Une succession de régimes militaires et civils, entre conservatisme et radicalisme (Travaux Personnels Encadrés – HISTOIRE & CIVILISATION) Le Chili

« • Bernardo O'Higgins obtient le soutien de l'Argentine voisine , nouvellement indépendante, où il s 'est réfugié .

En 1817 , l'« armée des Andes » dont il prend le commandement aux côtés du général argentin José de San Martin franchit la cordillère .

Les victoires de Chacabuco et de Maipo , ont raison des forces royalistes .

Le 2 février 1818 est proclamée l'indépendance du Chili .

LE CHILI INDÉPENDANT L'ÈRE PORTALIENNE ·Jusqu 'en 1830, les militaires dominent la scène politique.

Libéraux, anticléricaux et fédéralistes, ils s 'opposent aux aristocrates , conservateurs et catholiques .

Toutefois , la division de l'armée en fadions rivales nuit à la stabilité politique du pays .

Doté des pleins pouvoirs , Bernardo O 'Higgins dirige le pays de 1818 à 1823 .

La période suivante est troublée par de fréquents soulèvements militaires.

• En 1830 , les conservateurs s 'emparent du pouvoir et entreprennent de restaurer l'ordre et l'autorité de l 'État.

ëadion de Diego Portales, ministre du président Joaquin Pietro , est déterminante.

Véritable dictateur du pays jusqu 'en 1837, il rédige la Constitution de 1833 qui instaure un régime président iel fort, et dote le Chili d 'une économie moderne :le pays s'industrialise et s'ouvre au monde , tandis que sa société se transforme .

• Diego Portales engage son pays, en 1836, dans la guerre contre la confédération P érou-Bolivie .

Les troupe s chiliennes l'emportent à la bataille de Yungay , en 1839.

• En 1844, l'Espagne reconnaît l'indépendance du Chili .

LA GUERRE DU PACIFIQUE • Dans les années 1870 , un différend commercial avec le Pérou et la Bolivie , relatif à l'exploitation de gisements de nitrate , débouche sur un conflit.

En mars 1879, la Bolivie , soutenue par le Pérou , déclare la guerre au Chili .

• Le Chili remporte une victoire rapide .

Aux termes du traité de paix conclu en octobre 1883, la province bolivienne d'Antofagasta et la province péruv ienne de Tarapaca reviennent au Chili qui prend aussi le contrôle des villes frontalières péruviennes de Tacna et d 'Arica .

En 1929 , à l'issue de référendums, Tacna redeviendra péruvienne tandis qu'Arica restera chilienne .

• En 1881, l'Argentine , profitant du conflit dans lequel le Chili est engagé, impose un traité qui fixe le tracé de la frontière commune aux deux pays sur la ligne de partage des eaux andines .

L'OLIGARCHIE AU POUVOIR • À partir des années 1861 et de la prise du pouvoir par les libérau x, les fondements autoritaires de la république portalienne s 'affaiblissent.

Passée dans l'opposition , l'oligarchie conservatrice , formée des aristocrates et des membres de la nouvelle bourgeoi sie industrielle , demeure menaçante.

Une crise politique éclate en septembre 1891 au sujet d 'une réforme constitutionnelle proposée par le président José Manuel Balmaceda et rejetée par le Parlement dominé par l'oligarchie .

Des troubles s 'ensu ivent au terme desquels le président Balmaceda se donne la mort.

• Le Parlement conservateur instaure alors un régime d'assemblée.

Toutefois, le nouveau régime au pouvoir s 'avère vite incapable de dépasser les intérêts de ses repr é sentants pour faire face aux problèmes économiques et sociaux du pays .

Au fil du temps , il se déconsidère aux yeux de la population .

L'INTERVENTION MILITAIRE ET LE CHANGEMENT DE CONSTITUTION • A partir des années 1920 , le système politique s 'ouvre à des acteurs représentant d 'autres classes sociales que l'aristocratie et la bourgeoisie d 'affaires .

En 1920 , l'élection du président Arturo Alessandri, qui se pose comme le chef de file des diverses oppositions anti· oligarchiques, soulève de grands espoirs parmi la population .

