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Les dictateurs en Amérique latine de 1814 à 1935 (Travaux Personnels Encadrés – HISTOIRE & CIVILISATION)

Publié le 30/04/2016

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histoire

Le cas du vénézuélien Cipriano Castro, au pouvoir de 1899 à 1908, est significatif. Reprenant en main les rênes de l'économie, il s'en prend aux intérêts allemands et britanniques et exproprie une grande compagnie nord-américaine qui exploitait l'asphalte.

FIN ET BILAN DU CAUDILLISME

L'élimination du caudillisme

 

Si nombre de caudillos prennent ainsi le pouvoir par la force armée, arborant un titre de « général », nombre d'entre eux sont des civils. Dans les premières années du xxe siècle, au Mexique, Porfirio Diaz est avocat, Venustiano

 

Carranza propriétaire d'hacienda, Alvaro Obregôn éleveur de bétail. Les mouvements insurrectionnels dirigés par Emiliano Zapata et Pancho Villa ajoutent à l'instabilité politique.

En Amérique centrale, le caudillisme règne de façon encore plus implacable et incohérente à la fois. De 1821 à 1839, la Confédération des États-Unis d'Amérique centrale voit près de quatre cents caudillos se disputer

 

le gouvernement central et celui des provinces. La dissolution de la Confédération en 1839 et sa scission en cinq États - Salvador, Honduras, Nicaragua, Guatemala et Costa Rica - n'empêchent pas les caudillos de continuer à se disputer le pouvoir dans les nouveaux États, sauf au Costa Rica.

 

À la moitié du xix' siècle, seuls trois pays - le Chili, l'Argentine et la Colombie - sont sortis

 

du caudillisme.

histoire

« LE CAUDILLO « FONDATEUR n • Ch ronolog iquement, le premier type de caudillo est celui des « fondateurs " de la nation .

Lieutenants et successeurs direct d'un « libertador " -un libérateur de la patrie -.

ils participent activement aux guerre s d 'indéptn­ dtlnce de leur pays.

Ce n'est qu'ensuite qu'ils mettent leur capacité militaire au service de leur intérêt propre .

• Figurent parmi cette catégorie l'Argentin Juan Manuel de Rosas et le Vénézuélien José Antonio Pilez , mais aussi Juan José Florès en Équateur (1830-1834 et 1839-1845} , Andrès de Santa-Cruz en Bolivie (1829-1839}, Francisco de Paula Santander en Colombie (1832-1837} ou encore Ditgolosé Vidor Porlt1/es au Chili (1830-1837}.

• À travers son « destin national "· son indéniable patriotisme, le caudillo fondateur est un unificateur, un rassembleur .

À ce titre , le règne de Juan Manuel de Rosas contribue largement à forger la nation argentine .

• Enfin, la poigne des caudillos fondateurs garantit malgré tout la stabilité minimale sans laquelle l'État ne peut se développer .

LE CAUDILLO « D 'O R DRE ET DE PROGR ÈS n ·Passé le milieu du XIX' siècle, le projet libéral l'emporte à travers l'Amérique latine , souvent sous la bannière d'un caudillo « d 'ordre et de progrès "· Guzman Blanco au Venez uela et Porfirio Diaz au Mexique en sont les plus illustres exemples .

• Ce type de caudillo entreprend de moderniser son pays : il met en place une administration centralisée et efficace, il développe les communications et notamment le télégraphe , agent du centralisme et instrument de lutte indispensable contre les caciques régionaux, il lance de grands travaux et embellit les capitales sur le modèle européen .

• Acquis aux idées du « tout économique "· ce caudillo ouvre largement son pays aux capitaux étrangers .

Au Mexique, la valeur de la productio n industriell e passe ainsi de 90 à 162 millions de pesos de 1892 à 1903 .

LE CAUDIL LO « NATIONALim n • Le caudillo « nationaliste " incarne la réaction à l'a l iénation du pays aux intérêts étrangers.

• Le cas du vénézué lien Cipri11no Ct1stro , au pouvoir de 1899 à 1908, est significatif.

Reprenant en main les rênes de l'économie , il s'en prend aux intérêts allemands et britanniques et exproprie une grande compagnie nord-américaine qui explo itait l'aspha lte.

L' tLIMINATION DU CAUDILLISME • Si nombre de caudi llos prennent ainsi le pouvoir par la force armée , arborant un titre de« général "• nombre d'entre eux sont des civils.

Dans les premières années du xx• siècle, au Mexique , Porfirio Diaz est avocat, Venustiano Carranza prop riétaire d'hacienda, Alvaro Obreg6n éleveur de bétail.

Les mouvements insurrect ion­ nels dirigés par Emiliano Zapata et Poncho Vi/111 ajoutent à l'Instabilité politique .

• Guerrier et non militaire , le caudillo n'est pas animé d'un esprit de corps comme le sont les officiers de carrière.

