La guerre d'indépendance grecque: Dix ans de guerre (Travaux Personnels Encadrés – HISTOIRE – TES/TL)
Publié le 25/04/2016
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C'est peu dire que le soulèvement du peuple grec contre les Ottomans a exercé une trouble fascination sur le mouvement du romantisme européen. Pour cette génération rongée par la mélancolie et l'ennui, en butte aux normes et aux conventions de son temps, la résistance acharnée et jusqu'au-boutiste des Hellènes devant des forces bien supérieures incarne cette soif de liberté, d'exaltation et de révolte qu'elle n'a de cesse d'assouvir. L'image du patriote grec luttant envers et contre tout renvoie à celle du héros romantique, pour lequel la passion prime sur la raison. Face à leurs gouvernements réactionnaires et calculateurs, nombre d'artistes et d'intellectuels participent ainsi à la fondation des comités philhellènes et, de surcroît, n'hésitent pas à mettre leur talent au service de la cause afin de mobiliser l'opinion. Un des exemples les plus fameux est
à étendre leur influence dans les Balkans et à s'ouvrir la route des détroits de la mer Noire en déstabilisant la Sublime Porte (surnom du gouvernement ottoman). En 1770 a lieu la première grande révolte grecque, lorsque la population du Péloponnèse, instrumentalisée par les Russes, se révolte contre ses maîtres. En réaction, des troupes albanaises envoyées par Istanbul dévastent la région pendant plusieurs années. En 1786, une nouvelle insurrection, toujours soutenue en sous-main par la Russie, est durement réprimée dans la région de l'Épire. Cet état de guerre endémique contribue au déclin économique du pays et favorise le ressentiment à l'égard des Turcs.
Une autre cause importante est la déliquescence du pouvoir central du sultan : des gouverneurs provinciaux en profitent pour s'ériger en potentats locaux, et de grands propriétaires fonciers musulmans accentuent leur emprise sur une population grecque de plus en plus exploitée.
L'ÉVEIL D'UNE CONSCIENCE NATIONALE
La fin du nue siècle est marquée par l'émergence du sentiment national grec en même temps que par la décadence de l'Empire ottoman. En contact permanent avec l'Occident, la bourgeoisie commerçante est profondément influencée par les idéaux de la Révolution française, mais aussi par le succès des mouvements d'indépendance des colonies anglaises et espagnoles d'Amérique.
celui du peintre Eugène Delacroix, qui illustre en 1824 l'horreur de la répression ottomane dans sa célèbre toile Scènes des massacres de Scio, au retentissement international. Le même thème est évoqué par Victor Hugo dans son recueil de poésies Les Orientales, publié en 1829 : « Les Turcs ont passé là. Tout est ruine et deuil / Chio, Ille des vins,
n'est plus qu'un sombre écueil... n (L'Enfant)
Mais la figure la plus emblématique de l'engagement des romantiques demeure incontestablement celle de l'illustre poète anglais lord Byron, qui en 1824 se rend en Grèce pour participer à la défense de Missolonghi assiégée par les Turcs. Victime de fièvres, il y décède peu après. Sa mort a un retentissement international et contribue à la prise de conscience occidentale du sort du peuple grec.
«
BYRON.
DELACROIX.
HUGO n lES AUTRES ...
C'est peu dire que le soulèvement du peuple grec contre les Ottomans a exercé une trouble fascination sur le mouvement du romantisme européen.
Pour cette génération rongée par la mélancolie et l'ennui , en butte aux normes et aux conventions de son temps, la résistance acharnée et jusqu'au-bouliste des Hellènes devant des forces bien supérieures incarne cette soif de liberté , d'exaltation et de révoke qu'elle n'a de cesse d 'assouvir.
L'image du patriote grec luttant envers et contre tout renvoie à celle du héros romantique , pour lequel la passion prime sur la raison .
Face à leurs gouvernements réactionnaires et calculateurs , nombre d 'artistes et d'Intellectuels participent ainsi à la fondation des comités philhellènes et, de surcroît , n 'hésitent pas à mettre leur talent au service de la cause afin de mobiliser l'opinion.
Un des exemples les plus fameu x est
celui du peintre Eugène Delacroi x, qui illustre en 1824 l'horreur de la répression ottomane dans sa célèbre toile Scènes des massacres de Scio, au retentissement international.
Le même thème est évoqué par Victor Hugo dans son recueil de poésies Les Orientales , publié en 1829 : «Les Turcs ont passé là.
Tout est ruine et deuil 1 Chio, l'ile des vins ,
n ' est plus qu'un sombre écueil ...
