LA PHILOSOPHIE GRECQUE (Exposé – Art & Littérature – Collège/Lycée)
Publié le 13/05/2016
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philosophe d’un genre nouveau. Là où ses prédécesseurs se préoccupaient de construire des systèmes, lui aime à s'en moquer. Il lutte contre toutes les philosophies, toutes les doctrines, toutes les coutumes et toutes les croyances.
Les cyniques se détachent par leur vocation particulière au scandale : leur modèle de référence, c'est la nature, et c'est aussi bien à l'opinion qu'à l'ordre public qu'ils s'en prennent Le terme de « cynique » fait référence au chien ; l’arme du cynisme est le sarcasme, c'est-à-dire la morsure (sarkazo, je mords, je déchire). Il s'agit d'attaquer sans croire à sa propre parole, pour le simple plaisir de révéler la vanité des opinions. Zénon, disciple de Parménide, défend-il l'idée que le mouvement n'existe pas? Aussitôt, Diogène se met à marcher.
La guerre des idées est une réfutation permanente, où la parole n’est quelquefois pas nécessaire. Vivant dans un tonneau, Diogène met en question toutes les coutumes humaines. Alexandre le Grand lui adresse-t-il la parole, le philosophe lui demande de s'écarter de son soleil, niant ainsi toute autorité. Prétendant n'avoir d'ami que son chien, il interroge l'inanité des liens sociaux. Cassant son écuelle après avoir vu un enfant boire dans le creux de sa main, il réfute toute civilisation, et c'est pour finir l'idée même de l'homme qu'il met en doute, en se promenant dans les rues d'Athènes en plein jour, une lanterne à la main, expliquant à qui veut l’entendre : «Je cherche un homme. » Plus violente à sa manière que la provocation permanente de Diogène,
l’incroyance absolue de PyrrhoB le sceptique (v. 365-275) est une pure indifférence aux êtres et aux opinions. Héritier de Socrate, qui dit ne rien savoir, et de Diogène, qui refuse de croire, le scepticisme pourrait aboutir à une suspension de tout dialogue. Il se dresse pourtant contre tous les dogmatismes, toutes les fausses sciences.
Les sceptiques ne se contentent pas de leur propre incroyance, mais tentent de désabuser leurs contemporains. Rêvant de libérer les hommes de leurs illusions, ils transforment les escarmouches de Diogène en véritables batailles. Leurs armes, ce sont de petits traités, vifs et tranchants comme des lames. Leur champ de bataille, c’est la Cité, puisqu'il ne s'agit pas tant de lutter contre une opinion précise que contre les croyances les plus répandues. Vaste programme, qui ne saurait s'épuiser en quelques décennies. Près de cinq siècles après Pyrrhon, dans un monde hellénistique déjà intégré à l'Empire romain, Lucien de Samosate (v. 125-192) s'en prend ainsi tour à tour aux collectionneurs d'expressions anciennes, aux faiseurs de solécismes, aux croyances de toutes sortes, avant de régler leur sort aux grands noms de la philosophie dans
«
son idéalisme et s'appliquant à tous les domaines de la vie.
Il a ainsi donné une poét ique théorie de l'amour, fondée sur la réminiscence : aimer, c'est reconnaître dans l'autre celui avec lequel on n'a fait qu'un .
De la même façon, on ne construit pas tant les idées qu'on ne les reconnaît et qu'on les contemple.
l'âme a contemplé les idées dans une existence antérieure , mais elle les a perdues en entrant dans un nouveau corps.
La connaissance la plus haute n'est pas discursive , elle se rapproche d'une révélation .
Mais, pour parvenir à cette révélation , le cheminement dialectique reste la voie la plus sûre.
LA LEÇON D 'ARISTOTE
Élève de Platon pendant vingt ans, fondateur de l'école péripatéticienne , précepteur d 'Alexandre le Grand , le Macédonien Aristote (384- 322) est lui aussi à la base de la philosophie occidentale , d'autant plus que sa doctrine, adaptée par saint Thomas d'Aquin au Moyen Âge, s'est durablement agrégée avec la philosophie chrétienne.
