commentaire la dictature de sylla
Publié le 29/10/2024
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«
Commentaire de texte, La dictature de Sylla
Proposée aux comices centuriates en 82 avant JC par le roi
intermédiaire Lucius Valerius Flaccus, la Lex Valeria est une loi attribuant
à Lucius Cornelius Sulla la dictature ainsi que des pouvoirs constituants
afin de restaurer la Res publica.
L'œuvre d’Appien Guerres civiles nous
permet de bien comprendre cette dictature.
Appien est un historien grec
et citoyen de l'ordre équestre ayant vécu sous le Haut Empire romain.
Il
rédige une Histoire romaine en 24 livres, chacun se concentrant sur une
période ou un thème spécifique de l'histoire romaine.
L’œuvre d’Appien
reflète son propre point de vue des épisodes historiques.
Certains livres
portent sur des guerres spécifiques ou des régions géographiques, offrant
ainsi une vue d'ensemble de l'expansion de Rome et de ses conflits.
L’histoire Guerres civiles retrace les évènements des années 133 à 35
avant JC, elle est composée de neuf livres et dans le premier, Appien
évoque la vie de Lucius Cornelius Sulla.
Consul apprécié à Rome en 88,
Sylla se voit alors confier les commandements de la guerre contre
Mithridate mais entre parallèlement en conflit avec Marius.
Après de
nombreux conflits opposant les deux factions politiques de Rom et
impliquant des guerres civiles et marches sur Rome, Sylla sort vainqueur
de ses rivalité avec Marius et les marianistes.
Il élimine alors ses
opposants politiques ainsi que les consuls actuellement en charge lors des
proscriptions de 82, et fait voter la Lex Valeria.
Le texte que nous allons
étudier est issu du premier livre de Guerres Civiles, l’auteur évoque la
dictature de Sylla et caractérise les particularités de cette magistrature
transformée par Sylla ainsi que les mesures prises par le dictateur afin de
réformer la politique à Rome.
De quelle manière, selon ce récit, Sylla se sert- il du contexte dans lequel
il se trouve pour mettre en place une dictature qui personnalise son
pouvoir et réforme Rome ?
Dans une première partie nous étudierons les caractéristiques de la
dictature de Sylla selon Appien ainsi que le contexte houleux dans laquelle
elle s’inscrit.
Nous comprendrons ensuite que cette dictature est au
service d’une volonté de pouvoir de Sylla ainsi que d’une personnalisation
de ce pouvoir.
Enfin nous analyserons les différentes mesures prises par
Sylla afin de réformer la politique de Rome au profit des optimates.
Tout d’abord, la dictature de Sylla s’inscrit dans un contexte
d'instabilité à Rome.
Dans son ouvrage Guerres civiles , Appien fait
référence au “ besoin d’amuser le peuple et le délasser de ses travaux”
(l.15).
En effet, Rome est alors troublée par de multiples crises, la
République traverse une période d'instabilité politique, de conflits sociaux
et de luttes de pouvoir internes.
De multiples révoltes et des conflits entre
différentes factions politiques créent un climat de chaos et de désordre.
La première et la deuxième guerre civiles perturbent l'ordre social et
politique.
Appien souligne à plusieurs reprises ce chaos politique et écrit
que depuis plusieurs années les romains “ ne pouvaient plus rien délibérer
selon les lois” ( l.2) et se sentent “ dénués de toute influence dans les
affaires” ( l.3).
La guerre en Orient contre Mithridate VI du Pont affaiblit
les armées et la population romaine.
Comme le souligne Appien, “les
séditions et les guerres n’avaient cessé de réduire le nombre des
sénateurs” ( l.29) renforçant ainsi les difficultés politiques de l'époque.
La
dictature de Sylla s’inscrit donc dans une période marquée par des conflits
et des troubles politiques graves.
Ainsi, c’est dans ce contexte que Sylla
essaie de légitimer tant qu’il le peut son arrivée au pouvoir comme
dictateur, prenant le prétexte d’une volonté de stabiliser la république,
“On ajouta, à la vérité, (...) qu'on élisait dictateur pour faire des lois
telles qu'il les jugerait convenables pour réorganiser la république” (l.89).
Dans son œuvre Guerres civiles, Appien qualifie cette nomination de
dictateur comme un “caprice de Sylla”.
