Article de presse: L'insurrection du ghetto de Varsovie
Publié le 06/03/2012
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19 avril 1943 - Quand, le 19 avril 1943, les 2 000 à 3 000 Waffen SS, auxiliaires ukrainiens, lettons et " bleus " de la police polonaise, commandés par le colonel von Sammern-Frankenberg entrent dans la rue Zamenhof pour liquider ce qui reste du ghetto de Varsovie, ils savent qu'il existe une résistance juive. Ils ne s'attendent peut-être pas à la combattre pendant plusieurs semaines. Les Allemands ont choisi, pour mettre un point final à la présence juive à Varsovie, la veille de la Pâque juive (Pesah), qui coïncide avec l'anniversaire d'Hitler. La violence du feu, les pluies de bouteilles incendiaires qui accueillent l'offensive empêchent les SS d'offrir au Führer les débris sanglants des juifs de Varsovie. L'attaque, lancée à 3 heures du matin, tourne à la confusion des assaillants. A 8 heures, le général SS Stroop relève von Sammern-Frankenberg de son commandement et prend en main la direction des opérations. Des combats éclatent rue Zamenhof, place Muranowska, rue Gesia. A 14 heures, les Allemands se retirent. Depuis que, le 1 décembre 1940, un mur de brique long de 18 kilomètres les a isolés du reste du monde. Les Allemands ont entassé là près de 380 000 personnes (39 % de la population de la ville sur 8 % seulement de la superficie de la capitale). Le 16 novembre 1941, le ghetto est bouclé. Seuls les ouvriers travaillant dans les entreprises dites vitales pour l'économie du Reich obtiennent un laissez-passer pour le " côté aryen ". Les autres perdent tout. La faim s'installe. Rien que dans la première année, on compte déjà près de 43 000 décès par malnutrition. Première forme de résistance : celle de ces " contrebandiers " de sept à treize ans poursuivis impitoyablement par la Yiddisch Ordunges Dienst (la police juive), qui se faufilent par les trous de la muraille pour passer à tout prix de la nourriture. A la tête de l'administration du ghetto, devenu une entité séparée du reste de la Pologne, les Allemands ont nommé un Judenrat (Conseil juif) de vingt-quatre membres, présidé par l'ingénieur Adam Czerniakow. Début 1942, la " solution finale " s'accélère. Les officiels juifs prennent la mesure de ce que recouvrent les expressions de " réinstallation ", d' " évacuation ", d' " Est "... Lorsque commence la grande Aktion (l'évacuation du ghetto), Adam Czerniakow met fin à ses jours, le 23 juillet, quelques heures avant que le premier contingent de juifs en partance pour le camp d'extermination de Treblinka soit rassemblé sur l'Umschlagplatz (la gare de rassemblement et de triage). La résistance, de son côté aussi, cherche à connaître le sort des juifs de Varsovie qui tout l'été, au rythme de cinq mille à six mille par jour, quittent le ghetto. Zygmunt Frydrych, son envoyé, rapporte que " tous les jours, un train de marchandises rempli de gens en provenance de Varsovie emprunte cet embranchement et revient à vide. Aucun convoi alimentaire ne passe par là et la gare est interdite à la population civile ". Pourtant, les groupes de résistance qui se rassemblent ce même 23 juillet votent contre le passage à la lutte armée. En avril 1942, les Allemands n'ont-ils pas fusillé cinquante otages pour une simple distribution de journaux clandestins ? Tant qu'on n'est pas certain que tous les juifs sont concernés par la " déportation ", on craint pour la masse, pour les vieillards, les enfants qui ne peuvent se défendre et que des combats condamneraient à une mort certaine. Peu à peu pourtant, il devient évident que c'est bien une extermination totale que les Allemands ont planifiée. Dès lors, à Varsovie, à partir de septembre 1942, les victimes se laissent prendre moins facilement, ce que confirme l'accroissement du nombre des décès par balle (2 305 en août 1942, 3 158 en septembre). Quand les troupes du