Aristote a d'abord constitué une méthode , un art du logos , que l'on appelle la logique : les jugements s'articulent en propositions , suivant des règles comme celle du syllogisme :
par exemple , «tous les hommes sont mortels , or Socrate est un homme, donc Socrate est mortel ».
Les démonstrations ainsi constituées peuvent être déductives (allant de l'universel vers le particulier, comme dans l'exemple cité) ou inductives : par exemple , on prend deux cas individuels qui corresponden~ et on en tire une proposition générale.
Cette valeur de la méthode inductive signe la différence d'Aristote avec Platon .
Sa philosophie , en effet sera beaucoup plus respectueuse de la réalité sensible, de l'expérience .
Là où Platon ne se fie
qu'aux idées et au logos , Arist ote travaille en s'élevant de la perception jusqu 'à la compréhension.
Des définitions qu'il construit à partir de l 'expérience, il opère une classification.
Son œuvre reconnaît pourtant des principes derrière la réalité des choses : l'étude de la physique n'exclut pas une étude de la métaphysique, c'est-à-dire «ce qui est derrière la nature» .
Simplement là où Platon imaginait une opposition résolue entre les idées et les choses, Aristote considère que l'essence métaphysique des choses va se manifester en elles.
On parle d'immanence .
Ainsi, chez les animaux et en particulier chez l'homme, l'âme vient donner forme au corps .
Ce déploiement de l'essence dans la chose, Aristote la
LES LIE U X DE LA PHI LOSOPHIE
Chaque école philosophique est associée à un lieu, et la plupart de ces lieux sont aujourd'hui devenus des noms communs, du Lycée d'Aristote (le «Lieu des loups») à l 'Académie de Platon, en passant par le jardin d'Épicure, célébré plus tard par Voltaire, et par le portique des stoïciens.
Dans ces espaces clos,
systèmes aussi fondamentaux.
D'autres écoles sont fondées , dont certaines , particulièrement intéressantes.
• Diogène (v.
41G-323) est un
philosophe d'un genre nouveau .
Là où ses prédécesseurs se préoccupaient de construire des systèmes , lui aime à s 'en moquer .
li lutte contre toutes les philosophies , toutes les doctrines , toutes disciples de devenir querelles; le débat les coutumes et toutes les croyances .
ne déborde pas des limites de l'écol e.
Les cyniques se détachent par leur Quelques philosophes , pourtan~ vocation particulière au scandale : leur sortent de ces lieux pour intervenir modèle de référence , c'est la nature, et dans l'espace public : Socrate , c'est aussi bien à l'opinion qu'à l'ordre Diogène, sont des personnages bien public qu'ils s'en prennent Le terme de connus des Athéniens, qui font de la «cyni que » fait référence au chien; rue le lieu d'exercice de la philosophie.
l'arme du cynisme est le sarcasme , c'est- Dans le monde hellénistiq ue, le à-dire la morsure (sarkazo , je mords , changement d'éche lle (de la cité à je déchire).
li s'agit d 'attaquer sans l'empire) amène l'écrit à acquérir une croire à sa propre parole , pour le simple place plus importante : le lieu plaisir de révéler la vanité des opinions.
physique d'enseignement cède alors Zénon, disciple de Parménide, défend -il la place à un espace mobi le, virtuel, l'idée que le mouv ement n'existe pas? reproductible : le texte .
Aussitô~ Diogène se met à marcher .
f-"'-------- --- - -i La guerre des idées est une réfutation nomme entéléchie.
Une substance vient s'incarner dans une matière qui résiste : telle est en gros sa vision du monde , dont on comprend qu'elle soit compatible avec une théologie chrétienne fondée sur le principe d'inca rnation (Dieu fait homme en Jésus).
La psycholo gie d'Aristote distingue trois strates : l'âme végétative, l'âme sensible , la raison ; cette dernière ne se trouve que chez l'homme; les deux premières chez les animaux en général ; la première seule , chez les plantes .