" (L'Enfant ) Mais la figure la plus emblématique de l'engagement des romantiques demeure incontestablement celle de l'illustre poète anglais lord Byron , qui en 1824 se rend en Gréce pou r participer à la défense de Missolonghi assiégée par les Turcs.
Victime de fièwes , il y décède peu a prés .
Sa mort a un retentissement international et contribue à la prise de conscience occidentale du sort du peuple grec.
ou enco re le gén éral frança is Charles Fabvier , qui prendra une part prépondé rante à la d éfense d'Athè nes assiégée en 1g26 .
L'IMMOBIUSME DE LA 5AINTE ·Al.LIANCE La sympa thie de l'opinion publique pour la révolte h ellèn e cont raste avec les rétice nces des gouverne m en ts europée n s.
Depuis 18 15, les affaires e uropée nnes sont régies par l'ord re réactionnaire d e la Sain te-Alliance (Russie, Prusse , Autriche , France et Grande- Bretagne) et la diplomatie prudente de Metternich .
Celle-ci s'est donné po ur but de préserver l'équilibre européen né au lendemain de la chute de l'empire napoléonien et de se prémunir contre toute entreprise libéra l e ou révo lutionnaire .
Dans cette optique , les gouvernements ne se montrent guèr e disposés à soutenir une révo lte q ui, circonstance aggravante, s'est placée idéo logiquement dan s la filiation de la Révol ution française .
r--------------,------------ -1 Certes , l'Empire ottoman décli n an t
et de 60 navires de guerre ,
d éb arque après avoir noyé d ans le san g la révo lte -~ ~~~~~ en Crète .
li est commandé par Ibrahim Pocha ,
l e prop r e fils du vice -roi.
Malgré leur courage , les Grecs sont débordés.
Misso l o ng h i, siège du gouvernement révolutionnaire , est repr ise, puis, e n 1827, Athènes tombe à son tour.
À
cette date, p lus de 200 000 Grecs ont déjà péri dans le combat pour l'indépenda nce.
L'EUIOPE n LA • QUESTION D'ORIENT a, ENliE SYMPATHIE n UnCENCES
LE MOUVEMENT PHILHELLÈNE En Europe, les milieux libéraux se son t
t r ès tôt mobil isés p o ur la cause des patriotes grecs, perçue comme la lutte d'ém an cipation nationa le de la « p etite Grèce » contre le " géant otto man» .
Dès sa fondation, l'Hétairie a trouvé de nomb reux app uis sur le contine nt.
En 1822 , l'anno nce des terrib les massacres
de Chio décle nch e une vague d 'indig nat ion san s précéde n t au sein de l'opinion p ubl ique éclairée .
Nombre d'intellect u els , pétris de culture grecque classi que, décide nt de se mobilise r pour soutenir l'héroï que résis ta nce, de Hugo à Po uchkine en passa nt par Goethe .
Des comités philhellènes se créent ainsi dan s toutes les grandes capitales européen nes, mais aussi aux États-Unis .
Ils s'attachent à récolter des fonds e t des armes e n faveur des indépendan tistes et font pression auprès des gouve rneme nts pour obteni r une intervention militaire .
À Paris, outre Hugo, le comité réunit des figures aussi prestigieuses et diverses q u e L amartine , Delacroix, Berlioz et C hat eaubr iand.
C e vaste m ou vemen t ne se contente pas d 'u n soutien indirect et déborde bientôt le seul milieu des artistes .
Préfigurant les Briga des internationales de la guerre d'Espagne de 1936, des volontaires d e tous pays décident d 'aller com battre les armes à la main contre les Turcs .
Encadrés p a r leurs propres officiers , souvent des militaires de carriè re aguerris , des contingents se forme n t ains i e t s' embarquent en direction d e la Grèce .
Devant l'inactio n des pays européens , cette aide informelle mais efficace ser a
d ' un grand seco urs pou r des insurgés en passe d'être déb o rdés.
Nombre d'étrangers s'illustreront tout au long des durs combats pour l'indépendance et deviendron t des héros a u x yeux du p euple grec : le cap itain e de marine anglais Hastings, le généra l écossais Gordon
attise les convoitises.
Les préte ntion s des Russes sur les B alkans inquiètent l'Autriche, leur s visées sur les Détro its indisposen t l'Angleterre, maîtresse d e la Méditer ranée.
La France, elle, est favorable à l'émancipation de l'Égypte .
En un mot , l'équilibre géopolitique de l' Europe et de la Méditerranée relègue le cas de la Grèce a u second plan.
