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Camillo Benso de Cavour

Publié le 27/02/2008

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1810-1861 "Cavour n'est pas riche d'italianité. Tout au contraire, par les sentiments, les instincts, les connaissances, il est quasiment étranger à l'Italie : anglais par les idées, français par le langage." Ce jugement de Gioberti souligne le paradoxe de la personnalité du père de l'Italie moderne qui, de sa vie, ne connut Rome, Venise, Naples et la Sicile et parla toujours l'italien avec force gallicismes. La singularité du destin de Cavour réside dans l'application qu'il fit à la question nationale italienne, d'une éducation et d'une culture essentiellement européennes. Camillo Benso de Cavour naît, à Turin, le 10 août 1810. Son père, le marquis Michel, homme d'affaires avisé, a adhéré au régime napoléonien et spéculé sur les biens nationaux. Chambellan du prince Camille Borghèse, beau-frère de l'Empereur, il le choisit pour parrain de son second fils, ce qui ne l'empêche pas, à la Restauration, de se mettre au service de la monarchie absolutiste rétablie, comme vicaire de police de la capitale piémontaise. Par sa mère, Adèle de Sellon, Cavour a des attaches genevoises : son grand-oncle Jean-Jacques, disciple de Turgot et de Diderot, rêvant de la paix universelle ; ses cousins de la Rive, savants et magistrats de la République. "Une pincée de l'hérétique, un peu du banquier, une dose d'illuminisme et de libéralisme bourgeois, tel est, pour Cavour, le bilan genevois" (F. Valsecchi), composante fondamentale de sa formation politique. "L'atmosphère de raison" de Genève se combine avec l'influence française, exercée par deux oncles, le comte d'Auzers et le duc de Clermont-Tonnerre, gentilshommes légitimistes qui ont épousé les soeurs de Mme de Cavour et vivent dans la maison familiale. Par sa grand-mère paternelle, enfin, Philippine de Sales, il appartient à la lignée du grand saint savoyard, mais cette ascendance pèsera beaucoup moins que le cousinage avec la haute aristocratie parisienne.

« Battu une seconde fois, il se tient à l'écart de la confuse poussée démocratique du gouvernement Gioberti, quirompt l'armistice et conduit au désastre militaire de Novare, le 23 mars 1849.

Charles-Albert abdique et le jeune roiVictor-Emmanuel II charge Massimo d'Azeglio de former un cabinet, pour signer la paix, à des conditions onéreusesmais qui laissent au royaume son intégrité territoriale et ses institutions.

Cavour est réélu en juillet 1849 et il devientministre de l'Agriculture et du Commerce, le 11 octobre 1849.

Au cours de ses deux années de collaboration avecd'Azeglio, il introduit le libre-échange, par une série de traités signés, entre 1850 et 1851, avec les principaux Étatseuropéens.

Son influence s'accroît lorsqu'il prend le portefeuille des Finances, le 8 avril 1851.

Il s'impose de plus enplus à une équipe gouvernementale dirigée par un Azeglio sceptique et malade, déchirée par des désaccords avec leroi sur le projet d'instauration du mariage civil.

Cavour évolue vers le centre-droit et se rapproche de Rattazzi,leader du centre-gauche.

Il soutient le mariage civil et, devant l'opposition du souverain, démissionne, le 16 mai1852.

Selon une tactique qui lui sera désormais familière, il prend du champ, voyageant à Genève, en France, enBelgique, en Angleterre, mais demeurant attentif à tout ce qui se passe à Turin.

Il apprend, à Londres, la démissionde Massimo d'Azeglio et, le 24 octobre, le roi l'appelle pour former le gouvernement.

Cavour demeurera désormais aupouvoir jusqu'à sa mort, sauf une interruption de six mois, de juillet 1859 à janvier 1860. C'est au cours des huit années qui séparent son accession à la présidence du Conseil de l'attentat d'Orsini, enjanvier 1858, que Cavour a sans doute donné la pleine mesure de ses capacités d'homme d'État et de son géniepolitique.

Cette "période de préparation", où domine l'action intérieure, a été souvent éclipsée, dans la renommée quil'auréole, par les succès fulgurants de 1860-l861, couronnés par la formation du royaume d'Italie.

L'historiographieofficielle de la monarchie unitaire, émoussant les aspérités et recouvrant les faits d'une patine conformiste, s'estplue à décrire la régénération du Piémont opérée dans la concorde nationale, par la collaboration entre le roi-soldatet le ministre à la clairvoyance divinatoire.

Il n'en est rien.

La modernisation du royaume et sa promotion au rang degrande puissance furent le résultat d'une lutte incessante où Cavour usa prématurément ses forces.

Le contrasteétait grand entre l'ampleur de ses vues et l'incompréhension d'un pays, encore tout provincial, aux horizons étroits,mal préparé aux tâches que lui assignait le Premier ministre ; entre les possibilités réelles du petit Piémont, peuplé decinq millions d'habitants, et l'effort fiscal et militaire qui lui sera demandé.

