Le Front populaire (Travaux Personnels Encadrés – HISTOIRE & CIVILISATION - Enseignements Pratiques Interdisciplinaires) DU FRONT ANTIFASCISTE AUX CONQUETES SOCIALES
Publié le 02/05/2016
Extrait du document
et l'Italie mussolinienne.
La question provoque de profondes dissensions entre les différents partenaires du Front populaire. Les communistes et une partie de la SFIO sont favorables à une intervention, les radicaux y sont totalement hostiles.
Léon Blum hésite. Finalement, il se résout au principe de non-intervention. Sa décision est motivée par le souci de ne pas s'aliéner le parti radical, mais aussi de maintenir l'alliance avec l'Angleterre, qui prône la neutralité.
En août à l'instigation de la France, un pacte de non-intervention est signé par les principales puissances européennes. Mais l'Allemagne et l'Italie l'enfreignent ouvertement, envoyant hommes et matériels aux franquistes. En réaction, les communistes s'abstiennent lors du vote de confiance sur la politique étrangère du gouvernement (4 décembre) et réclament « des avions et des canons pour l'Espagne ».
De la dévaluation du franc à la pause des réformes
Malgré les espérances, les mesures de l'été 1936 ne parviennent pas à redresser la situation économique.
La production stagne, le déficit commercial s'accroît, la dette publique explose. La hausse des prix limite la portée de la revalorisation des salaires. Seul le nombre de chômeurs décroît quelque peu. L'hostilité du patronat et de la bourgeoisie, mais également l'application trop brutale de la semaine de 40 heures compromettent le rétablissement. Fin septembre, contrairement à ses promesses, le gouvernement est contraint de procéder à une dévaluation du franc, qui provoque une baisse du pouvoir d'achat. À l'enthousiasme des premiers temps succède le mécontentement.
La fuite des capitaux se poursuivant Léon Blum cherche à rassurer les milieux financiers : le 13 février 1937, il décrète une pause dans les réformes sociales.
La chute du gouvernement
Pour tenter de rétablir la situation, Blum demande les pleins pouvoirs financiers, qui lui permettraient de gouverner par décret. La Chambre les lui accorde. Mais devant le refus du Sénat, il démissionne le 21 juin 1937.
JEAN RENOIR, UN CINÉASTE ENGAGÉ
Le metteur en scène Jean Renoir (18941979) demeure la figure emblématique de l'engagement militant des artistes au service du Front populaire. Antifasciste et pacifiste, le fils du peintre Auguste Renoir se rapproche du parti communiste au lendemain du 6 février 1934. Les films qu'il réalise durant ces années marquent l'apogée du « réalisme poétique ». Ils mettent en scène, avec un humanisme parfois naïf, des personnages issus du peuple, dans un contexte social marqué par la crise (Les Bas-Fonds, 1937, La Béte humaine, 1938). Le Crime de M. Lange (1936), dont le scénario et les dialogues sont signés par Jacques Prévert, exalte la fraternité du monde ouvrier, par opposition à la vénalité du patronat.
«
Les socialistes au pouvoir Un mois plus tard, le 4 juin, Léon Blum forme son cabinet.
Pour la première fois, la France est dirigée par un gouvernement à majorité socialiste.
Celui-ci ne compte que des ministres socialistes et radicaux.
Les communistes refusent en effet d'entrer dans un gouvernement« bourgeois » mais ils promettent leur soutien.
C'est la stratégie dite du «soutien sans participation ».
Le nouveau cabinet se distingue par deux points : • trois femmes sont nommées sous secrétaires d'Éta~ alors même que les femmes n'ont pas le droit de vote et ne sont pas éligibles : Cécile Brunschvicg à l'Éducation nationale , Suzanne Lacore à la protection de l'enfance et Irène Joliot-Curie à la recherche scientifique; • un sous-secrétariat aux Loisirs et aux Sports est créé ; il est confié à Léo Lagrange.
LES GRANDES GRÈVES (MAl-JUIN) Trois millions de grévistes La victoire du Front populaire suscite un immense espoir chez les travailleurs.
Déjà entre les deux tours de scrutin, des grèves sporadiques et des débrayages avaient éclaté un peu partout en France .
Mais après le second tour , le mouvement s'amplifie de façon spectaculaire.
Au cours du mois qui s'écoule avant la formation du gouvernemen~ le pays est peu à peu paralysé par trois .
millions de grèvistesSeuls les services publics fonctionnent encore.
Fait nouveau, les usines et les lieux de travail sont occupés .
Tous les domaines d'activité du secteur privé sont touchés.
En elfe~ les grèves ne concernent pas seulement les ouvriers mais aussi des catégories plus proches des classes moyennes , tels que les employés des grands magasins à Paris ou les garçons de café.
Ces grèves ne sont pas révolutionnaires mais elles manifestent la volonté de changement social des travailleurs, depuis toujours brimés et soumis à l'autorité patronale.
Un mouvement spontané, inattendu et joyeux Les grèves de mai-juin présentent des caractères originaux.
