AXE 2 - PATRIMOINE : LA PRÉSERVATION ENTRE TENSIONS ET CONCURRENCES

« AXE 2 - PATRIMOINE : LA PRÉSERVATION ENTRE TENSIONS ET CONCURRENCES Vocabulaire p 252 la préservation (protection, sauvegarde) du patrimoine est aujourd'hui largement affichée et défendue.

Cependant, cette préservation est au centre d'enjeux contradictoires : - la préservation du patrimoine met des usages en concurrence : elle permet une forme de développement économique, par le tourisme culturel, par exemple dans les grandes villes touristiques patrimonialisées par l’UNESCO (ex : Paris dont les « rives de la Seine » sont inscrites, et Venise) Paris, rives de la Seine - UNESCO World Héritage Centre Mais la volonté de préserver l’identité patrimoniale des villes freine les nécessaires politiques de renouvellement urbanistique et modernisation économique. - la préservation du patrimoine génère des conflits d'usage entre acteurs : la massification du tourisme due au succès de certains sites patrimoniaux entraîne des mouvements de protestation de la part des habitants des grandes villes touristiques, contre une marchandisation de l’espace, ou à l’inverse contre l’impossibilité d’une rénovation urbaine (villes « muséifiées »).

De plus le tourisme de masse généré par la préservation du patrimoine … menace ce même patrimoine (ex : à Venise) Résultats de recherche Vidéo.

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et par le tourisme ...geoconfluences.enslyon.fr › actualités › veille › venise - la protection du patrimoine reflète les inégalités de la mondialisation : elle est plus complexe à mettre en œuvre dans les pays les moins avancés - enfin, le patrimoine fait face à diverses menaces, géopolitiques comme au Mali ou climatiques comme à Venise par exemple (qui exige des politiques de protection à l’échelle mondiale). Pourquoi les politiques de préservation du patrimoine génèrentelles des tensions entre acteurs ? Quels usages mettent-elles en concurrence ? I/ CONCILIER URBANISATION, DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE ET PROTECTION DU PATRIMOINE De nombreuses grandes villes du monde ont été patrimonialisées, pour les préserver de projets architecturaux modernes : l'UNESCO a ainsi placé le port marchand de Liverpool (2012) sur la liste du patrimoine en péril à la suite des projets architecturaux modernes.

Voir le dessous des cartes que nous avons déjà regardé. Cette patrimonialisation est souvent portée par les métropoles et les collectivités, qui inaugurent de nouveaux musées (Louvre Abu Dhabi), financent des festivals valorisant le patrimoine (festival of lights de Berlin) et communiquent (politiques de marketing : « Plus beaux villages de France ») afin de se distinguer dans le cadre de la concurrence entre territoires.

Le patrimoine est en effet source de développement économique (tourisme culturel) : ainsi le « Grand Paris » a accueilli 38 millions de touristes en 2019 (le secteur représente env.

400.000 emplois soit 12% de l’emploi salarié). PROBLEME : cette patrimonialisation conduit souvent au gel des opérations immobilières et à uniformiser l’architecture.

Au Pays basque, seules les couleurs vertes et rouges sont autorisées dans les peintures extérieures (colombage, volets) pour accentuer l'unité du paysage et attirer les touristes. B - L’urbanisation : une mise en péril du patrimoine ? La dégradation (ou la sauvegarde) du patrimoine au profit d’intérêts économiques (nouvel urbanisme) cause des tensions diverses : Patrimoines naturels dégradés : l'exploitation des ressources au sein de milieux fragiles constitue l'un des principaux facteurs de conflits d'usages La moitié des sites du Patrimoine mondial sont menacés par ...wwf.fr - Patrimoines culturels urbains modernisés : En choisissant de sauvegarder un périmètre urbain ou au contraire de le détruire, les autorités locales déterminent l'évolution d'un territoire et causent des mécontentements.

la valorisation des quartiers portuaires de villes comme Baltimore, Londres ou Hambourg, traditionnellement populaires, les a modifiés du point de vue architectural (entrepôts réhabilités en logements), social (GENTRIFICATION) et économique (tertiarisation des activités).

Cela créé des tensions, par l’exclusion des populations initiales de ces quartiers transformés.

Certains refusent aussi que le patrimoine soit transformé : le patrimoine devient parfois un outil de lutte contre un projet économique ou d'infrastructure, comme les ruines archéologiques contre le tracé d'une autoroute ou d'un supermarché Patrimoines culturels urbains sauvegardés :, la patrimonialisation de quartiers urbains accentue les inégalités urbaines, en augmentant la valeur des biens immobiliers des quartiers concernés et, là aussi, une gentrification des centres historiques réhabilités (facteur et conséquence de la patrimonialisation, comme à Marseille, etc.). Parfois, la valorisation du patrimoine peut apparaître comme un frein ou une barrière au développement économique.

