Buenos Aires (géographie)
Publié le 31/12/2018
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LA REINA DE LA PLATA
Située à l'embouchure du Rio de la Plata, le plus grand estuaire du monde, Buenos Aires est la capitale de la
République d'Argentine. Avec plus de 12 millions d'habitants, le tentaculaire Gran Buenos Aires regroupe prés du tiers de la population du pays sur à peine 1 % du territoire.
HISTORIQUE
NUESTRA SENORA DEL BUEN AYRE
• Un jour de février 1516, Juan Diaz de Soifs, mandaté par le roi d'Espagne, débarque dans l'estuaire du Rio de la Plata. Mais ce n’est que vingt ans plus tard que Pedro de Mendoza, envoyé par Carlos I\" pour coloniser les terres du Nouveau Monde, fonde Nuestra Senora del Buen Ayre.
• Ce premier petit village est détruit par la population indienne locale, eh en 1541, les colons espagnols quittent le site.
• En 1580, Juan de Garay fonde à nouveau une ville au bord du Rio de la Plata : il la baptise Ciudad de la Santisima Trinidad y Puerto de Santa Maria del Buen Ayre. Pour lui, le site est idéal, car il constitue une porte d'entrée sur les nouvelles terres et un port permettant de réduire les coûts de transports entre le Nouveau Monde et l'Europe. Le port devient un centre politique et commercial espagnol dans la région. Néanmoins, pendant deux cent soixante-dix ans, son importance ne sera que toute relative pour la Couronne espagnole.
De la vice-royauté à l'indépendance
• En mai 1776, le roi Carlos III crée le vice-royaume du Rio de la Plata (actuels Paraguay, Argentine, Bolivie et Uruguay) avec pour capitale Buenos Aires.
• En 1806 et 1807, l'Angleterre envahit la ville, mais chaque fois ses habitants - les Portenos - repoussent l'ennemi en s'unissant.
• En 1810, désireux de s'émanciper de la Couronne, les Portenos fomentent un mouvement révolutionnaire à l'issue duquel est créée la Primera Junta. Le 9 juillet 1816, les provinces unies du Rio de la Plata obtiennent l'indépendance vis-à-vis de l'Espagne et l'instauration de la République.
• Le héros national, père de la patrie, losé de
San Martin (1778-1850) va jouer le rôle décisif
de libérateur de tout le sud du continent.
• En 1853, le pays se dote d'une Constitution, et Buenos Aires devient un district fédéral.
Capitale et terre d'accueil
• Après soixante-dix ans de querelles intestines et de guerres civiles, fédéralistes et unitaristes se mettent d'accord, et le 21 septembre 1880, Buenos Aires est finalement déclarée capitale de la République d'Argentine Buenos Aires est la troisième ville d'Amérique latine.
• En 1855, la ville ne compte que 90000 habitants, mais, avec la stabilité politique, les immigrants affluent par bateaux entiers pour venir s'installer en Argentine, d’abord à la campagne, puis très vite et massivement dans la capitale. De 1880 à 1930, des millions d'Européens (Espagnols, Italiens, Slaves, Français...) débarquent à Buenos Aires pour des raisons économiques, et plus tard pour des raisons politiques, fuyant
la révolution d'Octobre, les régimes de Mussolini, de Hitler ou de Franco. En 1914, un habitant sur deux est étranger. Jusqu'aux années 1950, ce «port de l'Extrême-Europe» attire des déracinés en quête d'une vie meilleure. Buenos Aires est, au cours du xx' siècle, une des métropoles prépondérantes en Amérique du Sud par le niveau de ses services bancaires, de santé, d'enseignement supérieur et ses médias. Les Argentins de la capitale, qui se sont longtemps considérés comme des Européens transplantés, ont cru la richesse du pays inépuisable.
• Dans les années 1920, grâce à un immense réseau ferroviaire, le port reçoit les denrées des zones rurales riches et exporte viande, céréales et laine vers une Europe qui se relève de la guerre. Et Buenos Aires devient la «Mecque» culturelle de l'Amérique latine.
