Chine de 1995 à 1999 : Histoire
Publié le 24/12/2018
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La succession de Deng Xiaoping, décédé le 20 février 1997, est assurée par Jiang Zemin, le dauphin désigné. Cette année est également marquée par la rétrocession de Hongkong, la tenue du 15e congrès du Parti communiste, la réunion commune de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international à Hongkong, et par la visite « historique » de Jiang Zemin aux États-Unis. Le nouveau secrétaire général du PCC et président de la République encourage le processus de libéralisation et de modernisation de l’économie. Avec l’éviction de son principal rival, Qiao Shi, sa ligne politique triomphe. Les changements de responsables, lors de la session inaugurale de la 9e Assemblée nationale populaire en mars 1998, accentuent la nature collégiale de la direction du pays. Outre Jiang Zemin, celle-ci comprend Li Peng, le numéro deux du parti et président de l’Assemblée nationale populaire, et Zhu Rongji, ancien maire de Shanghai, qui prend la tête du gouvernement en mars 1998. Ce triumvirat apparaît tout-puissant après la neutralisation, à la fois, des dissidents (dont les plus connus sont soit en prison, tels les membres fondateurs du Parti démocrate chinois, créé en 1998, soit en exil aux États-Unis comme les chefs de file du mouvement de Tiananmen) et des mouvements autonomistes (au Tibet, dans le parti communiste chinois) Xinjiang ou en Mongolie intérieure). Le 15e congrès du PCC fait toujours référence à Deng Xiaoping, et refuse toute réforme politique profonde en réaffirmant la nécessité de « la dictature démocratique du peuple » et en rappelant le statut dominant de la « propriété publique ». La décision de réformer les entreprises publiques par l’ouverture aux capitaux privés est
pourtant prise. Sur le plan politique, le congrès, prônant le « rajeunissement des cadres dirigeants », pousse à la « retraite » le seul concurrent sérieux du chef de l’État et secrétaire du PCC, Qiao Shi. Mais, grâce à la forte pression de nombreux députés et de responsables provinciaux, ce dernier continue à participer aux réunions du bureau politique et conserve une influence importante.

«
La
cérémonie de la
rétrocession de Honglrong à La
Chine : malgré les promesses
de Pékin de respecter la
spécificité du lystème de
l'ancienne colonie britannique,
certains signes trahissent sa
volonté de retrouver sa pleine
souveraineté et inquiètent les
pays voisins, en particulier
Taiwan.
© Jacques Langevin/Sygma diminution
(près de 200 millions de
personnes) du nombre de Chinois
vivant en dessous du seuil de
pauvreté ; accroissement des
investissements étrangers, la Chine
devenant, après les États-Unis,
le deuxième débouché pour les
capitaux étrangers dans le monde.
Ces « importantes réformes
pragmatiques » - selon les termes
de la Banque mondiale -entraînent
également un très fort taux d'épargne,
une mobilité plus grande de la
population active, un soutien constant
de la diaspora chinoise, et un attrait
croissant de la communauté
internationale pour le «grand marché
chinois >>.
À l'inverse, les effets
pervers de cette croissance sont, outre
l'instabilité de l'emploi et des salaires,
l'augmentation de l'inflation en milieu
urbain, les problèmes
environnementaux (les inondations
désastreuses du Yangzi et de la Nen
de 1998 en sont un exemple édifiant)
et les inégalités sociales croissantes.
La Chin e et
la crise financière asiatique
Au regard du séisme qui ébranle les
économies émergentes de la région
depuis 1997, la Chine apparaît comme
le s
eu l pôle solide en Asie.
En refusant
la dévaluation de sa monnaie, le yuan,
Pékin ne veut pas aggraver la situation
des économies voisines.
Elle fait
preuve de responsabilité en contribuant
au sauvetage de l'économie
tha .t1andaise, un geste apprécié par les
autres pays asiatiques.
La Chine ne
semble affectée qu'indirectement par
la crise financière : les red chips
(actions des grandes entreprises
chinoises ct dont les valeurs se
négocient à la Bourse de Hongkong),
n'ont plus de succès depuis mai 1997.
Mais l'année 1998 se clôt dans
l'inquiétude et la morosité :
ralentissement de l'ensemble des
indicateurs et, surtout, mise à nu de la
fragilité du système financier chinois.
Tous les analystes s'accordent sur la brutalité
de la décélération de
l'économie (moins de 4% depuis
1997, contre plus de 9% auparavant).
La contagion de la crise se traduit
d'abord par le ralentissement des
deux moteurs de la croissance : les
exportations ct les investissements
étrangers.
Malgré la stabilité de sa
monnaie, la Chine ne souffre pas
d'un défaut de compétitivité.
