Le mercantilisme xvie-xviiie siècle (Travaux Personnels Encadrés – HISTOIRE – TES/TL)
Publié le 25/04/2016
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Recherche documentaire, Pistes de travail & Axes de recherches pour exposé scolaire (TPE – EPI)
LE MERCANTILISME A LA FRANÇAISE, OU COLBERTISME
La forme française du mercantilisme est surtout connue sous le nom que lui a laissé son principal propagateur, Jean-Baptiste Colbert (1619-1683),
d'où le terme de colbertisme. En opposition au bullionisme espagnol, on parle aussi d'industrialisme en
songeant à la politique menée par les rois de France en faveur du développement des manufactures et de leur production pour accroître la richesse nationale.
• Cette option est déjà présente dès le règne de François I\", durant lequel le chancelier Duprat cherche à stimuler systématiquement l'industrie, le commerce extérieur,
la navigation et la basque. Mais c'est surtout avec Colbert que les idées mercantilistes sont amplifiées et systématisées. L'essentiel, pour celui qui est le Premier ministre de Louis XIV sans en porter le titre, est d'attirer et de conserver l'argent dans le royaume. Car, à l'image des spécialistes de son temps, Colbert est convaincu que la richesse d'une nation réside essentiellement dans la quantité de numéraire qu'elle possède. Et pour accroître cette quantité, l'État doit développer les exportations de produits manufacturés et limiter les importations inutiles.
Dès lors, la politique de Colbert s'oriente dans trois directions.
• 1. Adoption de mesures douanières protectionnistes qui taxent l'entrée des produits étrangers : le tarif douanier de 1664, aggravé par celui de 1667, prohibe pratiquement les produits hollandais et anglais (mais il faut y renoncer après 1678).
• 2. Encouragement de l'industrie et du commerce extérieur : formation du système des
«
fondation directe par l'État d'entreprises comme la M11nuf11dure nllfion11le des Gobelins, création de compagnies commerciales pourvues de monopoles et de privilèges (Comp11gnies des Indes orientales
et des Indes occidentales en 1664, Compagnie du Nord en 1669, Compagnie du Levant en 1670).
• 3.
Incitation à l 'expansion coloniale (mais Colbert se heurte à l'indifférence des Français pour les terres lointaines) et développement de la marine : les ports de Cherbourg, Brest, Rochefort, Toulon sont agrandis et aménagés; la construction lllllftlle est stimulée ; une puissante flotte de r-;::=== ï guerre est mise sur pied pour protéger les lignes commerciales et >-rE"""'....,--• 1 les comptoirs lointains; le recrutement des équipages parmi les populations côtières est intensifié (Inscription maritime en 1668) .
LE MERCANTILISME BRITANNIQUE, OU COMMERCIALISME Selon les théoriciens britanniques, la richesse de la nation repose certes sur la monnaie , mais pas thésaurisée comme en Espagne.
Loin d'en faire un tr ésor improductif, elle est assimilée au capital et doit jouer le rôle de moteur des échanges .
Par ailleurs, les mercantilistes anglais veulent bien importer, à condition d'exporter encore davantage dans le but d'obtenir un excédent de la balance des paiements .
• En Angleterre , les mercantilistes s'adressent surtout aux marchands (et non plus au roi, comme en France) :
c ' est de leur soif individuelle de profit qu'ils attendent l'accroissement de la richesse nationale , plutôt que de l'impulsion de l'État.
Grâce au commerce et à l 'enrichissement qui en résulte , le goût du confort et d'un certain luxe doit ainsi se développer ,
nécessitant pour sa satisfaction I'Gchllf de produits m11nuft1durés , et par là même le développement des industries.
• Tout cela ne signifie pas que l'État ne doit pas intervenir.
On attend
notamment de lui qu'il diminue le nombre de jours chômés pour augmenter la quantité de travail, qu'il pratique la tolérance religieuse pour attirer les émigrés étrangers, qu'il acquière des colonies afin d'en tirer des matières premières et y écouler des produits manufacturés, qu'il impose une politique douanière favorable à l'économie nationale ...
• Concrètement , la première grande tendance du mercantilisme anglais (appe lé aussi commercialisme) réside dans un fort protectionnisme de l'agriculture et de l'industrie (aide à
l ' exportation des grains et limitation de leur importation; droits d'entrée sur les tissus étrangers .
..
) .
D'autre part, la colonisation est fortement encouragée par l'État et les compagnies commerciales sont soutenues.
• Le commercialisme anglais met également l'accent sur le développement de 111 m11rine .
Après l'échec de l'Invincible Armada espagnole en 1588, l'Angleterre
navigation, qui donne un monopole aux navires anglais sur le commerce extérieur.
Adopté par Cromwell , cet Acte interdit aux bâtiments étrangers d'importer en Grande-Bretagne autre chose que les produits de leurs nations respectives et réserve à la marine nationale anglaise le monopole du trafic de l'Angleterre avec l'Amérique , l'Afrique et l'Asie .
lES AUTRES APPUCAnONS Ailleurs en Europe, le mercantilisme se limite l e plus souvent à des mesures fragmentaires , notamment au sein des multiples petits États italiens ou allemands, qui ne possèdent ni économie «nationale» ni administration solide.
La Suède mène toutefois une politique active d 'aide à sa marine et à ses manufactures.
Enfin, la Russie adopte tardivement (XVIII' siécle) certains principes mercantilistes qui concernent surtout l'agriculture .
EFFETS ET LIMITES
L'ESSOR tCONOMIQUE ET COMMERCIAL Le mercantilisme, notamment en France et en Angleterre , a incontestablement favorisé l'essor économique, que ce soit dans les activités commerciales, industrielles, minières , btlnc11ires , ou encore à travers l'expansion coloniale.
