L'apartheid: un système de discrimination ethnique (Travaux Personnels Encadrés – HISTOIRE & CIVILISATION)
Publié le 30/04/2016
Extrait du document
Recherche documentaire, Pistes de travail & Axes de recherches pour exposé scolaire (TPE – EPI)
Les prémices
• Les prémices d'une politique de ségrégation apparaissent au début du XXe siècle. Des «réserves» africaines sont créées en pays zoulou, xhosa et sotho. En 1910,
la Constitution de l'Union sud-africaine supprime le droit de vote aux Noirs du Natal, de l'Orange et du Transvaal, ceux du Cap le conservant provisoirement.
• En juin 1913, interdiction est faite aux Noirs d’acheter des terres dans les zones décrétées «blanches», soit sur près de 90 % du territoire. Cinq ans plus tard, l'ultranationaliste
Daniel
* François
Malan fonde un mouvement qui va jouer un rôle essentiel dans 'installation du système de ségrégation ethnique en Afrique du Sud.
• Cette «Ligue des frères», organisée en société secrète en 1921, recrute essentiellement des membres blancs, calvinistes et de langue afrikaans. Elle étend très vite son influence dans les milieux politiques, dans l'administration et l'éducation.
L« MISE EN PLACE_
En 1948, les partisans de l'apartheid arrivent au pouvoir C’est le début
d’une politique de ségrégation raciale sans précédent qui va perdurer jusqu'en 1994. Cette politique frappe tous les groupes ethniques non-blancs, mais elle est conçue avant tout à rencontre de la communauté noire, dont la masse numérique est perçue comme une menace pour le maintien de la suprématie blanche. L'apartheid comporte deux volets : le premier vise à renforcer au maximum
Afrique du Sud de 1948 à 1994.
«
des cités nouvelles (les townships) comme Soweto , dans la grande banlieue de Johannesburg .
• D'autres mesures imposent une stricte séparation dans les services et
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les lieux publics .
La sé gr é gation touche les moyens de tran sport, les salles de spectacle , les restaurants, les bancs publics, les toilettes, les plages , les piscines , etc.
Partout sont délimités des espaces interdits aux non-Blancs.
La présence des Noirs est limitée à soixante-douze heures dans les villes blanches .
Les seuls contacts mixtes tolérés sont ceux qui s'inscrivent dans l'univers professionnel.
Mais encore sont-ils teintés d'un fort paternalisme, voire d'un rapport de «maitre à serviteur ».
Et la politique du job reservation empêche les non-Blancs d'accéder aux emplois qualifiés .
• Dans les années 1950, l'apartheid est étendu au système éducatif avec la promulgation de la loi sur l'éducation des Noirs .
Cette dernière précise que « l'éducation des indigènes doit être fondée sur les principes de la tutelle, de l 'inégalité et de la ségrégation» .
L ' accès des universités anglophones est désormais interdit aux étudiants noirs, et trois universités sont créées pour eux dans les réserves (les universités afrikaans ayant été, dès l'origine , interdites aux étudiants de couleur ).
L E DtvEL OPPEMENT StPARt Pour l'essentiel, les grandes lois de ségrégation sont toutes adoptées avant 1959 .
Elles vont , avec des modifications diverses , rester en vigueur durant plusieurs décennies .
Mais , à côté de ces mesure s dites «négatives » , les partisans de l'apartheid mettent en avant le volet« positif » de leur politique : la mise en place d 'États destinés à devenir indépendants (les b a ntou stans) regroup ant les populations noires par ethnies .
Le grand promoteur de ce système est Hendrik Verwoerd, d'abord comme ministre des Affaires indigènes puis, à partir de 1959 , en tant que Premier ministre .
Rebaptisés «foyer s nationaux » (homelands) en 1970, les bantoustans sont en fait le dernier avatar des réserves établies en 1913 , lambeaux des territoires sur lesquels vivaient et se déplaçaient les tribus africaines au moment de la conquête européenne.
