Alexandre Farnèse s’empare de Lagny
Publié le 19/09/2018
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Fin août 1590, l’armée catholique du duc de Mayenne et les troupes du roi Philippe II d’Espagne, commandées par Alexandre Farnèse, obligent Henri IV à lever le siège de Paris.
Le 6 septembre suivant, les Espagnols vont prendre Lagny et permettre aux convois de vivres d’atteindre la capitale. Malgré ce revers, le Béarnais ne renonce pas à poursuivre sa « conquête » du royaume.
E
n mai 1590, Henri IV a mis le siège devant Paris pour la troisième fois. Dans la capitale, peu à peu réduite à la famine, le prix du blé s’est envolé et les pauvres en sont réduits à manger du chien, du chat, voire de l’herbe. Le seul espoir, bien mince, des Parisiens assiégés réside dans l’arrivée imminente de l’armée de secours espagnole, promise par le duc Charles de Mayenne, le chef du parti ultra catholique qui s’est proclamé « lieutenant général de l’État royal et de la Couronne de France ».
Henri IV propose de négocier
Alexandre Farnèse, prince de Parme et gouverneur général des Pays-Bas espagnols, s’est vu confier par son oncle, le roi Philippe II d’Espagne, une
depuis les Pays-Bas, alors que les soldats espagnols ont la réputation d’être fort indisciplinés. Mais l’armée de Farnèse n’est guère espagnole que parce qu’elle est envoyée par Philippe II : elle est composée en majorité de Francs-Comtois, de Wallons et d’italiens !
double mission : sauver Paris, tout en portant un coup aussi sévère que possible à la renommée militaire d’Henri IV, et s’assurer de l’allégeance du duc de Mayenne et de la Ligue catholique.
Redoutable meneur d’hommes et chef de guerre, il rallie la capitale en seulement vingt jours. Presque un exploit ! D’autant que ses troupes ont effectué le trajet en bon ordre
«
Voyageant en chaise à porteur,
le prince
de Parme, qui va fê
ter ses quarante-cinq ans, est
usé par la maladie.
Pour
autant, le fier général ne dort
jamais, passe ses nuits à con
férer avec ses subalternes et à
étudier les rapports de ses
espions.
Le
25 août, il rejoint
Mayenne à Meaux .
Sans plus
attendre , leurs forces font
conjointement mouvement
vers Paris .
« J'AIME MA VILLE
DE PARIS»
La famine se fait si
cruellement sentir à Paris
que l'état-major de la Sainte
Ligue décide de négocier
avec Henri IV pour gagner
du temps et tenter d'éviter un assaut général.
Deux
messagers sont dépêchés
auprès du Béarnais : Pierre
d'Épinac, archevêque de
Lyon et cardinal primat des Gaules, et le cardinal Pierre
de Gondi, évêque de Paris.
Le
roi écoute leur requête, mais se montre déterminé à
voir la capitale se soumettre
à son autorité .
« Je dis
rondement et sans feintise ce que j'ai sur le cœur, affirme t-il.
J'aurais tort de vous dire
que je ne veux point une paix générale.
Je la veux et
je la désire, afin de pouvoir élargir les limites de ce
royaume, et, des moyens que j'en acquerrais, soulager mon peuple au lieu de le perdre
et de le ruiner.
Que si, pour
avoir une bataille, je
donnerais un doigt, pour la
paix générale, j'en donnerais
deux .
Mais ce que vous me
demandez ne peut se faire.
)'aime ma ville de Paris.
C'est ma
fille aînée et j'en
suis
jaloux .
Je lui veux faire
plus de bien, plus de grâce
et de miséricorde qu'elle ne
m'en demande.
Mais
je veux qu'elle m 'en sache
gré et qu'elle doive ce bien
à ma clémence, et
non au duc de Mayenne , ni
au roi d'Espagne.
»
Henri IV, à la tête d'une armée
de volontaires de seulement
douze mille fantassins et trois
mille cavaliers , est contraint
de lever le siège de la capitale
dans la
nuit du 29 au 30 août.
Pendant qu 'il se porte à la ren
contre de l'ennemi , il envoie
une estafette au duc de Mayen
ne et au prince de Parme , qu'il
engage à sortir de leur « taniè
re » et à venir parlementer
avec lui.
Une victoire inutile ?
En excellent stratège, Alexan
dre Farnèse entend se limiter
à l'objectif que lui a assigné
Philippe Il d'Espagne : il lui
suffit d'avoir obligé le Béarnais
à lever le siège , et il n'entend
pas risquer son armée dans une
bataille rangée .
Manceuvrant
avec génie, il laisse
Mayenne
mener ses troupes au combat
et se contente d'« amuser » les
royaux
par de petites escar
mouches.
Réussissant à fran
chir la Marne, il prend position
devant Lagny, point de passa
ge des convois de vivres vers
la capitale.
Le 6
septembre,
tandis qu 'Henri IV est aux
prises avec
Mayenne , il s'em
pare de la ville après une
brève canonnade.
Paris peut
désormais être ravitaillé .
Mais,
pour conforter leur vic
toire, Espagnols et catholiques
doivent encore se rendre maî-
EDITI ONS ATLAS
tres des greniers à blé de Cha
renton et de Corbeil.
Corbeil
résiste, puis tombe, et Farnèse
la laisse
mettre à sac par ses
homme s.
Ce « fait d'armes »
contribue à refroidir l'e nthou
siasme des Parisiens à l'égard
de leurs « amis » et « libéra
teurs » espagnols.
Craignant
d'être eux aussi victimes des
exactions des
troupes de Phi
lippe Il, c'est avec soulage
ment qu'ils les voient repartir
pour les Pays-Bas.
Cependant,
en faisant appel aux Espa
gnols , les ligueurs ont pensé
obtenir de l'or et toutes sortes
de trésors, et il s sont furieux
de ne pas avoir eu l'occas ion
de s'enrichir.
Quant au duc de
Mayenne, il réalise qu 'Alexan
dre Farnèse et Philippe Il n 'o nt
été ses alliés que dans le des
sein de servir les intérêts du
royaume d'Espagne .
Tandis
qu'ils remontent vers le
nord , Farnèse et ses hommes
sont talonnés et harcelés par
Henri IV et les siens.
lis ont à
peine franchi la frontière que
le Béarnais reprend Lagny et
Corbeil, et que , comme quel
ques mois plus tôt , Paris est
de nouveau soumis au blocus.
U.J
U.J u 0: !!:.
»
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