L'État y a joué un rôle essentiel : il fallait son
appui pour mener à bien des opérations d'envergure telles que les créllflons de m11nuf11dures ou de
capitaux sans précédent ont ainsi été permises .
En ce sens , les théories et prat iques mercantilistes apparaissent dans l'Europe moderne comme un nécessaire préalable au démarrage industriel et capitaliste des XVIII' et XIX' siècles.
• En France, le colbertisme a contribué à émanciper l'économie du cadre étroit des diversités régionales et locales , et du carcan des corporations.
Il a été à
l ' origine de la prospérité de certaines villes (Amiens, Aubusson ou encore Saint-Étienne), de ports de commerce (Nantes , La Rochelle, Bordeaux , Sète), d 'arsenaux (Brest, Rochefort, Toulon), ainsi que de la création de nombreuses routes et voies d'eau (canaux des Deu x Mers, canal d'Orléans).
• Fortes du privilège royal, les m11nuft1dures ont bénéficié du
dispersés .
On peut ainsi avancer que la grande industrie est née en France sous l'effet des pratiques mercantilistes de Colbert .
LES CARENCES DU SYSTÈME Toutefois , les faiblesses des théories et des pratiques mercantilistes n'ont pas tardé à apparaître.
En Espagne, dès le XVI' siècle , le rèsultat du bullionisme est une hausse générale des prix, la paralysie du commerce extérieur et la misère généralisée.
D 'une certaine manière, l'afflux excessif de l'or et de l'argent américains , combiné à une politique mercant iliste qui les a retenus de s'écouler vers l'étranger, a été à l'origine du déclin économique de la péninsule Ibér ique.
• Par ailleurs, le mercantilisme , perçu comme une guerre d'argent aboutit souvent à une guerre tout court : une doctrine et une politique visant explicitement à la ruine des États voisins ne peut en effet que favoriser
une logique belliqueuse.
Ainsi, le tarif protectionniste établi par Colbert en 1667 est la cause directe de la guerre de Hollande.
systématiq uement sacrifiée .
En Angleterre , priorité est donnée à l'élevage des moutons, nécessaire à l'industrie textile .
En France, pour éviter les hausses de salaires, l'État maintient les prix agricoles au plus bas, ce qui explique notamment la misère paysanne sous le règne de Louis XIV.
• Dans le domaine industriel lui-même, l'écart est grand entre les ambitions affichées et les résultats sur le terrain.
Du vivant de Colbert , quelques grands négociants de Rouen ou de Saint-Malo soulignent les dangers du protectionnisme et les menaces de représailles étrangères.
Bien des manufactures et des compagnies disparaissent avant même la mort du ministre .
L'excès de réglementation et un dirigisme tracassier en arrivent à entraver le développement économique qu'ils étaient censés favoriser.
• Enfin, les excès de l'exploittlfion des colonies finissent par provoquer
des révoltes : l'exemple le plus fameux est celle des colons anglais d 'Amérique , qui va donner naissance aux États-Unis .
LA FIN DU MERCANTILISME
Au XVII~ siècle, l'unanimité n'est plus de mise parmi les experts et les ministres des princes .
L'Angleterre (ayant assuré sa prépond érance maritime, coloniale et financière) abandonne les principes essentiels du mercantilisme .
En France , au contraire , le mercantilisme reste de rigueur dans la politique de l'État malgré quelques tentatives de libéralisation et de réforme (par exemple avec Turgot) .
• Durant ce «siècle des Lumières», 1 'expérience menée sous la Régence par le financier John L11w apparaît 1 S'agit-il
Certes, on sait que Law fait de la monna ie le pivot de la vie économique et qu'il préconise une politique monétaire d'État.
Toutefois, le financier n'envisage pas l'accumulation de la monnaie comme un but en soi.
Selon lui, sa circulation est surtout le moyen par excellence de stimuler le commerce et la production.
Et par monnaie, Law n'entend pas nécessairement or ou argent mais aussi monnaie fiduciaire
• Si les pratiques françaises restent peu ou prou mercantilistes tout au long du XVIII' siècl e, les critiques théoriques se font toute fois de plus en plus vives.
Dès 1695 , Pierre de Boisgui lbert, dans Le Détail de la France , estime que la richess e ne réside point tant dans l'accumulation de la monnaie que dans la drcultlfion des mt~rch11ndises .
Il annonce ainsi les reproches formulés contre le mercantilisme par les physiocra tes et les économistes libéraux .
POSTÉRITÉ DU MERCANTILISME
Le mercantilisme a sans conteste répondu aux nécessités d'une époque; les besoins évoluant, les réponses devaient aussi changer , ce qui explique sa disparition (le libér11/isme et le Ct1pit11 lisme prenant le relais) .
ft!'!"""---~ cependant , l~ti)SJ.I.,!l.l&-.
..
li'influence des
~~~..!!..~-=~ ~~
théories mercantilistes est encore
l•lllll!!!i• ll• l percept ible dans l'histoire récente .
Ainsi , le désir d 'enrichir ._ _ _ __ ..
le pays , de
maintenir sa balance excédentaire, de stimuler les activités économiques nationale s et de les protéger contre la concur rence étrangère est un souci qui reste actuel (notamment dans les périodes de crise , à l'image de celle de 1929) .
Mais, surtout la pensée mercantiliste apparaît comme le premier effort pour analyser de façon précise et technique les phénomènes économiques , comme u n e contribution essentielle à
l ' inventio n d'une science de l'économie ..
»
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