• Le développemen t d 'armées nationales régu lières instituées -ironie du sort -par les caudillos eux-mêmes rend de plus en plus difficile l'utilisation d 'armées personnelles par un quelconque potentat , engendrant ainsi le déclin du caudillisme .

·C'est pourquoi le caudillisme a plus longtemps survécu dans que lques petits pays où les armées étaient demeurées des polices personnelles -en République dominicaine avec la dictature de UN BILAN CONTRAST t Rafael Trujillo jusque dans les années 1950, au Nicaragua avec celle d'Ant1stt1sio Somoz11 jusque dans les années 1970 .

• Il est impossible de juger l 'action du caudi llisme de façon g lobale tant celle-ci varie d'un État à l'autre et d 'u n d i rigeant à l'autre .

• Fils des luttes pour l'indépendance, le caudi llo introduit une nouveauté : le léga lisme.

Même si lui-même accède au pouvoir par un coup d'État, il met en place des institutions .

« Élu " dans des conditions douteuses , plébiscité , affublé d 'un titre de président taillé à sa mesure , il n'en quitte pas moins volontairement, parfois , le pouvoir qu'il lui arrive de céder très légalement à son successeur.

José Antonio Pilez agit ainsi à l 'issue de son prem ier mandat en 1835.

En dépit des aléas d'un parcours souvent tortueux, le caudillo fait faire à son peuple l 'apprentissage de la démocratie .

• Le caudillo se méfie de l'Église, parfois jusqu 'à l'anticléricalisme .

• !:abol ition de l'esclavage peut aussi être mis au crédit du caudillisme.

Antonio Lapez de Santa-Anna l e fait au Mexique , Ram6n Castillo au Pérou (1855-1862}.

• Plus généralement le caudillo contribue à l'unification et à la modernisation des États latina-américains .

• Toutefois , certains caudillos aveug lément conservateurs comme Rafael Carrera au Guatemala ou José Gaspar Rodriguez Francia au Paraguay ont retardé l'évolution de leur pays .

• P lus généralement le caudillisme s'est le plus souvent traduit par des régimes polic iers arbitra ires responsables de nombreuses et meurtr ières exactions.

• Dans l'ensemb le, les notables, auxquels les caudi llos s 'opposaient pour leur ravir le pouvoir , ont plus souffert de ces régimes que le peuple.

DES LEGS REDOUTABLES À LA VIE POLITIQUE LATINO · AMtRICAINE ·C'est justement parce qu'il était démagogique et qu'il reposait sur l'exploitation du pouvoir à des fins personnelles que le caudillisme a laissé de redoutab les legs à la vie politique latina-américa ine.

• t:un des principaux est la corruption : les caudillos ont établi les principes selon lesquels s'enrichir est un droit et enrichir les siens une obligation .

• Un autre est le contournement de la loi, pratiqué et justifié par le caudillisme par pur opportunisme.

·Aujourd 'hui, l'Amérique latine souffre encore des survivances d 'une organisation sociale fondée sur des rapports personnels de fidélité et de protection .

Car si le caudillisme est éliminé sur le plan national , il perdure sur le plan local et régional.

LES PIINCIMLES HGUIES CAUDILUSME LE PARACUAYEN fRANCIA • Chef de guerre , héros de la guerre d'indépendance contre l'Espagne (1811 ).

José Gaspar Rodriguez Francia (1766-1840) s'empare du pouvoir en 1814 et règne en maitre tout puissant jusqu'à sa mort.

Surnommé « El Supremo "· illimite la puissance de l 'Église , soumet l'aristocratie , isole le pays du reste du monde et limite le commerce à son p rofit personnel.

Toutefois , il stimule efficacement la croissance de l'industrie et de l'agriculture locale.

LE V tN tzUtLIEN PA EZ • Nommé général en chef à la bataille de Carabobo (1821) par Simon Bolivar (1783-1830}, José Antonio Pilez (1790-1873} est l'artisan de la séparation du Venezuela et de la Grande Colombie (1829) .

Élu président du Venezuela (1831-1835 , 1838 -1843 }, il prend la tête de la révolte contre le gouvernement conservateur de José Tadeo Monagas (1848}.

Fait prisonnier et condamné à l'exil aux États -Unis (1850}, il est rappelé en 1858 pour organiser l'armée et pacifier le pays , avant de remplir un troisième mandat ( 1861-1863}.

Après avoir unifié son pays, Pilez se mon tre très attentif aux questions d'éducation .

LE BOLI VIEN SANTA C RUZ • Chef de guerre métis , lieutenant du général Antonio José de Sucre, le « libérateur " du pays (1825}, Andrès Santa Cruz (1792-1865} s'empare du pouvoir en 1829 et se fait élire président.

Artisan de la Constitution libérale de 1831 qui abolit l'esclavage , il pacifie le pays, restaure les finances et promeut une série de réformes .

Renversé en 1839 , il s 'exile en France et meurt à Saint-Naza ire.

LE COLOMBIEN SANTANDER • Homme de loi et lieutenant de Simon Bolivar , Francisco Paula de Santander (1792-1840} lutte pour l 'indépendance de son pays (1819}.