«
MÈRES
ET GRANDS-MÈRES
DE LA PLACE DE MAl
Coiffées de leurs foulards blancs faits
symboliquement dans des langes de
bébé, elles tournent inlassablement
autour de l'obélisque de la place de Mai
chaque jeudi depuis que les militaires
ont ravi leurs enfants et petits-enfants.
En
elfe� sous la junte militaire qui gouverna
l'Argentine de 1976 à 1983, environ
30 000 personnes ont été enlevées,
séquestrées, torturées, et ont finalement
disparu.
Parmi ces desaparecidos,
beaucoup de jeunes hommes, mais aussi
des enfants en bas âge et des femmes
enceintes dont les bébés ont été volés
puis adoptés illégalement par des
militaires.
Depuis presque trente ans, las
tilue/as (grands-mères) se battent avec
une énergie infatigable, mais des
moyens dérisoires pour retrouver leurs
descendants et pour que justice soit faite.
Quant aux madres (mères), elles ont
intégré un mouvement plus radical et
plus politique.
Elles savent qu'elles ne
reverront plus leurs enfants disparus
pendant la "guerre sale», mais elles
maintiennent leur souvenir vivant
et s'impliquent dans la politique actuelle
du pays en demandant, par exemple,
l'annulation de la dette extérieure.
maisons
aux couleurs éclatantes n'est
qu'une vitrine du passé pour touristes
et accueille des artistes qui proposent
peintures, dessins, aquarelles et
artisanat sur des airs de bandonéon et
de tango un peu frelatés.
l'authentique
Boca se situe ailleurs, après la voie de
chemin de fer désaffectée et autour de
la Bombonera, le célèbre stade couvert
de mosaïques et de fresques.
LE MICROCE NTIIO
• Au cœur de la ville, on trouve les
principales administrations, les grandes
banques et les commerces.
·Témoin des événements majeurs,
positifs et négatifs, de l'histoire
argentine, la Plaza de Mayo est la plus
vieille place de Buenos Aires.
A l'origine
s'y déroulaient des cérémonies
f--------------i religieuses et officielles, un marché, des
LE PAYSAGE URBAIN
• Buenos Aires -Bs As pour les initiés -
est construite sur le modèle américain
des blacks, appelés ici cuadras, des
carrés de 100 rn de côté qui donnent à
la ville un aspect extrêmement répétitif.
• A ce plan monotone s'oppose une
irrégularité totale en élévation.
En elfe�
longtemps les Porteiios ont construit
sans souci d'harmonie dans la hauteur
ni dans le style.
La" Reine de la Plata»
- puisque tel est son surnom -affiche
donc un grand éclectisme urbanistique.
C'est aussi à cela qu'elle doit son
caractère unique : tour à tour Paris
dans ses quartiers chics, Madrid dans
ses grandes artères, londres dans sa
City.
Athènes dans ses quartiers
commerçants, Naples dans son port ...
LA BoCA
• Quartier pittoresque et populaire, site
originel de la fondation de Buenos
Aires, la Boca s'est développée à la fin
du XIX' siècle en suivant le rythme et
l'évolution de l'immigration.
Ici se sont
installés les usines et donc le
prolétariat.
En raison de la proximité du
Riachuelo, l'un des bras du fleuve, la
Boca (u embouchure>> ) est
fréquemment inondée; les habitations
y sont soit des masures en tôle
ondulée, soit de grandes cabanes de
bois à balcons de fer.
• la Boca est le lieu de naissance du
tango et de la bohème littéraire et
artistique.
le charme et l'histoire du
quartier sont intimement associés à
Benito Quinquela Martin, un artiste
peintre des années 1930 qui a incité
ses concitoyens à peindre les murs des
habitations avec les fonds de peinture
inutilisés pour les bateaux.
courses
de taureaux, des exécutions
publiques, etc.
Mais, malgré son
importance politique, elle n'était qu'un
modeste terrain boueux.
Au fil des ans,
divers travaux d'aménagements lui ont
donné l'aspect qu'elle a désormais.
Un petit obélisque situé au centre porte
la date du 25 mai 1810, jour de la
formation de la primera junta, premier
gouvernement indépendant.
• Autour de cette place se dresse la
Catedral Metropolitana, une basilique
monumentale du début du x1xe siècle
qui abrite le mausolée du général San
Martin.
le héros national.
