Le film documentaire (Exposé – Art & Littérature – Collège/Lycée)

« LA CAPTATION DU RÉEL SELON FREDERICK WISEMAN Frederick Wiseman s'i ntroduit dans des institutions américai nes (hôpitaux, corps de ballet parcs zoologiques), où il filme des événements sans entrer en relatio n avec les gen s.

Il prôn e llm p assibilrté et le n o n-interventionnisme.

Grâce à un montage élaboré, il parvient ensuite à rendre compte des dysfonctionnements du système.

Tiûcut Follies (1967) est tourné dans un hôpital psychiatrique, Law and Order (1969) au sein de la police.

la réalité quotidienne des gens, s'approcher de leur vérité au lieu d'appliquer un discours préétabli .

Leur mouvement préfigure le cinéma direct: 0 Dreamland (1953 ) de Lind say Anderson , Together (1954 - 1956) de Lorenza Mazzetti et Lindsay Anderson , We are the Lambeth Boys (1959) de Karel Reisz .

LE CINtMA DIRECT Trois équipes ont contribué à la naissance du cinéma direct: l 'Office national du film à Montréal (I'ONF) , le Comité du film ethnographique à Paris et la Drew 1-- ---- ----- - --1 Associates aux États-Unis .

de vulgarisation aux formes poétiques (Le Bernard-l'ermite , 1930).

Marcel Griaule , lui, pose les bases du cinéma anthropologique (Pays dogon, 1935).

Quelques films tournent autour , de la vie quotidienne: Le Sang des b ê tes (1949) de Franju , Goémon s (1948 ) de Yannick Bellon , Le Ferronnier (1955 ) de Mario Marre! et les courts­ métrages de Georges Rouquier (Le Tonnelier , 1942 ).

Ce dernier demande à des paysans de l'Aveyron de jouer leur vie dans un film LES ANNÉES 1960 OU LA RÉVOLUTION DU CINÉMA DIRECT À la recherche d'un cinéma plus proche des hommes, les documentaristes souhaitent désormais suivre dans leurs déplacements les personnes qu'ils filment et enregistrer leur parole en toutes circonstances.

Ils ont besoin d'un matériel maniable (permettant de filmer à l'épaule ) et du son synchrone .

À partir des années 1960 , non seulement des caméras plus légères et de nouvelles pellicules sensibles font leur apparition, mais un magnétophone portatif est inventé .

Ces progrès seront parachevés par la création d 'une caméra silencieuse.

LE FREE C INEMA Le mouvement du free cinéma (1957- 1959) se situe dans la lignée de l'école anglaise.

S'inspirant de John Grierson , ses représentants veulent filmer Au Québec, I'ONF (fondé par John Grierson en 1939) participe en 1958 au lancement d'une série télévisée documentaire appelée Candid Eye.

Le parti pris est le suivant : il s'agit de filmer les événements au téléobjectif (et donc à distance) en conservant sa neutralité .

Un chef opérateur de I'ONF , Michel Brault , rompt pourtant avec cette approche dans Les Raquetteurs (1958) .

Il choisit de tourner en grand-angle et donc d'entrer dans les groupes qu'il filme .

Ce film coréalisé avec Gilles Groult donne naissance au cinéma direct canadien et attire l'attention du cinéaste français Jean Rouch.

Celui-ci fait appel à Michel Brault , qui l'assist e sur Chroniqu e d 'un été ( 1960), film coréalisé par Edgar Morin.

Rouch utilise alors un prototype de caméra ultralégère et silencieuse et un magnétophone portatif permettant le son synchrone .

Ce film sur la société parisienne devient le manifeste du "cinéma vérité "· Pour la premiè re fois e n France, on est au plus près des gens filmés et de leurs émotions.

Restant en France, Michel Brault travaille ensuite pour le réalisateur Mario Ruspoli (Les Inconnus de lo terre , 1961 ; Regard sur la folie , 1962 ).

En 1963, avec Michel Brault toujours , le Québécois P ierre Perrault tourne un des chefs-d'œuvre du cinéma direct, Pour la suite du monde .

Le film se passe sur une ne du Saint-Laurent où des pêcheurs reprennent la pêche du marsouin .

La même année , Chris Marker s'inspire de Chronique d 'un été pour Le Joli Ma i Cinéaste engagé, il réalisera par la suite des films très personnels sur des luttes politiques et sociales (Le Fond de l'air est rouge, 1977) .

Aux États-Unis, Richard Leacock , Robert Drew , D .

A .

Pennebaker et Albert Maysles fondent la Drew Associates (1959 -1963) .

Oppos és au cinéma vérité, ils s'immergent dans les situations qu'ils filment, mais sans les perturber .

Ils utilisent donc les nouvelles techniques légères au nom d'une autre esthétique documentaire , le cinéma non fictionnel.

Leur démarche se concré tise à travers le film Primary (1960 ).

Quatre équipes de deux hommes (son et image) suivent Kennedy en campagne électorale pendant cinq jours .

Ils marchent à ses côtés, mais ne l'interviewent pas.

À partir de 1963, Pennebaker se consacre à des films musicau x (Don 't Look Bock , 1967).

Albert et David Maysles filment le producteur Joseph Levine dans Showman (1963) .

À la même époque, un cinéaste plus en marge , Emile de Antonio , dresse un réquisitoire contre le maccarthysme en s'appuyant uniquement sur des images d 'audience de l'époque (Point of Order , 1963 ).

DES PRODUCTIONS NATIONALES Après une période d'expérimentat ion, les nouvelles techniques des années 1960 se banalisent.

Des documentaires sont produits dans de nombreux pays , sans pour autant que l'on puisse distinguer des écoles nationales.

