Comment caractériser le régime de Vichy?
Publié le 05/08/2014
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Comment caractériser le régime de Vichy?
• Document 1
Texte lu par le maréchal Pétain, vice-président du Conseil
au Conseil des ministres; 13 juin 19401
Nous reconnaissons tous que la situation militaire est aujourd'hui très
grave. [ ... ] Il faut bien examiner les conséquences qui résulteraient de la
continuation de la lutte. Si l'on admet l'idée de persévérer grâce à la
constitution d'un réduit national, on doit reconnaître que la défense de ce
réduit ne pourrait être organisée par les troupes françaises en débandade,
mais par des troupes anglaises fraîches. Mais si ce réduit, établi dans une
région maritime, pouvait être organisé, il ne constituerait pas, à mon avis,
une garantie de sécurité et exposerait à la tentation d'abandonner ce
refuge incertain.
Or il est impossible au gouvernement, sans émigrer, sans déserter,
d'abandonner le territoire français. Le devoir du gouvernement est, quoi
qu'il arrive, de rester dans le pays sous peine de n'être plus reconnu pour
tel. Priver la France de ses défenseurs naturels dans une période de
désarroi général, c'est la livrer à l'ennemi.
Le renouveau français, il faut l'attendre en restant sur place, plutôt que
d'une conquête de notre territoire par des canons alliés dans des
conditions et un délai impossibles à prévoir.
Je suis donc d'avis de ne pas abandonner le sol français et d'accepter
la souffrance qui sera imposée à la patrie et à ses fils. La renaissance
française sera le fruit de cette souffrance.
Ainsi la question qui se pose en ce moment n'est pas de savoir si le
gouvernement demande l'armistice, mais s'il accepte de quitter le sol
métropolitain.
Je déclare, en ce qui me concerne, que hors du gouvernement s'il le
faut, je me refuserai à quitter le sol métropolitain, je resterai parmi le
peuple français pour partager ses peines et ses misères.
L'armistice est à mes yeux la condition nécessaire de la pérennité de la
France éternelle.
Cité par Marc FERRO dans Pétain, Fayard, 1987.
1. Au château de Cangè (Indre-et-Loire) où le président de la République A. Lebrun a établi
sa résidence provisoire de repli.
• Document 2
Français,
Maréchal Pétain, chef de l'État français,
message radiodiffusé le 30 octobre 1940
J'ai rencontré, jeudi dernier, le chancelier du Reich 1•
Cette rencontre a suscité des espérances et provoque des inquiétudes.
Je vous dois à ce sujet quelques explications.
Une telle entrevue n'a été possible, quatre mois après la défaite de nos
armes, que grâce à la dignité des Français devant l'épreuve[ ... ] La France
s'est ressaisie. Cette première rencontre entre le vainqueur et le vaincu
marque le premier redressement de notre pays. -
C'est librement que je me suis rendu à l'invitation du Führer. Je n'ai
subi, de sa part, aucun diktat, aucune pression.
Une collaboration a été envisagée entre nos deux pays. J'en ai accepté
le principe. Les modalités en seront discutées ultérieurement.
À tous ceux qui attendent aujourd'hui le salut de la France, je tiens à
dire que ce salut est d'abord entre nos mains.
À tous ceux que de nobles scrupules tiendraient éloignés de notre
pensée, je tiens à dire que le premier devoir de tous les Français est d'avoir
confiance. [ ... ]
C'est dans l'honneur et pour maintenir l'unité française - une unité de
dix siècles - dans le cadre d'une activité constructive du nouvel ordre
européen que j'entre, aujourd'hui, dans la voie de la collaboration.
Ainsi, dans un avenir prochain, pourrait être allégé le poids des souffrances
de notre pays, amélioré le sort de nos prisonniers, atténuée la
charge des frais d'occupation. Ainsi pourraient être assouplie la ligne de
démarcation et facilités l'administration et le ravitaillement du territoire.
Cette collaboration doit être sincère. Elle doit être exclusive de toute
pensée d'agression. Elle doit comporter un effort patient et confiant.
L'armistice, au demeurant, n'est pas la paix. La France est tenue par
des obligations nombreuses vis-à-vis du vainqueur. Du moins reste-t-elle
souveraine. Cette souveraineté lui impose de défendre son sol, d'éteindre
les divergences de l'opinion, de réduire les dissidences de ses colonies.
Cette politique est la mienne. Les ministres ne sont responsables que
devant moi.
C'est moi seul que !'Histoire jugera.
Je vous ai tenu jusqu'ici le langage d'un père. Je vous tiens aujourd'hui
le langage du chef.
Suivez-moi. Gardez confiance en la France éternelle.
1. À Montoire.
Pierre M1LZA, Sources de la France du xxe siècle,
textes essentiels, Larousse, 1997.
«
• Document 2
Français,
Maréchal Pétain, chef de l'État français,
message radiodiffusé
le 30 octobre 1940
J'ai rencontré, jeudi dernier, le chancelier du Reich 1
•
Cette rencontre a suscité des espérances et provoque des inquiétudes.
Je vous dois à ce sujet
quelques explications.
Une telle
entrevue n'a été possible, quatre mois après la défaite de nos
armes, que grâce à
la dignité des Français devant l'épreuve[ ...
] La France
s'est ressaisie.
Cette première rencontre entre
le vainqueur et le vaincu
marque
le premier redressement de notre pays.
-
C'est librement que je me suis rendu à l'invitation du Führer.
Je n'ai
subi, de
sa part, aucun diktat, aucune pression.
Une collaboration a été envisagée entre nos deux pays.
J'en ai accepté
le principe .
Les modalités en seront discutées ultérieurement.
À tous ceux qui attendent aujourd'hui le salut de la France, je tiens à
dire que ce
salut est d'abord entre nos mains .
À tous ceux que de nobles scrupules tiendraient éloignés de notre
pensée, je tiens à dire que
le premier devoir de tous les Français est d'avoir
confiance.
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]
C'est dans
l'honneur et pour maintenir l'unité française -une unité de
dix siècles -dans le cadre d'une activité constructive du nouvel ordre
européen que j'entre , aujourd'hui, dans
la voie de la collaboration.
Ainsi, dans
un avenir prochain, pourrait être allégé le poids des souf
frances de notre pays,
amélioré le sort de nos prisonniers, atténuée la
charge des frais d'occupation.
Ainsi pourraient être assouplie la ligne de
démarcation et
facilités l'administration et le ravitaillement du territoire.
Cette
collaboration doit être sincère .
Elle doit être exclusive de toute
pensée d'agression.
Elle doit comporter un effort patient et confiant.
L'armistice,
au demeurant, n'est pas la paix.
La France est tenue par
des
obligations nombreuses vis-à-vis du vainqueur.
Du moins reste-t-elle
souveraine.
Cette souveraineté lui impose de défendre son sol, d'éteindre
les divergences de l'opinion, de réduire les dissidences de ses colonies.
Cette politique est la mienne.
Les ministres ne sont responsables que
devant moi.
C'est moi
seul que !'Histoire jugera.
Je vous
ai tenu jusqu'ici le langage d'un père.
Je vous tiens aujourd'hui
le langage du chef.
Suivez-moi.
Gardez confiance
en la France éternelle.
1.
À Montoir e.
Pierre M1LZA , Sources de la France du xx• siècle, textes essentiels , Larousse, 1997 ..
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