Elles ont commencé spontanément, sans qu'aucun mot d'ordre soit lancé par les organisations syndicales, d'ailleurs vite débordées.
Elles se déroulent dans une atmosphère joyeuse et fraternelle.
l'immense partie de la population
soutient les grévistes, n'hésitant pas à veiller à leur ravitaillement.
Les occuptdions d'usines se font sans heurt.
Nulle part les outils de travail
ne sont détériorés.
Dans les grands magasins , les employés dorment même entre les lits exposés ! Mais ce mouvement inattendu surprend par son ampleur.
Inquiet et impuissant, le patronat y voit les prém isses d'une révolution communiste.
Léon Blum craint, lui, qu'il n'entraîne la rupture avec ses alliés radicaux.
UNE IMPORTANTE ŒUVRE LÉGISLATIVE Les accords de Matignon Pour débloquer la situation, Léon Blum réunit les délégués du patronat et de la CGT à l'hôtel Matignon , le 7 juin.
Les discu ssions aboutissent à la signature des accords de Matignon.
Les mesure s annoncées vont plus loin que le programme initial du Front populaire , mais elles satisfont les revendications des grévistes : • augmentation des salaire s de plus de 7 à 15%; • élection de délégués du personnel dans les entreprises de plus de 10 salariés .
• généralisation des conventions collectives.
• respect du droit syndical dans les entreprises.
Le 11 juin, Maurice Thorez appelle les grévistes à reprendre le travail.
Le mouvement reflue progressivement.
Les réformes économiques et sociales Dans la foulée des accords de Matignon , le Parlement vote une série de textes importants qui modifient en profondeur les relations sociales dans le monde du travail.
Il s'agit de lutter contre la crise par l'augmentation du pouvoir d'achat
et de favoriser la création d'emploi grâce à la diminution de la durée du temps de travail.
Des réformes de structure sont également adoptées.
• La durée légale du temp s de travail passe de 48 à 40 heures par semaine, sans réduction de salaire.
• Les premiers congés payés sont
instaurés (15 jours annuels).
• La scolarité est rendue obligatoire jusqu'à 14 ans.
• l'Office interprofessionnel du blé est créé afin de garantir le pouvoir d'achat des agriculteurs.
Par ailleurs , la Banque de France passe sous le contrôle de l'État et les industries d'armement sont nationalisées .
Un vaste programme de modernisation des armées est enclenché.
De fait, le Front populaire entreprend un effort important pour le réarmement du pays.
La culture et les loisirs favorisés le Front populaire , que soutiennent de nombreux artistes et écrivains, se distingue également par ses mesures visant à démocratiser l'accès à la culture et aux loisirs :
• développement des auberge s de jeunesse ; • instauration des billets de chemin de fer à prix réduits ; • création d'organisations d'éducation populaire et de centres de vacances ; • encouragement à la pratique du sport et de l'éducation physique; • aide à la culture par le biais de fortes subventions accordées aux musée s et aux théâtres.
( À Paris, inauguration du Palai s de la Découverte .)
LES ÉPREUVES ET LES DÉSILLUSIONS
L'euphorie qui accompagne les premiers pas du gouvernement s'effiloche bientôt.
Dès l'automne , l'opposition se réveille et les difficultés s'amoncellent Des divisions apparaissent aussi au sein de la majorité.
LE RÉVEIL DE L'OPPOSITION L'hostilité du patronat D'abord dépassée par la tournure des événements, l'opposition ne tarde pas à se ressaisir .
Le patronat dénonce l'augmentation des nouvelles charges socia les pesant sur les entreprises et multiplie les manœuvres pour freiner l'application des accords de Matignon .
la droite stigmatise la politique en faveur des loisirs , ironisant sur « le ministère de l a pare sse , de Léo Lagrange .
Une partie des dirigeants d'entreprise refu s e d'embaucher .
Parallèlement, les milieux financiers organisent la fuite des capitaux à
l 'étranger et se livrent à une spéculation active contre le franc , ce qui contribue à déstabiliser une économie déjà fragile.
L'extrême droite se déchaîne En application de son programme électoral, le gouvernement ordonne, par décre~ la dissolution des ligues , en juin 1936 .
Mais celles-ci renaissent bientôt sous l a forme de part is politiques : parti social français du colonel de La Rocque , parti populaire français de Jacques Doriot , ex-
DIFFICULTÉS EXTÉRIEURES ET INTÉRIEURES La non-intervention en Espagne le 18 juillet 1936 , le pronunciamiento (coup d 'État) du général Franco contre le gouvernement républicain du Frente Popular, au pouvoir depuis lévrier , marque le début de la guerre civile espagnole.
Madrid demande l'aide de la France face aux insurgés nationalistes , que soutiennent militairement l'Allemagne hitlérienne
et l'Italie mus solinienne .
La question provoque de profondes dissensions entre les différents partenaires du Front populaire.
Les communistes et une partie de la SFIO sont favorables à une intervention , les radicaux y sont totalement hostiles .
léon Blum hésite .
Finalemen~ il se résout au principe de non-intervention .
