1098 : Fondation de l'abbaye de Cîteaux
Publié le 24/03/2012
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Robert de Molesme fonde l’abbaye pour y prêcher un retour à la doctrine de Saint-Benoît : pauvreté, travaux des champs et uniformité. L’ordre des cisterciens est né.
«
Ci-dessus, portrait de Robert
de Molesmes.
Gravure
conservée à la Bibliothèque
nationale, Paris.
gieux, l'ordre de Cluny qui fut
lui-même, au Xe siècle, une ré-
novation de la vie monastique,
a connu son apogée.
Pilier de la
papauté, promoteur et organi-
sateur du pèlerinage à Saint-
Jacques-de-Compostelle, Cluny
fut le phare de la chrétienté oc-
cidentale.
Sa richesse même
entame ses forces vives et
amorce son déclin.
De Molesme
à Cîteaux
Cluny ne satisfait plus les âmes
exigeantes comme celle de Ro-
bert de Molesme.
Entré à quin-
ze ans au monastère de Mou-
tier-la-Celle, près de Troyes,
cet enfant d'une famille noble
champenoise connaît une
brillante «carrière» monas-
tique.
Prieur à vingt-cinq ans, il
a le souci permanent de mener
la réforme, de retourner aux
sources de la vie monastique.
Les monastères l'appellent, il y
va...
Le moine n'arrive pourtant
pas
à donner corps à son entre-
prise réformatrice.
Il rejoint
alors une poignée d'ermites,
retirés en forêt.
Avec ces nouveaux compa-
gnons, il s'établit, en 1075, à
Molesme, dans le Tonnerrois.
Les débuts sont rudes, des
huttes de branchage abritent
les hommes de Dieu.
Le succès
sera au rendez-vous.
Malheu-
reusement, il n'est pas de l'es-
sence souhaitée par Robert de
Molesme.
La fondation prospè-
re, les postulants accourent.
La
richesse entame les vertus fon-
datrices.
A Molesme, séjourne
aussi, un temps, Bruno, un
autre « radical », qui s'en ira
vers le massif de la Chartreuse
où il y donnera naissance à
l'ordre monastique sans doute
le plus exigeant, les chartreux.
A Molesme, la division se fait
jour au sein de la communauté.
D'aucuns veulent demeurer
dans la mouvance bénédictine,
d'autres veulent vivre à l'écart.
DEUX BRANCHES
INDÉPENDANTES
L'ordre cistercien, né pour
reprendre le flambeau
monastique face à un ordre
de Cluny déclinant, ne sera
pas épargné par les scissions
et les réformes successives.
Malgré les efforts de la
papauté au XIX` siècle pour
unifier la famille cistercienne,
deux grandes branches
indépendantes perdurent
aujourd'hui.
Les héritiers de
Robert de Molesme et de
Bernard de Clairvaux se
partagent entre « stricte »,
ou étroite, observance et
« commune » observance.
Réputé le plus rigoureux,
l'ordre cistercien de la stricte
observance » rassemble
ceux que l'on appelle
communément les trappistes.
Les plus nombreux — 2500
moines dans le monde, 600 en
France —, ils sont installés
depuis cent ans au monastère
de Cîteaux.
« La commune
observance » est regroupée
sous la bannière de l'ordre de
Cîteaux, plus diversifiée — une
douzaine de congrégations -
et plus concentrée en Europe.
Ses effectifs sont plus
restreints, avec seulement
1390 moines — dont une
quarantaine en France.
C'est l'occasion pour Robert de
Molesme d'un nouveau départ,
qui l'amène, avec ses compa-
gnons, dans la forêt de Cîteaux.
Un rayonnement
dans toute l'Europe
Le «
Nouveau Monastère » est,
à ses débuts, pauvre, très
pauvre...
Il correspond bien à
l'esprit de ceux qui devien-
dront les cisterciens.
La
pauvre-
té et l'ascétisme sont leurs
écoles de perfection.
Mus par
une volonté de rupture totale
avec le monde, ils recherchent
l'isolement.
Contrairement à
l'usage en vigueur à Cluny, les
cisterciens, fins lettrés égale-
ment, s'adonnent au travail ma-
nuel.
Ils sont moines paysans,
défricheurs de forêts, assé-
cheurs de marécages, partici-
pant au renouveau de l'agricul-
ture et à l'essor économique du
Mie siècle.
Mais Cîteaux végète
tout d'abord.
Réclamé par les
moines de Molesme et sur in-
jonction du pape, Robert de
Molesme a rejoint sa première
fondation où il mourra en 1111.
Il n'aura passé qu'une seule an-
née à Cîteaux, laissé aux mains
de ses compagnons, Albéric et
Étienne Harding qui sortent le
« Nouveau Monastère » de sa
précarité.
Dans le silence de la
forêt bourguignonne, Cîteaux
s'apprête à prendre son envol
pour étendre bientôt son in-
fluence spirituelle dans toute
l'Europe.
L'homme de l'expan-
sion frappe à la porte du mo-
nastère, accompagné d'une
trentaine de parents et amis, en
1112.
Celui qui va devenir l'im-
mense Bemard de Clairvaux a
vingt-deux ans et s'appelle en-
core Bemard de Fontaines.
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