ANALYSE DE DOCUMENT D’HISTOIRE: extrait du discours de Lazare Carnot (1753-1823), ancien membre de l’Assemblée Législative puis de la convention (Montagnard)
Publié le 02/01/2021
Extrait du document
ANALYSE DE DOCUMENT D’HISTOIRE En France un Consulat est mis en place suite au coup d’état de Napoléon Bonaparte le 18 brumaire (9 novembre 1799). En 1802, Bonaparte, premier des trois consuls, est sur le point de se faire proclamer consul à vie par plébiscite. Le document à étudier est officiel : c’est la retranscription d’un extrait du discours de Lazare Carnot (1753-1823), ancien membre de l’Assemblée Législative puis de la convention (Montagnard) et qui fut amnistié par Napoléon après le coup d’état de ce dernier. Il prend la parole le 3 mai 1802 au tribunat, avant le vote qui proclame Napoléon consul à vie, pour donner son avis sur le sujet. Dans un premier temps, nous allons voir quel bilan de la Première République Carnot dresse-t-il, puis le bilan qu’il fait du consulat de Napoléon Bonaparte et enfin nous verrons en quoi ce qu’il prédit s’est effectivement passé suite au passage du consulat à l’Empire. En premier lieu, Carnot fait un bilan de la Première République assez nuancé, avec une part de positif et une part de négatif. Il traite d’abord de l’opinion général des français qui va à l’encontre du « système républicain » ; elle est qualifiée par des termes comme : « l’anarchie », « une révolution prolongée », « la crainte perpétuelle », « désordre » lignes 13 à 15 ; et il dit aussi de la France que « avant le 18 Brumaire, l’Etat tombait en dissolution ». Il est vrai que la Première République du 22 septembre 1792 suscite énormément de divisions et de conflits ; comme l’opposition politique des Girondins et des Montagnards qui n’ont pas les mêmes revendications et manière de penser, les Girondins étant plus modérés et les Montagnards voulant des changements plus radicaux. Cette opposition, ajoutée à l’exécution du roi Louis XVI qui entraine la guerre avec les autres souverainetés européennes et une division profonde à l’intérieur de la France, affaiblit encore plus cette République. Toute cette pression intérieur et extérieur pousse les Montagnards et notamment leur chef Robespierre à organiser la Terreur de 1793 à 1794 qui remet en question les principes républicains avec la loi des suspects qui retire aux citoyens leur liberté de penser. La France va s’éloigner de plus en plus du système républicain, ce qui remet totalement en cause le bon fonctionnement de celui-ci et ainsi laisser place à des régimes plus autoritaires. C’est tous ces évènements, considérés comme la conséquence du régime politique en place, qui ont provoqué la méfiance des français envers la République car toutes ces guerres, morts, et divisions ont déchirés la France. Néanmoins, Carnot ne s’arrête pas à ce portrait négatif de la République car pour lui c’est le seul régime permettant d’assurer « la liberté publique » et c’est le seul qui devrait être en place à vie. Le système républicain assure en effet le pouvoir au peuple, la liberté, et plus ou moins l’égalité (pas avec le suffrage masculin par exemple) avec la Constitution qui énonce les principes fondamentaux de la République. Par ailleurs, toute cette période de Révolution Française pendant laquelle les français se sont battus sans relâche et en prenant beaucoup de risques (défier le roi, déclarer la guerre aux autres pays…) et qui a plongé la France dans ce désordre et ces conflits ; cette révolution avait pour objectif premier d’obtenir ces libertés fondamentales (liberté, égalité…),
«
encore très fragile et bancale.
Carnot reconnaît donc les nombreux défauts de la
République dans son discours mais affirme qu’il ne faut pas l’abandonner si
facilement et surtout pas de manière définitive car c’est pour elle que la France
s’est battue et qu’elle représente le système politique vers lequel la volonté des
français est tournée.
Ensuite Carnot fait un bilan du consulat de Napoléon Bonaparte.
Il
commence par reconnaître les « louanges attribuer au Premier consul » ligne 1,
Napoléon : « son nom mériterait de passer à la postérité » ligne 2… du fait de ces
nombreuses conquêtes militaires en Autriche par exemple, mais aussi de son
coup d’Etat et de la mise en place du Consulat au moment où le
mécontentement envers le Directoire était à son comble et ou la France était très
désorganisée et instable.
Bonaparte débute alors un redressement autoritaire de
la France : il fait adopter la Constitution de l’an VIII (1799) par plébiscite (du
moins en façade car enfaite les citoyens élisent des listes proposées par le
gouvernement, donc Napoléon) avec un premier consul, 2 autres consuls et 4
assemblées.
Il fait quelque chose de compliquer afin de diviser pour mieux
régner.
Il procède également au retour à l’ordre social et économique avec la
mise en place de la politique d’amnistie pour réunifier la nation divisée, ainsi que
la politique de répression.
Du point de vue économique, il stabilise aussi la France
en instaurant une monnaie nationale, le franc germinal et en créant la Banque de
France (1800).
Enfin il organise une politique de réconciliation religieuse : il rallie
les catholiques à son régime en signant le Concordat de 1801 avec le pape Pie
VII.
Il rappelle les nobles qui avaient émigré pendant la Révolution et leur offre
des postes dans l’administration.
Il s’entoure aussi d’anciens révolutionnaires.
C’est ainsi qu’il a réussi à mettre les français de son côté quoi qu’il fasse, car il a
sorti la République des temps difficiles et il a même donné de la puissance à la
France grâce à ses nombreuses conquêtes.
Mais Carnot parle brièvement de ceux qu’a accompli Napoléon car il veut
raisonner les français et leur prouver qu’il ne faut pas « rétablir le système
monarchique et conférer la dignité impériale et héréditaire au Premier consul »
ligne7.
Il commence par parler des contre arguments (en faveur de la
monarchie) : « sans elle il ne peut exister aucun moyen d’assurer la stabilité du
gouvernement et la tranquillité publique, d’échapper aux discordes intestines, de
se réunir contre les ennemis du dehors ».
C’est ce que ressente la plupart des
français à ce moment-là car Napoléon les a sortis de cette mauvaise passe « le
pouvoir absolu l’a retiré des bords de l’abîme » ligne 18 ; il est vu comme un
sauveur, un héros de la France et ses idées paraissent toutes bonnes, mettent
tout le monde d’accord car personne ne les remet en cause « désir universel et
profond de voir rétablir l’antique gouvernement héréditaire, en changeant
seulement de dynastie » ligne15-16.
Pourtant Carnot montre que ce raisonnement est ridicule car repasser à une
monarchie absolue à vie est un retour un arrière et un sacrifice des libertés.
En
effet donner tous les pouvoirs à un individu à vie est totalement en opposition
aux principes défendu lors de la révolution et donc en quelque sorte annulerait
tout ce pour quoi les citoyens s’étaient battus.
Pour Carnot « une dictature
momentanée est quelquefois nécessaire pour sauver la liberté […] mais non celle
d’un pouvoir permanent et inamovible » ligne 19 à 21.
Il propose donc une
monarchie comme un régime de secours qui permettrait de recadrer la France en
crise pour empêcher les divisions et l’anarchie et ainsi préserver les libertés.
Il dit
d’ailleurs « il est moins difficile de former une République sans anarchie qu’une
monarchie sans despotisme » ligne 22.
Comme il fait part précédemment de la
solution à l’anarchie (dictature momentané) la République sans anarchie semble.
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