• Tout à côté, la Municipalidad (hôtel
de ville) est un bel édifice de style
français, et l'ancien Cabildo (Assemblée
des représentants du peuple), rare
vestige datant de l'époque coloniale, est
aujourd'hui transformé en musée.
• Enfin, à l'autre extrémité de la place
trône l'incontournable Casa Rosada.
C'est du balcon de ce siège du
gouvernement qu'Eva et Juan Domingo
Perôn s'adressaient à la foule.
• la City, le quartier des affaires, se
situe non loin de là, avec ses banques,
sa Bourse, ses grandes compagnies
d'assurances et ses ministères.
• De la Plaza de Mayo, I'Avenida de
Mayo conduit directement au Congreso
Nacional, un bâtiment au dôme
imposant qui héberge le Sénat et la
Chambre des députés.
Mais la fierté des Porteiios
est I'Avenida 9 de Julio, qui,
avec ses 125 rn de large, détient le
record du monde.
Dix minutes à pied
sont nécessaires pour la traverser.
• Au centre de cette avenue se dresse
le symbole de la capitale, un grand
obélisque érigé en 1936 à l'occasion du
quatrième centenaire de la ville.
Il sert
de point de ralliement pour célébrer les
victoires de football et autres grands
moments d'euphorie populaire.
• A quelques cuadras de l'obélisque se
dresse le théâtre Col6n, voué à l'opéra.
• Autour du palais de justice se
concentrent la plupart des cabinets
d'avocats -le regroupement
thématique par barrio (quartier) étant
l'une des spécificités de la ville.
• Pour le shopping.
les Porteiios
fréquentent assidûment la rue piétonne
de Florida, avec ses boutiques, sa
galerie marchande (las Galerias
Pacifico) décorée de fresques et son
centre culturel Borges, ou encore la rue
lava lie.
·En s'éloignant un peu du Microcentro,
derrière la Casa Rosada, se trouve
l'ancien po� Puerto Madero, du nom de
l'ingénieur Eduardo Madero qui dessina
les plans des installations portuaires de
la fin du xiX' siècle.
En 1991, un grand
projet d'urbanisme ayant pour but de
remodeler les 170 ha du quartier vit le
jour.
Les anciens docks en brique rouge
ont été réhabilités en lofts, bureaux.
restaurants et bars à la mode.
Ce
quartier abandonné est devenu si
branché qu'une université privée s'y est
même installée.
SAN TELMO
• Autre quartier historique parmi les
plus anciens, San Telmo abritait jadis
les résidences de la haute bourgeoisie.
On notera la façade ouvragée de la
basilique Nuestra Seliora de Belén
céramiques vernissées bleues et
blanches.
La zone fut abandonnée
lorsque sévirent des épidémies de
fièvre jaune, et les nombreux
immigrants trouvèrent alors ici un
refuge et partagèrent ces vastes
maisons.
les casas chorizos, ces longs
bâtiments que l'on trouve encore dans
le passage de la Defensa, comportaient
un étage avec des balcons en fer forgé
et un patio.
Beaucoup d'entre elles connaissent
une seconde jeunesse, car le charme
des ruelles pavées et des placettes a
attiré nombre d'intellectuels et d'artistes
désireux de réhabiliter ce patrimoine.
• San Telmo est devenu très touristique
avec ses spectacles de rue, ses statues vivantes
à
l'effigie de
Carlos
Gardel, ses
danseurs
de tango ...
près de la
Plaza Dorrego.
Antiquaires
et brocanteurs
se côtoient
au milieu des bars et des cabarets.
LEs QUAIITl ERS RtsJDENmELS
DE PAURMO ET BEL,RANO
• Palermo n'est pas l'un des quartiers
les plus intéressants historiquemen�
mais c'est l'un des plus agréables et
donc des plus résidentiels, et aussi
l'un des plus vastes- on le subdivise
d'ailleurs en Viejo, Chico et Hollywood.
Les boutiques, restaurants et bars
branchés de Palermo Hollywood (ainsi
nommé en raison du nombre de
maisons de production qui s'y sont
installées), les maisons à un étage de
Palermo Viejo donnant sur des rues
pavées et de petites places à taille
humaine contrastent avec les
immeubles modernes et les tours qui
jouxtent les larges avenues bordées
d'arbres de Palermo Chico.
l'immense
Aven ida del Libertador en est le
paradigme.