Sa décision est motivée par le souci de ne pas s'aliéner le parti radical , mais aussi de maintenir l'alliance avec l'Angleterre, qui prône la neutralité .
En aoû~ à !Instigation de la France , un pacte de non-intervention est signé par les principales puissances européennes.
Mais l'Allemagne et l'Italie l'enfreignent ouvertemen~ envoyant hommes et matériels aux franquistes.
En réaction , les communistes s'abstiennent lors du vote de confiance sur la politique étrangère du gouvernement (4 décembre ) et réclament « des avions et des canons pour l'Espagne >>.
De la dévaluation du franc à la pause des réformes Malgré les espérances, les mesures de l'été 1936 ne parviennent pas
à redresser la situation économique.
La production stagne, le déficit commercial s'accroit, la dette publique explose.
La hausse des prix limite la portée de la revalorisation des salaires.
Seul le nombre de chômeurs décroît quelque peu.
l'hostilité du patronat et de la bourgeois ie, mais également l'application trop brutale de la semaine de 40 heures compromettent le rétablissement.
Fin septembre, contrairement à ses promesses, le gouvernement est contraint de procéder à une dévaluation du franc , qui provoque une baisse du pouvoir d'achat.
À l'enthousiasme des premiers temps succède le mécontentement.
La fuite des capitaux se poursuivan~ Léon Blum cherche à rassurer les milieux financiers : le 13 février 1937 , il décrète une pause dans les réformes sociales.
La chute du gouvernement Pour tenter de rétablir la situation, Blum demande les plein s pouvoirs financier s, qui lui permettraient de gouverner par décret.
La Chambre les lui accorde.
Mais devant le refus du Sénat , il démissionne le 21 juin 1937.
JEAN RENOIR.
UN CINÉASTE ENGAGÉ
Le metteur en scène Jean Renoir (1894 - 1979) demeure la figure emblématique de l'engagement militant des artistes au service du Front populaire.
Antifasciste et pacifiste, le fils du peintre Auguste Renoir se rapproche du parti communiste au lendemain du 6 février 1934.
les films qu'il réalise durant ces années marquent l'apogée du «réalisme poétique ».Ils mettent en scène, avec un humanisme parfois na~.
des personnages issus du peuple, dans un contexte social marqué par la crise (Les Bas-Fonds, 1937, La Bête humaine, 1938).
Le Crime de M.
Lange (1936), dont le scénario et les dialogues sont signés par Jacques Prévert.
exalte la fraternité du monde ouvrier, par opposition à la vénalité du patronat Dans La Règle du jeu (1939 ), il brosse un portrait acide des mœurs de la bourgeoisie.
Financée grâce à une souscription levée par la CGT, La Marseillaise (1938) évoque, sous couvert de reconstitution historique , l'attente et
LA DISLOCATION La chute du cabinet Blum amorce le mouvement qui conduit à la dislo cation du Front populaire , en avril 1938.
Le radical Camille Chautemp s est nommé à Matignon .
Léon Blum devient vice-président du Conseil.
Les socialistes acceptent de participer au nouv eau cabinet , mais celui-ci se contente de gérer les affaires courante s.
Seule mesure d 'impm1ance : la nationalisation et le regroupement des nombreuses sociétés de chemins de fer, qui donne naissance à la SNCF.
Un second ministère Chautemps, sans la SFIO cette fois, est formé en janvier 1938 .
Le 13 mars 1938 , Léon Blum est rappelé à la présidence du Conseil.
Mais ce retour est éphémère : début avril, le Sénat lui refuse à nouveau les pleins pouvoirs financiers .
le radical Édouard D aladier lui succède le 10 avril.
li s'appuie sur la droite pour former son ministère, qui ne compte aucun socialiste.
La coalition des partis de gauche a vécu.
Par décrets-lois (12 novembre) , le gouvernement décide d'aménager la loi des 40 heures pour, selon l'expression du président du Cons e il,« remettre la France au travail ».
La CGT riposte en appelant à la grève générale (30 nov.).
C'est un échec retentissant.
La mobil isation est faible, signe du découra gement des ouvriers , et le mouvement durement réprimé par les force s de l'ordre .
Les espoirs dé~us la formation du cabi net Daladier marque la fin de l'exercice du pouvoir par le Front populaire , dont le bilan est mitig é .
S'il n'a pas réussi à sortir la France du marasm e économique , son œuvre législative a profondément modifié les structures économiques, sociales mais aussi culturelles du pays.
Ces deux années de gouvernement ont exacerbé les passions politiques .
Le régime républicain en sort affaibli .
De profondes fracture s idéologiques traversent l'opinion française , alors que les ambitions hitlériennes menacent plus que jamais la paix en Europe .
l'espoir qui animent les masses populaires en 1936.
Tournée alors que grandit la menace de guerre en Europe, Ill Grande Illusion (1937) incarne les valeurs de paix défendues par le Front populaire .
Ce film pacifiste, mettant en scène des soldats français et allemands pendant la bataille de Verdun, est un appel au rapprochement et à l'amitié entre les peuples, par-.
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