18 mai 1643: Le testament de Louis XIII est cassé Anne d'Autriche pleinement régente
Publié le 26/08/2013
Extrait du document

Le second a déjà le gouvernement de Bourgogne et bénéficiera d'une charge équivalente pour son fils le duc d'En-ghien, le futur Grand Condé, qui vient de recevoir le commandement de l'armée de Flandre. Cela arrangé, Anne d'Autriche peut tranquillement se rendre au Parlement, le 18 mai, au lit de justice inaugural durant lequel, par « décision « du jeune Louis XIV, le testament du feu roi va être cassé : un souverain ne pouvant soumettre son successeur à aucun acte, ce document est illégal. Dans la grande salle du palais de Justice, en présence des présidents et des conseillers des diverses chambres, vêtus de robes écarlates doublées d'hermine, s'assemblent le duc d'Orléans, le prince de Condé, le chancelier Séguier, les grands et les pairs du royaume. Anne d'Autriche fait son entrée à neuf heures et demie, après avoir assisté à la messe à la Sainte-Chapelle. Le petit Louis XIV, âgé de quatre ans et demi, juché sur un trône surélevé, récite son discours, inaudible au-delà du premier rang : « Messieurs, je suis venu vous voir pour vous témoigner mes affections ; monsieur le chancelier vous dira le reste. «

«
LA RÉGENTE SE
JOUE DES GRANDS
Lorsqu'elle se rend du château
de Saint-Germain-en-Laye à
Paris, Anne d'Autriche choisit pour l'escorter, non pas
Monsieur,
le duc d'Orléans, ou
le prince Henri de Condé, mais
François
de Vendôme, duc de
Beaufort, galant homme et
vaillant militaire, petit-fils d'Henri IV et de Gabrielle
d'Estrées.
En décidant de
s'appuyer sur la Maison de
Vendôme, troisième lignage de
France, elle fait preuve d'un
sens
politique que n'a pas
laissé présager son passé
d'intrigante contre le cardinal
de Richelieu et sa politique.
Elle
comprend qu'elle n'a
guère à espérer des Maisons
princières d'Orléans
et de Condé, qu'au demeurant elle
estime fort peu : elle les
neutralise en ayant recours
aux
Vendôme, qui ne cachent pas
leur ambition de voir croître leur puissance.
Alors que les
grands ont espéré la manipuler
en profitant de son ignorance
en
matière de gouvernement,
elle va jouer de leurs rivalités
pour régner plus absolument.
Cinq-Mars) .
Le second a déjà le
gouvernement
de Bourgogne et
bénéficiera d'une charge équi
valente pour son fils le duc d'En
ghien, le futur Grand Condé,
qui vient de recevoir le com
mandement de l'armée de
Flandre.
Cela arrangé, Anne
d'Autriche
peut tranquillement
se rendre au Parlement, le 18
mai, au lit de justice inaugural
durant lequel, par « décision »
du jeune Louis XIV, le testa
ment du feu roi va être cassé :
un souverain ne
pouvant sou
mettre son successeur à aucun
acte, ce
document est illégal.
Dans la grande salle
du palais
de Justice, en présence des pré
sidents et des conseillers des
diverses chambres , vêtus
de ro
bes écarlates doublées d'her
mine, s'assemblent le duc d'Or
léans, le prince de Condé , le chancelier
Séguier, les
grands
et les pairs du royaume .
Anne
d 'Autriche fait son entrée à neuf
heures
et demie, après avoir
assisté à la messe à
la Sainte
Chapelle .
Le petit Louis XIV, âgé
de quatre ans et demi , juché
sur un trône surélevé, récite son
discours,
inaudible au-delà du
premier rang : « Messieurs, je
suis venu vous voir pour vous
témoigner mes affections ;
monsieur le chancelier vous
dira le reste .
» La reine mère
prend ensuite la parole :
«Je
serai bien aise de me servir de
vos conseils que je vous prie de
donner au roi mon fils et à moi,
tels
que vous jugerez en vos
consciences
pour le bien de l'ɭ
tat
».
Un hommage qui n 'est pas
pour déplaire aux magistrats .
Le Parlement
unanime
Orléans et Condé, le second
moins chaleureusement
que le
premier , se lèvent à leur tour
pour demander la régence
pleine et entière pour la reine
mère .
Lorsqu 'il lui faut lire le
discours contredisant le
testa
ment naguère approuvé, le
chancelier Séguier en bafouille ,
pour la plus grande joie de tous
et en particulier d'Anne d 'Autri
che, qui l'entend avec un plai
sir évident célébrer ses mérites
EDITI ONS ATLAS
de « vertueuse et sage princes
se ».
Après ces interventions , à
l 'unanimité, le Parlement
enre
gistre les déclarations qui vien
nent de lui être soumises : le
testament
de Louis XIII - pour
tant enregistré unanimement
quatre semaines plus tôt -est
officiellement cassé.
li est réso
lu de conférer « l'administration
libre , absolue et entière des
affaires
du royaume à la régen
te pendant la minorité du roi »
avec « pouvoir à la dite dame
de faire choix de personnes de
probité et expérience, en tel
nombre qu'elle jugera à propos
pour délibérer aux conseils( ...
),
sans que néanmoins elle soit
obligée de suivre la pluralité
des voix».
Par l'intermédiaire de leur pré
sident, les magistrats rappel
lent les années « de misères et
de tyrannie » qui leur ont « fer
mé la bouche » et réclament le
droit de remontrance pour le
Parlement : c'est en
quelque
sorte la contrepartie de leur
docilité présente .
Anne d'Au
triche laisse planer le doute,
mais dans son for
intérieur elle
est bien décidée à ne rien cé
der de son pouvoir ni aux grands
ni
au Parlement.
Pour l'heure ,
elle savoure son
triomphe ..
»
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