Ses
exportations ne sont pas évincées par
des produits de la Corée du Sud ou
ceux des autres « dragons» d'Asie
du Sud-Est, car leurs marchés à
l'exportation ne se recoupent que
partiellement, rendant illusoire un
avantage purement monétaire.
En
désorganisant les appareils de
production des économies de l'Asie
du Sud-Est, la crise ne favorise pas,
en définitive, leurs produits, rendus
pourtant meilleur marché par les
dévaluations compétitives décidées
par les gouvernements respectifs et
le FMI, car ces pays sont dans
l'incapacité de répondre
instantanément à une nouvelle
demande.
Pour ces deux raisons, Pékin
considère que la dévaluation du yuan
n'apporte non seulement aucun
avantage significatif mais que son
« coût diplomatique » peut porter
atteinte à sa respectabilité
internationale fraîchement acquise.
En
fait, le commerce extérieur de la Chine
souffre plutôt de la contraction de la
demande régionale.
Les marchés
asiatiques absorbant environ 60 % des
exportations chinoises, Pékin tente de
compenser cc manque à gagner par
l'intensification des efforts sur les
marchés américains et européens, voire
d'autres continents.
Mais cette
réorientation vers les marchés non
asiatiques ne suffit pas pour maintenir
un taux élevé de croissance des
exportations chinoises : le rythme
de progression des échanges
commerciaux est ainsi divisé par
quatre entre 1995 et 1999.
Les investissements étrangers
constituent l'autre moyen de
propagation de la crise asiatique.
Si, jusqu'en 1997, environ 75% des
investissements émanaient de l'Asie
(retour en Chine populaire d'hommes
d'affaires de Taiwan ou issus de la
diaspora chinoise d'Asie du Sud-Est,
les huagiao), avec la crise, les
investisseurs potentiels vont se
désengager, ce qui explique la chute
d'environ un quart des flux de capitaux
directs étrangers en Chine en 1998.
Mais ce recul va s'accompagner d'un
redéploiement géographique identique
à celui observé en matière de flux
commerciaux : les partenaires
européens ou américains se substituent
aux Asiatiques défaillants et des
contrats importants sont signés avec
des multinationales (Eastman Kodak,
DuPont, Coca-Cola, Royal Dutch
Shell, General Motors).
De plus en plus.
la Chine est considérée comme un
immense marché et non un simple
« atelier » d'assemblage ou de sous
traitante : ce sont les consommateurs
chinois qui sont les principales cibles,
et non ceux des marchés tiers comme à
l'époque où les investisseurs asiatiques
utilisaient la Chine en tant que simple
base de réexportation des biens
produits ou assemblés localement.
Si le
pari des firmes multinationales semble
fondé à long terme, il est risqué à court
terme en raison de la contraction de la
demande solvable chinoise.
En effet,
les menaces pesant sur l'emploi à
cause des restructurations dans les
entreprises d'État et dans
l'administration incitent les
consommateurs à plus de prudence.
À cela s'ajoute le problème des
surcapacités de production dû à des
investissements hasardeux, notamment
dans l'immobilier.
Dans ce contexte de
scepticisme (incapacité de retrouver les
taux de croissance des années
précédant 1997), une crise de confiance
dans le yuan (réapparition du marché
informel du change et, surtout, sorties
massives de capitaux) s'installe.
La protection contre la spéculation se
limite à la convertibilité partielle de
la monnaie.
Malgré les mesures prises
pour colmater les multiples failles du
système, la fuite de capi taux atteint
un montant estimé à 30 milliards de
dollars par an.
C'est pour cette raison
que Pékin décide de renforcer le
contrôle des changes à l'automne 1998.
La politique du Premier ministre Zhu
Rongji cherche à rétablir la confiance
des acteurs économiques nationaux et
étrangers en lançant un ambitieux
programme d'investissements dans les
infrastructures et de créer un marché
immobilier en incitant les ménages à
acheter leur propre logement.
Inspirée
du New Deal de F.
D.
Roosevelt,
auquel la presse chinoise fait souvent
référence, 1 'idée est de relancer de
manière volontariste la demande
intérieure afin de compenser
l'essoufflement des moteurs extérieurs
de la croissance.
Imposé par les
circonstances, ce repli sur l'économie
continentale recoupe un nationalisme
grandissant chez les dirigeants chinois,
qui découvrent avec effroi la
vulnérabilité liée à la mondialisation.
La mise en faillite de la Guangdong
International Trust and Lnvestment
Company (GITlq, une société
d'investissement fortement et
illégalement endettée auprès des
bailleurs de fond étrangers, illustre
cette volonté de recentralisation destiné
à se protéger du risque extérieur.
Tout se passe comme si la crise
asiatique faisait resurgir des questions
éminemment politiques liées à la
souveraineté économique mais aussi
à la stabilité intérieure.
Cette dernière
préoccupation explique la décision
prise par Pékin de revenir sur les.
»
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