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La poésie américaine (Exposé – Art & Littérature – Collège/Lycée)

Publié le 12/05/2016

Extrait du document

Recherche documentaire, Pistes de travail & Axes de recherches pour exposé scolaire (TPE – EPI)

un texte mais comme un geste, inscrit dans une représentation et dont la valeur est aussi sociale et politique. Reality Sandwiches (1963) donnera des «tranches de réalité» assemblées sur le modèle du collage. L'influence du jazz, celle d'artistes du pop art tels Rauschenberg et Andy Warhol, donnent à l'écriture poétique de Ginsberg la valeur d'une véritable réflexion, au sens optique du terme, du monde moderne. La civilisation industrielle, considérée avec répulsion, donne en même temps ses modèles à une expérience littéraire envisagée comme un recyclage de déchets ou comme une production presque automatique. Le poète, ici, n'est plus que le vecteur d'une opération le dépassant C'est ainsi à une complète reconstruction de la notion d'auteur que conduit l'expérience des beatniks. Même si elle n'est pas exempte d'impasses (la question se pose ainsi de la lisibilité de certains textes), cette expérience constitue une étape indépassable de la modernité mondiale, et la poésie américaine se situe cette fois-ci au centre du jeu.

(1871-1900), dans ses poèmes des années 1890 (La guerre est bonne, 1899) a manifestement subi l'influence d'Emily Dickinson, il faudra attendre le XXe siècle pour que leurs apports soient vraiment intégrés et leurs œuvres reconnues. La première édition complète des œuvres d'Emily Dickinson date des années 1950...

 

À la vérité, et au regard de ces novateurs de génie, la poésie américaine de la seconde moitié du XIXe siècle se signale surtout par son indigence. Les poètes des États-Unis sont retombés dans la fade imitation de Tennyson et des poètes de l'Angleterre victorienne : une écriture raffinée, cultivée, mais qui manque le virage de la modernité.

« elle crée un style inspiré du cubisme et dont le principal ressort est la répétition .

Son vers le plus célèbre.

" A roseisa roseisa rose» («Une rose est une rose est une rose») , constitue ainsi une véritable destruction de la logique de la langue, dont l'enjeu est de briser la syntaxe pour retrouver , avec la saveur des mots, celle du monde.

Son cadet Ezra Pound (1885-1972) se fait t rès vite connaître comme critique et, dès l'âge de vingt­ trois ans, il s'exile à Londres , avant de s'installer à Paris au début des année s 1920.

A Lume Spento (1908 ) précède un ensemb le de traductions qui fait de leur auteu r un passeur entre les différen tes cultures.

Sa grande œuvre de la maturité, Los Cant os ( 1919-1957 ), est une tentative de retour aux sources communes des grandes cultures mondiales.

Si Pound est indiscu tablement un auteur savan~ il se situe néanmoins au cœur d 'un mouvem ent littéraire tentant de dépasser la culture , de revisiter le concept même de culture pour se détacher des traditions et conventions, et ainsi parvenir à une appréhension plus juste de la réalité.

Un autre exilé , Thomas Stearns Eliot (1888-1965) , plus connu sous le nom de T.S.

Eliot , va choisir de s'installer définitivement en Europe , adopta n t la nation alit é anglaise peu avant la Seconde Guerre mondiale .

Son poème le plus connu, La Terre Caste (1922), déplore la misèr e existentielle d 'une époqu e ayant perdu tout sens spiritu el.

Eliot fait de cette misère, dont l'Amériq ue est à ses yeux la terre d 'élection, le ressort d 'une écriture visant à restaurer du sens, par un travail d'approfondi ssem ent de la tradition culturelle .

En cela, il se sépare LA POÉSIE AMÉRINDIENNE Les traditio ns poétiques o rales des tribus indie nnes, longtemps négligées , ont fini au XX' siècle par émerger dans l'espace poétique , et la vogue universitaire des études amérindiennes, depuis une vingtaine d'années.

a contribué à faire apparaître des voix originales.

Parmi elles , on peut notamment citer D iane Burn s (née en 1957) , qui met en valeur le métissage de ses origines : son père appartenant à la tribu Chemehuev , l'une des plus riches tribus amérindiennes , et sa mère, un pur produit de l'université américaine, à celle des Anishinabe .