Ce qui distingue l 'homme , outre la possession de cette raison , sera moins l'exercice de ses facultés intellectuelles (comme chez Platon) que l'éthique , c'est - à -dire la mise en œuvre des vertu s.
L'Éthique à Nicomaque est une somme de philosophie morale qui explique cet usage des vertus, parmi lesque lles la prudence a une valeur particulière.
Le vouloir , l'appétit du bien , est lui aussi fondamental.
l'équilibre, l'art du juste milieu définissent la morale d 'Aristote , qui s'inquiète particulièrement de la justice.
En ce sens, l'éthique est inséparable chez lui de la politique : si l'homme , «animal politique », aspire naturellement à vivre en groupe, c'est en fonction d'une fin (le souverain bien) que doit être constituée la Cité.
Avec Aristot e e t Platon , la philosophie antique n'a pas dit son dernier mo~ même si elle n'Inventera plus jamais de
permanente, où la parole n'est quelquefois pas nécessa ire.
VIVant dans un tonneau, Diogène met en question toutes les coutumes humaines.
Alexandre le Grand lui adresse-t-illa parole, le philosophe lui demande de s'écarter de son soleil, niant ainsi toute autorité .
Prétendant n'avoir d'ami que son chien , il interroge l'ina nité des liens sociaux .
Cassant son écuelle a prés avoir vu un enfant boire dans le creux de sa main , il réfute toute civilisation, et c'est pour finir l'idée même de l'homme qu'il met en doute , en se promenant dans les rues d'Athènes en plein jour, une lanterne à la main, expliquant à qui veut l'entendre: ede cherche un homme .» Plus violente à sa manière que la provocation permanente de Diogène , l'incroyance absolue de Pyrrh011le sceptique (v.
365-275) est une pure indifférence aux êtres et aux opinions.
Héritier de Socrate , qui dit ne rien savo ir, et de Diogène , qui refuse de croire , le scepticisme pourrait aboutir à une suspension de tout dialogue.
Il se dresse pourtant contre tous les dogmatismes , toutes les fausses sciences.
Les sceptiques ne se contentent pas de leur propre incroyance , mais tentent de désabuser leurs contemporains .
Rêvant de libérer les hommes de leurs illusions , ils transforment les escarmouches de Diogène en véritables batailles .
Leurs armes , ce sont de petits traités, vifs et tranchants comme des lames.
Leur champ de bataille, c'est la Cité, puisqu'il ne s'agit pas tant de lutter contre une opinion précise que contre les croyances les plus répandues .
Vaste programme , qui ne saurait s'épuiser en quelques décennies .
Près de cinq siècles aprés Pyrrhon, dans un monde hellénistique déjà intégré à l'Empire romain, Luci e n de Samosate (v .
125-192) s 'en prend ainsi tour à tour aux collectionneurs d'expressions anciennes, aux faiseurs de solécismes, aux croyances de toutes sortes, avant de régler leur sort aux grands noms de la philosophie dans
les Dialogues des morts .
Quelle que soit la violence de ses attaques, Lucien reste toujours dans un registre littéraire, s'appliquant davantage à faire rire son lecteur qu'à l'inquiéter durablement Plus ambitieuse , à cet égard , apparaît l'œuvre de Sextus E mpiricus (1~-111' s.), qui livre l'une des batailles les plus exemplaires de l'éco le sceptique.
Ses Institutions pyrrhonienne s sont composées sur le modèle de l'affrontement généralisé : les dogmes se battent les uns contre les autres , le philosophe se contentant d 'orchestrer une rencontre qui cessera faute de combattants .
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Aprés la mort d'Alexandre le Grand commence l'époque hellénistique , qui voit la philosophie grecque se détourner de la métaphysique au profit de la physique et de la morale : stoïcisme et épicurisme seront les grandes écoles de cette période , qui précède l'émergence de la pensée théologique chrétienne.
C'est du grec stoa (portique) que vient le mot stoïcisme définissant l 'école fondée par Zénon d e Kitium (v.
335- 264) .
Les stoïques , ou stoïciens , auront une grande influence sur Rome, et certains d'entre eux, tels Cicéron (106- 43), Sénèqu e (v.