De huit en 1959 , le nombre des bantoustans passera finalement à dix : Transkei, Bophuthaswana , Venda , Ciskei, Kwazulu , Qwaqwa, Lebowa , Gazankulu, Kangwane et Kwandebele.
lES B ANTOUSTANS • Trois principes président à leur mise en place : délimiter l'espace territorial affecté en priorité aux différentes ethnies noires ; assurer le développement dans le cadre d'une écqnomie essentiellement agraire; mettre en place une infrastructure administrative adaptée aux traditions de ces populations afin qu'elles puissent disposer d'une réelle autonomie de gestion .
Les autorités
sud-africaines présentent même ces bantoustans comme des colonies dont on commencerait le processu s de décolonisation.
• Dans les faits, il s'agit d 'abord, en constituant une constellation d'États noirs autour d'une Afrique du Sud blanche, de laire des Noirs des étranger s dans leur propre pays : les citoyens des bantoustans perdent leur nationalité sud-africaine , tout Noir (même établi en zone blanche ) devenant citoyen du bantou stan attribué à son groupe ethnique .
Par ailleurs , malgr é la multiplication des symboles destinés à affirmer l'authenticité de ces États (drapeau , hymne, capitale , parlement , ministres ...
),les Afrikaners gardent le contrôle sur les questions de défense , de polit ique étrangère, de sécurité interne et de monnaie .
De fait, aucun de ces bantoustans ne sera reconnu par l'ONU .
• Accédant progressivement à l'autonomie , puis (pour quatre d'entre eux) à l '< dndépendance » , ces territoire s vont se révéler des enclaves de pauvreté sous perfusion économique , totalement tributaires des subventions de la République sud-africaine .
Dans les années 1980, le Ciskei , par exemple , figure au nombre des pays les plus pauvres du continent.
La situation de ces bantoustans est d 'autant plus détériorée que des transferts de populations sont effectués à plusieurs reprises en leur direction afin d'effacer les «taches noires » (black spots ) de certaines régions blanches voisines .
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Quelques Blancs s'élèvent contre l'apartheid , mais l'opposition la plus virulente va venir des mouvements nationalistes métis, indiens et surtout noirs .
À la radicalisation du pouvoir blanc répond celle de la contestation au sein de ces différentes communautés .
L'ANC Au début des années 1950 , les effectifs de I 'ANC (African National Congr e ss , mouvement nationaliste
noir fondé en 1912) passent de 25000 à 100 000 membres .
Une vaste campagne de désobéissance civile est organisée, qui se solde par l'emprisonnement de plus de 8 ooo personnes.
• Les premiers troubles graves ont lieu en mars 1960 à Sharpe vil/e, un
township de la province du Transvaal : 69 manifestants y sont tués .
La police affirme avoir dû tirer pour se défendre , mais la plupart des victimes ont été touchées dans le dos ...
Quelque s jours plus tard , I'ANC est déclaré illégal , et près de 18 ooo personnes sont arrêtées .
NELSO N M ANDELA • Un des dirigeants du mouvement, Nelson Mandela, entre en clande stinité et fonde une branche armée .
Après dix sept mois de traque , il est arrêté en août 1962 (avec d'autres responsables du mouvement ) et condamn é il la prison il vie pour haute trahison .
Le parti communiste clandestin est lui aussi décapité par plusieurs coups de filet de la police.
l'opposition politique va désormai s agir principalement depuis l'étranger .
• Pretoria considère alors avoir maté la résistance africaine.
Les années 1970 vont cependant être le thé~tre de la radicalisation de la jeunesse universitaire et urbaine noire sous l'égide notamment d'une organisation étudiante fondée en 1968 par Steve Biko , la Black Consciousness.
C'est sous l'impulsion de ce mouvement à la fois hostile au marxisme , à la violence et à toute collaboration avec les Blancs que la jeunesse des townships se mobilise au cours de l'année 1976, aprè s la décision du gouvernement d'imposer aux élèves noirs l'usage de l'afrikaans .
Sowno • Le 16 juin, à Soweto, la police ouvre le feu pour disper ser une manifestation d'adolescents .
Un jeune Noir de treize ans est tué.
Dans les jours qui suivent ,
l'e nsembl e des town ship s.
Face à cette situation .
le pouvoir sud-africain se radicalise .
Plusieur s milliers de personnes sont arrêtées et condamnées .
La répre ssion fait plus de 1 500 victimes .
