Autriche-hongrie de 1900 à 1909 : Histoire
Publié le 30/12/2018
Extrait du document

Depuis le compromis (Ausgleich) signé en 1867, l’Empire austro-hongrois est un système dualiste, une monarchie constitutionnelle articulée autour des deux États que sont l’Autriche et la Hongrie. Si les relations entre l’un et l'autre font l’objet de tensions, le problème essentiel est celui des minorités et des nationalités. Malgré un essor économique et culturel incontestable, la question nationale reste impossible à résoudre.
Le dualisme de l’Autriche-Hongrie
L’Empire austro-hongrois recouvre la Cisleithanie et la Transleithanic. La première regroupe, outre l’Autriche, la Bukovine, la Carinthic, la Carniole, la Dalmatie, la Galicie, l’Istrie, la Silésie, la Styrie et Trieste. La seconde

«
La
crise dualiste austro
lrongroise illustrée par le Pet1 t
Journal du 15 octobre /905: les
magnats hongrois, hostiles à
l'établissemem du suffrage
universel, som reçus par
l'empereur François-Joseph.
© Kharbine- TarJabor
Karl Lueger.
bourgmestre de
Vietrne et chef du parei chrétien
soc i
a l en 1903 (au uncre, coiffé
d'ml clwpemt blanc).
© Ullsœin Landtag),
tandis que le pouvoir central
revient à l'empereur et au Parlement
composé de deux Chambres: le
Reichsrat, désigné par les Land tage, et
la Chambre des seigneurs, dont les
membres sont héréditaires ou nommés
à vie.
La Constitution garantit aux
Autrichiens les libertés fondamentales
et déclare le ministère responsable
devant le Parlement.
En fait, François
Joseph utilise de plus en plus l'article
14 qui lui confère les pleins pouvoirs
pour s'imposer face à un Parlement
trop hétérogène.
En Hongrie, le roi
gouverne avec des ministres,
responsables également devant un
Parlement formé de deux Chambres,
celle des magnats et celle des
représentants.
Mais les nationalités
n'ont pas de diète propre, et le pouvoir
n'appartient qu'aux magnats et aux
propriétaires, d'où la difficulté d'une
démocratisation du système.
Après
avoir choisi des politiques tantôt
fédéralistes, tantôt centralistes, puis
joué la carte libérale pour apaiser la
question des nationalités, le
gouvernement autrichien assiste au
début du siècle à un regain du
nationalisme allemand autour de
Schônerer, tandis que le mouvement
des Jeunes-Tchèques se durcit.
De
1900 à 1904, le ministre Ernest von
Koerber tente de miser sur l'essor
économique pour calmer les tensions
nationalistes.
Cependant c'est un
double échec sur le plan politique: en
effet.
les Tchèques relancent la
question linguistique, et le courant
national allemand va ju squ 'à parler
d'Anschluss.
appuyé par les chrétiens
sociaux de Karl Lueger, le très actif
bourgmestre de Vienne.
En 1904 se
forme à Linz un parti allemand
nationaliste de travailleurs, fortement
antislave.
En outre, le mouvement
social-démocrate, dirigé par Victor L---------
327 •
Adler et Otto Ba uer, se trouve
renforcé par la révolution russe de
1905.
Sur les conseils de son nouveau
ministre Max von Beek, François
Joseph cherche alors à canaliser
l'agitation nationaliste en satisfaisant
les aspirations sociales: c'est ainsi que
le principe du suffrage universel est
voté en 1906.
Mais là encore, la réalité
donne tort à l'empereur, car les
élections de 1907 amènent une
Chambre ingouvernable.
L'impossible
cohabitation entre députés allemands
et slaves oblige François-Joseph à un
recours systématique à l'article 14,
d'autant que les Tchèques pratiquent
une politique d'obstruction acharnée.
De plus en plus, les différentes
minorités réclament leur
indépendance.
C'est également la
question principale en Hongrie, où la
politique de magyarisation à outrance
du gouvernement provoque
l'organisation des différents
mouvements nationalistes.
Parallèlement, l'agitation sociale s'affirme
tant en Autriche qu'en
Hongrie.
En effet, l'essor économique
et culturel considérable met en
évidence les déséquilibres dus aux
structures traditionnelles, ainsi que
ceux existant entre les minorités au
sein de l'Empire.
Si l'expansion des
premières années du siècle fait de
l'Autriche un pays industriel, ses
industries sont dangereusement
concentrées en Bohême-Moravie; cela
vaut aussi bien pour les industries
minière, sidérurgique et textile que
pour les branches plus anciennes
comme la faïence et la brasserie.
Si le
reste de l'Autriche n'est pas
complètement absent de cette
expansion, la Hongrie est bien en
retrait.
En effet, elle est encore
essentiellement un pays agricole, le
système douanier établi par le
compromis s'accommodant très bien
de cette complémentarité avec
l'Autriche.
Mais les structures du
monde rural sont telles en Hongrie que
le déséquilibre entre petites
exploitations et grandes propriétés
donne naissance à un véritable
prolétariat agricole, créant un climat
de crise sociale qui contraste avec la
richesse de la vie culturelle de Vienne.
En outre, cette complémentarité
économique de l'Empire suppose un
fonctionnement parfait du système
dualiste.
Or la situation se durcit de
plus en plus.
L'insoluble problème des nationalités
Depuis le compromis de 1867
s'ajoutent aux nations historiques
comme la nation polonaise, des
minorités qui, bien qu'çlles ne puissent
se référer à un droit d'Etat,
revendiquent de plus en plus leur
identité, comme les Slovaques.
Mais
les exigences des unes et des autres
convergent rarement.
Les habitants de
l'Autriche se répartissent en groupes
d'origines différente�: slave pour 38 o/o
d'entre eux, allemande pour 35 %
tchèque pour 23 % et latine pour 4 %..
»
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