4 av.
J.-C.-65 apr.
J.-C) ou l'empereur 1
indiscutablement grecs , marqués par la recherche d 'un équilibre, d'une sagesse, d'une positio n viable de l'homme dans le cosmos.
Pour les stoïciens, la meilleure posture de l'homme face à son environnement consiste à ne pas tenter de résister inutilement aux caprices du destin : derrière ceux-ci se cache en effet une nécessité sur laquelle l 'individu n'a aucune prise.
Ne pouvant disposer du monde extérieur , l'homme n'aura la possibilité de jouer que sur «ce qui dépend de lui», c'est-à-dire son âme.
Pour atteindre le bonheur, la sagesse réside dans une apathie (absence de sentiments et de douleurs physiques) et une ataraxie (vie sans inquiétudes) .
La raison permet d'éviter les affects, et son rôle est déterminant : les impulsions qui assaillent l'âme ne deviennent des affects que si elles ont été approuvées par la raison.
Celle-ci doit donc veiller scrupuleusement à ne pas laisser fleurir les affects et appétits qui pourraient affaiblir l'Individu en le rendant plus sensible aux aléas de la vie.
Par exemple , il vaut mieux être sobre, car en cas de ruine on pourra se nourrir frugalement sans en ressentir de souffrance .
Le stoïcisme est ainsi une école de volonté , où l'homme apprend à éviter la souffrance en modérant ses appétits , en apprenant à contraindre ses pulsions afin de trouver un équilibre et une stabilité susceptibles de rester les mêmes au milieu des tempêtes de la vie.
ÉPICURE ET SON ÉCOLE
On a souvent opposé stoïcisme et épicurisme, alors que ces deux philosophies morales ont en réalité bien des points communs .
La vérité , c'est que tant la culture romaine des origines que la théologie chrétienne se sont plu à mettre en valeur un stoïcisme de l 'effort sur soi, dans lequel elles se reconnaissaien~ quitte à dévaloriser l'épicurisme, réduit à un pur et simple hédonisme.
S 'il est vrai qu't p l cure (341-270) à
l'équilibre prôné par les stoïciens.
Dans les deux cas, il s'agit de prend re en compte la nature , donnée et vécue comme une nécessité à laquelle il serait vain de se dérober.
Épicure se distingue des stoïciens en faisant de la fidélité à une nature intérieure le centre de son système, alors qu'eux pensent davantage à une nature extérieure .
Pour Épicure , il serait contre-nature de partir en guerre contre son propre corps .
Chercher le plaisir en essayant d 'éloigner le manque et l'angoisse , telle est la principale règle de son éthique.
Cela étant , il ne s'agit pas pour lui d'encourager la florai son des désir s, mais au contraire de ne pas les attiser par des privations trop absurdes .
l'épicurisme est ainsi une promotion de la vie harmonieuse que l'on mène à la campagne , entouré d'amis , dans un jardin , en apprenant à connaître l'ordre de l'univers et à s'y conformer.
Cette connaissance occupe une place importante dans le système , et la physique épicurienne , inspirée de de
lclni,rc~riPnlnP est composée d 'une infinité d'atomes, qui tombent suivant un mouvement dans lequel nous pourrions reconnaître la gravitation de Newton.
Cette chute est nécessaire et inéluctable; à peine une légère oscillation, de l'ordre du hasard , peut l'infléchir , définissant une faible marge dans laquelle se logent aussi bien la variété des choses que la liberté .
La vie de l'homme est ainsi à l'image de cette nature : prisonni ère de la nature , dotée d'une faible liberté qu'il convient d'utiliser au mieux, avec l'aide de la raison, pour se construire une vie qui ne contrevienne pas aux lois nécessaires de la physique.
La métaphysique disparaît ainsi de l 'horizon philosophique des épicuriens : elle resur gira avec force dans la théologie des chrétiens .
Mais la raison , fondement de la philosophie grecque , perdra alors sa place au profit d'une expérience non plus intellectuelle , mais religieuse, issue de la pensée juive : la foi..
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