Corée du Sud: les défis du président Kim Dae-jung
Publié le 05/12/2018
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KIM DAE-JUNG
Né en 1924, fils d’un paysan riche, Kim a consacré toute sa vie au combat pour la démocratie. Il a connu la prison, les condamnations à mort (1950, 1980), les tentatives d’assassinat (1971,1973) et l’exil, qui lui ont conféré un très grand prestige international. Soutenu par une foi chrétienne inébranlable, il dit s’être «cramponné à la tunique du Christ» au moment d’être noyé par des tueurs. Il sait aussi se montrer un calculateur avisé: après trois échecs (1971, 1987, 1992), il est élu président en s’alliant à Kim Jong-pil, son ancien persécuteur à la tête des services secrets. Son ambition, à l’instar de Nelson Mandela, est d’être celui qui enracinera la démocratie en réconciliant les Coréens après des décennies de dictature.
Pour la Corée du Sud, 1998 aura été une année terrible. La crise sans précédent qui a ravagé le pays l’a ramené du 11e au 17e rang économique mondial.
Kim Dae-jung, le vieux combattant de la démocratie, élu président en décembre 1997, doit y faire face dans des conditions politiques difficiles. Après avoir évité la banqueroute, il veut imposer une restructuration qui menace à la fois les intérêts des grands chaebols et l'emploi à vie, base du système social, alors que les tensions ne diminuent pas avec la Corée du Nord.
En décembre 1997, la Corée est virtuellement en faillite. Ses entreprises ont 200 milliards de dollars de dette auprès des prêteurs internationaux, mais les réserves de change sont asséchées, le crédit du pays sur les marchés financiers est nul et le won a perdu 42 % de sa valeur en six mois. Il faut appeler le FMI au secours - une humiliation pour un pays qui vient d’entrer à l’OCDE. Le Fonds accorde en urgence 57 milliards de dollars, en exigeant l’ouverture de l’économie et sa mise en conformité avec les lois du marché.
La Corée est en pleine campagne pour remplacer le président Kim Young-sam, complètement discrédité. Le 17 décembre, à sa quatrième tentative, le «vieux lion démocrate» Kim Dae-jung, candidat du Congrès national pour une nouvelle politique, l’emporte de justesse (40,3%) sur celui du parti gouvernemental, Lee Hoi-chung (38,7%). Mais il n’a pas de majorité. En juin, ses partisans remportent les élections locales, mais cela ne suffit pas : à la fin de l’été, 260 projets de loi étaient bloqués à la Chambre. C’est dans cette situation difficile que Kim Dae-jung doit affronter la catastrophe économique.
La crise financière est le défi le plus pressant, mais le plus facile à relever, car les marchés mondiaux ne peuvent pas se permettre une banqueroute en Corée. Kim obtient rapidement un rééchelonnement de la dette. Il est aidé par un vaste élan national. Pour économiser les devises, la population boycotte les produits importés, et collecte 200 tonnes d’or pour reconstituer les réserves de change. Celles-ci remontent à 31 milliards de dollars, et la balance commerciale affiche un excédent.
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