La prise de la Bastille : De l'approfondissement de la crise financière et politique aux journées insurrectionnelles
Publié le 01/05/2016
Extrait du document
• À l'annonce de cette nouvelle,
la tension monte d'un cran à Paris : la rumeur prétend que le roi veut dissoudre l'Assemblée ; elle accuse aussi un « complot aristocratique » de vouloir affamer le peuple.
De fait, le prix du pain atteindra un record le 14 juillet.
« AU» ARMES CITOYENS ! »_
• Le 12 juillet dans les jardins du Palais-Royal - la résidence du cousin du roi, le duc d'Orléans -, le journaliste Camille
Desmoulins harangue la foule : «Citoyens, vous savez que la nation entière avait demandé que Necker lui fût conservé ?... J'arrive de Versailles... Necker est renvoyé I Ce renvoi est le tocsin d'une Saint-Barthélemy de patriotes.
Ce soir, tous les bataillons suisses et allemands sortiront du Champ-de-Mars pour nous égorger...
Il n'y a pas un moment à perdre ! Nous n'avons qu'une ressource, c'est de courir aux armes et de prendre des cocardes pour nous reconnaître ! Aux armes I Aux armes citoyens I »
• Peu après, le prince de Lambesc, qui commande un détachement de gardes suisses et un escadron de dragons du Royal-Allemand, charge la foule sur la place Louis XV, aujourd'hui place de la Concorde.
• Le soir, les manifestations tournent à l’émeute, suivie dans la nuit par l’incendie des barrières d'octroi
qui entourent la capitale.
• Le 13 juillet, les Parisiens craignent que les troupes royales n'aient
le dessein d'arrêter les députés.
• Les électeurs parisiens - ceux qui ont élu les députés du tiers - forment un comité permanent la municipalité insurrectionnelle, pour faire face à
la menace et organisent une milice bourgeoise, qui deviendra la garde nationale, afin d'assurer l'ordre.
Réunion des états généraux Serment du Jeu de paume Limogeage de Necker par Louis XVI Camille Desmoulins appelle les citoyens aux armes formation d'une milice bourgeoise Saisie de l'arsenal des Invalides Les émeutiers massés devant la Bastille Capitulation de la Bastille Début de la démolition de la Bastille
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«
HISJOIRE DE LA FOmRESSE DE LA BASTIW
• En 1370, Hugues Aubriot le prévôt de la ville , reconstruit la vieille porte fortifiée de Saint -Antoine en lui ajoutant deux tours massives hautes de 25 mètres .
•
Par la suite , il complète encore le dispositif défensif de la forteresse par quatre nouvelles '-s qui veillent sur l 'est de la capitale et ses faubourgs -perdant au fil du temps sa fonction militaire, celle-ci est convertie peu à peu en prison.
• Avec l'usage croissant des lettres de cachet- décrets d'arrestation à la discrétion du roi -au XVII' siècle , la Bastille devient le symbole de la tyrannie et de l'arbitraire royal : le duc de Nemours , le maréchal de Biron, Fouquet le cardinal de Rohan , le duc de Richelieu, le marquis de Sade, Voltaire font partie des personnages illustres qui séjournent entre ses murs .
• Néanmoins , tous les prisonniers n'y sont pas logés à la même enseigne : les petites gens ne jouissent pas des mêmes avantages que les hommes de renom incarcérés dans de grandes cellules.
• Pour exemple , Simon Nicholas Henri Linguet avocat témoigne ainsi de son embastillement vers 1780 dans ses Mémoires sur la Bastille (1789} : • En hiver, ces caves funestes sont des glacières .
En été ce sont des poêles humides , où l'on étouffe , parce que les murs sont trop épais pour que la chaleur puisse les sécher .
• •
À la veille de la Révolution , la Bastille comprend W follrl défendues par 15 canons et est entourée d'un fossé de8m: en venant du faubourg
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f) Saint-Antoine , on accède à la cour du Passage, puis à celle de l'Avancée qui ouvre sur un premier pont-levis précèdant la cour du Gouvernement ; une série de ponts-levis conduisent à la porte principale de la forteresse, fermée par deux grands battants cuirassés de plaques de fer.
Après la destruction de la forteresse commencée le soir même du 14 juillet 1789, l
'emplacement est l'objet de plusieurs projets d'aménagement : en 1792 , on projette l'ouverture d'une place décorée d 'une colonne qui n'aboutit pas; l'année suivante, une fontaine vient se loger au milieu de cet espace laissé libre ; en 1808 , Napoléon prévoit d'y dresser une statue monumentale représentant un éléphant d'une hauteur de 24 rn fondue avec le bronze des canons arrachés aux Espagnols ; seule une maquette en platre grandeur nature est élevée dont Victor Hugo témoigne de la présence dans les Misérables ; en 1833 , Louis Philippe reprend le projet initial et lait construire la colonne de Juillet prévue depuis 1792 en l'honneur des révolutionnaires de 1830.
