TPE sur Fukushima
Publié le 17/10/2018
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FUKUSHIMA Janvier 2018 Numéro hors-série Un désastre économique et social, ainsi qu'une catastrophe écologique et sanitaire Une vague géante Aux conséquences multiples Informations Individuel et collectif La catastrophe de Fukushima En quoi la catastrophe de Fukushima est-elle un désastre économique, écologique, social et sanitaire ? Lycée Lavoisier Paris 75005 Première ES Léa Bernardino Chloé Mellet Sarah Carratier Marie Conrad 1 FUKUSHIMA - JANVIER 2018 1 Sommaire 4 Évacuation Le déroulement des événements 9 les comprimés L'impasse de l'Etat sur la distribution des comprimés d'iode 27 12 Relogement Création de logements provisoires et diférentes tensions Économie : - Impact sur la production et la consommation - La dette publique 27 Marché de la pêche La contamination d'un lieu de travail 17 Socio-psychologie Les efets sociopsychologiques sur les réfugiés 28 Marché automobile La production industrielle et la rupture de chaîne de production 20 Cancers thyroïdiens Formation d'une tumeur et dépistage 23 Contamination des sols et de la mer 23 Terre contaminée La contamination des sols et des aliments 25 Mer contaminée Du corium dans l'océan 30 L'électricité Économie d'énergie : le Setsuden 30 Dette publique La partie la plus importante : le démantèlement 32 Décontamination Les techniques principales de décontamination 33 Indemnités Un montant très élévé 40 - 41 - 42 Interview Conclusion Bibliographie 2 FUKUSHIMA - JANVIER 2018 2 Introduction En quoi la catastrophe de Fukushima est-elle un désastre économique, écologique, social et sanitaire ? Le vendredi 11 mars 2011 à 14h46 (6h46 heure française), un séisme de magnitude 9,0 sur l'échelle de Richter a déclenché un tsunami, et une vague culminant à une trentaine de mètres s'est abattue sur la côte Est du Japon. La secousse a eu lieu à 24,4 kilomètres de profondeur faisant violemment tanguer les immeubles jusqu'en Chine. Il s'agit de la septième secousse la plus puissante jamais enregistrée dans le monde. Le tsunami a quant à lui entraîné l'inondation du système électrique de la centrale de Fukushima Daiichi dirigée par TEPCO, une multinationale japonaise productrice d'éléctricité. Trois réacteurs sont entrés en fusion et ont par la suite libéré des déchets radioactifs dans l'océan Paciique et aux alentours. Dès lors, les autorités Japonaises ont donné l'ordre d’évacuation aux habitants de toute la préfecture de Fukushima. Ils ont été relogés dans des villes plus sécurisées, temporairement. La préfecture de Fukushima est ainsi devenue une ville fantôme où n’errent plus que des sangliers radioactifs. Au cours de notre magazine nous allons évoquer plusieurs sujets pour répondre à notre problématique. Tout d’abord nous allons étudier le désastre social. Puis la prise en charge des populations ainsi que les techniques mises en œuvre pour lutter contre cette catastrophe. Par la suite nous parlerons du désastre écologique qui bien sûr mettra beaucoup plus de temps à se résorber que les autres problèmes. Et puis nous traiterons le désastre sanitaire, et enin le désatre économique. La centrale avant et après avoir été submergée par une vague. Source : l'Est républicain "Les morts de Fukushima ne sont plus des morts : ce sont des déchets radioactifs." - Michaël Ferrier 3 FUKUSHIMA - JANVIER 2018 3 Évacuation Interview de Naoto Kan par Libération "Naoto Kan était Premier ministre quand le Japon a vécu la catastrophe du 11 mars 2011. En l'espace de quelques heures, il a été confronté à la plus grosse crise qu'ait connu le pays depuis la Seconde Guerre Mondiale." L'organisation de crise des autorités Japonaises Au Japon, il existe une organisation de crise des autorités. Le plan d'organisation des secours en cas d'urgence nucléaire est constitué de 3 niveaux. Premièrement, le gouvernement établit un centre de commandement national dirigé par le Premier ministre, ainsi qu’un centre de commandement local dirigé par le vice-ministre de l’Economie, du Commerce, et de l’Industrie. Le centre de commandement national prépare les plans et les procédures nationales, et il prend les décisions sur les déplacements importants et les contre-mesures. Ensuite, le gouvernement local met en place un poste de commandement opérationnel (PCO) local pour gérer les actions d'urgence dont la surveillance et les mesures de 4 protection des populations ; les municipalités mettent également en œuvre un poste d'intervention d'urgence. Enin, L'exploitant de l'installation nucléaire, en l’occurrence Tepco, est quant à lui responsable de l'intervention d'urgence sur place ainsi que la notiication des événements au ministre compétent, au gouverneur de la préfecture et aux municipalités. Cependant, dans le cas de l’accident de Fukushima, il a été impossible d’utiliser le bâtiment destiné au PCO du gouvernement local, situé à environ 5km de la centrale. On ne pouvait pas y accéder principalement pour des raisons de diicultés d’accès, du fait des routes détruites ou encombrées à cause du séisme, aussi en raison de la perte des infrastructures de télécommunication, de la FUKUSHIMA - JANVIER 2018 Naoto Kan s'exprimant lors d'une conférence sur Fukushima en 2011. défaillance du réseau d'alimentation électrique, des pénuries de nourriture, d'eau, et de carburant, et surtout à cause d’un niveau élevé de radiation dans le bâtiment, car il n’était pas équipé de dispositifs de iltration de l’air. Le poste de commandement central du gouvernement a donc dû relayer, dans un premier temps, le poste de commandement local. 