L E DOC UMENTAIRE FRANÇAI S Après Nuit et B rouillard (1956) d 'Alain Resnais, qui montrait des images alors inédites des camps de la mort , deux films majeurs reviennent de manière très différente sur la Seconde Guerre mondiale : Le Chag ri n et la PiW (1969) de Marcel Ophu ls, en collaboration avec Andr é Harris , traite de la collaboration ; Shoah (1985 ) de Jacques Lanzmann est un travail d'investigation visant à recueillir des témoignages sur la déportation.

Certains cinéastes de la "nouvelle vague" alternent fiction et documentaire.

Louis Malle interviewe des passants dans Place de la République (1974) .

Fasciné par le cinéma du réel, Jean -Luc Godard filme des rencontres pour la série Six Fois deux , sur et sous la cammunicaûon (1976) .

Jean Eustache travaille un même thème dans deux films tous deux intitulés La Rosière de Pessac (1968 et 1979 ).

Alain Cavalier se concentre sur des portraits de femmes au travail (Portraits, 1991 - 1992 ).

Bertrand Tavernier se penche En 1998 , Pierre Caries signe un documentaire polémique sur les connivences entre journalistes et hommes politiques (Pas vu pas pris).

lES AUTRE S PAYS EU ROPtENS En Suisse, on distingue les travaux de Richard Dindo (Des Suisses dans la guerre d'Espagne , 1973 ) et les films ethnographiques de Claude Champion (Le Mau/in Develey sis à la Quiel/e, 1971) ou de Jacqueline Veuve (Les Lettres de Stalingrad , 1972) .

Né en 1907 , le Belge Henri Starck a réalisé ou coréalisé 70 films, parmi lesquels des films ethnographiques (Fêtes de Belgique , 1969-1972).

D'autres films belges sont à noter , tels que Variations sur le geste (1962) de Luc de Heusch et Un jour les témoins disparaîtront {1979) du Flamand Franz Buyens .

En Italie, une des figures du documentaire est le cinéaste Vittorio De Seta (Bandits à Orgoso/o , 1962).

La chute de la dictature au Portugal a enge ndré la naissance d'un cinéma militant avec Barronhos , qui a peur du pouvoir populaire ? (1976) de lui s Filipe Rocha et Bon Peuple portugais (1980 ) de Rui Simôes.

Depuis la chute du bloc communiste, de nombreux films documentaires ont été découverts , tels les films de l'Arménien Artavazd Pelechian (Les Saisons , 1982 ).

Dans les années 1970, la Lettonie connaît un essor grâce à des documentaristes comme Herz Frank ou Ansis Epners .

Un cinéaste de fiction et de documentaire domine le cinéma soviétique: Alexandre Sokourov (Élégie soviétique , 1990).

L' AMtRIQU E LATINE ET L'Asi E Les pays d'Amérique latine se servent du documentaire pour faire émerger une parole nationale .

Au Brésil, on peut citer Garrincha , joie du peuple (1963) de Joaquim de Andrade ou Viramundo (1965) de Geraldo Sarno .

D'autres cinéastes émergent en Colombie , en Argentine , au Venezuela .

L'Heure des brasiers (1968) des Argentins Fernando Solanas et Octavio Getino est une fresque politique sur l'oppression en Amérique latine .

En Asie , on retiendra particulièrement les films des Japonais Shinsuke Ogawa (Un été à Narita , 1968 ) et Noriaki Tsuchimoto (Minamata , les vidimes et leur mande, 1971) .

Plus récemment, le Cambodgien Rithy Panh a réalisé S21, la machine de mort khmère rouge (2002).

U N ART FRAGILE MAIS DES ARTISTIS CONSACRtS Souvent jugé trop série ux par le grand public , le documentaire de création survit surtout dans les pays où il est soutenu par une politique culturelle forte.

La télévision le copro duit mais c'est souvent pour en présenter les formes les plus convenues.

En France , depuis l'immense succès télévisé de L 'Odyss é e de l'espèce (2003) de Jacques Malaterre, le petit écran se tourne vers le docu -fiction .

Si le documentaire reste donc un genre confidentiel, certains documentaristes voient pourtant leur travail consacré: le Néerlandais Johan Van der Keuken (La Jungle plate , 1979 ), la réalisatrice belge Chantal Akerman (De l'autre côté, 2002), les Français Raymond Depardon (Délits flagrants , 1993 ) et Agnès Varda (Les Glaneurs et la Glaneuse, 2000), l'Anglais Peter Watkins (Edvard Munch, 2005).

Récemment et à la surprise générale, quelques documentaires sortis en salles ont été de grands succès populaires en France.

C'est le cas de Être et a voir (2002) de Nicolas Philibert , ~r...:.:~•llii l!l sur une école de à Cannes , elle Monde selon Bush (2004) de William Ka rel.

Ce nouve l engouemen t du public pour le documentaire en salles est peut-être le signe d 'une évolution positive .

FACE À UN RITUEL DE TRANSE : LES MAITRES FOUS (1954·1955) Au Ghana, l'ethnologue et cinéaste Jean Rouch est convié par des ha bitants à filme r u n rituel d e transe haouka.

Pendant le to urnage, il ne com pre nd pas l'exacte significatio n d e ce rituel.

Par la su rte, il enregistre un commentaire expliq uant comment les partici p ants exorcise n t le poids du colon ialism e en mimant les Blancs .

Il refuse alors un discours did a ctique et raconte plutôt une expérience vécue.

Le film , qui m ontre des Africains en train de baver et de sacrifier des animaux, suscitera la controverse tout comme l'admiration .. »