Afrique-occidentale française de 1930 à 1939 : Histoire
Publié le 23/12/2018
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La Fédération englobe huit colonies: la Côte-d'Ivoire, le Dahomey, la Guinée, la Haute-Vola, la Mauritanie, le Niger, le Sénégal et le Soudan (ancien Haut-Sénégal-Niger). La capitale, Dakar, abrite la résidence du gouverneur général. Véritable proconsul, celui-ci est doté de très larges pouvoirs législatifs, exécutifs et militaires. Soumis à l'autorité du ministre des Colonies, il dirige une structure très hiérarchisée, allant des chefs traditionnels, nommés et renvoyés au mépris des règles coutumières, jusqu'aux administrateurs venus de la métropole. Dans chaque colonie, un Conseil consultatif réunit des hauts fonctionnaires du ministère des Colonies, des représentants des ministères du Commerce et de l'Agriculture et trois notables africains (chefs et membres de la bourgeoisie foncière et intellectuelle). Les chefs de
clan jouent un rôle décisif d'intermédiaires entre l'administration française et la population locale. Les chefs de canton, chargés de la collecte des impôts, du recrutement forcé des travailleurs et du maintien de J'ordre public, sont tenus de prouver leur loyauté envers le régime colonial, au risque d'être congédiés, mais aussi de concilier en tant que chefs traditionnels les intérêts africains. Leur autorité est souvent contestée par ceux qui voient en eux les agents du pouvoir colonial. Sous le gouvernement de Léon Blum, la nomination au poste de gouverneur général de Marcel de Coppet par le
«
Le
roi ii'Oirien
encourt de ses ministres
et de sorciers.
© The Beumann Archive
1939.
Invité à Paris,
Samba Traoré
représente le Soudan
lors des festivités données
à l'occasion du pre mi er
/4-Juillet de l'Empire.
© Collection particuli�re -
Archives SGED L'enseignement
est négligé par les
autorités coloniales.
En 1935, 2 %
seulement des enfants fréquentent les
écoles primaires, et deux cents
Africains accèdent à l'enseignement
supérieur.
DAHOMEY
Surnommé le «quartier Latin» de
l'Afrique noire, le Dahomey, où les
missions catholiques et protestantes
avaient su mettre en place un
enseignement primaire ct secondaire
de qualité, fournit à l'AOF l'essentiel
de ses employés administratifs.
On
compte de nombreux créoles
brésiliens, descendants des anciens
esclaves, qui se sont installés sur le
littoral.
Le pouvoir économique du
territoire reste c.ependant l'apanage
des sociétés concessionnaires chargées
de l'exploitation des plantations de
palmiers à huile.
La décision de ne pas
poursuivre la construction de la ligne
de chemin de fer reliant Cotonou (au
nord) à Parakou (au centre du pays)
atteste le désintérêt des autorités
coloniales à l'égard du développement
du territoire.
La crise économique
mondiale aggrave encore la situation
sociale et économique du pays.
et, en
1938, les autorités procèdent à la
fusion administrative du Dahomey et
du Togo, afin de limiter les coOts de
fonctionnement de l'administration
coloniale.
GUINÉE
Le souvenir de la brutalité avec
laquelle les sociétés concessionnaires
avaient procédé au recrutement forcé
des travailleurs et à la destruction des
cul ru res vivrières nuit aux relations
entre les autorités coloniales ct les
Guinéens.
La chute vertigineuse des
cours mondiaux des denrées
alimentaires diminue les revenus que
tire la métropole de l'exploitation des
cultures d'exportation.
Dans le contexte
de la crise économique
mondiale, le projet de prolongement
de la ligne de chemin de fer (Conakry
Kankan), destiné à l'acheminement de
la bauxite et du minerai de fer vers les
ports, est abandonné, de crainte de
faire concurrence aux gisements de la
métropole.
HAUTE-VOLTA
En Haute- Volta, l'administration
coloniale s'appuie essentiellement sur
le clan des Mossis, largement
majoritaires.
Le morho-naba
d'Ouagadougou (le chef principal des
royaumes mossis) est chargé de la
collecte des impôts et du recrutement
de la main-d'œuvre.
Celle-ci est
employée à la construction des routes
et à l'édification de la ligne de chemin
de fer entre Abidjan et Bobo
Dioulasso.
Pour répondre aux besoins
en main-d'œuvre des planteurs français
en Côte-d'Ivoire, les autorités
coloniales procèdent au
démantèlement de la Haute-Volta par
le décret du 5 septembre 1932.
Le
Melgoji et le Yatenga, au nord-ouest
du pays, sont intégrés au Soudan
français tandis que le Liptako et
I'Udalan sont rattachés au Niger, le
reste de la Haute- Volta étant intégré
au territoire de la Côte-d'Ivoire sous le
nom de Haute-Côte-d'Ivoire.
Ce
morcellement arbitraire prive les
Mossis d'un territoire homogène,
J'administration relevant désormais de
plusieurs centres de décision.
MAURITANlE
lntrégrée tardivement à I'AOF, la
colonie, qui devait assurer la jonction
entre l'Afrique du Nord et la
Fédération, est le terrain jusqu'en 1934
de violentes actions policières
destinées à mater les dernières tribus
rebelles, au centre et au nord du pays.
Soucieuses de faire respecter l'ordre,
les autorités coloniales s'appuient, plus qu'ailleurs,
sur les tribus
traditionnelles, et notamment sur les
tribus maures maraboutiques,
.
auxquelles elles confient des
responsabilités judiciaires et
administratives.
Le territoire, dirigé à
partir de Saint-Louis au Sénégal, est,
sur le plan économique, largement
délaissé par les autorités coloniales.
NIGER
S'appuyant largement sur les tribus
traditionnelles, les autorités coloniales
parviennent à maintenir, sans aucune
difficulté, leur domination sur ce
territoire quasi désertique dont les
cultures d'exportation se limitent au
coton et à l'arachide.
Seuls les Peuls et
les Touaregs, populations nomades,
opposent une certaine résistance au
pouvoir colonial.
En 1932 est créé
l'Office du iger.
chargé de
l'aménagement et de la mise en valeur
du bassin fluvial, en aval de Ségou.
50 000 hectares sont ainsi aménagés à
partir du plan d'eau du barrage de
Makala.
Encouragé par l'avènement
du Front populaire en France, Diori
Hamanj fonde en 1937 un syndicat des
enseignants.
SÉNÉGAL
Le Sénégal, la plus ancienne des
colonies françaises d'Afrique, est doté
d'un statut privilégié au sein de l' AOF.
Dans les localités du littoral (Dakar,
qui abrite les sièges des organismes de
la Fédération, Gorée, Rufisque et
Saint-Louis), les habitants bénéficient
de la citoyenneté française.
De plus, le
Sénégal est représenté en métropole à
la Chambre des députés.
L'école
William- Pont y de Dakar fournit les
cadres administratifs de la Fédération
et le taux de scolarisation, assez élevé
pour l' AOF, est estimé à 6 ou 7 %.
Sous l'impulsion de Léopold Sédar
Senghor, premier Africain à être admis
à l'agrégation, les premiers partis
politiques ct syndicats sénégalais sont.
»
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