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Dissertation : Assister les pauvres en France aux XVIe-XVIIIe siècles

Publié le 24/03/2025

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« Dissertation : Assister les pauvres en France aux XVIe-XVIIIe siècles La pauvreté a toujours été une question centrale dans l’organisation des sociétés.

Dans la France d’Ancien Régime, elle représente à la fois un défi moral, social et politique.

Entre le XVIe et le XVIIIe siècle, la manière dont les autorités, les institutions religieuses et les communautés locales assistent les pauvres évolue petit à petit.

D’une assistance fondée sur la charité chrétienne à des politiques de contrôle plus strictes sous l’absolutisme, aux débats philosophiques des Lumières sur la question sociale, cette période est marquée par une transformation des perceptions et des dispositifs d’aide aux plus pauvres et démunis.

Il est d’abord essentiel de définir les termes du sujet.

Le terme d’assistance désigne l’ensemble des dispositifs visant à venir en aide aux populations en détresse.

Il peut s’agir d’aides matérielles comme la distribution de nourriture ou l’hébergement, de structuress institutionnelles comme les hôpitaux ou les ateliers de charité ou de politiques visant à encadrer la mendicité.

Le mot pauvre quant à lui englobe une large catégorie de personnes aux profils variés mais ayant comme point commun le manque d’argent.

Anne Béroujon explique que le terme de pauvre n’est pas une figure unique, mais un ensemble de réalités sociales comme le mendiant, l’ouvrier sans emploi, la veuve, l’orphelin et l’infirme.

Cette diversité implique des approches différentes selon les périodes et les acteurs concernés.

De plus, nous allons nous intéresser plus particulièrement à la France entre le XVIe et le XVIIIe siècle, soit une période couvrant l’Ancien Régime puis la période marquée par les bouleversements révolutionnaires.

Ces trois siècles sont marqués par des changements majeurs dans la gestion de la pauvreté car au XVIe siècle, l’assistance repose essentiellement sur la charité chrétienne et l’entraide communautaire.

Au XVIIe siècle, sous l’impulsion de l’État monarchique, elle devient plus encadrée et répressive.

Enfin, au XVIIIe siècle, de nouvelles théories émergent, remettant en cause les modèles traditionnels d’aide aux pauvres.

La période étudiée voit donc de nombreuses transformations économiques, sociales et religieuses.

Nous nous demanderons donc en quoi les modalités d’assistance aux pauvres en France ont-elles évolué entre le XVIe et le XVIIIe siècle, et quelles ont été leurs implications sociales et politiques.

Nous étudierons d’abord les formes traditionnelles d’assistance au XVIe siècle, puis les réformes et politiques de contrôle mises en place par l’État au XVIIe siècle, avant d’examiner les nouvelles approches et critiques qui émergent au XVIIIe siècle. Tout d’abord nous allons expliquer l’assistance traditionnelle au XVIe siècle reposant sur une prise en charge locale et religieuse.

Nous nous concentrerons d’abord sur la charité chrétienne et les institutions ecclésiastiques.

En effet, durant l’Ancien Régime, l’Église joue un rôle fondamental dans l’aide aux pauvres.

Sa mission caritative s’ancre dans une vision chrétienne de la pauvreté et de la charité, qui structure l’organisation sociale et inspire les institutions d’assistance.

À travers les paroisses, les confréries et les monastères, l’Église prend en charge les pauvres et les personnes dans le besoin en leur fournissant de la nourriture, des soins et un abri, tout en instaurant un cadre moral et religieux à la distribution de l’aide.

La vision chrétienne de la pauvreté repose sur l’idée que la misère terrestre est une épreuve spirituelle et que la charité est un devoir fondamental du chrétien.

La Bible encourage notamment l’assistance aux pauvres, comme en témoigne le proverbe chrétien : 1 "Donner aux pauvres, c’est prêter à Dieu".

Dans cette perspective, l’aide aux pauvres n’est donc pas simplement une nécessité sociale, mais aussi un acte religieux permettant au donateur d’accumuler des mérites en vue de sa propre rédemption.

Ce principe est largement diffusé par le clergé, qui invite les fidèles à pratiquer la charité sous différentes formes.

Nous pouvons prendre l’exemple des dons aux pauvres, le financement d’hospices ou encore l’engagement personnel dans des œuvres de bienfaisance.

Le Concile de Trente en 15451563, qui marque la Contre-Réforme catholique, réaffirme l’importance de la charité comme devoir chrétien.

L’Église cherche ainsi à renforcer son contrôle sur l’encadrement des pauvres en réaction aux critiques des protestants, qui dénoncent parfois l’inefficacité des institutions catholiques dans la gestion de la pauvreté.

De plus, les paroisses jouent un rôle central dans l’organisation de l’assistance aux pauvres car elles permettent d'assurer une aide directe sous forme de distribution de nourriture et de vêtements aux plus pauvres.

De plus, les confréries de charité, associations religieuses laïques, participent activement à cette assistance.

