TPE: Comment est représentée la relation de l'homme et de la nature dans le film Into The Wild ? Et comment évolue cette relation ?
Publié le 21/08/2012
Extrait du document
Malheureusement, cinq jours plus tard, se rendant compte qu'il est incapable de conserver la viande, il écrit dans son journal : “Maintenant, je voudrais n'avoir jamais tué cet élan. C'est l'une des plus grandes tragédies de ma vie.” McCandless a sûrement éprouvé de la honte et a regretté d'avoir tué un animal inutilement. Par manque de connaissances, il n'a pas utilisé la bonne technique de conservation, laissant donc la carcasse aux asticots puis aux loups. Le lendemain, il semble avoir pris du recul par rapport à cet évènement et réfléchit à son échec. Il semble décidé à ne pas refaire la même erreur. Il entame ensuite la lecture de Walden, d'Henry David Thoreau. Ce livre raconte la vie de l'auteur vivant dans une cabane, dans la forêt. McCandless semble s'identifier à l'auteur et à son expérience et écrit finalement dans son journal : “Je suis né à nouveau. C'est mon aube. La vraie vie vient de commencer.”
«
la naissance pour retourner au monde sauvage, paradoxalement plus rassurant pour lui qu'une société américaine totalement aseptisée et étouffante.
Mais pourtant, ilne cherche pas a la quitter pour des contrées plus authentiques.
Il va chercher la nature dans son pays même.
Le jeune homme cherche aussi dans la nature ce «dérèglement des sens » (Rimbaud), ce vertige qu'il ne trouve pas dans son monde.Mais le film Into The Wild n'est pas une apologie propre de la nature.
En effet, celle-ci est dangereuse, impitoyable et regorge de pièges.
Christopher doit tout à lafois se fondre en elle (la nature englobe l'homme) et lui faire face (l'homme se construit en opposition avec elle).
Pour cela, il emmène avec lui tout ce qui faitl'homme et la civilisation : la technique (un fusil), le savoir (des livres de botanique), l'art (littérature).
Même dans ce retour à un état de nature opposé, Chris ne peutnier son humanité : c'est le sens du journal qu'il tient (comme le faisait Robinson sur son île), qui le rattache à la société.
Mais le jeune homme est mis face à sescontradictions et se fourvoie complètement.
Car finalement, la quête éperdue de l'état de nature n'équivaut peut-être au bout du compte qu'à un désir de néant.Into The Wild est donc un éloge de la fuite, même si le retour au contact humain sera finalement choisi par Chris : « Le bonheur n'est réel que lorsqu'il est partagé »,écrit-il entre les lignes d'un roman.
L'important, c'est la rencontre, le partage : ce que le héros ne comprendra que trop tard.
Cette désillusion finale dit la nécessité del'autre.Il écrit quelques semaines avant sa mort : « Je suis littéralement piègé par la nature ».
II.
Analyse des trois passages du livre
Extrait 1
«En vérité, peu de temps auparavant, Chris avait reproché à ses parents d'avoir exprimé le souhait de lui offrir une nouvelle voiture pour sa réussite aux examens etd'avoir proposé de lui payer ses études de droit si l'argent restant n'était pas suffisant.Il insistait sur le fait qu'il avait déjà une excellente voiture, une Datsun B 210 qu'il aimait beaucoup.
Cette voiture, qui avait parcouru 206 000 kilomètres, étaitlégèrement cabossée mais en parfait état mécanique.
“Je ne peux pas croire qu'ils veuillent essayer de m'acheter une voiture, se plaignit-il par la suite dans une lettre àCarine, ou qu'ils pensent que je vais vraiment les laisser payer mes études de droit, si je les entreprends...
Je leur ai dit un million de fois que j'ai la meilleure voituredu monde, une voiture qui a traversé le continent depuis Miami jusqu'en Alaska, qui, au long de ces milliers de kilomètres, ne m'a pas causé le moindre souci, que jene vendra jamais et à laquelle je suis très attaché.
Cependant, ils n'entendent pas ce que je leur dis et ils pensent que je vais accepter une nouvelle voiture offerte pareux ! Il va falloir que je sois très prudent, que je n'accepte aucun cadeau de leur part à l'avenir, parce que alors ils penseront que qu'ils ont acheté mon respect.
»
Cet extrait comprend une lettre de Christopher McCandless adressée à sa soeur Carine.
On y ressent fortement son refus de la société dans laquelle il vit.
