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Démission de Bethmann-Hollweg (13 juillet 1917): Le chancelier Bethmann-Hollweg est contraint de démissionner par Hindenburg

Publié le 22/02/2012

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En place depuis le premier jour de la guerre, le chancelier Bethmann-Hollweg n'est plus capable de rassembler les députés allemands sur la conduite de la guerre. Hindenburg et Ludendorff le contraignent à la démission. En Allemagne, la situation sociale se dégrade. Les effets du blocus commencent à se faire sentir. L'hiver 1916-1917 est particulièrement pénible. Dès avril, des grèves éclatent dans les usines contre les privations et la vie chère. La répression est sévère et les usines sont mises sous contrôle militaire. Une opposition socialiste commence à se former. En janvier 1916, un groupe conduit par Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht, les Spartakistes, publient des "lettres politiques" et s'interrogent sur la nécessité de mettre fin à la guerre.
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« beaucoup renforcé le Parti social-démocrate (plus de 30 % des suffrages) ; les militaires, les agrariens et lesconservateurs étaient d'autant plus décidés à poursuivre une politique agressive à l'extérieur, répressive etintransigeante à l'intérieur. L'attentat de Sarajevo anéantit la paix précaire qui régnait en Europe centrale.

Pour les dirigeants allemands,l'Empire autro-hongrois risquait une dissolution progressive s'il ne mettait fin une fois pour toutes à la menace dunationalisme serbe.

Les militaires allemands voulaient que l'Autriche se montre ferme à l'égard de la Serbie et ilsétaient tout à fait prêts à envisager une guerre avec la Russie si cette dernière intervenait.

Bethmann souhaitaitégalement une politique offensive de l'Autriche dans les Balkans mais espérait la voir aboutir à un triomphediplomatique ou, au pire, à une guerre limitée.

Bethmann avait certes eu des pressentiments sur le destin de l'Europeet l'état de l'Allemagne, mais son fatalisme l'aida probablement à poursuivre une politique périlleuse.

Pendant tout lemois de juillet 1914, il fut obsédé par la crainte de la force potentielle de la Russie.

C'est cette crainte qui le poussaen avant et lui permit de se reposer sur la demi-vérité, moralement réconfortante, que la guerre serait un combatdéfensif.

Sa répugnance à s'opposer une fois de plus aux chefs militaires contribua également à sa décision, sansqu'il en eût pleinement conscience. Les 5 et 6 juillet, Bethmann avait sanctionné le déchaînement de forces qu'ensuite il ne parvint plus à contrôler.

Lesefforts de dernière minute de Bethmann en faveur de la modération échouèrent.

Toutefois sa politique et encoreplus sa personnalité donnèrent à presque tous les Allemands l'impression qu'ils avaient été attaqués et qu'ilsmenaient une guerre défensive.

Il est probable qu'aucun autre chancelier n'aurait pu concevoir et défendre unepolitique capable (pour la première fois depuis 1871) d'unir la nation allemande.

Ce fameux sentiment d'unité, cetesprit de 1914 comme on l'a appelé, reposait sur une conception l'illusion et le mensonge et, à long terme, il serévéla lourd de conséquences pour l'Allemagne.

Il masquait ce que Bethmann savait : que l'Allemagne et lui-mêmeavaient leur "part de culpabilité". Une fois la guerre mondiale commencée, les critiques pangermanistes de Bethmann proposèrent les buts de guerreles plus extrêmes, qui visaient consciemment à établir l'hégémonie mondiale de l'Allemagne.

Le rôle de Bethmanndans l'évolution des buts de guerre allemands est fort complexe.

Il sembla accepter le programme de septembre quiinsistait sur une Mitteleuropa, dominée par l'Allemagne mais, en même temps, il comprenait mieux que personnequ'après la bataille de la Marne une victoire militaire décisive de l'Allemagne était peu probable. L'unité réalisée par Bethmann en août 1914 fut de courte durée.

Les partis modérés, comme les socialistes, seméfièrent de plus en plus de la politique frénétique d'annexion des pangermanistes et ce fut encore Bethmann quidut tenter de trouver une "politique de diagonale" entre l'extrémisme de la droite et la modération des libéraux etdes socialistes.

A mesure que la guerre progressait sans qu'une décision militaire fût proche, les pangermanistesexigèrent des mesures de plus en plus draconiennes, notamment le recours à une guerre sous-marine totale.

En1916, Bethmann parvint à s'opposer à l'emploi de cette arme absolue ; mais, en janvier 1917, il céda, tout ensachant parfaitement qu'il sanctionnait un pari encore plus risqué qu'en juillet 1914.

Il savait que les États-Unisallaient entrer en guerre et renverser l'équilibre des forces ; il s'inclina néanmoins devant les chefs militaires quivoyaient dans les sous-marins la seule arme qui pouvait assurer à l'Allemagne une victoire militaire décisive. En mars 1917, Bethmann promit d'importantes réformes intérieures à la fin de la guerre.

Il espérait ainsi apaiser lemalaise croissant des éléments modérés et libéraux du Reichstag.

Il ne fit qu'enflammer la haine des pangermanisteset, en juillet 1917, sa position devint insoutenable.

Les chefs militaires suprêmes, Hindenburg et Ludendorff,menacèrent de démissionner si Bethmann n'était pas renvoyé.

Le Kaiser n'eut plus qu'à accepter ce qui allait en faitdevenir une dictature militaire. Dans son ouvrage La Discorde chez l'ennemi, Charles de Gaulle a écrit : "Bethmann, modéré sans être faible,travailleur sans ostentation, respectueux sans être servile, était le type parfait du bon serviteur et ce caractèreconvenait à Guillaume dont il ne froissait pas l'autoritarisme superficiel et le prestige pointilleux." En dépit de sa probité personnelle, de son sens de ses responsabilités et de son intelligence exceptionnelle, le rôlehistorique de Bethmann est d'avoir été le complice du cours désastreux que prit l'histoire de l'Allemagne au XXesiècle.

Après la guerre, il écrivit ses réflexions sur celle-ci mais, craignant d'apporter des arguments aux Alliés, iln'osa pas critiquer l'attitude chauvine des dirigeants allemands qui avait conduit leur pays à sa perte et ruiné sapropre politique.

Jusqu'au bout, il couvrit de sa propre personne les ambitions et les duperies des hommes qui lehaïssaient et que d'ailleurs il détestait lui-même. Bethmann mourut en janvier 1921, encore dénigré par la respectable droite allemande qu'il avait tant fait pourdéfendre.. »

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