1998: Ex-super-puissance, la Russie s'engage aujourd'hui vers un avenir incertain
Publié le 21/03/2019
Extrait du document
Même les plus farouches partisans d'une économie de marché totale en Russie sont bien obligés de se rendre à l'évidence : en août 1998, la restructuration économique du pays a définitivement échoué.
En une semaine, les cours de la bourse de Moscou s'effondrent de 40,9 %.
Les hommes politiques russes des années go
En Russie, les premiers signes d'un krach boursier sont manifestes : en mai 1998, la banque centrale vient à la rescousse du rouble par le biais de réserves monétaires. La banqueroute de I'Ëtat est pourtant imminente. Dans les entreprises, les salaires des employés ne sont plus versés dans leur intégralité depuis trois ans. En juillet 1998, les retards de paiement s'élèvent à 67 milliards de roubles en tout (soit 4,8 milliards d'euros). De plus en plus de personnes sont payées en nature, faisant basculer le pays vers une économie de troc. Face à cette situation, le Fonds Monétaire International (FMI) décide d'accorder au gouvernement russe un prêt de 22,6 milliards de dollars réparti sur une période de deux ans, et assortit les paiements de fortes obligations.
Le premier acompte, qui s'élève à près de 5 milliards de dollars, aurait suffi à éponger les dettes envers les employés, et permis de relancer la demande, donc la conjoncture. Mais cet argent est utilisé pour soutenir le rouble dont la valeur est en chute libre. Mi-août, le gouvernement se doit de constater l'échec de cette politique : le rouble doit être dévalué, ce qui annule l'unique succès économique obtenu jusqu'alors, la stabilité de la monnaie et des prix.
Une fois de plus, et contrairement à la plupart des anciens pays de l'Est, la Russie n'est pas parvenue à engager son économie sur la voie des réformes. Le produit intérieur brut ne cesse de chuter depuis la disparition de l'Union soviétique en 1991, et n'équivaut plus, en 1998, qu'à 60 % à peine de son ancienne valeur. La production de biens industriels recule constamment. On produit encore degrandes quantités de marchandises difficiles à écouler car correspondant à des normes obsolètes. Au contraire, l'industrie
«
À
Moscou,
le nombre
de démunis
et de sans-abri
augmente
considérablement à la fin des
années 90.
Ex-super-pui
ssance, la Russie s'engage
au jourd'hui vers un avenir incertain
Même les plus farouches partisans d'une économ ie
de marché totale en Russie sont bien obligés de se
rendre à l'évi dence : en août 1998, la restruc turation
écon omiqu e du pays a définiti vement échoué.
En une semaine, les cours de la bourse de Moscou
s'e ffondrent de 40,9 %.
E n Russie, les premier s signes
d'un
krach boursier sont
man ifestes : en mai 1998, la
banque centrale vient à la rescousse
du rouble par le biais de réserves
moné taires.
La banquer oute de
I' Ëtat est pourtant imminente.
Dans
les entrepris es, les salair es des
emplo yés ne sont plus versés dans
leur intégral ité depuis trois ans.
En
juill et 1998, les retards de paiement
s'élèvent à 67 mill iards de roubles
en tout (soit 4,8 milliards d'euros).
De plus en plus de personnes sont
payées en natur e, faisant basculer le
pays vers une éc onomie de troc.
Face à cette situation, le Fonds
Moné taire Interna tional (FMI)
décide d'accorder au gouvernement
russe un prêt de 22,6 milliards de
dollar s réparti sur une période de
deux ans, et assortit les paiements
de fortes obligations.
Le premier acompte, qui s'élève à
près de 5 milli ards de dollars, aur ait
suffi à éponger les dettes envers les
emp loyés, et permis de relancer la
demande, donc la conjoncture.
Mais
cet argent est utilisé pour soutenir
le rouble dont la valeur est en chute
li bre.
Mi-août, le gouvernement se
doit de constater l'échec de cette
politique : le rouble doit être déva
lu é, ce qui annule l'unique succès
économique obtenu jusq u'al ors, la
sta bilité de la monnaie et des prix.
Une fois de plus , et contr ai
rement à la plup art des anciens pays
de l'Est, la Russie n'est pas parv enue
à engager son économie sur la voie
des réformes.
