CLOVIS ET LES MÉROVINGIENS
Publié le 03/02/2019
Extrait du document

Ces longues années de conflit et les nombreux partages qui ont suivi ont renforcé l’opposition entre les royaumes de l’Est (Austrasie) et ceux de l’Ouest (Neustrie), tandis qu’au sud de la Loire, les territoires de civilisation romaine (Aquitaine, royaume burgonde, Provence) tendent progressivement à se détacher de l’influence franque. Clotaire II, fils de Chilpéric I\" réussit néanmoins à réunifier le royaume franc en 613. Son fils Dagobert (629-639) est le dernier roi mérovingien à régner sur l’ensemble du royaume franc. Ses successeurs, souvent trop jeunes, malades ou faibles d’esprit ont abandonné leur autorité aux maires du palais, qui réussissent à rendre leurs charges héréditaires.
« Rois fainéants » et maires du palais
Au cours des siècles suivants, de nombreux historiens ont attribué aux derniers rois mérovingiens, sans pouvoir et sans fortune, condamnés à circuler d’un domaine à l’autre, le surnom de «rois fainéants», car ils n’avaient plus rien à faire.
J.-L. Charmet
Le pouvoir royal ne cesse de la sorte de s’affaiblir face à une aristocratie qui, bénéficiant des transferts de fortune faits par les Mérovingiens en échange de leur fidélité, a renforcé sa puissance. Les derniers rois mérovingiens ne sont plus que des rois sans pouvoir, des « rois fainéants » condamnés à assister impuissants aux conflits opposant leurs aristocraties aux maires du palais, qui détiennent le véritable pouvoir autrefois. C’est une lignée originaire d’Austrasie qui, à la fin du vu' siècle, entreprit de restaurer l’unité franque : les Pippinides, ancêtres des Carolingiens. Le nom de cette lignée provient des maires du palais Pépin l’Ancien (v. 580-640) et surtout Pépin le Bref (v. 715-768).
En dépit de cette impuissance finale, un des mérites des rois mérovingiens soutenus par l’Égli-se, héritière de la culture romaine, est d’avoir réussi à se rallier l’aristocratie gallo-romaine et de l’avoir associée à la direction du pays.
Le roi Dagobert et l’évêque Audomar, futur saint Orner, évêque de Thérouanne d’après une enluminure du xf siècle.
Protecteur de l’Église, il sut s’entourer de conseillers efficaces (Éloi, Didier, Ouen, futurs évêques de Noyon, Cahors et Rouen). Il fonda l’abbaye de Saint-Denis, où il se fit inhumer.
DATES CLÉS
406
Début des grandes invasions germaniques
476
Fin de l’empire romain d’Occident
Vers 481
Avènement de Clovis, fils de Childéric I\", comme roi des Francs de Tournai
Vers 486
Victoire de Clovis sur Syagrius
Vers 493
Mariage de Clovis avec la Burgonde Clotilde
Vers 496
Victoire de Tolbiac sur les Alamans
498 ou 499
Baptême de Clovis à Reims
507
Victoire de Vouillé sur les Wisigoths
508
Paris, nouvelle capitale du royaume
Vers 510
Rédaction de la première version de la loi salique
511
Mort de Clovis et partage du royaume entre ses quatre fils
558
Clotaire 1\", seul roi des Francs
561
Mort de Clotaire 1\" et partage de son royaume entre ses quatre fils
570-584
Guerre civile entre les fils de Clotaire 1er
573-594
Épiscopat de Grégoire de Tours et rédaction de l’Histoire des Francs
613-629
Clotaire II, seul roi des Francs
629-639
Règne de Dagobert
751
Déposition par Pépin III, maire du palais d’Austrasie, du dernier roi mérovingien

«
Clovis
et les Mérovingiens
! Voyant son armée sur le point d'être
A massacrée
par les Alamans, à la bataille
de Tolbiac, Clovis, selon le récit de Grégoire
de Tours, aurait fait le vœu de se convertir en cas
de victoire (tableau de Ary Scheffer, 1837).
veut rendre, au moment du partage du butin
avec ses guerriers, un vase à l'évêque de la ville.
Furieux de cette entorse aux usages de la guerre,
un des soldats préfèra briser le vase d'un coup de
hache.
Clovis lava l'affront un an plus tard en fra
cassant avec sa hache au cours d'une revue de
ses soldats le crâne de celui qui avait osé défier
son autorité.