Il refuse en effet l'autorité de ses parents, leur aide financière, les voyant comme des ennemis contraires à ses idéaux et ne le comprenant pas.
Il doit aussi, selon lui,n'accepter aucun cadeau de leur part, car ‘ils penseront qu'ils ont acheté [son] respect.
Nous savons en effet que McCandless n'avait pas une haute estime de sesparents, due à un épisode peu glorieux de leurs vies.McCandless utilise également des hyperboles : “un million de fois”, “la meilleure voiture du monde”.
Cette dernière hyperbole nous montre que Chris est trèsfortement attaché à cette voiture et la juge selon ses propres critères, c'est à dire le nombre de kilomètres qu'elle a parcouru et non pas par le fait qu'elle soit vieille etcabossée.
Il écrit en effet que cette voiture “a traversé le continent depuis Miami jusqu'en Alaska”.
Nous remarquons qu'une fois encore, l'Alaska est mentionnécomme but quasiment ultime.Christopher McCandless nous montre ici qu'il pense déjà à son expédition (“mes études de droit, si je les entreprends”) tout en restant flou dans ses projets.
Il se metaussi en relation de conflit contre ses parents et refuse leur aide, se coupant un peu plus de la société.
Extrait 2
«Le 9 juin, il attrapa le plus gros [gibier] de tous : “ ELAN ! ”, note-t-il dans son journal.
Fou de joie, le fier chasseur prit une photo de lui-même à genoux devantson trophée et levant triomphalement sa carabine au-dessus de sa tête.
Ses traits sont déformés par un rictus d'étonnement et d'extase.
[...]
14 juin.
“ Déjà des asticots ! Le fumage se révèle inefficace.
Je ne sais pas, ça ressemble à un désastre.
Maintenant, je voudrais n'avoir jamais tué cet élan.
C'est l'unedes plus grandes tragédies de ma vie.
A ce moment, il renonça à conserver le plus gros de la viande et abandonna la carcasse aux loups.
Bien qu'il se soit sévèrement reproché d'avoir inutilement détruitune vie, le lendemain, il semble avoir retrouvé une certaine distance, car il note : A partir de maintenant, je saurai accepter mes erreurs, aussi grandes soient-elles.Je suis né à nouveau.
C'est mon aube.
La vraie vie vient de commencer.»
Au début de cet extrait, McCandless confond un élan, qu'il tue, avec un caribou, preuve de sa naïveté et de son ignorance dans le domaine de la chasse.
Malgré cetteerreur peu importante, il se prouve en effet à lui-même qu'il peut survivre seul dans la nature.
Cet évènement est pour lui très important, car il représente sonapprivoisement de la nature.
Il est capable de trouver sa propre nourriture et donc de vivre sans l'aide de personne, comme il en a toujours rêvé.
Malheureusement, cinq jours plus tard, se rendant compte qu'il est incapable de conserver la viande, il écrit dans son journal : “Maintenant, je voudrais n'avoir jamaistué cet élan.
C'est l'une des plus grandes tragédies de ma vie.”
McCandless a sûrement éprouvé de la honte et a regretté d'avoir tué un animal inutilement.
Par manque de connaissances, il n'a pas utilisé la bonne technique deconservation, laissant donc la carcasse aux asticots puis aux loups.
Le lendemain, il semble avoir pris du recul par rapport à cet évènement et réfléchit à son échec.
Il semble décidé à ne pas refaire la même erreur.
Il entame ensuite la lecture de Walden, d'Henry David Thoreau.
Ce livre raconte la vie de l'auteur vivant dans une cabane, dans la forêt.
McCandless sembles'identifier à l'auteur et à son expérience et écrit finalement dans son journal : “Je suis né à nouveau.
C'est mon aube.
La vraie vie vient de commencer.”
En quelques jours, McCandless a donc triomphé de la nature, puis, réalisant que son entreprise est vouée à l'échec, il semble abandonner son apprivoisement.
Mais lalecture paraît l'enrichir d'une nouvelle expérience qui le pousse à recommencer sa vie spirituellement.
Extrait 3
“Le bonheur n'est vrai que quand il est partagé”
Deux jours après avoir terminé Le Docteur Jivago, le 30 juillet, on lit dans son journal ces mots inquiétants : “Extrêmement faible.
A cause des graines de pommesde terre.
Beaucoup de mal à tenir debout.
Faim.
Grave danger.” Avant cette note, rien n'indique dans son journal qu'il était dans une situation dangereuse.
Il avait.
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