Le produit intérieur
brut ne cesse de chuter depuis la
disparition de l'Union soviétique en
1991, et n'équivaut plus, en 1998,
qu'à 60 % à peine de son ancienne
va leur .
La produc tion de biens
ind ustriels recule constamment.
On
produit encore de grandes quantités
de marchandis es difficiles à écou ler
car corr espondant à des normes
obsolètes.
Au contrai re, l'ind ustrie des
biens de cons omma tion et la
production de den rées restent très
en deçà de la demande.
Le marché
noir connaît donc une nouvelle
jeune sse : une bonne moitié de
l'économie russe passe aux mains
des trafiquants et échappe ainsi à
l'imp ôt, le crime organisé ne cessant
de s'accroî tre.
La haute société moscovite forme un cercle
très fermé.
Le président Boris Eltsine, qui
reproche depuis longtemp s au
gouvernement ses négl igenc es en
matière de politique économique et
sociale, réagit à la crise monétair e
par le renvoi du chef du gouverne
ment, Sergueï Kirijenko.
Ce dernier
avait été nommé à ce poste cinq
mois aupar avant seulemen t, pour
succéder à Viktor Tchernomyrdine,
malgré la farouche résistance de la
douma.
Aux yeux des observateurs
étranger s, il est de plus en plus clair
qu' Eltsine lui-même est une des
causes de la «crise russe >>.
Affa ibli
par la ma ladie qui le tient
fréq uemment éloigné des comman
des du pouvoir, le président semble
désor mais manquer de poig ne,
excepté pour certaines décisions
per sonnelle s.
Son éternel conflit
avec le parlemen t, majoritairement
composé de fractions très fortement
nat ionali stes et commun istes,
bloque des réformes nécessaires.
Elt sin e refuse néanmoins de
dém issionner , malgr é les demandes
répé tées et les press ions de ses
détracteurs.
Les hommes
politiques
russes des années go
Né en 1929
Evgueni Primakov
A la fin des années 80, tandis
que Mikh aïl Gorbatchev est
toujours en fonction, Prima
kov est élu chef du Soviet
Suprême de l'URSS.
A partir
de 1991 , il dirige les affaires
étra ngèr es.
Mem bre du
Conseil National de Sécurité, il
est ministre des Affaires
étrangères dans deux gouver
nements successifs.
Il est
Premier ministre en 1998 et
19 99.
Né en 1931
Boris Eltsine
Tandis qu'il exerce son
mandat de président de la
Russie, ce réformateur fait
échouer le coup d'État contre
Gorbatchev en 1991.
Par le
traité de création de la CEl, il
scelle en décembre 1991 la fin
de l'Uni on soviét ique.
Fin
19 93, Eltsine s'octroie de
larges compétences par voie
constit utionnelle.
Malgré son
état de santé, Eltsine est réélu
président en 1996.
Né en 1938
Viktor T chemomyrdine
Expert en matière d'énergie, il
succède en 1992 à Eger
Gaïdar au poste de Premier
minis tre.
En 1996, son mandat
est renouvelé, mais le
contexte de crise économique
en Russie le contra int à
démissionner en mars 1998.
Au mois d'août, la douma
empêche son retour de au
poste de premier ministre.
Né en 1 944
Guennadi louganov
Président du parti commu
ni ste de la Fédération de
Russie (depuis 1993), il fait de
son parti la force politique la
plus puissance à la douma en
19 95.
Lors des élec tions
pré sidentiell es en 1996, il
échoue face à Boris Eltsine.
Né en 1950
Alexandre Lebed
Fidèle d'Eltsine, cet officier
fait échou -er le putsch des
commun istes en 1991.
Opposé
à la guerre en Tchét chénie, il
entre à la douma en 1995.
Faisant figure d'homme
d'ordre, Lebed est nommé en
19 96 secrétaire du Cons eil
National de Sécurité.
Il met
fin à la guerre en Tchétché
nie, avant d'être limogé par
El tsine.
En 1998, il est élu
gouverneur de Krasnoïarsk.
19
98
Evgueni Primakov
Boris Eltsine
Gennadi louganov
Alexandre Lebed.
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