• Aujourd'hui , quelques vestiges de la forteresse sont encore visibles sur le quai de la ligne 5 du métro parisien, à la station Bastille , et dans le square Henri-Galli au début du boulevard Henri-IV.
dans l'e nceinte par le toit du corps d e garde et se jette sur les chaînes du pont-levis.
• À 13 h 30, de Launay donne l'ordre de tirer : on compte une centa ine de morts.
• À 14 h, une deuxième députation, conduite par l'ancien prédicateur du roi, l'abbé Claude Fauchet , est envoyée pour négocier .
• À 15 h , les échanges de salves conti nuen t de plus belle malgré une nouvelle délégation dirigée cette fo is - ci par Louis-Domique Ethis de Corny, procureur du roi à la Cour de Paris.
LA PRISE DE LA BASTtLLf • La journée tourne à l'avantage des é m e utiers à l'arrivée de deux détachements de soldats des gardes françaises, commandés par Pierre Hulin et Élie, qui se rallient à eux vers 15h30 .
• Aussitôt , cinq canons sont dirigés vers les portes et pont-levis de la Bastille et tirent sur l 'entrée de la forteresse qui s'emb rase.
• M .
de Monsigny, commandant des canonniers de la Bastille , compte parmi les premières victimes , ce qui entame durement le moral des défenseurs .
• Vers 16 h, de Launay ordonne d'ouvrir à nouveau le feu sur la foule.
• Dans un geste de désespoir, il tente en suite de faire sauter les magasins de poudre , mais deux invalides , Ferrand et Béquart , baïonnette à la main , l'en empêchent.
• Le gouverneur se résigne alors à capituler.
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L e lieutena nt de Flüe e xige de
LA JOURNÉE DU 14 JUILLET
l'ASSAUT DES INVAUDES • N 'ayant pas réussi à obte nir les fusils entreposés dans l'hôtel des Invalides pour armer la milice , quelque 50 000 personnes marchent le matin du 14 juillet vers le bâtiment pour s 'en emparer de force.
• !:hôtel des Invalides est a lors peu défendu même si, à quelques centaines de mètres de là, plusieurs régiments de cavalerie , d 'infanterie et d 'artillerie, placés sous le commandement de Pierre -Victor de Besenval, campent sur l'espla nade du Champ-de -Mars .
• Devant le refus des soldats d 'intervenir , le marquis de Sombreuil.
gouverneur des Invalid es, cède aux émeutiers et ouvre les portes de l'arsenal dont il a la garde - la prise est bonne pour les Parisiens : 28 000 fusils et 20 canons .
« À LA BASTILLf ! » • Encouragé s par ce p remier succè s, les émeutiers hurlent «À la Bastille ! » car la rumeur veut qu'elle renferme de la poudre et des cartou ches qui manquent encore.
• À l'intérieur de la vieille forteresse , la garnison se compose de 82 vétérans , dits invalides, renforcés depuis le 7 juillet d'un détachement de 32 gardes suisses du r égiment de Salis -Samade commandés par le lieutenant de Flüe .
• À 10 h 30, sous la pression de la foule, les électe urs de Paris réunis à l 'Hôte l de Ville envoient une délégation au gouverneur de la Bastille , Bernard René Jordan de Launay , pour lui demander de distribuer de la poudre et des balles aux Parisiens .
• Pour gagner du temps , le marquis de Launa y se déclare prêt à négocier : il livre trois officiers en otage, invite les négociateurs , conduits par l 'électeur Jacques Alexis Thurial, avocat rémois, à déjeuner et accepte de détourner les canons sous réserve que les émeutiers ne tentent pas d 'entrer dans la forteresse .
• À 11 h 30, la foule armée s'amasse aux pieds de la forteresse quand une explosion éclate ; les émeutiers crient à la trahison ; un groupe d 'hommes parvient à pénétrer
son côté les honneurs de la guerre pour se rendre , ce qui lui est refu sé.
• Franchissant le fossé sur une planche, le clerc d 'huissier Maillard va ch e r cher le billet où de Launay offre sa reddition.
• Élie et Hulin donnent leur parole qu'i l s éparg neront tout le monde .
· À 17 h, le pont -levis est abaissé et les émeutiers s'empa rent de la Bastille .
•
Dédaignant les accords passés , ces derniers massacrent la plupart des soldats et le marquis de Laun ay -sa tête plantée sur une pique est promenée à travers les rues .
