André ? André ? Tu écriras un roman sur moi. Je t'assure. Ne dis pas non. Prends garde: tout s'affaiblit, tout disparaît. De nous il faut que quelque chose reste. Breton a-t-il, à votre avis, répondu à la demande de Nadja ?

Comme nous l'avons vu, Nadja va aider Breton dans sa quête d'identité. Néanmoins, on remarque que ce livre, supposé relater une histoire d'amour avec une femme, commence par la question "Qui suis-je? " (p. 9). On peut alors se demander si Breton donne réellement de l'importance à Nadja, ou si elle n'est qu'un moyen de répondre à cette interrogation. Pour Breton, cette quête de l'identité est le véritable moteur de l'écriture comme on peut le voir dans de nombreux autres endroits du livre: "qui êtes-vous?" (p. 82), "qui étais-je? […] Et toi, alors, qui étais-tu?" (p. 97), "Qui étions-nous?" (p. 128), "Qui est la vraie Nadja?" (p. 133). Ensuite, nous pouvons dire que Breton n'a pas vraiment respecté la requête de Nadja puisqu'il n'écrit pas un roman mais une sorte de document, un récit de la vie réelle. Rappelons que Breton, comme tout bon surréaliste, déteste le roman et les descriptions dont il fait le procès dans son Manifeste du surréalisme: "Et les descriptions! Rien n'est comparable au néant de celles-ci ; ce n'est que superposition d'images de catalogue, l'auteur en prend de plus en plus à son aise, il saisit l'occasion de me glisser ses cartes postales, il cherche à me faire tomber d'accord avec lui sur des lieux communs" . Ce dernier point n'est certainement qu'un détail, puisque la demande de Nadja était surtout que Breton laisse une trace de leur histoire, peut importe sous quelle forme.