nature subordonnée de l’instrument politique, ce qui la rapporte à l’entendement pur.
La première de ces trois
faces correspond au peuple, la seconde au général et à son armée, la troisième au gouvernement.
Les passions qui y seront
mises en jeu doivent déjà exister dans les nations ; l‘étendue qu’acquiert l’élément de courage et de talent dans le domaine de
la probabilité et du hasard dépend de la qualité du chef et de l’armée ; les fins politiques se rapportent exclusivement au
gouvernement ».
Clausewitz, De la guerre , I, chapitre 28, 1832.
Doc 8 : Clausewitz et le génie militaire (Frédéric II)
« Le moyen consistant à fatiguer l’adversaire comprend les cas où le faible veut résister au puissant.
Frédéric le Grand, dans la
Guerre de Sept Ans, [a réussi] à renverser la monarchie autrichienne (…).
Lorsque l’emploi judicieux qu’il fit d’une sage
économie de ses forces eut montré pendant sept ans aux puissances coalisées contre lui qu’elles seraient entraînées dans une
dépense de moyens bien supérieure à ce qu’elles s’étaient imaginé, elles conclurent la paix ».
Clausewitz, De la guerre , I,
chapitre 8, 1832.
Doc 9 : Clausewitz et les guerres révolutionnaires
« La guerre devint ainsi (à la fin du XVIIIe siècle), dans son essence véritable, un jeu où le temps et le hasard battaient les
cartes ; mais pour sa signification, ce n’était qu’une diplomatie un peu plus tendue, une façon un peu plus exigeante de
négocier, où les batailles et les sièges servaient de notes diplomatiques.
Le plus ambitieux se proposait tout juste d’obtenir
quelque avantage modéré pour en user au cours des négociations de paix (…).
Les choses en étaient là quand la Révolution
française éclata (…).
Une force dont personne n'avait eu l'idée fit son apparition en 1793.
La guerre était soudain devenue
l'affaire du peuple et d'un peuple de 30 millions d'habitants qui se considéraient tous comme citoyens de l'État [...] La
participation du peuple à la guerre, à la place d'un cabinet ou d'une armée, faisait entrer une nation entière dans le jeu avec
son poids naturel.
Dès lors, les moyens disponibles, les efforts qui pouvaient les mettre en œuvre, n'avaient plus de limites
définies ; l'énergie avec laquelle la guerre elle-même pouvait être conduite n'avait plus de contrepoids, et par conséquent le
danger pour l’adversaire était parvenu à un extrême ».
Clausewitz, De la guerre , livre VIII, chapitre 3, 1832.
Doc 10 : Clausewitz et les guerres napoléoniennes
« La Révolution française n’est-elle pas venue nous assaillir au beau milieu de la sécurité factice de notre système périmé,
nous pourchassant de Chalons à Moscou ? ».
Clausewitz, De la guerre , livre VIII, p.
231.
« On pourrait douter de la réalité de notre notion d'essence absolue de la guerre si nous n'avions pas eu de nos jours la guerre
réelle dans sa perfection absolue.
Après la courte introduction de la Révolution française, l'impitoyable Bonaparte l'a vite
poussée jusqu'à ce point.
Avec lui, la guerre était conduite sans perdre un moment jusqu'à l'écrasement de l'ennemi, les
contrecoups se suivaient presque sans rémission.
N'est-il pas naturel et nécessaire que ce phénomène nous ait ramenés au
concept originel de la guerre avec toutes ses déductions rigoureuses ? [...] Ce sont justement les campagnes de 1805, 1806,
1809 et les suivantes qui nous ont rendus plus facile une conception de la guerre moderne absolue dans toute son énergie
écrasante ».
Clausewitz, De la guerre, livre VIII, 1832.
« Après [les guerres révolutionnaires] tout fut perfectionné par la main de Bonaparte, cette puissance militaire, fondée sur la
force de la nation entière, marcha avec fracas sur l’Europe avec tant de confiance et de certitude que partout où elle ne
rencontrait que les armées de vieux style, le résultat n’était pas un instant douteux.
Une réaction se produisit toutefois en
temps voulu.
En Espagne, la guerre devint elle-même une affaire populaire.
En Autriche, dans l’année 1809, le gouvernement
fit des efforts extraordinaires, grâce aux réserves et à la Landwehr [armée nationale mobilisant tous les hommes en âge de
combattre, par opposition à l’armée de métier], qui atteignirent presque la fin espérée, et surpassèrent tout ce que cet Etat.
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