• Plus tard , la foule porte en triomphe Élie devant l'Hôt e l de Ville de Paris.
• Le sire de Flesselles , prévôt des marchands , tente de calmer les esprits , mais il se met les insurgés à dos : il est pendu à une lanterne et sa tête finit, elle, aussi au bout d 'une pique d 'émeutier.
• À la Bastille, c 'est la surprise :les émeuti ers libèrent seulement sept détenus , tous des droits communs , logeant dans des chambres spacieuses ,
• Le soir même du 14 juillet, Palloy, entrepreneur parisien , réunit 800 ouvrie rs et entreprend la démolition de la vieille fortere sse.
• Une partie des pierres est vendue en guise de souve nirs, mais le plus gros servira à achever la construction de l'actuel pont de la Concorde .
• !:ann ée suivante , des pierres de la Bastille agrémentées d 'une médaille sero nt officiellement remises aux acteurs de la journée.
• Plus tard , chacun des nouveaux départements recevra une maquette de la Bastille sculptée dans une pierre de la forteresse .
LES JOURS SUIVANTS
LA JOURNÉE DU 15 JUILLET • Le lendemain , le duc François de L a Rochefoucauld -Liancourt réveille le roi pour l 'informer des événements de la veille , lequel rétorque : «Mais c'est une révolte ! » «Non, Sire, une révolution », lui répond -o n.
• Étonné par la violence des événements , Louis XVI renonce ~ dissoudre l'Assemb lée comme il en avait l'Intention .
• Ce jour -là, les députés rassemblés sous l'égide de l'abbé Grégoire , prennent la résolution de siéger en permanence .
• À Paris , Bailly est élu premier maire de la ville tandis que les électeurs parisiens forment la garde nationale de Paris dont le commandement est confié au marquis de La Fayette.
• En province , chaque ville crée à son tour une municipalité et une garde nationale sur le modèle parisien .
LES JOURNÉES DU 16 AU 18 JUILLET ·Le 16 juillet , Louis XVI rappelle Necker à la tête du ministère des Finances .
• Le lendemain , il se rend à l'Hôtel de Ville de Paris où
le géné ral de La Fayette lui remet une cocarde bleu blanc e t rouge e n signe d 'alliance entre l e roi et la ville .
• Devan t une foule énorme crian t «Vive la nation ! », plutôt que «Vive le roi ! >> , il se résout à approuver la création de la municipalité et de sa garde .
• Prenant la mesure des événements , les premiers aristocrates commencent à émigrer dès le 18 juillet: p armi ceux-ci, le propre frère du roi, le com te d 'Artois, le futur Charles X, le prince de Condé et la duchesse de Polignac s'enfuien t à l'étranger .
• La Révolution française vient de commencer.
LA COMMtMORAnON DU 14 JUILLET
fois la prise de la Bastille .
A cette occasion , Charles Maurice de Talleyrand, évêque d'Autun, prononce une messe devant l'autel de la Patrie , dressé sur le Champ-de-Mars .
Par la suite , cette commémoration est abandonnée, puis reprise durant la Ill ' République à l'instigation de Gambetta qui veut glorifier les fondements du régime républicain.
• Sur proposition du député Benjamin Raspail, la loi du 6 juillet 1880 est adoptée et instaure définitivement le 14 Juillet comme la lète nationale de la République fran çaise .
• Dès la première manifestation , l'accent est mis sur le caractère patriotique et militaire pour montrer le redressement du pays après la terrible défaite de Sedan contre les Prussiens en 1870.
• Dans chaque ville et village du pays , la fête suit le même cérémon ial qui perdure en partie de nos jours : retraite aux flambeaux le 13 au soir ; volée de cloches le lendemain matin suivie d'une salve de fusils annonçant le défilé ; déjeuner populaire ; bals et feux d'artifice en soirée .
• Aujourd'hui, le 14 Juillet est l'occasion de nombreuses festivités : bals populaires , concerts , feux d 'artifice , garden-party au palais de l'Élysée, allocution présidentielle .
• À Paris, le traditionnel défilé militaire sur les Champs-Élysées est retransmis chaque année à la télévision -le président Valéry G iscard d'Estaing en a modifié un temps le tracé en faisant défiler les troupes de la place de la Bastille à celle de la République pour renouer avec la tradition révolutionnaire .
• À la demande de François Mitterrand, le défilé du bicentenaire, en 1989, est somptueusement mis en scène par le pub licitaire Jean-Paul Gaude , avec la soprano noire américaine Jessye Norman chantant la Marseillaise.
• En 1994 , les soldats allemands de I 'Eurocorps défilent aux cOtés des soldats français comme signe de la réconciliation franco-allemande .
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