A. Prost, Les monuments aux morts (fiche)
Publié le 14/05/2014
Extrait du document
Antoine Prost, « Les monuments aux morts « (Nora, Les Lieux de mémoire, tome 1 : La
République)
Les monuments aux morts :
Culte républicain ? Culte civique ? Culte patriotique ?
Monuments aux morts comme lieux de la mémoire républicaine peut sembler un paradoxe : les symboles
(décorations
militaires, drapeaux tricolores, Marseillaise) sont les mêmes que ceux de la droite nationaliste à première
vue.
=> malentendu récurent : manifestations d’anciens combattants provoquant réaction de l’extrêmegauche
pacifique y voyant
une glorification de la guerre (ex : 11 novembre 1923 à Choisy-le-Roi)
L’édification des monuments aux morts :
Monuments aux morts existaient avant 1914-18 mais pas à une même ampleur. Pas de commune en
France
qui n’ait son monument aux morts de 1914.
Raisons : ampleur de la mobilisation (un français sur cinq) et du deuil (presque toutes les familles)
Comparaison avec la guerre de 1870-71 : seulement monuments cantonaux ou départementaux. Défaite.
Initiatives tardives (20 à 30 ans plus tard => pas dans l’émotion du deuil national) et privées (comités ou
l’association « Le Souvenir français «.
«
- Le monument patriotique et célébrant la victoire : localisation \
: place publique ou carrefour = bien en
vue.
Variante par rapport à la formule officielle : « … morts pour l\
a Patrie ».
Ou : « Gloire aux enfants de… »,
« À
nos héros… », « Aux enfants de… morts glorieusement/hé\
roïquement/au champ d’honneur », « Gloire à
nos
héros… ».
+ inscriptions gravées à d’autres endroits d\
u monuments (vers de Victor Hugo : « Gloire à
notre
France éternelle ! Gloire à ceux qui sont morts pour elle ! Aux ma\
rtyrs ! Aux vaillants ! Aux forts ! »),
autres
allégories (coq gaulois, poilu triomphant, brandissant une couronne \
de lauriers ou faisant flotter un
drapeau
tricolore, ou encore foulant aux pieds un casque à pointe ou un aigle\
impérial), victoire ailée)… Poilu
idéalisé :
regard fier, barre la route semblant dire « Ils ne passeront pas »\
ce qui ne correspond pas à la guerre des
tranchées, couronne brandie, drapeau déployé…
- Le monument funéraire (patriotiques ou (implicitement) pacifiste\
s) : poilu navré ou poilu mourant avec
allégorie de la France éplorée.
Ces monuments sont souvent dans\
les cimetières ou à proximité de
l’église.
Croix.
Ils ne glorifient pas la Patrie victorieuse, la grandeur de la Fr\
ance ou le triomphe du poilu mais le
sacrifice des morts.
Patrie : réalité transcendante qui justifie l\
e sacrifice.
tradition conservatrice (et pas
rep).
Surtout dans des régions de chrétienté.
Autres symboles : drape\
au sur une tombe.
Calvaire : grande
croix, poilu et drapeau.
Statue de Jeanne d’Arc = forme extrême de\
l’alliance patriotisme-religion,
symbole du « catholique
et Français toujours ».
Certains monuments funéraires glissent \
vers le pacifisme : quand la patrie n’est
pas
représentée, c’est, implicitement, qu’elle ne justifie pas l\
e sacrifice, que la sacrifice est injustifiée.
Représentations réalistes de soldats mourants ou morts, mères é\
plorées évoquant la Mater dolorosa des
pietà
catholiques.
- Le monument pacifiste (vraiment très rare) : Cas exceptionnels de\
pacifisme vraiment affirmé :
monument de
Levallois-Perret où un ouvrier brise une épée (allégorie du\
prolétariat brisant la guerre), monument de
Gy-l’Évêque : « Guerre à la guerre », monument de Gent\
ioux : un enfant brandit le poing devant une
inscription
: « Maudite soit la guerre ».
Ces monuments pacifistes sont rares.\
=> diversité des monuments aux morts.
On ne peut pas généralise\
r le monument avec poilu triomphant.
Les monuments expriment le plus souvent le civisme républicain.
Même les monuments les plus patriotiques ne célèbrent pas tant \
l’armée que les citoyens morts.
Fonction
essentielle : conserver à jamais le nom de chacun des morts de la com\
mune.
Mais les significations de ces monuments ont pu évoluer avec le temps\
.
Inscriptions regravées, ajouts
après
guerre de 39 ou guerres coloniales, chgts d’emplacements…
Le sens des cérémonies aux morts de la guerre :
Il est question des cérémonies de l’entre-deux guerres car ensu\
ite cela a largement changé et le souvenir
de la
PMG est devenu de moins en moins important.
Cérémonies du 11 novembre et manifestations devant monuments aux m\
orts des anciens combattants
lors de
chacun de leurs congrès (départementaux ou nationaux).
Ces cérémonies ne sont pas à l’origine des manifestations of\
ficielles : elles ne sont pas organisées par les
pouvoirs publics mais par les associations d’anciens combattants.
11 novembre 1919 : on fête l’anniversaire de la victoire
11 novembre 1920 : cortège dépose le coeur de Gambetta au Panthé\
on puis la dépouille du soldat
inconnu à
l’Arc de triomphe.
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