Cependant l’auteur omet le fait
que la popularité, les victoires passées de Sylla et le besoin évident de
réformer dans un contexte de crise lui permettent presque de justifier sa
prise de pouvoir.
De cette façon, les citoyens romains, “embrassèrent ce
simulacre d'élection, comme l’image, comme le fantôme de la liberté”
(l.4-5).
Dans ce cadre compliqué, Sylla s'accapare le pouvoir politique.
Il se
fait investir par les romains “ du pouvoir suprême” (l.1), la dictature, en
décembre 82.
Cette magistrature exceptionnelle ne pouvant en tant
normal excéder une durée de 6 mois, ne prend place à Rome qu’en cas de
crise ou danger très grave.
Le dictateur est seul et n’exerce donc pas une
magistrature collégiale, à l’opposé des consuls.
Mais Rome vit depuis
“cent olympiades” (l.10) “ dans la démocratie, sous les consuls” (l.11).
Ainsi, la réapartition de cette magistrature surprend car elle a disparu
depuis 202 avant JC, lors de la dictature de Caius Servilius Geminus .
Dans Vie de Sylla, Plutarque se montre particulièrement révolté par le fait
que Sylla soit désigné dictateur et instaure une charge restée en veille à
Rome pendant cent vingt ans, il définit la dictature de ce dernier comme
un « droit de vie et de mort, pouvoir de confisquer les biens, de partager
les terres, de bâtir et de détruire les villes ».
Appien souligne bien le
caractère despotique du pouvoir détenu par Sylla, “ Auparavant déjà,
l'autorité d'un dictateur était une véritable tyrannie” ( l.
5-6).
De plus,
l’auteur insiste sur la cruauté de la dictature de Sylla en la qualifiant de
“tyrannie parfaite” ( l.7) car “décernée sans terme fixe” (l.6).
En effet, en
plus de refaire apparaître une magistrature oubliée depuis longtemps,
Sylla en change la forme ; la durée de son pouvoir est illimitée et durera
donc” pour le temps qu’il voulait” (l.1).
Cependant le dictateur abdique 1
an plus tard car il considère que sa mission en tant que dictateur est
achevée et devient consul.
Enfin, la tâche de Sylla va plus loin que celle
qu'avaient eu les dictateurs avant lui car il est nommé pour entreprendre
une réforme en profondeur des institutions romaines.
Ainsi, la
nomination de Sylla en tant que dictateur prend place dans un contexte
de difficulté pour Rome ce qui lui permet de justifier sa prise de pouvoir,
au même titre que sa notoriété passée.
De plus, Sylla restaure une
magistrature légale en la transformant cependant.
Mais, cette dictature
est au service d’une volonté de puissance de Sylla.
Ainsi, le pouvoir de dictateur n’est pas suffisant pour Sylla ; ce
dernier instaure une véritable personnalisation de son pouvoir et est prêt
à protéger sa puissance quitte à utiliser la terreur et à mettre en place un
régime présentant des caractéristiques semblables à celle d’une
monarchie, “ Ce fut ainsi que les romains (...) retournèrent à la royauté”
(l.11).
De par la façon dont il passe les nouvelles lois et transforme le
gouvernement, le dictateur tâche de “ paraître conserver quelques restes
de l’ancienne forme de gouvernement” ( l.16).
Ainsi, Sylla tente de
donner l’impression que son pouvoir n’est pas despotique, mais la réalité
est toute autre.
Il paraît évident que la proscription et la manière dont il
a éliminé ses ennemis afin d'accéder au pouvoir n'ont rien d’anodin, et
plus qu’une dictature, le pouvoir qu’il met en place peut s'apparenter à
une monarchie, régime pourtant craint par tous les romains.
Mais dans ce
régime presque monarchique, Sylla va plus loin et souhaite que l’on
apporte devant lui “ vingt-quatre haches, le même nombre qu'on portait
anciennement devant les rois” (l.19-20).
Appien nous montre donc que
pour Sylla, derrière le nom de dictateur se trouve celui de monarque.
Dans son œuvre Guerres civiles , l’auteur mentionne le fait que les
romains parlent de “ tyrannie avouée ”ou “monarchie inavouée” afin de
qualifier leur dictateur.
De cette façon, les citoyens ont bien conscience
que la dictature Sylla s’apparente à une monarchie.
De plus, le dictateur profite des réformes qu’il instaure afin de
réduire le pouvoir des....
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