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Après quatre ans de tragédie, le monde s'étourdit... Années 1920 (Bilan)

Publié le 24/03/2019

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Après quatre ans de tragédie, le monde s'étourdit...

Vous dites « années 20 », vous pensez << années folles >>. La mémoire collective, façonnée par les médias, a en effetretenu de cetteépoque l'image de la fête, d'une sorte de libération. Les femmes font couper leurs cheveux. raccourcir leurs jupes. On danse le charleston et le tango. Les saxophones et les batteries de cymbales et de tambours annoncent l'irruption du jazz en Europe. Et Charlie Chaplin, Charlot. fait rire les foules qui se pressent dans les cinémas.

 

Le peintre Fernand Léger l'expliquera : après cette vraie folie, stupide, que fut la Première Guerre mondiale, l'homme << reprend goût à la vie: frénésie de dépenses, de danse, de pouvoir enfin marcher debout, crier, hurler, gaspiller ». Les peintres, justement, tiennent les premiers rôles dans ce tourbillon. À Berlin, mais surtout à Paris. Les plus grands ont déjà quitté Montparnasse. Ce quartier reste celui où se montrent tous ceux qui comptent, ou voudraient bien compter. Les plus célèbres écrivains américains (ou ceux qui le deviendront) viennent rouler leur bosse dans les brasseries et les bistrots du coin. Les surréalistes organisent là des fêtes qui font jaser. Ainsi verra-t-on le peintre Foujita, entièrement nu et peint en bleu, emmener au bal sa femme dans une cage portant cette inscription : << Femme à vendre. SGDG. »

« Après quatre ans de tragédie, le monde s'étourdit ...

V ous dites>,vous pensez >.

La mémoire col­ lective, façonnée par les médias, a en effet retenu de cette époque l'image de la fête, d'une sorte de libération.

Les femmes font couper leurs cheveux.

raccourcir leurs jupes.

On danse le charleston et le tango.

Les saxo­ phones et les batteries de cymbales et de tam­ bours annoncent l'irruption du jazz en Europe.

Et Charlie Chaplin, Charlot.

fait rire les foules qui se pressent dans les cinémas.

Le peintre Fernand Léger l'expliquera : après cette vraie folie, stupide, que fut la Première Guerre mondiale, l'homme >.

Les peintres, justement, tiennent les Journaliste, écrivain, Jacques Duquesne est un témoin privilégié de notre siècle.

Ayant travaillé successive· ment à La Croix, à L'Express, au Point, entre autres, il a pu observer l'évolution de notre société à la lumière de son histoire proche.

Nul n'est mieux placé que lui pour présenter Médiathèque- cent ans d'histoire contemporaine.

premiers rôles dans ce tourbillon.

À Berlin, mais surtout à Paris.

Les plus grands ont déjà quitté Montparnasse.

Ce quartier reste celui où se montrent tous ceux qui comptent, ou voudraient bien compter.

Les plus célèbres écrivains américains (ou ceux qui le devien­ dront) viennent rouler leur bosse dans les bras­ series et les bistrots du coin.

Les surréalistes organisent là des fêtes qui font jaser.

Ainsi verra-t-on le peintre Foujita, entièrement nu et peint en bleu, emmener au bal sa femme dans une cage portant cette inscription : > Ces années folles ne sont pourtant pas une belle époque.

Depuis la guerre, les hommes, Un bal pendant les « Années folles >> les Européens surtout, savent que le progrès est fragile, l'avenir toujours incertain.

De grands empires viennent de s'effondrer : celui dutsarde toutes les Russies en 1917, 1'Autriche­ Hongrie, l'Empire ottoman.

L'Europe, le Moyen-Orient sont devenus des puzzles et l'on ne sait pas comment toutes les pièces, tous les nouveaux Ëtats, vont s'assembler, cohabiter.

Les hommes et les femmes qui furent aux premiers rangs de l'armée de la souffrance dans la décennie précédente souhaitent désormais profiter de la vie, obtenir une plus grande part du gâteau social.

En France, les effectifs syn­ dicaux vont presque doubler.

Le 1• Mai 1919, une manifestation monstre, à Paris, a presque dégénéré en émeute.

C'est un signe : >, comme on dit alors, sont inquiètes.

Elles vont bouger.

Et quelques hommes vont les entraîner dans des aventures presque toujours insensées.

24 février 1920, dans une brasserie de Munich, devant 2 000 personnes, un officier inconnu présente son programme nationaliste, antisé­ mite, hostile aux grands propriétaires terriens et aux capitalistes : il se nomme Adolf Hitler; personne, ou presque, n'y prête attention.

En 1922, 1e chef des fascistes italiens, Benito Mus­ solini, entame une« marche sur Rome >>, pre­ mière étape de sa conquête du pouvoir.

En 1927, les communistes chinois le prennent (pour quelques jours seulement ...

) à Shanghai.

À leur tête figure notamment un certain Mao Zhé dong.

En novembre de la même année, Joseph Staline triomphe définitivement de ses rivaux dans une lutte engagée depuis 1922 pour la direction de l'URSS et du communisme international.

Les acteurs sont donc en place.

Le drame peut commencer.

Les peuples et leurs dirigeants n'en ont pasto ut à fait conscience.

llstrouvent, il est vrai, des occasions de s'enthousiasmer et d'espérer : la naissance du cinéma parlant.

la traversée aérienne de l'Atlantique par Lind­ bergh, les premières tentatives de télévision et même, mais cette naissance-là passera inaper­ çue, l'apparition dans un journal pour enfants de deux héros légendaires, Tintin et Milou.

Aucun de ces événements-là, bien enten­ du, n'est mineur.

lis vont marquer notre siècle.

Mais ce qui déclenche le drame, tout à la fin de la décennie, c'est le Jeudi noir de Wall Street, la chute spectaculaire de la Bourse de New York.

Elle annonce le début d'une crise mondiale sans précédent.

Qui ne se limitera pas à l'économie.

Jacques Duquesne 11. »

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