Composées de notables et d’artisans, elles organisent des collectes et des distributions, financent des repas et parfois même l’entretien d’hospices ou d’orphelinats.

À Paris, la Confrérie de la Charité illustre bien cette organisation car elle collecte des fonds et redistribue des aumônes aux nécessiteux tout en veillant à leur encadrement moral.

Les monastères et abbayes jouent également un rôle clé dans l’accueil des pauvres.

Ils offrent aussi un abri temporaire, notamment lors des grandes crises comme les épidémies et famines qui touchent avant tout les pauvres.

Au-delà des paroisses et des confréries, l’Église encadre aussi des institutions plus spécialisées dans l’accueil des pauvres, notamment les hospices et les hôpitaux.

Ces établissements sont destinés à recevoir les plus pauvres, les malades, les vieillards et les orphelins.

Nous pouvons prendre comme exemple l’Hôtel-Dieu de Lyon, qui fut fondé au Moyen Âge et est toujours en activité aux XVIe et XVIIe siècles.

Cet établissement accueillait des malades, leur apportait des soins et leur offrait un hébergement temporaire.

Il reposait sur des donations de la noblesse et du clergé, qui assuraient son fonctionnement.

Cependant, ces institutions ont fait face à des difficultés croissantes.

Avec l’augmentation de la population urbaine et la multiplication des crises économiques, elles deviennent rapidement surchargées.

Face à cette surcharge, les autorités ecclésiastiques et municipales tentent donc d’organiser une meilleure répartition des pauvres entre les différentes institutions.

Néanmoins, les ressources restent limitées, et les épidémies de peste ou de typhus viennent régulièrement aggraver la situation.

Ainsi, au XVIe siècle, l’assistance aux pauvres repose essentiellement sur la charité chrétienne, qui structure les pratiques sociales et les institutions d’aide.

L’Église, à travers ses paroisses, ses confréries et ses hospices, constitue le principal acteur de cette prise en charge.

Cependant, les limites de cette organisation commencent à apparaître face à l’augmentation du nombre de pauvres et aux crises récurrentes. Nous allons maintenant nous intéresser aux différentes initiatives des municipalités et des communautés.

En effet, si l’Église fut le le principal acteur de l’assistance aux pauvres sous l’Ancien Régime, les autorités municipales prennent progressivement une part plus active dans cette mission.

Face à l’ampleur croissante de la pauvreté et aux limites des institutions ecclésiastiques, certaines villes mettent en place des structures spécifiques pour encadrer l’aide aux pauvres.

Ce mouvement, qui commença dès la fin du Moyen Âge, prend 2 une ampleur significative aux XVIe siècle avec la création d’institutions locales destinées à organiser la redistribution des ressources, limiter la mendicité et financer l’assistance par des prélèvements obligatoires.

Dans plusieurs grandes villes françaises, les municipalités établissent des structures administratives destinées à centraliser et à mieux gérer la distribution des secours.

Nous pouvons prendre pour exemple la création des bureaux des pauvres, qui apparaissent dès le XVIe siècle et se généralisent progressivement.

Le premier bureau des pauvres fut fondé à Lyon en 1531, à la suite d’une grande famine qui poussa la ville à organiser une meilleure prise en charge des pauvres.

Ce modèle fut ensuite repris par d’autres municipalités, dont Paris en 1544.

Ces bureaux sont chargés de collecter des fonds auprès des habitants les plus aisés, pour ensuite redistribuer cet argent sous forme d’aides directes aux personnes dans le besoin.

Le fonctionnement de ces bureaux repose sur une gestion mixte car ils sont souvent administrés conjointement par des membres du clergé, des magistrats municipaux et des notables locaux.

Ce mode de gouvernance a permis d’assurer une certaine transparence et de répondre aux besoins des pauvres tout en évitant une gestion exclusivement religieuse qui fut perçue parfois comme parfois inefficace.

Cependant, ces structures ne parviennent pas toujours à couvrir l’ensemble des demandes car la pression démographique, notamment dans les grandes villes, fait exploser le nombre de personnes dépendantes de l’assistance publique.

Les bureaux des pauvres sont ainsi souvent débordés, et leurs ressources insuffisantes entraînent donc des tensions entre les différents acteurs de l’aide sociale.

Afin de garantir un financement plus stable de l’aide aux pauvres, certaines municipalités adoptent donc des taxes spécifiques destinées à alimenter les caisses de l’assistance publique.

L’exemple de Lyon est, encore une fois, révélateur car à partir du XVIe siècle, la ville instaure une taxe sur les biens des bourgeois les plus aisés, dont le produit est redistribué via les bureaux des pauvres.

D’autres villes suivent cet exemple en instituant des impôts locaux pour subvenir aux besoins des indigents.

Par exemple, à Toulouse, une taxe sur les transactions commerciales est mise en place afin de financer les œuvres de charité.

Ces prélèvements obligatoires complètent les dons privés, qui restent une source essentielle de financement pour l’assistance aux pauvres.

Les grandes familles bourgeoises et aristocratiques participent également à cela en finançant la construction.... »

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