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De Gaulle et l'Europe

Publié le 13/07/2011

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Charles de Gaulle n'est pas un adversaire de l'unité européenne. Mais à la différence de bien des hommes de ce temps, il n'y voit pas une fin, seulement un moyen : celui d'élargir l'influence et le rayonnement de la France. Il y voit aussi deux avantages majeurs : la possibilité pour un syndicat de nations préservées dans leur identité de faire pièce à l'hégémonie américaine. Et la commodité, pour la France et l'Allemagne, de muer plus rapidement leur vieil antagonisme en une coopération qui pourrait s'enfler en un condominium continental.

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« internationaux locaux dont, en pratique, elle disposait : en Europe, l'OTAN, en Asie occidentale, le C.E.N.T.O, en Asie du Sud-Est, l'OTASE, en Amérique, l'O.E.A.; soit grâce à sa suprématie dans le Pacifique-Nord; soit enfinpar des interventions militaires ou diplomatiques effectuées en Corée, ou au Congo, ou lors de l'affaire de Suez, par le truchement de l'ONU que dominait sa prépondérance.Il est clair que les choses ont changé.

Les États occidentaux de notre Ancien Continent ont refait leur économie.

Ils rétablissent leurs forces militaires.

L'un d'eux, la France, accède à la puissance nucléaire.

[...]Beaucoup s'écrient « Faisons l'Europe! » Mais quelle Europe? C'est là le débat.

En effet, les commodités établies, les renoncements consentis, les arrière-pensées tenaces, ne s'effacent pas aisément.

Suivant nous,Français, il s'agit que l'Europe se fasse pour être européenne.

Une Europe européenne signifie qu'elle existe par elle-même et pour elle-même, autrement dit qu'au milieu du monde elle ait sa propre politique.

[...]...

Une organisation inapte à en avoir une, rattachée dans ce domaine, comme dans celui de la défense et celui de l'économie, à un système atlantique, c'est-à-dire américain, serait subordonnée, par conséquent, à ce queles États-Unis appellent leur « leadership ».Conférence de presse, 23 juillet 1964. « Nous ne voulons pas d'une Europe supranationale.

Les Nations, ça existe.

Il y a une Italie, une Allemagne.

C'est millénaire, c'est bimillénaire.

Ce ne sont pas des entités qui peuvent disparaître comme ça.

Il n'est pasquestion de pouvoir les fondre.

Faire l'Europe supranationale serait, pour nous, vouloir disparaître.

Faire une fusion n'est pas possible.

Pour l'Europe, une confédération, oui, mais pas une fusion.Que représenterait une Assemblée supranationale siégeant à Strasbourg qui n'aurait aucune prise réelle sur les intérêts nationaux de Paris, de Rome ou de Bruxelles? Cela ne mènerait à rien.

On n'imagine pas un « truc »où des technocrates recrutés par cooptation feraient la loi depuis leurs bureaux.

On peut faire des discours sur l'Europe supranationale.

Ce n'est pas difficile : il est facile d'être un jean-foutre! »Adressé à un groupe de députés, 9 juin 1965.

(D'après André Passeron, de Gaulle parle, Fayard éditeur.)« Du moment que je suis Français, je suis Européen.

Étant donné que nous sommes en Europe — et je dirai même que la France a toujours été une partie essentielle, sinon capitale, de l'Europe — par conséquent, bien sûr,je suis Européen....

J'ai parlé de l'Europe, et en particulier de la conjonction, du groupement de l'Europe occidentale avant que personne n'en parle, et même en pleine guerre, parce que je crois que c'est en effet indispensable.

Dès lors quenous ne nous battons plus entre Européens occidentaux, dès lors qu'il n'y a plus de rivalités immédiates et qu'il n'y a pas de guerre, ni même de guerre imaginable entre la France et l'Allemagne, entre la France et l'Italie,et bien entendu, entre la France, l'Allemagne, l'Italie et l'Angleterre, eh bien! il est absolument normal que s'établisse entre ces pays occidentaux une solidarité.

C'est cela l'Europe, et je crois que cette solidarité doit êtreorganisée.

Il s'agit de savoir comment et sous quelle forme.

Alors, il faut prendre les choses comme elles sont, car on ne fait pas de politique autrement que sur les réalités.

Bien entendu, on peut sauter sur sa chaisecomme un cabri en disant « l'Europe! » « l'Europe! », « l'Europe! », mais cela n'aboutit à rien et cela ne signifie rien.

Je répète : il faut prendre les choses comme elles sont.

Comment sont-elles? Vous avez un paysfrançais, on ne peut pas le discuter, il y en a un.

Vous avez un pays allemand, on ne peut pas le discuter, il y en a un.

Vous avez un pays italien, vous avez un pays belge, vous avez un pays hollandais, vous avez un paysluxembourgeois et vous avez, un peu plus loin, un pays anglais et vous avez un pays espagnol, etc.

Ce sont des pays, ils ont leur histoire, ils ont leur langue, ils ont leur manière de vivre...

[...]Vous en avez qui crient : « Mais l'Europe, l'Europe supranationale, il n'y a qu'à mettre tout cela ensemble, il n'y a qu'à fondre tout cela ensemble, les Français avec les Allemands, les Italiens avec les Anglais », etc.

Oui,vous savez, c'est commode, et quelquefois c'est assez séduisant, on va sur des chimères, on va sur des mythes, mais ce ne sont que des chimères et des mythes.

Mais il y a les réalités et les réalités ne se traitent pascomme cela.

Les réalités se traitent à partir d'elles-mêmes et c'est ce que nous nous efforçons de faire, et c'est ce que nous proposons de continuer de faire.

Si nous arrivons à surmonter l'épreuve du Marché commun —j'espère bien que nous le ferons — il faudra reprendre ce que la France a proposé en 1961 et qui n'avait pas réussi du premier coup, c'est-à-dire l'organisation d'une coopération politique naissante entre les États del'Europe occidentale, et à ce moment-là, il est fort probable qu'un peu plus tôt, un peu plus tard, l'Angleterre viendra se joindre à nous et ce sera tout naturel.

Bien entendu, cette Europe-là ne sera pas comme on ditsupranationale.

Elle sera comme elle est.

Elle commencera par être une coopération, peut-être qu'après, à force de vivre ensemble, elle deviendra une confédération.

»Interview radiotélévisée, 14 décembre 1965. « Un but de la France c'est l'union de l'Europe tout entière par la pratique entre son occident, son centre et son orient de la détente, de l'entente et de la coopération où nous nous sommes franchement engagés; parl'affermissement du Marché commun, pour qu'il tende à l'affranchissement, non pas à la subordination, de l'ouest de notre continent; un jour peut-être par l'élargissement de cette communauté, dès lors que les candidatsse seraient •mis, politiquement, économiquement, monétairement, en mesure d'y entrer sans la détruire ni la dévoyer...

»Allocution radiotélévisée, 31 décembre 1967.. »

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