La poésie amé rindien ne s 'affirme ainsi non pas comme une entr eprise folklorique , mais comm e l' u n e des voies offertes à la modernité littéraire .

des autres grands exilés, et l'on a pu dire de son œuvre qu'elle faisait entrer la poésie dans le giro n de l 'université .

Robet1 Frost ( 1874-1963) a en commun avec Eliot un exil anglais , mais ses optio n s littéra ires sont à l'opposé .

A doptant volontiers la pose du poète-paysan , il affirme s'inspirer de la tradition lakiste , des poètes romantiques anglais; mais dans le choix d'une langue simple, rugueuse , presque parlée , il apporte une expérience proprement américaine , contribuant à renouveler le langage poétique contemporain .

Son vers énergique, "musclé» , pour reprendre l'expression de certains critiques , est tout entier animé de l 'idée d 'un travail , d'un rapport conflictuel avec la terre .

Ses œuvres les plus belles datent de sa période américaine :Au nord de Boston (1914 ), New Hampshire (1923).

IUJh\!.fdGiii En Amérique même, des poètes apparaissent qui bénéficient plus indirectement de l 'expé rience européenne .

Pound lance ainsi en 1912 le premier mouvement poétique spécifiquement amér icain, l'imagisme; Le Jardin près de la mer (1916), de Hildo Doolittle (1886-1961 ), en est l'œuvre la plus représentative ." H .D .

», pseudonyme litt éraire de Hilda Doolittle.

s'intéresse aux mouvements de l'âme, volontiers saisis à travers des mythes et des images divines .

Autre figur e importante, parmi les imagistes :Amy Lowell (1874-1925) .

Cette femme de caractère, retirée dans sa maison de campagne pour mieu x terroriser ses éditeurs, mène une action vigoureuse en faveur du vers libre (Coupole aux verres multi colores, 1912 ), associé à l'ambition d'une expression authentique et puis sante des voix du monde : la poésie doit être à l'unisson de ces voix, et non se conformer à des conventions dont les modèles culturels et sociaux renvoient à ce qu'il y a de plus éloigné de la vraie vie.

Certes , un certain nombre d7magiste s sont passés par l 'Europe , et notamment par Paris .

Mais ils n 'ont trouvé dans les avant-gardes européennes qu'une confirmation à leurs intuitions , une sorte de caution culturelle au travail qu'ils entreprennent.

Le paradoxe de ce travail.

qui sign e précisément la modernité de l'imagisme, est qu'il s'agit d 'une contrad iction portée à la culture; que cette contrad iction soit le fait d'écriva ins cultivés, qu'elle cherche sa légitimité dans une Europe qui incarne la culture, ne l'empêche pas d'être violente .

Les jeunes poètes imagistes redécouvrent en fait une américanité littéraire nourrie aux grands espaces , à la rudesse de l'expér ience, à l 'imperfection de la la ngue; à des défauts , en somme, qui sont non seulement assumés, mais encore constituent le ressort d 'une énergie littéraire vite reconnue .

William Cor/os Williams (1883 - 1963) est de ceux qui poussent le plus loin cette revendication d'amér icanité .

Vite reconnu comme un égal par Pound et Eliot, il se sépare d'eux dans le choix d ' un lieu : il restera fidèle à l 'Amérique, défendant les "conditions locales , pour en faire un espace nécessa ire de la modernité.

Il envisage ainsi l'exil anglais d'Eliot comme une régres sion : dans Au grain d'Amérique (1925 ), il commence à explorer les possibilités offertes par le contact entre les mondes occidenta l e t indien .

Il rejoint ainsi les recherches d 'Ezra Pound , tout en ancrant sa pratiqu e poétique dans son expérience personnelle et locale .

Paterson (1946), sans doute son chef­ d'œuvre, est ainsi le portrait d'une ville et, au-delà, celui d 'une civilisation , présentée sous forme d'un immense collage qui a pu faire penser au roman Manhattan Transfer (1925 ), de John Dos Passos .

Williams apporte ainsi la preuve que l'espace américain, dans la modernité de son expérience urbaine , offre des poss ibilit és nouvelles à l'écriture poétique.

Son contemporain Wallace Stevens (1879-1955 ), qui crée la revue Poetry en 1914 , choisit de même de vivre dans le monde réel : il fait une très belle carrière dans les assurances , jusqu'à devenir vice-p résident d 'un gran d groupe, la Hartford lnsurance Company ...

C'est en 1923 que paraît son premier recueil important , Harmonium , qui sera suivi de nombreux titres , où se d étache L'Homme à la guitare bleue (1937).

