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Défendre la France et assurer la sécurité nationale

Publié le 12/10/2016

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Défendre la France et assurer la sécurité nationale De la défense des frontières à la défense sans frontières : L’histoire moderne et contemporaine de la France est intimement liée à la défense de ses frontières. La « ceinture de fer » de Vauban, achevée entre 1690 et 1700, aura joué un rôle pendant les guerres révolutionnaires et au-delà. La ligne de fortifications mise en place dans les années 1880-1890 par le général Séré de Rivières servi même pendant la Grande Guerre. La ligne Maginot construite dans les années trente pour assurer la défense du Nord et de l’Est, n’ayant pas servie, est tombée en juin 1940. La dissuasion nucléaire et la force de frappe en portent encore la trace et la marque, des années soixante aux années quatre-vingt-dix. Le nucléaire, c’est la sacralisation de la frontière nationale, dans l’indépendance nationale. Vingt-cinq ans après la fin de la Guerre froide, près de quinze ans après les attentats du 11 septembre, les principes de la politique publique de défense et de sécurité évoluent dans le sens d’un rapprochement de la sécurité intérieure et extérieure. Les frontières s’estompent et l’accent est mis plus sur la sécurité que sur la défense. La place des militaires dans le système de défense et de sécurité nationale est moins conséquente. Si notre organisation de défense remonte au début des années soixante, les livres blancs de 1972, 1994, 2008 et 2013 sont témoins des transformations majeures entre le contexte et les acteurs de notre système de défense et de sécurité. Depuis dix ans, un resserrement administratif et politique au profit de l’exécutif a évolué entre l’organisation de défense et de sécurité, y compris au plan territorial avec une accélération depuis 2007. Dans le même temps, la mobilisation face aux crises fait émerger une nouvelle culture de gouvernement, pour que soient assurées non plus seulement la sécurité intérieure et extérieure du pays, mais la continuité de la vie nationale. La défense de notre pays découle, pour l’essentiel, de l’ordonnance de 1959 et des décrets des années 1960-1961. Il s’agit d’une réflexion longue, dont les origines datent des années trente et dont les textes ont été conçus et rédigés par le général de Gaulle lui-même. On sait l’importance, l’ancienneté et la maturité des analyses de De Gaulle en la matière, alors qu’il est lieutenant-colonel, et l’un des chefs de service du Secrétariat permanent de la défense nationale, de 1932 à 1937. C’est à cette époque qu’il travaille sur la projet de loi portant « organisation de la Nation pour le temps de guerre », adopté par la Chambre des députés et le Sénat et publiée comme loi de la République le 11 juillet 1938. D’avoir été, pendant les cinq années qui précèdent, au cœur de ce chantier que la guerre arrêtera, en septembre 1939, représente un élément important de la construction de la culture administrative et militaire du Général. L’organisation de la défense de la France voulue et mise en place par le général de Gaulle est aussi une conséquence de l’ « étrange défaite » de la défense des frontières dont la matérialisation la plus achevée, sinon la plus excessive fut la ligne Maginot. Ce qui change fondamentalement la donne, dans les années soixante, c’est la force de frappe et la dissuasion. Il n’est plus question de politique « navale », l’armement terrestre, ou aérienne dans l’esprit du général de Gaulle, mais d’une seule et unique politique de défense, arrêtée au plus haut niveau de l’Etat et par son Chef. Le nucléaire, c’est la dernière des armes, aux mains du premier des Français. C’est la sacralisation de la frontière. Le contexte des années soixante est connu : une menace majeure, massive, militaire et mondiale, à nos frontières. Un acteur essentiel et quasi-unique : l’Etat. Une approche qui ne s’effectue plus armée par armée, mais par attributions ministérielles : à la Défense, la défense militaire ; à l’Intérieur, la défense civile ; à l’Economie, la défense économique. L’unité du tout est assurée par le Gouvernement, sous l’autorité du Président de la République. Cette approche est énoncée et en quelque sorte solidifiée par le Livre blanc sur la défense nationale de 1972, auquel Michel Debré, ministre d’Etat et ministre de la défense nationale, apporte la légitimité et la tonalité de celui qui s’estime et qui se pose comme le dépositaire de la pensée et de l’action du général de Gaulle en matière de défense. La défense, c’est la défense des frontières. En 1994, lorsque François Léotard, ministre d’Etat et ministre de la défense propose à Edouard Balladur, Premier ministre, la rédaction d’un Livre blanc sur la défense, la Guerre froide n’est pas encore si élo...