général Stroop cherchent à investir le ghetto au printemps 1943, celui-ci a donc bien changé. Il n'y reste que 70 000 personnes, dont la moitié seulement sont officiellement recensées. La plupart sont employées dans des usines allemandes (fabriques de brosses ou d'uniformes), les " shops ", qui exploitent une main-d'oeuvre d'esclaves pour qui un poste de travail équivaut à une illusoire chance de survie. La géographie du ghetto a également été modifiée. Réduite à quelque rues, menant invariablement à l'Umschlagplatz, la portion habitée est désormais cernée par une ville fantôme où les volets claquent, où les cadavres se décomposent sur les trottoirs. Dans ce no man's land, se terrent les " dziki " (les " sauvages " ), qui n'ont plus d'existence légale. Enfin, politiquement, le pouvoir est passé à la résistance, qui exécute successivement le chef de la police juive, Josef Szerynski, son successeur Jakub Lejkin et le chef de la division économique du Judenrat, Izrael First. Combien sont-ils, ces résistants armés, pour la plupart issus des divers mouvements de jeunesse juive, généralement sionistes mais auxquels viennent s'adjoindre des communistes et le Tsukunft (les jeunes du parti socialiste juif autonomiste polonais, le Bund) ? Les estimations sont contradictoires : 700 au plus, peut-être moins. Les rebelles, qui ont en tête la toute récente capitulation des Allemands à Stalingrad (2 février 1943), espèrent bien étendre les combats au-delà du ghetto, dans toute la Pologne. Mais à Varsovie comme dans le reste de l'Europe d'Hitler, les juifs seront abandonnés à leur sort. Le 27 avril, les révoltés pressent Arthur Zyngielbojm, qui représente à Londres le Bund auprès du gouvernement polonais en exil, de convaincre les Alliés d'exercer des représailles immédiates : " Au nom des millions de juifs qui sont déjà morts, au nom de ceux qui sont assassinés dans les flammes, au nom des héroïques combattants et en notre nom à tous qui sommes promis à la mort, nous en appelons au monde entier (...). Les Alliés doivent prendre conscience de la responsabilité historique qui rejaillirait sur eux s'ils restaient sans réaction face à un crime qui n'eut jamais d'équivalent perpétré par les criminels hitlériens contre tout un peuple tout près de périr. " Les Alliés restent sourds à ces appels. Pour protester contre l'indifférence des gouvernements et l'apathie des opinions publiques, Arthur Zyngielbojm se suicide le 12 mai. Seuls quelques isolés prêtent main-forte aux juifs, comme le K.B. (Korpus Bezpieczenstwa), réseau formé d'anciens officiers de l'armée polonaise dirigé par Enryk Iwanski (Bystry), dont une unité vient même faire le coup de feu au côté des révisionnistes à l'intérieur du ghetto. Dans ces conditions la lutte ne peut être qu'une bataille de retardement. Les 20 et 21 avril les juifs tiennent les usines et les font sauter. Le 22 les Allemands mettent le feu au ghetto et essaient d'inonder les canalisations afin de faire sortir les juifs des cachettes et des bunkers souterrains. Le 8 mai, Mordechaï Anielewicz se suicide avec les siens dans son bunker du 19 de la rue Mila. Les juifs qui cherchent à fuir par le réseau de canalisations en sont chassés par des fumigènes. Quelques groupes d'isolés poursuivent le combat jusqu'en juin, véritable " peuple des ruines " (gruzowcy), sortant la nuit en quête de nourriture et d'eau. Mais quand le 16 mai Stroop fait sauter la grande synagogue du 5, rue Tlumacka, en " zone aryenne ", il ne demeure que quelques centaines de survivants. Le ghetto est rasé. NICOLAS WEILL Le Monde du 19 avril 1993
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la farouche résistance des juifs de Varsovie en 1943 face à l'anéantissement promis par les nazis 2 oct 1940 Octobre 1940 15 nov.
1940 Juill.-sept 1942 28 juill.
1942 Janv.
1943 19 avril1943 16 mai 1943
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