Autodafé des « anti-allemands »
Publié le 23/03/2019
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Autodafé des « anti-allemands »
Lorsque le 10 mai 1933, on jette au feu, dans de nombreuses villes universitaires, des livres jugés cc anti-allemands », la plupart des auteurs conspués ont déjà pris le chemin de l'exil, comme beaucoup d'autres intellectuels.
Les intellectuels qui quittent l'Allemagne immédiatement après la prise de pouvoir par les nazis le 30 janvier 1933 sont peu nombreux. Beaucoup d'écrivains et de journalistes qui, dans d'innombrables textes, discours radiodiffusés ou assemblées publiques, ont mis en garde contre les dangers du fascisme,
On jette au feu des livres sur la place de l'Opéra de Berlin.
refusent de se croire exposés à titre personnel. Les premiers qui partent en exil pour des raisons strictement politiques ou par peur des représailles sont Alfred Kerr, Heinrich Mann et Alfred Mehring. D'autres auteurs et artistes, tels que Hans Eisler, Lion Feucht-wanger et Georg Grosz, effectuent à la même époque des tournées de conférences à l'étranger ou s'y trouvent pour une quelconque raison.
Mais, le 28 février, l'incendie du Reichstag et la répression qui suit contre la gauche ou ce qui est jugé apparenté à celle-ci, donne le signal de la fuite en masse des intellectuels. Egon Erwin Kisch,
Anna Seghers et Manès Sperber et bien d'autres sont conduits dans les caves de la Gestapo. Certains sont libérés quelques jours plus tard. Mais beaucoup d'intellectuels sont assassinés dans des camps ou meurent des suites de leur détention.
«
lorsque
le 22 septembre 1933, le
ré gime nazi met au point, à titre
provisoi re, avec la loi relative à
l'i nstauration d'une chambre de la
cultur e, des mesures de surveillance
dans le domaine cu lturel, la fuite
des écrivains et des journal istes vers
l' étra nger est déjà largemen t
ent amée.
les prix Nobel Gustav
Her tz et James Fran ck, Magnus
Hi rschfeld, mondialement connu
pour ses travaux sur la sexual ité,
Paul Tillich, philosophe des
re lig ions, et Alfred Ka ntorowicz, hi
storien de la littérature, ont
qu itté le pays.
le 23 août, une première liste de
déchéance de la national ité alle
mande est publiée, dans laquelle
fig urent Lion Feuchtw anger ,
Hei nrich Mann et Kur t Tucholsky.
D'a utres listes suivent.
En 1938,
pa raît la liste n• 84 qui porte le
nombre des déchus à plus de 5 000.
le pou rcentage élevé d'écriva ins
figurant sur ces listes montre à quel
point le régime se sent menacé par
les intelle ctuels.
Artistes
allemands en exil
18 84-1950
Max Beckmann
Le peintre allemand, proche
de l'expres sionnisme , est
suspendu après la prise de
pouvoir nazie et il perd sa
chaire de professeur à l'École
des beaux -arts de Franc fort
sur-le-M ain; ses œuvres,
jugées « dégénérées » sont
confisquées.
En 1937, il quitte
l'Allemagne et trouve asile en
Hollande.
Il s'i nsta lle aux
É tats-Unis en 1947.
1884-1958
Lion Feuchtwanger
Feuchtwanger renouvelle le
roman historique et évoque
la politique contemporaine
allemande face aux juifs.
En
19 33, il est déchu de sa
nationali té alors qu'il se
trouve en voyage aux États
Unis.
Il séjourne en France,
où il organise le mouvement
de résistance culturelle
contre les nazis.
Après
l'occupation de la France, il
s'installe aux États -Unis.
1890-1935
Kurt Tucholsky
Pacifiste déclaré, c'est un des
auteurs satirique s les plus
impor tants de la République
de Weimar.
Tucholsky se
réfugie en Suède où il se
suicide.
1891-19 68
John Heartfield
Créateur du collage, il fait
partie des représentants du
mouvement dada de Berlin.
En 1933, il émigre à Prague,
puis , cinq ans plus tard, à
Lond res.
Il s'o ppo se de
l'étranger , au régime
national-socialiste.
Après la
Seconde Guerre mondiale, ce
Berlinois de naissance rentre
en Allemagne.
1898-1956
Bertolt Brecht
Brech t passe pour un des
dramaturges les plus impor
tants du XX' siècle.
En 1933, il
doit quitter l'Allemagne.
Il se
rend d'abord au Danemark,
puis en Suède, en Finl ande,
en Union soviétique et, à
partir de 1941, aux États
Unis.
En 1948 il se décide à
regagner l'Europe et
s'installe en RDA.
Ses pièces
comme ses livrets d'opéra 19
33
sont une dénon ciation Bertolt Brecht
farouche du fascisme.
Elles se
jouent encore aujourd'hui
dans les plus grands théâtres.
75.
»
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