Aristide Briand
Publié le 27/02/2008
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Du rapport, Briand tire une conclusion.
Il est " ministrable ".
Il est le mieux qualifié pour la difficile mise en applicationde la Séparation.
Le Socialisme devient un obstacle.
Lorsque Rouvier succède à Combes en février 1905, Briand estsollicité.
Il consulte Jaurès, qui s'y oppose.
" Il ne me dira plus jamais " non ", confie Briand à un ami.
Ce soir je lui aiobéi pour la dernière fois.
" De fait, Briand prend ses distances avec la nouvelle S.F.I.O.
Il est, dit son biographeGeorges Suarez, " au-dessus de la mêlée ", " contre les extrémistes ".
Lorsque Sarrien succède à Rouvier au débutde 1906, Briand devient ministre de l'Instruction publique et des Cultes.
Cabinet étincelant, sous un président duConseil débonnaire, puisqu'on y trouve également Poincaré, aux Finances et Georges Clemenceau, de vingt et unans son aîné, ministre pour la première fois comme Briand.
Briand reste ministre sous Clemenceau (1906-1909).
Son œuvre, alors, n'est pas spectaculaire.
Le nouveau statutdes cultes exige surtout un effort quotidien et soutenu.
" Socialiste indépendant ", en fait Briand évolue vers lamodération.
Il est aussi, comme on le dit aujourd'hui, " récupéré " par la bourgeoisie.
Célibataire toute sa vie, de1907 à 1916 il a pour maîtresse l'actrice Berthe Cerny, femme charmante qui, par son influence discrète, " civilise "ce débraillé.
Elle l'entraîne dans les salons, notamment celui de Mme de Caillavet, et elle a l'agréable surprise deconstater qu'il y brille.
Peut-être ne faut-il pas pousser trop loin pour découvrir les limites de sa culture.
On sauraplus tard qu'il ignore à peu près tout de la géographie de l'Europe.
Ses discours, si on les lit, paraissent plutôt creux.Mais, dans un salon, ou face à une Assemblée, il apparaît de plus en plus comme l'envoûteur.
Lorsque le ministère Clemenceau tombe en juillet 1909, il est normal que Briand lui succède.
Il prend, cette fois, ledifficile portefeuille de l'Intérieur.
La vie parlementaire est alors dominée par deux problèmes.
L'un est superficiel, et le temps qui lui est consacréparaît démesuré : va-t-on remplacer le scrutin d'arrondissement à deux tours, qui favorise les Radicaux, par lareprésentation proportionnelle, que réclament les Socialistes et la droite ? On croit que Briand prend parti pour laR.P.
lorsque, dans un célèbre discours prononcé à Périgueux, il évoque la nécessité de faire passer " un grandsouffle purificateur à travers les petites mares stagnantes, croupissantes qui se forment et s'étendent un peupartout dans le pays ".
En fait, il manœuvre avec subtilité sur ce thème de façon à garder sa majorité et à l'élargir.
L'autre problème est capital : la montée irrésistible du mouvement ouvrier dans une France socialement retardataire.Comme par hasard, les projets sociaux de chaque cabinet successif sont " oubliés ".
Il en résulte depuis 1905 desgrèves, souvent violentes, lesquelles ont particulièrement embarrassé Clemenceau, homme de justice, mais aussid'ordre, peu à peu gagné à la politique de répression.
Autant Briand maniait avec maestria les états d'âme de laChambre sur le mode de scrutin, autant il se sentait gêné par l'agitation sociale.
Les Socialistes ne cachaient pasqu'ils le considéraient comme un renégat.
La grève des chemins de fer de 1910 marqua l'évolution de Briand vers ladroite.
Aux yeux de la majorité, elle mettait en danger la sécurité du pays.
Elle avait par certains côtés un caractèreinsurrectionnel.
Briand utilisa le système de la mobilisation des cheminots.
Il se laissa aller à dire aux députés : " Si,pour défendre l'existence de la nation, le gouvernement n'avait pas trouvé dans la loi de quoi rester maître de sesfrontières, s'il n'avait pu disposer à cet effet de ses chemins de fer...
eh bien ! aurait-il dû recourir à l'illégalité, il yserait allé ! " Cela permit aux députés opposants de beaux gestes d'indignation.
Le cabinet Briand ne tomba pas.
Sentant sa majorité s'affaiblir, Briand démissionna le 27 février 1911.
Son principaladversaire était Joseph Caillaux, qui domina la politique française en 1911, l'année de la crise d'Agadir avecl'Allemagne.
Poincaré succédera à Caillaux.
Briand ne redeviendra président du Conseil en 1913, pour quelques mois,qu'après avoir fait élire Poincaré président de la République ce qui le brouille avec Clemenceau, grand adversaire dePoincaré.
Lorsque la guerre éclate, Briand est l'un des " grands " de la politique française.
A la fin d'août 1914, lorsqu'on élargitle cabinet dirigé par Viviani, pour constituer un grand ministère " d'Union sacrée ", Briand y trouve tout naturellementsa place, comme garde des Sceaux.
On notera que Viviani et le nouveau ministre de la Guerre, Millerand, sont,exactement comme Briand, d'anciens Socialistes qui ont succombé à l'attrait des portefeuilles ministériels, et se sontdonc éloignés de la S.F.I.O.
pour se rapprocher doucement des Républicains les plus modérés.
C'est un schémaclassique en France.
On le retrouvera plus tard avec L.-O.
Frossard, avec Laval, et bien d'autres.
La démission du ministre des Affaires étrangères de Viviani, le célèbre Delcassé, vieilli, malade nerveusement, amènela chute du cabinet entier.
Tout naturellement, Briand devient président du Conseil avec cette fois le portefeuilledes Affaires étrangères le 29 octobre 1915.
Il garde ces fonctions jusqu'au 20 mars 1917 (après un remaniementministériel en décembre 1916), date à laquelle, comme en 1911, il décide de démissionner spontanément.
Briand dirige donc les destinées de la France pendant dix-sept mois de guerre, marqués par l'installation des Alliés àSalonique (dont il fut le chaud partisan, malgré le scepticisme britannique), par les batailles de Verdun et de laSomme en 1916.
L'interminable et meurtrière " guerre d'usure " qu'évoquent ces noms aboutit à une forte oppositiondes députés et sénateurs contre le commandant en chef français, Joffre.
Conviction ? Manœuvre parlementaire ?Toujours est-il que Briand prit la responsabilité de " limoger " Joffre, en le nommant maréchal de France.
Lorsqu'ilfallut le remplacer, il avait le choix entre deux hommes : Pétain, le " temporisateur ", et Nivelle, qui promettait lavictoire pour le printemps de 1917.
Briand opta pour Nivelle.
Il est assez probable qu'il fut de plus en plus inquiet desillusions de celui-ci, et sa démission spontanée de mars 1917, après un incident provoqué par Lyautey, ministre de laGuerre, évoque assez bien Ponce Pilate..
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