4 Évacuation Photo des habitants de Fukushima en cours d'évacuation, aidés par les autorités envoyées sur place. Source : Fukushima Watch La prise en charge des populations Les étapes de l'évacuation L’évacuation des populations s’est faite en plusieurs étapes. En deux jours, l’ordre d’évacuation s’est propagé, élargissant son rayon de 2km à 3km, puis 10km, et enin 20km. L'état d'urgence nucléaire a été décrété par le gouvernement le 11 mars à 19h03. Puis, à 20h50, la préfecture de Fukushima a émis un ordre d’évacuation pour les personnes situées dans un rayon de 2km autour du réacteur numéro 1 de la centrale. A 21h23, le Premier ministre (Naoto Kan) a étendu ce rayon à 3km, en conseillant la mise à l’abri jusqu’à 10km. Le lendemain, le 12 mars 2011 à 5h44, le rayon d’évacuation est étendu à 10km, puis à 20km à 18h25, et le coninement est conseillé jusqu’à 30km. Il a été demandé aux autorités locales 5 de distribuer des comprimés d’iode lors de l'évacuation en vue de prévenir des cancers de la thyroïde. Les décisions qui ont été prises par le gouvernement national, le gouvernement local, et l’exploitant ont été très controversées ; toutefois l’AIEA (Agence Internationale de l’Energie Atomique) considère que les mesures prises directement et celles qui ont suivi étaient des mesures appropriées qui ont permis de sauver des vies, et de minimiser les conséquences de l’urgence nucléaire, compte tenu de la FUKUSHIMA - JANVIER 2018 situation. De plus, selon l’AIEA, plus de 30 000 personnes avaient été évacuées de leur domicile dans un rayon de 10km le 13 mars 2011 à 5h10, et plus de 110 000 personnes dans un rayon de 20km. Le 11 avril 2011, un nouveau zonage est établi. L’ordre de mise à l’abri passe de 20km à 30km. Une zone d’évacuation volontaire (c’est-àdire non obligatoire mais conseillée) est créée, allant audelà des 30km. Cet élargissement a été décidé pour tenir compte d’un éventuel dépassement de 20mSv par an, et cette éventualité concerne en partie ou en totalité les communes de Namie, Katsurao, Minamis?ma, Iitate et Kawamata. De plus, une zone de préparation à l’évacuation est créée entre les 20 et 30km. 5 Évacuation Pompiers secourant un homme à Ishimaki. Source : Le Parisien Policiers à Namie aidant les habitants. Source : Asahi Shinbun "Le directeur de la centrale Masao Yoshida a décidé de son propre chef de faire venir des citernes de pompiers pour refroidir les réacteurs." Dans le même temps, le maire de la ville d'Iitate prend certaines initiatives, comme celle de recommander aux femmes enceintes et aux enfants de moins de 3 ans d'Iitate, soit une cinquantaine de personnes, de se rendre dans un délai d’une semaine dans une ville voisine, Fukushima. Le 21 avril 2011, le Premier ministre init par modiier les consignes de protection des populations. Une zone d’accès restreint est instaurée avec en son centre une installation relai aux abords de la centrale ; cette zone d’accès s’étend sur un rayon de 20km autour de l’installation, mais l’accès au site de la centrale de Fukushima Daiichi reste toutefois interdit. Par ailleurs, la zone d’évacuation autour de la centrale voisine, Fukushima Daiini, est ramenée de 10km à 8km. Le 22 avril 2011 le Premier ministre conirme l’ordre d’évacuation des 6 municipalités de Hirono, Naraha, Kawauchi, et de parties de Tamura et de Minamis?ma (dans un rayon de 20 à 30km). Ces populations sont appelées à se tenir prêtes à évacuer entre le 15 et le 31 mai 2011 avec priorité pour les femmes enceintes, les enfants et les personnes faibles, mais près de 6000 personnes sur les 10 000 à évacuer avaient déjà quitter les lieux. En efet, in mars, le gouvernement conseillait déjà aux habitants, sans obligation, de rester cloîtrés chez eux ou de partir, à l’instar de la NISA (Nuclear and Industrial Safety Agency) qui conseillait activement à tous ceux vivant dans des zones soumises à des taux allant de 10 à 20 mSv de rester enfermés ou de partir. A partir du 22 avril, la zone d’évacuation de 20km est déclarée zone interdite. Jusquelà, les habitants avaient encore l'autorisation de retourner occasionnellement dans leurs FUKUSHIMA - JANVIER 2018 maisons, ainsi ils pouvaient récupérer certaines afaires qu’ils avaient laissées dans la précipitation du départ. Cela permettait aussi aux agriculteurs de s’occuper de leur bétail. Mais il est