Belgique de 1990 à 1994 : Histoire
Publié le 15/01/2019
Extrait du document

L’essentiel de la vie politique du royaume et de l’action du gouvernement de coalition dirigé par Wilfried Martens demeure dominé par la persistance de problèmes structurels, hérités des décennies précédentes, dans les domaines économique (déficit chronique des finances publiques) et institutionnel, malgré les réformes de 1988 et de 1989.
Dans ce contexte difficile, l’adoption de la loi dépénalisant l’avortement en mars 1990, en entraînant la renonciation temporaire du roi Baudouin à régner, afin de ne pas avoir à signer ce texte, provoque un débat sur les pouvoirs constitutionnels du monarque, contribue à affaiblir la position de la principale figure fédératrice du pays et aggrave les
tensions au sein du gouvernement. En effet, la politique de rigueur budgétaire, menée par le social-chrétien Wilfried Martens. qui vise à assainir les finances publiques par la réduction des dépenses en matière de défense et de protection sociale, ainsi que par l’accroissement de la fiscalité indirecte, suscite l’opposition des socialistes. De même, la mise en œuvre

«
PAYS
DU MONDE 1990-1994
La mort du roi Baudouin a
fragilisé mcore davamage
le système politique belge.
© Smets - Gamma
La percée du Vlaams Blok
contribue aux tensions
intercommrttrautaires.
© W.
Van Cappel/en - REA des
réformes institutionnelles de
1988-1989 soulève de nombreuses
difficultés et tend à exacerber le conflit
entre Aamands et Wallons, dont la
dimension économique est renforcée
par la récession et la montée du
chômage.
Particulièrement sensible en Wallonie
et à Bruxelles, le problème du mode de
financement de l'enseignement, dont
l'organisation est désormais confiée
aux communautés, engendre
également des dissensions entre les
différentes formations de la coalition.
Par ailleurs, la crise s'aggrave avec le
départ des ministres de la Volksunie, le
mouvement fédéraliste flamand, qui
s'opposent à l'attribution de licences
d'exportation d'armes à deux
entreprises wallonnes, et entraîne peu
après des élections anticipées, le 24
novembre 1991, et la démission du
gouvernement Martens.
Ce scrutin
marque une défaite pour les partis au
pouvoir et une accentuation du
contraste entre la Aandre, où le
Vlaams Blok, parti d'extrême droite
mêlant nationalisme et lutte contre
l'immigration, réussit une percée, et la
Wallonie, qui assis te à l'émergence
d'un important mouvement écologiste.
Problèmes budgétaires et
r évision
oonstitu t ionneUe
Après plus de trois mois de
négociations, le social-chrétien Jean
Luc Dehaene forme, le 7 mars 1992, un
gouvernement de coalition qui ne
comprend plus que les socialistes et les
sociaux-chrétiens flamands et
francophones.
La nouvelle coalition
s'attache tout d'abord à la réduction
drastique des dépenses de l'État,
notamment en vue de l'intégration de
la Belgique à l'Union économique et
monétaire prévue par le traité de
Maastricht, que le Parlement ratifie le
17 juillet 1992.
Des coupes sont ainsi
opérées dans le budget, surtout dans
celui de la défense, avec la suppression,
à partir du 1" janvier 1994, du service
militaire obligatoire.
L'autre grand
dossier auquel se trouve confrontée la
coalition au pouvoir concerne la
poursuite de la révision
constitutionnelle.
Afin de réunir la majorité
des deux tiers à la Chambre,
nécessaire pour entreprendre une telle
révision, Dehaene parvient à obtenir le
soutien de� écologistes, en particulier
du parti • Ecolo ,.
wallon, en instaurant
en 1992 des " écotaxes » sur les
emballages et les produits jetables.
Un
accord portant sur une plus grande
autonomie des régions, et qui sert de
base aux réformes constitutionnelles
entamées à partir du 6 février 1993, est
alors conclu, le 29 septembre 1992,
entre les principaux partis politiques.
Faisant de la Belgique un Etat fédéral
(nouvel article l" de la Constitution),
ces réformes dotent chaque région, y
compris Bruxelles, d'un gouvernement,
sous le contrôle d'une assemblée élue
au suffrage universel, et de
prérogatives plus étendues, notamment
dans les domaines agricole,
commercial, financier, et sur le plan
international.
Cependant, cette
révision, destinée à pacifier les relations
entre les deux communautés,
ne marque pa� la fin du conftit
linguistique.
A côté de mouvements
séparatistes encore minoritaires,
certains membres des grandes
formations politiques revendiquent
désormais l'évolution du pays vers une
confédération.
La mort dn roi Baudouin
Survenue le 31 juillet 1993, la
disparition du roi Baudouin,
personnalité respectée aussi bien par
les Wallons que par les Aamands, qui a
su incarner la volonté unitaire de la
majorité de la population, aggrave la
crise de l'État belge.
Son frère
Albert Il, qui lui succède sur le trône,
ne parvient pas à mettre à profit le
capital de sympathie qui se manifeste
envers la monarchie au lendemain de
la mort du souverain pour apparaître
comme le garant de la cohésion
nationale.
De plus, la multiplication
des scandales politico-financiers en
1993 et 1994, impliquant surtout des
socialistes francophones et obligeant
l'un d'entre eux, Guy Spitaels, à
démissionner de la présidence de la
Région wallonne, contribue également
à creuser le fossé avec la Aandre.
Persuadés de combler indQment le
déficit de la Sécurité sociale, les
Aamands font de la régionalisation de
cette dernière l'une de leurs
revendications prioritaires.
De même,
l'inculpation et la mise en détention
provisoire en mai 1994 du Français
Didier Pineau- Valencienne, PDG du
groupe Schneider, dans le cadre d'une
affaire concernant deux filiales belges,
no urrisse nt les critiques émises par les
Aamands au sujet de « l'impérialisme
économique français».
S'ajoutant à la
persistance de la crise économique et à
l'accentuation des problèmes liés à
DONNÉES DÉMOGRAPmQUES
ET ÉCONOMIQUES 1990
1991 1992
1993
Nombre d'habitants (en millions)
9,9 10,0
10,0
10,0
Produit national brut (en dollars US/habitant) 17610
19010
20880 21210
PlB en volume (en %de variation par rapport à
l'année précédente)
3,2
2,3
1,9 -1,7
Part du Pl B réalisée (en %) par
l'agriculture -
-
2 -
l'industrie -
-
30 -
les services -
-
68 -
Solde de la balance commerciale (en milliards de
dollars)' 0,8 0,5
2,7
5,3
Solde financier des administrations publiques
(excéden t ou déficit en %du PIB)
-5.4 -6,5 -6,7
-6,6
Prix à la cons omm atio n (en % de variation par
rapport à l'année précédente)
3,3 3,3
4,0 3,6
Taux de chômage (en% de la population active)
8,7 9,3 1
0 ,
3 11.9
Taux d'intérêt à
court terme
9,6
9,4 9,4 8,2
long terme
10,1 9,3 8,7
7,2
Sources : Banque mondiale ; OCDE
1.
A VCJ: le Luxemboure.
»
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