En octobre 1977 ,
la Black Consciou sness est dissoute, et Steve Biko , arrêté , meurt après avoir été torturé par la police.
l'année suivante , Robert Sobukwe , dirigeant d'un autre mouvement de résistance, le PAC (Congrès pan-africain ), meurt lui aussi en détention .
Les journaux sont censurés ou interd its.
Les bannissements, châtiments corporels et exécutions capitales se multiplient dans un pays
mis au ban de la communauté internationale .
• Devenu Premier ministre en 1978 , puis président de la République (1984 -1989 ), Botha
De Klerk donne des signes de bonne volonté :en lévrier 1990, il légalise les partis d 'oppo sition , annonce la suppression des grandes lois qui ont fondé l'apartheid et, surtout f ait libérer ,.
Nelson Mandela aprè s vingt-se p~ ans I de captivité .
Devant d e telles avancée s, I'ANC suspend la lutte armée.
Vus UNE AFRIQU E DU S uD NON RACIALE En décembre 1991 débutent des économique du pays , associe au pouvoir négociations ayant pour object if les méti s et les Indiens mais ignore d'élabore r une nouvelle Constitution .
totalement la communauté noire .
Cependant l 'agitation des mouvements
l'opposition est notamment incarnée par la figure de l'évêque Desmond Tutu (qui reçoit le prix Nobel de la paix
la même anné e).
Pieter Botha tente d 'assouplir l'apartheid et annonce une série de réformes .
Mais ces promes ses ne font pas cesser les troubles : l'état d'urgence est alors instauré et, courant 1986 , plus de 30 000 personnes sont arrêtées.
LA FIN DE L'APARTHEID
LES CAUS E S La persistance de la violence à partir de 1984 est l'une des causes qui explique la fin du système de l'apartheid.
La répression policière et militaire , les éme utes et les massacres (parfois entre les opposants au régime -ANC et
lnkatha à dominante zouloue) ont fait la une de la pres se partout dans le monde .
De plus , les sanctions économiques impo sées par la communauté internationale ont incontestablement aggravé la situation du pays.
Enfin, si les Afrikaners ont renoncé au régime discriminatoire , c'est aussi parce qu'ils étaient convaincus qu'ils pourraient conserver la majorité des fonctions de commandement (grandes entreprises , fonction publique , armée ...
).
• Mais la disparition de l'apartheid tient aussi et surtout à la volonté de deux
opposés avant de combattre ensemble pour construire un nouvel avenir .
Dès son arrivée au pouvoir , Frederik
d 'extrême droite , résolument hostiles à tout partage du pouvoir, conduit Frederik De Klerk à consulter par référendum l'électorat blanc.
Le 17 mars 1992 , 68,7 % des électeurs approuvent le processus de réforme et apport ent leur souti en à la poursuite des négociations .
• Émaillées de divers incidents (dont les tentatives de déstabilisation du parti lnkatha ), ces négociations permettent de fixer au 27 avril 1994 les élections générales .
Dans cette attente, un Conseil e xécutif de transition est créé, permettant aux Noirs d 'être associés aux décisions du gouvernement.
Ultime consécration : en octobre 1993 , Nelson Mandela et Frederik D e Klerk reçoivent
conjointement le pri x Nobel de la paix .
l'ONU lève les sanctions économiques contre l'Afrique du Sud (excepté l'embargo sur les armes et le carburant ).
Un mois plus tard , le 18 novembre , une Constitution provisoire ouvre la voie aux élections .
NELSON MAN DELA PRtSI DENT Le 1 " janvier 1994 , les habitants des quatre homelands «indépend ants» (Transkei , Ciskei , Bophuthatswana et V end a) re trouv ent la na tiona lité sud africaine .
Le pays est désormai s divisé en neuf provinces .
Le vieux rêve des fondateurs de l'apartheid de fragmente r l'Afrique du Sud est enterré .
• Fin avril se déroule la premi t:re cons ult ati on multira ciale de
l'histoire du pays , selon le principe «un homme, une voix ».
Comme prévu , c'est I'ANC qui remporte la majorité des suffrages (près de 63 % des voix ), contre 20% au Parti national de Frederik De Klerk et 10% à l'lnkatha .
Nelson Mandela devient le premier président noir d 'une Afrique du Sud qui vient de tirer un trait sur près d'un demi siècle de racisme institutionnel..
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