Contraint à l'exil après voir conspiré contre le même Bolivar (1828}, il revient en 1830 et participe à la révolution qui aboutit à l'éclatement de la Grande Colombie -Colombie, Venezuela, Équateur et Panama.

Élu en 1832 premier président de la République de Colombie -Colombie et Panama actuels - .

il persécute les partisans du bolivarisme et dissidents à l ' unification , mais mène une politique progressiste , s'attachant en particulier au développement de l'éducation.

Vaincu aux élections de 1837, il abandonne le pouvoir, mais poursuit sa carrière politique comme député de l 'opposition jusqu 'à sa mort.

L' AIGENTIN ROSAS ·D 'origine noble, Juan Manuel Rosas (1793-1877} devient un grand propriétaire et lève une armée.

Chef des fédéraliste en 1828 , il se fait octroyer les pleins pouvoirs et exerce une dictature sanglante (1835-1852).

Cependant, son centralisme autoritaire favorise l'essor de l'économie.

Renversé, il s'exile au Royaume-Uni et meurt à Southampton.

LE MEXICAIN SANTA ANNA • Chef de gue rre a mbitieux , Antonio L6pez de Santa-Anna (1794 -1876 } aide plusieurs présidents à prendre le pouvoir à partir de 1822 avant d 'effectuer lui-même un coup d'État puis de se faire élire président de la République (1833-1836).

Sa politique centralisatrice violente engendre la sécession du Texas en 1835 .

Sa carrière est une suite de complots, d'exils et de courtes périodes de dictatures -sept au tota l.

JI est une dernière fois renversé en 1855 e t meurt dans l'oubli .

LE GUATtMALrtQUE CARR ERA • Métis d'origine indienne et noire, Rafael Carrera (1814 -1865} prend en 1838la tête d 'une révolte populaire contre le gouvernement libéral.

Il s'empare du pouvoir en 1839 et mène jusqu'à sa mort une politique autoritaire et très conservatrice , entravant le développement économique et social du pays .

LE VtN tzu tUEN GUZMÀN BLANCO • Vice-président de la république du Venezue la (1 863-1868}, chef de l'insurrection libérale en 1870 , Antonio Guzman Blanco (1829 -1899 ) devient président provisoire de la République avant d 'être élu en 1873 .

JI gouverne de manière autoritaire.

Incarnation de l'« autocrate civilisa teur"· il moderni s e le Venezuela en s'opposant à la hiérarchie catho lique, en instaurant le maria g e civil, en organisant et en améliorant le fonctionnement de l'adminis tration , en équipant le pays et en reconstruisant Caracas sur le modèle de Paris .

Il quitte le pouvoir en 1888 et se retire définitivement en Europe.

JI meurt à Paris.

LE MEXICAIN DIAz • Avocat d'origine métisse, Porfirio DiiiZ (1830- 1915} acquiert le titre de général en s 'illustrant dans la lutte cont r e l'empereur Max imilien .__ .;:....;;~ -- (1864-1867}.

JI est exilé aux i après s 'être soulevé contre Benito Juarez (1871}.

Mettant fin à une longue période d 'anarchie (1876}, il s'empare de la présidence qu'il conserve jusqu 'en 1911 (sauf de 1880 à1884}.

Établissant un pouvo ir personne l fort -le « porfi riat" dont la devise est « pain et bâton " - .

il développe notablement l'économie mexicaine , favorisant en particulier les investissements de capitaux étrangers .

Renversé par l'alliance du caudi llo Fran cisco Madero (1873-1913} et des révo­ lutionnaires Emilillno Z11ptlf11 et Pan ch o Villa, il se retire à Paris.

FRANCO, VIAl CAUDILLO OU WLGAIRE DIOATEUR • !:Espagne auss i a connu quelques figures d e caud illos, en particul ier durant les g uerres ca rlistes au x1x' siècle.

• En 1936 , l e général Fradsco Awtlco ........

(1892-1975 }, chef d e junte dura nt la guerr e civile d'Esp agne ( 1936-193 9), p rend l e litr e de • Caudillo •.

Le terme s'entend e n espa gnol au sens de « chef, guide », l'équivalent du Duc e e n Italie , o u d u Fü rher e n Alle magne .

• Franco se d istingue toute fois des caudillos hispan o-américains d u XIX' siède.

Tout d'abord, c'est un mil~aire de carrière.

JI est anim é d 'u n esprit de corps et est lié aux officiers qui le suivront par le b iais de son aut or ~é hiérar chiqu e et no n p ar ce l ui d'allég ean ces perso nnelles.

D e plus, ses actes de rébellion sont motivés par u ne i d éologie politique -le rejet du Fro nt Popul aire et de la République - e t non par des inté rêts personnels .

Enfin, Franco instaure une dictatu re mil~aire fondée sur u n parti unique, la Phalange, et c onsolide son régim e en réta blissant la mon archie, dont il s'ln~ue dés 1947 régent à vie.. »

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