• les espaces verts sont légion, et c'est
dans le bois de Palermo, réplique du
bois de Boulogne parisien, que se
donnent rendez-vous les joggeurs aisés.
• A quelques cuadras, l'hippodrome
et le terrain de polo sont autant de lieux
fréquentés par la jet-set
· Près de la Plaza ltalia, l'ambiance
est plus familiale et populaire dans le
Jardin zoologique, situé en plein cœur
de la ville.
• la classe moyenne aisée a aussi élu
domicile à Belgrano, un agréable
quartier résidentiel bien desservi par le
métro et auquel on accède par de
grandes avenues aux trottoirs ombragés,
aux belles galeries commerciales, à la
plus ancienne et célèbre université
privée du même nom (la UB).
• Le quartier huppé de la Reco/tta mêle
espaces verts, somptueuses boutiques
aux enseignes internationales, luxueux
immeubles, hôtels cinq étoiles,
restaurants gastronomiques, lieux de
manifestations artistiques, marché
artisanal, etc.
les superbes hôtels
particuliers qui appartenaient autrefois
à l'aristocratie sont devenus des musées
ou des ambassades.
• le week-end, les Porteiios envahissent
les terrasses de La Biela ,le café que
fréquentaient Fangio et ses amis.
• le quartier de la Recoleta est aussi
fort célèbre en raison d'une magnifique
église de style colonial, Nuestra Seiiora
del Pilar, que jouxte le non moins LASCANCHAS
On ne compte pas moins de sept clubs
de foot en première division dans
la capitale, et près d'une vingtaine
de clubs, toutes divisions confondues,
dans le Gran Buenos Aires, et autant
de canchas (stades).
Vélez, River Plate,
Boca Juniors, San lorenzo, Hurracan,
lndependiente, Ferro ...
ces équipes
font rêver, fédèrent et divisent les
Porteiios.
les rencontres entre les
deux clubs les plus importants, River,
supporté par la classe aisée, et Boca,
plus populaire et qui eut comme joueur
le plus célèbre des numéros 10, Diego
Maradona, déchaînent les passions.
réputé dmetiëre.
les caveaux
y rivalisent
d'originalité et
d'ornemen tations sculpturales.
Dans cet
espace qui
appartenait
au XVII� siècle aux moines franciscains
(les Recoletos, d'où le nom du quartier)
sont enterrés les membres des plus
grandes familles argentines, Eva Per6n
comprise.
LA VIE CULTURELLE
• Ce serait trahir Buenos Aires que de ne
pas évoquer sa richesse culturelle et son
dynamisme artistique.
La ville est
immédiatement associée au tango, e�
au-delà du cliché et du spectacle pour
touristes, cet art connaît un véritable
regain tant dans la musique et la danse
que dans les chants.
• la célèbre avenue Corrientes présente
une succession ininterrompue de
théâtres qui n'ont rien à envier à ceux de
Broadway, avec des reprises de grands
classiques, des créations avant-gardistes,
des comédies musicales populaires, des
pièces de théâtre de boulevard ...
• Concerts variés, récitals de qualité
organisés par la municipalité et souvent
g ra tuits, veillées de lecture, conférences
débats.
expositions dans des galeries,
des cafés.
cinéma d'auteur apprécié bien
au-delà de ses frontiè res, mais aussi
design sont autant de domaines dans
lesquels les Porteiios excellent
• Buenos Aires possède de nombreux
musées, celui consacré à l'Histoire
nationale, celui dédié à Eva Per6n, ceux
voués à l'Histoire du cinéma argentin et
aux Arts décoratifs.
Si le musée des
Beaux-Arts propose quelques chefs
d'œuvre d'artistes nationaux et
internationaux, des primitifs italiens aux
contemporains, celui des Arts latino·
américains, ou MALBA est le plus
remarquable.
Cette fondation privée
présente dans un somptueux bâtimen�
inauguré en septembre 2001, le
patrimoine d'un riche collectionneur
d'a� Eduardo F.
Costantini : plus de
200 œuvres d'artistes latinos modernes
et contemporains..
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