Années 1950: La guerre froide s'installe, mais le monde entre dans la modernité

La guerre n'est pas inévitable. » Si elle n'est pas inévitable, c'est qu'elle est possible, voire

probable, concluent nombre de Français qui trouvent cette phrase dans leurs journaux, le 6 décembre 1950. Car celui qui a prononcé ces graves paroles n'est pas le premier venu : c'est le président du Conseil René Pleven.

La précédente guerre mondiale à peine achevée, va-t-on recommencer ? L'Europe

n'est pas reconstruite. L'Allemagne, occupée par les Alliés, n'a pas retrouvé son rang d'Ëtat

et restera divisée. Toutes les plaies ne sont

pas refermées. Tous les crimes ne sont pas recensés. Et il faudrait de nouveau courir à la mort, en risquant cette fois le feu nucléaire ?

Journaliste, écrivain, Jacques Duquesne est un témoin privilégié de notre siècle. Ayant travaillé successivement à La Croix, à L'Express, au Point, entre autres, il a pu observer l'évolution de notre société à la lumière de son histoire proche. Nul n'est mieux placé que lui pour présenter Mtéédiaùxpr'M:- cem ans d'histoire

C'est qu'entre l'Est et l'Ouest, décidément, rien ne va plus. En Chine, Mao installe son pouvoir. Et il s'offre le luxe d'intervenir en Corée où les troupes américaines, du coup, battent en retraite. C'est presque la déroute. Leur chef, le général Omar Bradley, envisagera bientôt leur évacuation. En Europe, le rideau de fer est plus étanche que jamais. Staline meurt en 1953 et Nikita Khrouchtchev lui succède, qui dénoncera ses « crimes » en 1956. Mais la politique soviétique ne changera paspour autant. On se révolte danscet empire rouge : à Berlin, en Pologne, en Hongrie. Mais chaque révolte est écrasée. L'Occident ne bouge pas. C'est la guerre froide. Les positions sont gelées.

L'Europe occidentale (qui commence à s'unifier pourtant : en mai 1950, Robert Schuman propose la constitution d'un pool du charbon et de l'acier) n'a pas les moyens d'agir. La France et l'Angleterre s'en apercevront en 1956 quand, intervenant au Moyen-Orient dans l'affaire de Suez, elles seront rappelées à l'ordre à la fois par les Américains et les Soviétiques. La France bataille toujours pour garder son rang de puissance mondiale, préserversesanciennes positions coloniales en Indochine, puis en Algérie. En vain. Les remous provoqués par la guerre d'Algérie entraîneront même la chute de la IVe République et, sous l'impulsion du général de Gaulle, la naissance d'un nouveau régime.