« L’organisation de la défense de la France voulue et mise en place par le général de Gaulle est aussi une conséquence de l’ « étrange défaite » de la défense des frontières dont la matérialisation la plus achevée, sinon la plus excessive fut la ligne Maginot. Ce qui change fondamentalement la donne, dans les années soixante, c’est la force de frappe et la dissuasion.

Il n’est plus question de politique « navale », l’armement terrestre, ou aérienne dans l’esprit du général de Gaulle, mais d’une seule et unique politique de défense, arrêtée au plus haut niveau de l’Etat et par son Chef.

Le nucléaire, c’est la dernière des armes, aux mains du premier des Français.

C’est la sacralisation de la frontière. Le contexte des années soixante est connu : une menace majeure, massive, militaire et mondiale, à nos frontières.

Un acteur essentiel et quasi-unique : l’Etat.

Une approche qui ne s’effectue plus armée par armée, mais par attributions ministérielles : à la Défense, la défense militaire ; à l’Intérieur, la défense civile ; à l’Economie, la défense économique.

L’unité du tout est assurée par le Gouvernement, sous l’autorité du Président de la République. Cette approche est énoncée et en quelque sorte solidifiée par le Livre blanc sur la défense nationale de 1972, auquel Michel Debré, ministre d’Etat et ministre de la défense nationale, apporte la légitimité et la tonalité de celui qui s’estime et qui se pose comme le dépositaire de la pensée et de l’action du général de Gaulle en matière de défense.

La défense, c’est la défense des frontières. En 1994, lorsque François Léotard, ministre d’Etat et ministre de la défense propose à Edouard Balladur, Premier ministre, la rédaction d’un Livre blanc sur la défense, la Guerre froide n’est pas encore si éloignée et le texte porte encore, à bien des égards, la trace et la marque des trente années qui précèdent.

Il n’empêche : la question de la définition nouvelle de la frontière de la défense est posée. Qu’en est-il aujourd’hui, plus de cinquante ans après les textes fondateurs, vingt-cinq ans après la fin de la Guerre froide, avec trois Livres blancs qui ont, chacun, rythmé l’évolution de l’organisation de la défense de la France et dont celui de 2008 a fait l’objet d’un travail de révision en 2011 et laissé la place à un nouveau texte, en avril 2013 ? Deux séries d’évolutions peuvent être évoquées, s’agissant en premier lieu du contexte, du cadre et des acteurs de la défense et de la sécurité (1.) et en seconde partie du renouvellement en profondeur de l’architecture gouvernementale en la matière et de l’enchaînement des crises, à l’intérieur et à l’extérieur du territoire, qui entraîne l’émergence d’une culture de Gouvernement nouvelle (2.).

De la menace aux frontières aux menaces sans frontières et de la défense des frontières à la défense sans frontières : comment défendre la France et assurer la sécurité nationale ? 1.

Les titres des Livres blancs déjà évoqués sont éloquents.

Le Livre blanc de 1972 portait sur la défense nationale.

Celui de 1994, sur la défense.

Ceux de 2008 et de 2013, sur la défense et la sécurité nationale.

L’évolution la plus sensible des termes de référence fait passer de la défense nationale à la défense, puis de la défense à la défense et à la sécurité nationale.

Sécurité intérieure et sécurité extérieure sont désormais liées, comme le sont menaces intérieures et menaces extérieures.

La frontière de la défense s’estompe, diluée dans un cadre plus large à l’intérieur, et plus lointain à l’extérieur.. »

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