Le baptême de Clovis
Encore païen, Clovis a épousé vers 493 une prin
cesse catholique, Clotilde, nièce du roi des
Burgondes.
Encouragée par saint Rémi et saint
Avit, évêques de Reims et de Vienne, elle ne par
vient pas à le convertir malgré tous ses efforts.
Il
accepte néanmoins de faire baptiser ses deux
premiers fils tout en restant fidèle à ses
croyances, soucieux de ne pas heurter les cou
tumes franques et de préserver son autorité sur
ses guerriers.
Bloqué par les Wisigoths au sud de
la Loire, Clovis poursuit sa politique d'expansion
vers l'est.
Il soumet d'abord les Thuringiens.
Vers
496, il apporte son soutien aux Francs ripuaires
attaqués par les Alamans.
C'est au cours d'une bataille à Tolbiac
(aujourd'hui Zülpich, près de Cologne) qu'il
aurait, selon Grégoire de Tours, fait le vœu de se
convertir au christianisme si «Jésus-Christ, que
Clotilde proclame fils du Dieu vivant » lui donnait
la victoire au moment où le sort de la bataille
tournait en sa défav eur.
Son vœu ayant été exau
cé, Clovis aurait accepté de suivre l'enseignement
de saint Rémi.
Mais
sa conversion est avant tout un acte poli
tique puisqu'il sait qu'elle lui facilitera la conquête
de la Gaule du sud.
Son baptême est solennelle
ment célébré à Reims le 25 décembre 498 ou 499.
Revêtu de la robe blanche du catéchumène, Clovis
déposa alors les colliers, amulettes et autres signes
de ses anciennes croyances avant de descendre
dans la piscine du baptistère, où saint Rémi lui
donna l'onction baptismale.
Ses deux sœurs et
trois mille de ses soldats en firent autant.
Clovis est ainsi devenu le premier roi chrétien
et fidèle de l'É glise romaine d'origine germa
nique à régner sur la Gaule.
Cette conversion
spectaculaire lui assure le soutien des évêques et
de la masse de la population gallo-romaine, qui
voit en lui le champion de la cause chrétienne en
Occident face aux souverains ariens.
La poursuite de l'expansion
Fort de cet appui, Clovis consolide d'abord ses
positions à l'Est.
Vers 500, il intervient sans succès
! Armes franques.
Scramasaxe
A (épée courte), épée et francisque.
Habiles forgerons, les Francs obtenaient
un acier dont la résistance et la souplesse
étaient légendaires.
dans
les querelles opposant le roi burgonde
Gondebaud à son frère Godegisèle, lequel veut
réaliser l'unité burgonde à son profit.
En 506, il refoule définitivement les Alamans
au-delà du Rhin et obtient l'alliance des Bur
gondes contre les Wisigoths d'Alaric II, qu'il écra
se en 507 dans la plaine de Vouillé près de Poi
tiers.
Maître de l'Aquitaine, il annexe tous les pays
entre la Loire et les Pyrénées, à l'exception de la
côte méditerranéenne demeurée avec l'Espagne
aux mains_des Wisigoths.
Son prestige est alors
immense.
A Tours, la ville de saint Martin où il
s'est arrêté pour célébrer sa victoire sur les Wisi
goths, il reçoit de l'empereur d'Orient à titre
honorifique la dignité de consul, qui légitime son
pouvoir en Gaule, avant de venir s'installer à
Paris, dont il fait sa capitale.
' Le baptême de Clovis par l'évêque
de Reims saint Rémi d'après une fresque
de Joseph-Paul Blanc (xtx< siècle).
Alors
que Clovis entrait dans la piscine du baptistère,
saint Rémi lui adressa la parole en ces termes:
• Dépose tes colliers, Sicambre, adore ce que
tu as brûlé, brûle ce que tu as adoré.
•
Au cours des dernières années de son règne, il
élimine par la ruse et par la violence les
derniers rois saliens, ses parents, et impose son
autorité aux Francs ripuaires qui le choisissent
comme roi.
Il organise en même temps son
royaume en faisant rédiger pour les Francs
saliens une loi salique comprenant 65 articles
et qui codifie les coutumes franques.
Peu
avant de mourir en 511, il réunit à Orléans un
premier concile national des Gaules qui rassem
ble trente-deux évêques.
Il meurt à Paris le.
»
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