Les vers d 'Edward Estlin Cummings (1894- 1962) -qui pr éférait que l'on écrive son nom "e.e.

cummi ngs » -sont d'une modern ité provocante dans leur forme, inspirée du jazz et de ses ruptures de rythme .

Cummings aime les effets de surprise, aussi bien dans les images que dans les idées , et ne répugne pas à une certaine violence.

L'Énorme chambrée (1922 ), récit d'un internement en France , et Font 5 (1923) , sous-entendu « 2 + 2 font 5», inaugurent une œuvre faisant de la langue un lieu d'ignorance, le poète cherchant moins à connaître le monde ou à l'exprimer qu'à explorer la solitude de l 'esprit humai n , i r rémédiab lement éloigné du sensible.

IUJ#@i:{i La génératio n suivante va poursuiv re cette quête avant-gardiste d 'un nouveau langage poétique en trouvant des ressources dans l'usage intensif des drogues hallucinogènes .

t:espace poétique américain se déplace alors d'est en ouest, et singu lièrement vers une Californie devenue dès les années 1950 le lieu de toutes les expériences .

William Bu"oughs (1914 -1997) nu (1959), qui inaugure une série de textes expérimentaux fondés sur le principe du cut-up : des fragments de textes découpés au hasard sont réarrangé s en poème, selon une technique inspirée de la peinture et qui n 'est pas sans lien avec les expérimentat ions de Gertrude Stein et des premiers modernistes américains .

Allen Ginsberg (1926-1997) est une autre figure clé de la «Beat generatio n ».

Sa lecture de Howl (195 5 ), dans une galerie de San Francisco , lance le concept de «perform ance», la poésie n 'étant plus envisagée comme un texte mais comme un geste , inscrit dans une représentation et dont la valeur est aussi sociale et polit ique.

Reality Sandwiches ( 1963) donnera des «tranches de réalité » assemblées sur le modèle du collage .

t:influence du jazz, celle d'artistes du pop art tels Rauschenberg et Andy Warhol, donnent à l 'écrit ure poétique de Ginsberg la valeur d'une véritable réflexion , au sens optique du terme, du monde moderne .

L a civilisation industr ielle, considérée avec répulsio n , don n e en même temps ses modè les à une expé rience littéraire envisagée comme un recyclage de déchets ou comme une production presque automatique .

Le poète , ici, n'est p lus que le vecteur d 'une opé ration le dépassant.

C'est ainsi à une com plète reconstruction de la notion d'auteur que conduit l'expérience des beatniks .

Même si elle n 'est pas exempte d'impasses (la question se pose ainsi de la lisibilité de certains textes) , cette expérience constitue une étape indépassable de la modernité mondiale , et la poés ie américaine se situe cette fois-ci au centre du jeu.

IJ.fiiMoj,]JM!iiJI Les génératio n s suivantes vont se trouve r prises dans le reflux d 'une expérience si intense qu'e lle ne pouvait durer éterne llement ; dès les années 1970, Ginsberg revient à une plus grande simplicité , délaissant peu à peu les audaces formelles .

Parmi les poètes apparus depuis les années 1970 , plusieurs tendances se font jour.

Un C.K.

Williams (né en 1936 ) part ainsi du constat d'ignorance qui se faisait jour dans les œuvres de Cummings pour déve lopper une poésie du monde réel renouant avec une prosodie harmonieuse , mais s'articulant sur l'idée d 'un divo rce avec le monde sensible; rupture que l'écriture se voit chargée de réparer (Avec ignorance , 1977; Chair et Sang , 1993) .

Paul Auster (né en 1947), très connu comme Nonterre (1972), qui renouent avec une double tradition : française, via l'influence revendiquée de Mallarmé, et américaine, avec celle de T.S.

Eliot.

latk Hirshma n (né en 1933 ), enfin, s'affirme comme l'un des héritiers les plus fidèles de la Beat generation, même si, épousant le mouvement de son époque, il parle d avantage de la street generation , qui met la poésie au service du combat politique , en défendant les exclus de la société américaine : sans -abri, chômeurs , exclus ...

La parut ion d'un livre de poème s choisis, J'ai su que j'avais un frère (1999) , a permis de mesurer l'énerg ie de cette voix poétique envisageant le texte non plus comme une percée sol itaire , mais comme un lieu de rencontre avec ses lecteurs.. »

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