Algérie de 1995 à 1999 : Histoire
Publié le 24/12/2018
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L’élection présidentielle de novembre 1995, et la victoire du général Liamine Zéroual, inaugurent la mise en place de « l'édifice institutionnel de l’État » : révision de la Constitution (28 novembre 1996) renforçant le pouvoir présidentiel et réduisant les activités des partis ; élections législatives (juin
1997), suivies par le scrutin du 23 octobre 1997 (assemblées municipales et régionales) ; et, enfin, mise en place du Conseil de la nation. Des son arrivée au pouvoir, le président Liamine Zéroual se dote d’un relais politique, le Rassemblement national démocratique (RND). Encouragé par l'administration, le RND recrute ses militants parmi les transfuges des autres partis, et particulièrement du FLN, l’ex-parti unique. Il domine l’Assemblée nationale populaire (Parlement) et s’empare de la majorité des « assemblées populaires communales » et des wilayas (préfectures), grâce à la fraude, dénoncée aussi bien par les partis de l’opposition (Front des forces socialistes d'Aït-Ahmed, Parti des travailleurs de Louisa Hanoune, et Rassemblement pour la culture et la démocratie de Saïd Saadi) que par les principaux partis de la coalition gouvernementale (FLN, et Mouvement de la société pour la paix ou ex-Hamas de Mahfoud Nahnah). Alger connaît plusieurs protesta (sit-in, marches, pétitions) pour dénoncer la fraude électorale. Une commission d’enquête parlementaire est mise sur pied, mais son rapport ne sera jamais publié. L’édifice institutionnel de l’État se met en place dans un contexte économique, social et sécuritaire particulier. Le taux de chômage reste élevé (30 % officiellement, et environ 50 % si l’on inclut la population active féminine). Sur le plan économique, les réformes

«
C'est
dans 1111 climat de
violence que les Algériens som
appelés à se prononcer sur la
révision constillltionnelle.
Ci-dessus : 1111 bureau de vote
de Sidi-Moussa, u11e localité
près d'Alger ali les groupes
islamistes som très actifs.
4:> Hocine Zaourar/AFP
Le massacre de Douaouda
n'a épargné ni les femmes,
ni les plus jeunes enfalltS.
©Sygma (450
000 emplois ont été supprimés
depuis 1997) aggravent la situ atio n.
Le processus de privati s ati on de
quelque deux cents entreprises du
bâtiment, de l'él ect roni que , de
l ' informat iqu e, des matériaux de
construction, de la grande distribution
et du tourisme est engagé en 1998-
1999.
La persistance du terrorisme
Si les indicateurs macroéconomique s
traduisent des perspectives
encourageantes pour la transition vers
une économie de marché, le contexte
sécuritaire demeure, en revanche,
préoccupant (un millier de victimes
pour le seul mois de janvier en 1998,
et six cents durant le premier trimestre
1999), et ce malgré les amé liora ti on s
ducs à l'implication plu s grande des
populations dans la lulle contre le
terrorisme (créa tio n de groupes
d 'auto défen se dans le s vi llage s is olés ).
Depuis les massacres de 1997-1998
contre les popula tio ns rurales de la
Mitidja (le ), de
l ' O uars enis et des localités de la
banlieue d'A lge r, les contrôles des
grandes villes et des villages par les
forces de sécurité, les groupes
d 'au todéfe nse villageois et les
« patriotes » sont certes plus efficaces
ct les opérations de ra ti ssa ges plus
nombreuses dans les zones
d'i mplan tati on des maquis intégristes.
Pour la période 1995-1999, le nombre
total des victimes du terrorisme est
estimé à environ soixante mille.
À ces
massacres, s'ajoute le sabotage des
installations industrielles, des
infrastructures sociales et
économi ques (écoles, lycées, centres
de santé, ponts, capacités de stockage)
et des moyens de transport (camions,
trains, au to bus).