Ainsi le label « Plus beaux villages de France » n'est pas compatible avec le développement d'une zone industrielle ou commerciale sur le territoire de la commune labelisée. Dans les pays en développement, d'autres projets peuvent être jugés prioritaires (construction d'une école ou d'un hôpital) et retarder la protection de certains sites. A l’inverse, la préservation du patrimoine peut permettre le développement durable et la préservation de l'identité.

Dès 2002, le sommet de la Terre de Johannesburg place la culture comme pilier de la durabilité, au même titre que l'économie et l'environnement.

Ainsi les savoir-faire traditionnels en matière d'architecture ou de techniques agricoles sont parfois une réponse aux défis globaux comme le changement climatique (habitat traditionnel adapté à la chaleur ou au froid, etc.). II/ PATRIMOINE ET TOURISME : UNE RELATION AMBIVALENTE A - Le tourisme patrimonial : atout ou pas ? … Au XIXe siècle, patrimoine et tourisme ont émergé en s’enrichissant mutuellement.

A cette époque, cela ne concerne qu'une petite frange fortunée de la population.

Rappelez-vous que les congés payés n'ont pas toujours existé ! Le patrimoine a contribué au développement touristique de plusieurs villes d’Europe (Rome, Naples, etc.).

Ainsi la valorisation du patrimoine peut être facteur de développement économique.

Elle favorise, dans les territoires patrimonialisés, l'émergence de services touristiques (hébergement, restauration, boutiques) qui génèrent des bénéfices pour les habitants.

Le tourisme offre même des stratégies de reconversion touristique pour des territoires en difficulté (port de Gênes en Italie, bassin minier du Nord-Pas-de-Calais classés à l’UNESCO). Le tourisme patrimonial est un outil de développement économique.

Ainsi le tourisme de mémoire en Normandie (plages du débarquement, musées relatifs à la Seconde Guerre mondiale) représente 30 % des visites dans la région et génère 44 % du chiffre d'affaires hôtelier et 6 % du PIB régional. Les anniversaires du débarquement, en particulier les 50, 60, 70 ans... sont l'occasion de grandes festivités avec beaucoup de visiteurs et de hautes personnalités.

Le tourisme est la 1ère source de revenus de la ville de Rome.

Dans les pays en développement, le tourisme constitue un facteur de développement : ainsi l'île de Bali, qui a misé sur le tourisme culturel (temples hindouistes, rizières patrimonialisées) a un IDH de 0,747, contre une moyenne nationale indonésienne de 0,713. L’intérêt des touristes a amorcé la patrimonialisation d’espaces naturels (Alpes, Rocheuses aux Etats-Unis, etc.), de biens culturels (Venise, Bruges en Belgique) et immatériels (carnavals comme celui de Rio, chants, danses, etc.). Les retombées économiques du tourisme permettent aussi l'entretien du patrimoine, comme à Venise. B - un danger ? Le tourisme de masse (comme à Venise) peut contribuer à dégrader la conservation du patrimoine culturel (comme la cité de Pétra en Jordanie, dont les vestiges se dégradent sous l’effet de l’érosion et de la sur fréquentation).Ce site fut utilisé pour le tournage de nombreux films comme un des Indiana Jones.

Le patrimoine immatériel pâtit quant à lui de la folklorisassions (ne conserver que le pittoresque d'une pratique culturelle, comme par exemple les conteurs qui officient sur la place Jema El-Fna de Marrakech afin d’attirer les touristes : la pratique perd son authenticité) et du non-respect des lieux sacrés (mont Uluru en Australie, site sacré de peuples aborigènes). La préservation du patrimoine peut conduire à sa « DISNEYLANDISATION » (transformation d’un endroit, d’une région, d’une société, pour répondre aux attentes et aux présupposés des touristes).

Perçu d'abord comme créateur d'emplois et de retombées économiques, le patrimoine est réduit à un « théâtre », une mise en scène destinée au tourisme de masse.

Ces dérives sont dénoncées par les populations locales ou les archéologues : manifestations contre les bateaux de croisière à Venise Venise : Dès septembre, les navires de croisière n'auront plus ...20 minutes.fr, contre le projet d'aéroport près du Machu Pichu, etc.

Un risque de villemusée émerge.

Dans les villes en développement (Mumbai, Rio de Janeiro), un tourisme de bidonville apparaît, dénoncé par de nombreuses ONG. - La mise en tourisme du patrimoine peut accroître les inégalités.

La hausse des prix pèse particulièrement sur les habitants des centres historiques (Prague, Barcelone, etc.).

A Lalibela en Éthiopie (cité monastique et plus grand site chrétien d’Afrique), les autorités ont chassé les mendiants vivant autour des églises, afin d'accueillir les touristes occidentaux. De nombreuses municipalités légifèrent pour canaliser le surtourisme (comme à Venise, ou Dubrovnik en Croatie).

Certains États agissent pour concilier tourisme et respect de la nature (comme au Costa Rica, devenu une référence mondiale de l’éco-tourisme depuis les années 1990 et le lancement de son « plan stratégique pour le développement touristique durable » Il s'agit de préserver un espace naturel, la faune et la flore endémiques).

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