L'intérêt géopolitique du détroit d'Ormuz au moyen orient et dans le monde Le détroit d'Ormuz se situe dans une des régions du monde les plus importantes par sa production en hydrocarbures mais également de par les conflits récurrents qui agitent ses pays frontaliers. Celui-ci se révèle être un lieu de passage décisif pour le trafic international, notamment en termes de flux pétroliers. Dans une région au caractère belligène, ce dernier pourrait souffrir d'une intervention militaire visant à entraver la circulation en son sein, voire à la supprimer totalement. A l'heure d'une nouvelle présidence pour l'État iranien, le détroit est un enjeu régional majeur à surveiller. Pourquoi le détroit d'Ormuz représente-t-il un enjeu géopolitique pour le-Moyen-Orient et dans le monde ? PLAN La situation géographique Les menaces qui pèsent sur le détroit Les enjeux sous-jacents du détroit La situation géographique Les flux d'un détroit partagé par de nombreux États Le détroit d'Ormuz est situé au débouché du Golfe arabo-persique, entre Iran et Oman. Il est large de 40 km et long de 63 km dans sa plus grande largeur, mais l'île iranienne de Larak n'est séparée que de 24 miles marins de l'île omanaise d'el Salamah. L'étroitesse du détroit (jusqu'à 34 miles marins au point le plus réduit), ainsi que le peu de profondeur des eaux territoriales iraniennes font que les bateaux circulent dans un couloir entre les îles omanaises de Quoin et Ras Dobbah, avant de transiter par un chenal entre trois îles contrôlées par l'Iran. Afin de garantir la sécurité des navires, un dispositif de séparation du trafic a été élaboré. En effet, ces flux commerciaux s'inscrivent dans une région particulièrement belligène qui voit s'affirmer des puissances régionales. Sur le plan régional, on distingue dans le détroit trois catégories d'États riverains : -au nord, l'on trouve l'Irak, le Koweït, le Qatar et Bahreïn dans la mesure où le détroit apparaît comme leur principale porte d'entrée et voie majeure de transit pour leur commerce -au sud se situent d'une part l'Arabie saoudite pour qui le détroit constitue la seule voie de sortie pour ses côtes orientales -restent l'Iran, Oman, et les Émirats arabes unis qui se partagent la sortie du détroit. Sur le plan militaire, l'Iran a renforcé sa ligne de défense avec le port militaire de Bandar Abbas situé à l'entrée du détroit et des bases militaires protégeant les îles de Tomb et Abu Musa. Sur le plan international, plusieurs acteurs sont également présents. La Vème flotte américaine est notamment basée à Manama au Bahreïn, deux porte-avions nucléaires patrouillent sur les eaux du Golfe avec un troisième au large d'Oman. Les Etats-Unis ont également la base de Diego Garcia dans l'Océan Indien. La France dispose quant à elle, depuis le 26 mai 2009, d'une base interarmées permanente à Abou Dhabi. Elle comprend trois sites : le port de Mina Zayed pour la marine, Zayed Military City pour l'armée de terre, et Al-Dhafra pour l'armée de l'air avec un escadron de six avions Rafale. Carte montrant les bases militaires à proximité du détroit Le détroit voit passer près de 30% du pétrole mondial, réparti ainsi : 1/8eme du brut utilisé aux Etats-Unis ; le quart de celui utilisé en Europe ; un tiers des utilisations japonaises. Cette voie maritime est essentielle pour les marchés asiatiques. 14 VLCC (very large crude carrier) sortent ainsi chaque jour du détroit, dont 85% font route vers la Chine, l'Inde, ou encore la Corée et le Japon. La croissance exponentielle des deux géants du continent laisse supposer par ailleurs une augmentation du trafic dans le détroit dans les prochaines années. Jusqu'en 2030, le trafic devrait ainsi connaître une augmentation de 30 % pour satisfaire les besoins asiatiques. De même, 18 % des exportations de gaz naturel y transitent : des méthaniers y transportent plus du quart des échanges mondiaux de gaz naturel liquéfié. Le détroit d'Ormuz constitue ainsi une voie commerciale essentielle du trafic international, et surtout du trafic maritime pétrolier car les autres passages pour faire transiter le pétrole sont rares. Les menaces qui pèsent sur le détroit En raison de son positionnement stratégique, le détroit se trouve impliqué dans plusieurs conflits. Les moyens iraniens Les forces armées iraniennes se répartissent entre une armée régulière comptant 150 000 hommes et les gardiens de la révolution, armée de libération nationale à forte identité idéologique, composée de 120 000 hommes. Ces forces comportent classiquement des composantes navales, aériennes et terrestres. La marine iranienne est en mesure de jouer un rôle important dans le détroit d'Ormuz avec ses 3 sous-marins de type Kilo, ses 30 vedettes rapides lance-missiles de conception russe ou chinoise, ses 200 embarcations rapides diverses et sa capacité de mouillage de mine. Ces moyens sont dotés d'un armement performant, comme le missile 3M54 (Klub-S) de conception russe, qui peut être lancé depuis un sous-marin pour toucher une cible située à 220 km avec une vitesse finale supérieure à Mach 2, ou la torpille VA111 (Skhval) qui se déplace à plus de 300 km/h. Il ne s'agit pas ici de dresser un inventaire exhaustif de la puissance navale iranienne, mais uniquement d'appeler l'attention sur sa réalité. Mais le véritable danger provient certainement des batteries côtières de missiles antinavire comme le rappelle cruellement l'engagement de la frégate israélienne de types SAAR-V Hanit par un missile C802 Silkworm de conception chinoise le 14 juillet 2006, au large des côtes libanaises. Ce missile subsonique transporte une charge de 165 kg à 120 km avec une altitude de vol comprise entre 5 et 7 mètres. Il est doté de capacité antibrouillage et peut être lancé depuis la terre, depuis un avion ou depuis un bateau. L'Iran a déployé des Silkworm montés sur camion tout le long de la côte Nord du détroit d'Ormuz et du golfe persique, sur les îles Abu Musa, Qeshm et Sirri. De plus, une usine d'assemblage de missile C802 est installée à Bandar Abbas ce qui permet de penser que l'Iran ne connaîtra pas de pénurie sur ce type de matériel. Mais il ne s'agit pas de l'arme la plus redoutable de cette catégorie puisque l'Iran dispose également du missile de conception soviétique SSN22 Sunburn, spécialement conçu dans les années 80 pour attaquer les croiseurs AEGIS américain. Ce missile combine une vitesse importante, supérieure à mach 2, avec de violentes manoeuvres terminales et un fort durcissement aux contre-mesures électroniques afin de contrarier la majorité des défenses antimissiles. Sa portée de 120 km et sa charge militaire de 600 kg le rendent tout particulièrement menaçant. Lui aussi est déployé à bord de camions sur les pourtours du golfe. Lors de la guerre de 1980, la capacité de minage de l'Iran se limitait à de vieilles mines hors d'âge achetées en Corée du Nord. Mais, là encore, la situation a bien évolué et l'Iran dispose désormais de plusieurs milliers de mines modernes, furtives, dotées de systèmes de mise à feu évolués. Ainsi, la mine autopropulsée EM-52, de conceptio...