• Cependant , la situation économique s'aggrave , tandis que le Sénat bloque les réformes proposées par le président Alessandri .

Les caisses de l'État se vident et les fonctionnaires, parmi lesquels les soldats , ne sont payés qu'avec beaucoup de retard .

Les grèves se multiplient.

Face à la dégradation de la situation , des officiers forcent Arturo Alessandri à la démission en septembre 1924 .

Six mois plus tard, une autre faction de l'armée destitue son successeur et ramène Arturo Alessandri au pouvoir .

Son pouvoir ainsi conforté , celui-ci promulgue en août 1925 une nouvelle Constitution qui restaure le pouvoir présidentiel.

LES NOUVELUS FORCES POLITIQUES • Le tournant des année s 1930 est marqué par les conséquences de la crise économique mondial e.

ëépisode d'anarchie politique qui l'accompagne , avec de nombreux renversements de gouvernement , prend fin en décembre 1932 avec le retour au pouvoir d 'Arturo Alessandri.

Avec lui, le pouvoir politique se consolide.

• Dans le même temps , les revendication s des classes moyennes , qui se sont développées depuis les années 1920 puis à la faveur de la crise économique, se font pressantes .

Le Parti socialiste du Chili naît en 1933.

En décembre 1938 , le Front populaire arrive au pouvoir avec l'élection à la présidence du radical Pedro Aguirre Cerda .

Au cours de la période qui s 'ouvre, une législation sociale est adoptée et, fait unique en Amérique latine , des ministres communistes participent au gouvernement.

Les radicaux demeurent au pouvoir jusqu'en 1952 .

En septembre de cette année, le conservateur Carlo s lbaiiez del Campo est élu président.

Six ans plus tard , le conservateur Jorge Alessandri , fils de l'ancien chef de l'État remporte de justesse l 'élect ion présidentielle devant le sociali ste Salvador Allende , candidat du Front populaire .

LE PROIET DtMOCRATE·CHRtTIEN • En 1957 est fondé le Part i démocrate ­ chrétien.

Son chef , Eduardo Frei, soutenu par les libérau x et les conservateurs , est élu président en septembre 1964 contre Salvador Allende.

Son projet comporte un vaste programme social : construction de logements sociau x, d éveloppement de l'éducation , extension des droits à la retraite , réorganisat ion du système de sécurité sociale , etc.

Une réforme agraire , basée sur l'expropriation des terres improductives , est mise en œuvre.

ëÉtat appuie le développement des syndicats, des associations professionnelles et des coopératives.

Pour financer son a d ion, Eduardo Frei nationali se les sociétés d 'exploitation des mines de cuivre.

Cette mesure s'avère efficace dans un premier temps , mais la situation change en 1970 : la chute des prix du cuivre entraîne une baisse des ressource s de l'État.

• En octobre 1970 , le Parlement élit Salvador Allende à la tê te de l'État.

aucun des candidats à l'élection présidentielle n 'ayant obtenu la majorité absolue lors du scrutin au suffrage universel.

Le candidat d e l' Unité populaire , qui regroupe les socialistes , les radicaux , les communistes et diverses petites formations démocrates chrétienne s, entend poursuivre et renforcer l'action du gouvernement précédent.

La réforme agraire est approfondie et accélérée.

Les nationalisations s 'étendent à tous les grands secteurs : énergie électrique , pétrole , sidérurgie , batiments , etc.

Les mesures sociale s sont renforcées.

Après des premiers résultats positifs , la polit ique de l'Unité populaire est confrontée à une dégradation d e la situation économique , causée en partie par la défiance des milieux bancaires nationaux et internationaux.

• Tandi s qu'à l 'image du Mouvement de la gauche révolutionnaire (MIR ), l'extrême gauche exig e des mesure s plus radicale s, le Parti démocrate · chrétien retire son soutien au gouvernement.

ëopposition conservatrice reçoit l'appui de la CIA qui finance les mouvements de protestation -notamment des transporteurs et des mineurs -contre le régime de Salvador Allende .

