Brunehaut et Frédégonde, reines ennemies La vengeance d’un fils
Publié le 25/09/2018
Extrait du document
En Austrasie, malgré une forte opposition,
Brunehaut s’impose et détient la réalité du pouvoir. Elle favorise l’alliance de son fils,
Childebert II, avec son oncle Gontran, roi de Bourgogne, qui, à sa mort, en 593, lui lègue son royaume.
Pourtant c’est le fils de Frédégonde, Clotaire II, roi de Neustrie, qui reconstituera le royaume franc. En 613, il fait supplicier Brunehaut que les grands d'Austrasie lui ont livrée.
En Austrasie où le roi est un enfant depuis 575, les
grands du royaume détiennent
le pouvoir. Ils ne sont d’accord
que sur un point : s'opposer à
la reine-mère, Brunehaut. Le
O
mépris qu’ils affichent à l'égard S de «l’étrangère» venue d’Espagne, dissimule mal la crainte qu'inspire sa forte personnalité et son attachement à asseoir l’autorité royale. Sa marge de manœuvre est encore bien étroite au début du règne de son fils, Childebert II.
Si le royaume est menacé par d'incessantes querelles intestines, il bénéficie à l’extérieur du soutien du roi de Bourgogne, Gontran. Ce dernier vient de perdre ses deux fils et
Ci-dessus, «Le supplice de Brunehaut». Miniature du XV' siècle.
adopte, vers 577, le fils de son frère Sigebert. «Qu’un même bouclier nous protège, qu’une même lance nous défende ! Si je dois de nouveau avoir des fils, je ne t'en compterai pas moins comme l’un d'entre eux, afin qu'il règne entre nous la même affection que je te promets ici devant Dieu», déclare-t-il lors d'une cérémonie au Pont-de-Pierre.
«
du roi ces hommes qui ven
dent son royaume, qui livrent
ses cités à la domination
étrangère et son peuple mê
me au pouvoir d'un autre prin
ce», s'écrient les insurgés.
En 583, Childebert Il, délivré
du joug de l'aristocratie, se ré
concilie avec Gontran.
Un oncle protecteur
L'année suivante, au retour de
la chasse, Chilpéric est poi
gnardé par un inconnu, à
Chelles, près de Paris .
Frédé
gonde ne parvient pas à impo
ser sa loi en Neustrie.
Quatre
mois plus tôt, elle a accouché
du futur Clotaire Il et s'est ré
fugiée à Paris.
Elle se retrouve
dans une situation similaire à
celle qu'a connue Brunehaut,
en 575 à la mort de Sigebert .
À
Meaux, Childebert, pressé de
prendre sa part de territoires,
veut aussi se venger.
La veuve
de Chilpéric n'est-elle pas ac
cusée d' avoir fait étrangler sa
tante, la douce Galswinthe, la
LES SEIGNEURS OUI ONT «TRAHI»
Pépin de Landen et l'évêque Arnould de Metz qui ont, avec l'aristocratie austrasienne,
rallié le roi de Neustrie, sont les ancêtres de la dynastie
carolingienne.
Le premier
possède des terres en Ardenne, dans la vallée de la
Meuse, entre Namur et Liège,
et en Brabant.
Les territoires
du second s'étirent entre Metz
et Verdun.
En mariant leurs
deux enfants, Begga et
Ansegisèle, ils créent un
lignage
à la fortune considérable.
Arnould s'est retiré au
monastère de Remiremont.
Pépin a été maire du palais du
fils de Clotaire Il, Dagobert,
quand celui-ci administrait
l'Austrasie.
Leur petit-fils, fils
de Begga et d'Ansegisèle, est
Pépin II, dit Pépin d'Herstal, le
père de Charles Martel.
sœur de Brunehaut, poignar
der son père Sigebert le', égor
ger ses cousins, les fils de
Chilpéric et d'Audovère ?
Sur les conseils de ses der
niers fidèles , Frédégonde ré
clame, et obtient , la protec
tion de Gontran pour elle et
son enfant .
Le roi de Bour
gogne refuse de la livrer aux
Autrasiens et sauvegarde les
intérêts de son neveu dont il
devient le tuteur.
Mais il n'en
privilégie pas moins son pre
mier « fils adoptif» Childebert .
Quand celui-ci atteint sa quin
zième année, il lui renouvelle c -g son affection en l'adoptant de ~ G nouveau et le proclame ma-
jeur .
Brunehaut soutient l'ai- J
liance avec Gontran .
Le 28 no
vembre 587, à Andelot, sur
l'ex-voie romaine entre
Langres et Toul, les deux
hommes scellent, en sa pré
sence, un pacte d'amitié éter
nelle.
Frédégonde, furieuse
que son fils soit lésé par cet
arrangement , tente de faire
assassiner
Childebert .
Petits-fils
et arrière-petits-fils
Mais Childebert est fort occupé
à
lutter contre les grands qui
ont administré le royaume pen
dant sa minorité.
Ils sont exilés,
condamnés à mort,
dépouillés
de leurs biens.
Brunehaut en
courage ces vengeances qu'elle
exerce elle-même avec cruau
té.
À la mort de Gontran, en
593, l'Autrasie et la Bourgogne
sont sous la
coupe de Childe
bert .
Mais trois ans plus tard, il
meurt à son tour , laissant deux
fils, de 11 et de 9 ans .
Leur
grand-mère Brunehaut exerce
la régence
de Théodebert, qui
reçoit !'Austrasie, et de Thierry ,
qui hérite de la Bourgogne et
de l'Alsace.
Sans déclaration de
guerre , Frédégonde s'empare
de villes proches de Paris et
gagne une bataille à Laffaux,
entre Soissons et Laon .
Mais el-
le meurt, en 597, semble-t-il,
de mort naturelle.
Brunehaut
est débarrassée de sa vieille
ennemie mais ses malheurs ne
sont pas terminés .
Son autorité
est minée par le conflit qui va
opposer ses petits-fils.
Au dé
but de leur règne, ils ont fait
cause
commune contre Clotaire
Il
qu'ils battent en 600, puis en
604 .
Mais ensuite ils se livrent
un combat fratricide au cours
duquel Théodebert , vaincu, est
tué .
Thierry ne règne pas long
temps .
Il meurt en 613 .
Son fils,
Sigebert
Il, lui succède .
La ré
gence doit revenir à la vieille
reine qui, à 70 ans, va conseiller
une quatrième génération .
Mais les grands ne l'
entendent
pas ainsi .
Avec à leur tête Pépin
de Landen et l'évêque Arnould
de Metz, ils appellent Clotaire
Il
en Austrasie et lui livrent Bru
nehaut .
Les enfants de Thierry
sont massacrés .
Le fils de Fré
dégonde inflige une mort igno
minieuse à l'ennemie de sa
mère.
A Renève, à l'est de Di
jon, la vieille reine est torturée
pendant trois jours, puis traî
née nue derrière un cheval
au galop jusqu'à ce que mort
s'ensuive ..
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