désormais interdit d’y retourner, sous peine de recevoir une amende. INFOS + Interview de Naoto Kan par Libération « Les informations parvenaient du site de la centrale, passaient par le siège de Tepco et arrivaient chez nous. Elles n’étaient pas toujours iables. Quand il y a des mauvaises nouvelles, les dirigeants ne veulent pas le faire savoir. » 6 Évacuation Militaire évacuant une personne âgée à Natori. Source : Slate Évacuation d'un hôpital de Fukushima. Source : Agora Vox "Nous n’étions pas préparés" Jin Ishida, responsable de la cellule de crise d’Okuma Les familles évacuées sont quelquefois autorisées à retourner chercher des afaires, mais rarement et dans des conditions très strictes. En efet, seule une personne par famille peut y aller, pendant deux heures maximum, et sous surveillance policière. De plus, ce droit ne s’applique pas aux familles vivant à moins de 3km de la centrale. Juste avant d’instaurer cette interdiction, les forces de l’ordre ont inspecté la zone et ont fait évacuer une soixantaine de familles qui n’avaient pas encore quitté le secteur. Le 24 avril 2011, le gouvernement décida d'évacuer avant la in du mois de mai les populations des secteurs Nord-Ouest les plus touchés par les retombées radioactives, au-delà de la zone interdite et de la zone de coninement. Cette nouvelle zone fut appelée « zone d’évacuation élargie ». Cette évacuation concernait 7 principalement la ville de Iitate, située à 40 km de la centrale. 4 000 résidents de cette dernière et 1 100 de Kawamata furent donc relogés dans des villes voisines. Au cours des mois de juin, juillet et août, le gouvernement conseilla l’évacuation de 245 ménages résidant sur des « points chauds », autrement dit à risque, bien qu’en dehors de la zone interdite. L’évacuation des populations de la zone d’évacuation élargie fut considérée comme presque totalement accomplie le 18 août. Toutes ces restrictions d’accès seront levées lorsque la dose de radiation susceptible d’être reçue en extérieur sera inférieure à 20mSv (unité utilisée pour évaluer l'impact des radiations sur l'homme). Des cas plus délicats : les hôpitaux et maisons de retraite : En raison de la mauvaise communication à tous les échelons et du manque FUKUSHIMA - JANVIER 2018 d’informations, certains responsables locaux se sont retrouvés quelque peu isolés. En efet, pour le docteur Akira Isaka, responsable de l’Association médicale du district de Futaba, le gouvernement a émis trop d’ordres d’évacuation diférents. Selon lui, les directeurs d’établissement ont dû se tourner vers les médias pour avoir un minimum d’informations sur ce qu’il se passait. Par la suite, il a conié à la presse que le manque d’informations et de communication « a posé d’énormes problèmes pour les hôpitaux, qui ont dû improviser sur le champ des plans et les modiier complètement avec l’extension de la zone d’évacuation ». Pour le médecin, chaque zone habitée située à proximité d’une centrale nucléaire devrait disposer d’un hôpital fortiié, construit comme un abri antiatomique 7 Évacuation avec des générateurs d’électricité, des vivres et des équipements en quantité suisante : « On pourrait ainsi s’occuper des patients en attendant de pouvoir les évacuer en toute sécurité ». Cependant, il constate un an après la catastrophe, lorsqu’il s’entretient avec la presse, que la situation n’a pas vraiment changé. Il considère qu’aucune localité proche d’une centrale nucléaire n’est aujourd’hui en sécurité. Des habitants d'une petite ville en train dêtre évacués dans des cars Source : Pakistan Today Trois pompiers Japonais à Fukushima Source : Chinanews Carte illustrant les diférentes zones d'évacuation Source : Wikipédia Un pompier en train de fermer une grille à Namie, qui devint une ville fantôme suite à l'évacuation de la ville Source : The Japan Times 8 FUKUSHIMA - JANVIER 2018 8 Les comprimés L'impasse de l'Etat, les comprimés d'iode En parallèle des évacuations, des comprimés d’iode étaient disponibles dans les pharmacies non sinistrées. L’iode est un oligo-élément indispensable au bon fonctionnement du corps humain qui en contient déjà en petite quantité. Lorsqu’il est assimilé il vient se ixer sur la thyroïde qui produit diférentes hormones nécessaires au développement cérébral ou à la régulation du métabolisme de base comme la dépense énergétique au repos ou allongée. Lors d’un accident nucléaire, des éléments radioactifs (dont l’iode 131) se répandent dans l’atmosphère et pénètrent dans le corps humain via les voies respiratoires. Cependant si il en absorbe une quantité trop importante des lésions cellulaires et des dysfonctionnements peuvent être occasionnés. Pour parer à cette situation la prise d’iode stable est conseillée en prévention, elle sature la glande thyroïde et empêche ainsi à l’iode radioactif de se ixer. Cependant passé un certain âge la prise n’est pas recommandée car elle peut entraîner des efets indé...
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