• Le 11 septembre 1973 , alors que la situation échappe au gouvernement , une junte d irigée par le commandant r?..- -r-- ..,.,., en chef de l'armée de LA DIOATURE DE PINOCHET LE RÉGIME DE LA IUNTE • La junte met aussitôt en place un régime autoritaire inflexible .

ëétat de siège est imposé .

Le Parlement est dissous et toute activité politique est interd ite.

ëoppo sitio n est sévèrement réprimée.

Les universités sont mises au pas.

De nombreu x journaux sont interdits .

La grève est déclarée illégale .

Les arrestations, les disparitions et les exécutions sommaires se multiplient.

De nombreux opposants s'exilent.

interventionniste s'efface devant la loi du marché .

Les entrepri se s publiqu e s sont privatisées .

Le protectionnisme prend fin et le Chili s'ouvre aux investissements étrangers qui affluent.

• En juin 1974 , Augusto Pinochet impose sa suprématie sur les autres membres de la junte en étant nommé « chef suprême de la nation ».

En 1976, il lance, avec les dirigeants de l'Argentine , de l'Uruguay , du Paraguay , du Brésil et de la Bolivie l 'opération Condor dont l'objectif est l'élimination des d irigeants de l'opposition de gauche en Amér ique latine .

ëopération culmine avec l'a ssassinat d 'un ancien ministre du gouvernement Allende à Washington , en septembre 1976 .

L'OUVERTURE POLITIQUE • En mars 1981 entre en application une nouvelle Constitution .

Celle-ci prévoit le maintien au pouvoir du général Pinochet jusqu 'en mars 1989 et la désignation de son succes seur par le biais d 'un référendum sur le nom d'un candidat unique choisi par l'arm é e.

• Dans les années qui suivent le régime répond par une répression accrue à la montée d e la contestation .

Durant les années 1980 , les tentatives d'ouverture alternent avec des périodes de repli autoritair e.

• En février 1987, les partis politiques sont autorisés, sous condition s.

En août 1988 , l'état d'urgence est levé -après l' état de siège, en mar s 1978 .

• En octobre 1988, 54,7% des électeurs rejettent par référendum la reconduction du génér a l Pinochet à la tête de l 'État.

La procédure prévoit alors la t enue d'une élection présidentielle .

• En décembre 1989 , le démocrate­chréti e n Patricio Aylwin, candidat de la Concertation des partis pour la démocratie (centre gauche ), est élu président.

La passation de pouvoir a lieu en mars 1990 .

Le gé néral Pinochet reste chef de l'armée de terre.

LE RETOUR DE LA DÉMOCRATIE LA CONCERTATION • Le nouveau régime est toutefois limité par les institutions issues de la Constitution de 1980 .

La major ité dont disposent au Sénat les conservateurs qui soutenaient la junte empêche toute révision constitutionnelle et rend difficile l'adoption d'une législation libérale.

De nombreux hauts fonctionnaires inamovibles restent en place .

Le rétablissement du fonctionnement démocratique du pouvoir est lent.

En mars 1991 , toutefois , une commission Vérité et Réconciliation est créé e pour enquêter sur les crimes de la dictature .

• Les candidats de la Concertation , en décembre 1999 .

L'AFFAIRE PINOCHET Eduardo Frei Rulz-Tagle , fils de l 'ancien président , puis Ricardo Lagos, sont élus président respectivement en décembre 1993 et • En mars 1998, le général Pinochet quitte ses fondions de chef de l'armée de terre .

Il prête aussitôt serment comme sénateur à vie, en application de la Constitution .

• En juillet , il est arrêté à Londres et assigné à résidence à la demande du juge espagnol Balta sar Garz6n , qui enquê t e sur la disparition d 'Espagnols au Chili pendant la dictature .

En janvier 2000 , Londres refuse finalement son extradit ion vers l 'Espagne pour des raisons médicales : Augusto P inochet rentr e au Chili .

De nouve au inculpé dans son pays pour l'assassinat d 'opposants politiques , il échappe pour les mêmes raisons à de nouvelles poursuites .

• En décembre 2004 , toutefois , le juge Juan Guzman obtient son inculpation dans le cadre de l'instruction de l'affaire de l'opération Condor .. »