Après s'être assuré le
soutien de la communauté
i ntern ation ale et des milieu x d'affaires
o cci dentaux, pour 1 'exploitation des
h y droca rb ures, no tamm ent, le
g o u ve rnemen t alg érie n veut arriver à
bout du terror is me , dont l'éradication
constitue pour lu i une condition
néc essa ire afin d'attirer les
investissements étrangers.
Le principal
enjeu réside dans le retour rapide à la
paix, condition préalable pour apaiser le
climat social perturbé et confirmer
la croissance économique encore
fr ag il e .
Enfin, les problèmes du
chômage et du logement ne peuvent
tr ouv er de solution sans la relance
des investissements dans les secteurs
retardataires (bâtiment et travaux
pu blics, tourisme et services).
Le retrait anticipé de Zéroual
et l'élection du « candidat du
consensus », Abdelaziz Bouteflika
La violente campagne de la presse
indépendante en 1998 contre le
général Mohammed Betchine,
puis san t ministre conseiller à la
présidence, aboutit à la démission de
l'éminence grise du pré si den t Zéroual.
Cette campagne, la visite des
« sages » mandatés par les Nat ions
unies, au te urs d'un rapport en août
1998, et les prob lèm es de santé de
Zéroual accélè rent la décision du chef
de l'État d'écourter son mandat.
En
ré alit é, son programme électoral n'a
pas ten u ses promesses, notamment
celle d'un retour à la paix.
Les
massacres se pours uiv ent et les
capacités de nuisance des intégr ist es
sont bien réelles -dans le centre et
l'ouest du pays, en partic u lie r-,
malgré la trêve négociée avec 1' Armée
islamique du salut (AIS, branche
armée de l'ex-FIS) et les coups portés
aux maquis intég riste s.
Au plan
p olit ique, le bilan de la magist rature
écourtée de Liamine Zéroual est
décevant : les premières élections
pluralistes et démocratiques de 1995
n'ont pas entraîné l'ouverture
politique attendue ; la presse
i ndépend ante et les associations
subissent toujour s les tracasseries du
pouvoir ; les atteintes aux droit s de
l'homme se rép èten t ; et la fraude
électorale, massive, permet au RND
d'asseoir son hégémonie au Parlement
et de barrer la route aux partis
démocrates naissants.
L'alliance
contractée avec des partis islamistes
(MSP) et conservateurs (FLN) devient
alors stratégique aux yeux du pouvoir,
tandis que la haute hiérarchie de l'armée
joue toujours un rôle clé dans
les choix du pays.
Après la démission
du président Zéroual et le retrait, la
veille du scrutin pré sidenti el, des six
autres candidat s, les Alg ériens élisent
le 15 avril 1999 le candidat du
> so ut en u par les partis
conservatcuTS ct islamistes de la
coalition gouv ern ement ale et
p ar le m entaire (FLN, RND, MSP et
An-Nahda), Abdelaziz Bouteflika,
l'ancien chef de la diplomatie
a lg érien ne du temps de Boumediène,
q ui s'est engag é durant sa campagne à
« réhabiliter la dignité des Algériens »
et à ramener la paix.
Mais cen e élection est con sidé rée
comme illégitime par les autres
candidats, qu i se sont retirés la veille
d u scrutin ; elle ne peut apporter une
solution durable à la situa tion de
l'Algérie, selon les partis démocrates
qui, dès le mois de février, oni appelé
au boyco tt des élections.
Pourtant,
après approbation par réfé rend um,
Abdelaziz Bouteflika fait adopter, par
une très forte majorité des députés,
une loi sur la «concorde civ ile »
prévoyant une amnistie partielle des
islamistes armés.
Le retour à la paix
devient 1 'enjeu central du nouveau
po uvoir.
Cependant, !e contexte éco no mi que
et social dans le qu el le nouveau
président mènera sa politique reste
pré occup ant : dé grad atio n de l'em ploi
et des conditions de vie,
accroissement des inégalités,
accentuation des effets négatifs des
différents plans d'.
»
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