L'opposition de droite des conservateurscatholiques, nostalgiques de l'Ancien Régime, rivalise d'ardeur avec celle de l'extrême-gauche, démagogique etanticléricale, entraînée par Brofferio.

Cavour, tout en s'efforçant de se concilier des partisans — et même si saconception du Parlement, instrument de ses desseins, plutôt que détenteur d'un pouvoir réel, n'était pas celle de lapure tradition anglaise — respecta cependant toujours les institutions constitutionnelles, en face d'un souverain queson éducation et son tempérament prédisposaient à l'autoritarisme.

Les relations entre les deux hommes furentdifficiles, car ils étaient séparés par une notable différence de format intellectuel et par des antinomies detempéraments.

La majorité de gouvernement fut dégagée par le connubio, "mariage" entre le centre-droit cavourienet le centre-gauche de Rattazzi.

Combinaison instable, au sein d'une vie parlementaire agitée et qui faillit souventnaufrager, devant les oppositions coalisées, comme aux élections de 1857.

Cavour entreprit de doter le Piémontd'une infrastructure économique moderne par le moyen d'emprunts extérieurs, en France et en Grande-Bretagne, etau prix d'une lourde pression fiscale.

Un réseau ferré de huit cent sept kilomètres fut construit, le percement dutunnel de Fréjus commencé en 1854, le port de Gênes agrandi.

Le volume de la production de biens deconsommation doubla, entre 1849 et 1859.

Tandis que l'armée était réorganisée par La Marmora, la laïcisation del'État s'amorçait, en 1855, par l'incamération des biens ecclésiastiques.

Dans le domaine extérieur, Cavour profita dela crise orientale pour faire réclamer, par la France et l'Angleterre, l'adhésion piémontaise à la lutte contre la Russie.La modeste participation militaire à la guerre de Crimée lui permit, en 1856, de siéger, au Congrès de Paris, auxcôtés des Grandes Puissances et de poser, à la face de l'Europe, la question de l'indépendance italienne.

Mais ladépression économique, commencée en 1856, vint compromettre ces résultats et l'essor de la modernisation futsérieusement ralenti.

En 1858, devant le marasme intérieur, aggravé par la rupture avec Rattazzi il ne restait àCavour que la fuite en avant.

L'initiative de Napoléon III en faveur du Risorgimento vint à point pour dénouer unesituation critique.

A cette époque, Cavour n'a pas encore une idée très claire du devenir de la Péninsule.

En face dufédéralisme de Cattaneo et du républicanisme unitaire de Mazzini, il est, avant tout, libéral et anti-autrichien.

Ilexploite l'ouverture que lui fait Napoléon III, au lendemain de l'attentat d'Orsini.

Lors de l'entrevue de Plombières (21juillet 1858), il laisse l'empereur s'engager et esquisser un plan d'action : alliance militaire avec le Piémont contreVienne, avec participation de deux cent mille hommes ; libération de la Haute Italie "des Alpes à l'Adriatique" etréunion, dans un royaume dévolu au Piémont, de la Lombardie, de la Vénétie, de Parme et Modène et des Marcheset Légations pontificales ; formation d'un royaume d'Italie centrale, comprenant la Toscane et le reste des États del'Église, moins Rome et ses environs, laissés à Pie IX, futur président de la Confédération italienne ; maintien duroyaume de Naples.

Pour prix de son concours, la France recevra la Savoie et Nice.

La marche à la guerre fut seméed'embûches, avec des repentirs, du côté de la France et, en mars, la menace d'un congrès, proposé parl'Angleterre, qui faillit sonner le glas des espérances de Cavour.

La décision de François-Joseph de brusquer lesévénements par l'envoi d'un ultimatum à Turin (23 avril 1859) vint précipiter l'ouverture du conflit.

Mais, aulendemain des victoires de Magenta (4 juin 1859) et de Solferino-San Martino (24 juin 1859), l'empereur, sensibleaux horreurs de la guerre, inquiet du mécontentement de l'opinion française et de la mobilisation prussienne sur leRhin, arrête brusquement les hostilités.

A l'insu de Cavour, il rencontre l'empereur d'Autriche et signe avec lui lespréliminaires de Villafranca, que le Congrès de Zurich transformera en traité de paix, le 10 novembre 1859.

LaLombardie est cédée à la France, qui la rétrocédera au Piémont.

L'Autriche garde la Vénétie qui, autonome, entreradans la Confédération italienne.

Les souverains des Duchés, détrônés par des mouvements patriotiques, au cours dela guerre du printemps 1859, seront restaurés.

Cavour s'indigne violemment, songe au suicide et, après uneentrevue dramatique avec le roi, démissionne, le 10 juillet.

Il est remplacé par un cabinet La Marmora dont l'hommefort est son ennemi Rattazzi.

Mais il comprend que les stipulations de Villafranca sont inexécutables, devant lamontée du sentiment national en Italie centrale.

De sa retraite de Leri, il déploie une prodigieuse activité souterrainepour en saboter la mise en œuvre.

Par le canal de la Société nationale italienne, ses émissaires incitent les. »

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