MtDIATION DIPLOMATIQUE Cependan~ la détermination des patriotes grecs , les massacres perpétrés par les Turcs, la sympat hie grandissa nte de la fraction éclairée des o pinions p ubl iques, l'action des comités philhellènes et l 'interventio n de contingents étrange r s contraig nent les chance lleries européennes à entrer dans le jeu et à offrir leur médiation .
E n juillet 1827, après bien des atermoiements , la G ra n de-B retagne , la France et la R ussie p ubl ient le protocole de Lond res, qui préconise « l'autonomie de la Grèce dans le cadre de la suzeraineté turque ».
De manière p révisib le , la Sublime Porte oppose une fin de non-recevoir .
UN TOURNANT : LA BATAILLE DE NAVARIN Devant le refus de tout compromis , les trois puissances sign ata ires du protocole de Londres déci dent d'envoyer une flotte de guerre patroui ller au large de la Grèce .
Il s 'agit non pas de combattre , mais simplement de faire pression sur le sultan pou r favo riser un règlement du conflit.
Mais , le 20 octobre 1827 , dans la rade du port de Navari n , l'esca dre tripartite détruit la flotte turco égyptienne sans déclaration de guerre préalable .
Les circonstances du déclenchemen t des hostilités demeurent mysté rieuses .
Le commandan t de la flotte frança ise, l'amiral de Rigny , qui ne fait pas mystère de sa sympath i e pour les insurgés , prétextera un coup de can o n tiré par un navire turc.
Provoca tion ou f a ute, la bataille navale de Navarin fait entrer la guerre d'indépendance grecque dans une phase nouvelle .
Les troi s alliés présenten t certes leur s excuses aux Ottom a ns.
Mais, d an s les fa its, les voilà déso rmais engagés militairem e n t dans le confli~ d'autant que le sultan, en dépit de la destructio n d e sa flotte , refuse toujours toute solution négoc iée.
L'INTERNATIONALISATION DU CONFLIT La Fra nce est la premiè re à interveni r.
En août 1828, un corp s expéditionnaire
comm andé p ar le général Maison
d é ba rque e n Morée.
Aidé par les rebelles grecs , il prend rapidement le dess u s sur l'armée d'Ibra him Pacha et le contraint à retourner e n Égypte.
Dans le même temps , la Russie,
p rofitan t des déboires turcs, passe à l'offe nsive à pa rtir de l'Arm énie et d u Danube.
L a guerre tourne rapidement à l'avantage du tsar.
E n août 1829, la ville d 'Andrinop le est p rise : les Russes sont aux portes d'Istanbul.
LE TRAIT È D'ANDRINOPLE Sa ca pitale menacée, Mohmud Il n 'a d'au tre alternative que de négoc ier.
Les pou rparlers about issent au traité d'Andri n ople, le 14 septe mbre 1829 , qui accorde une t rès large autono mie à la Grèce dan s le cadre fixé par le protocole de Londres de 1827.
L'INDÉPENDANCE
INACHEVÉE
LE TRAITÈ DE LONDRES Dans les faits, le traité d 'A n drinople ouvre la voie à l'indé penda nce
d e la Grèce à plus o u moin s court terme.
Celle-ci intervient le 3 fév rier 1830 avec la sign ature du trait é
d e Londres entre la France , la G rande Bretagne et la Russie , qui proclame la souverai neté d'un État hellèn e sous la prote ctio n des trois puissances alliées.
La Turqui e la reconn aîtr a
o fficiell e m e nt lo rs d u traité de C on stanti nople d e 1 832.
Cette indépe nda nce est cepen dant incomplète.
Les frontières du nouvel État sont rédui tes, exclua n t d e
n o m breuses provinces : la Thessa lie, l'Épir e , la Macédoi n e, la Thrace o u la Crèt e .
De fait, la m ajorité des Grecs continuent à v ivre dans l'Empire ottoman .
DES LENDEMAINS QUI DÈCHANTENT loonnis Kopodistrios (J ean Capo d'lstria) prend la tête de l'État.
A ncien m inistre des Affaires étrangè res du tsar Alexandre 1" , ce natif d e Corfou est une figure emblém a tiqu e de la rév olution grecq ue.
E n 1827 , l'Asse m blée nationale réunie à Tezerin l'a nommé à la tête du gouvernement provisoire dan s l'espoir que sa légitimité mette un terme définiti f aux conflits internes à l a résis tance.
Mais sa gestio n au tocratiq u e du pouvoir ravive les tensio ns.
En 1831, il est assassiné par un de ses rivau x.
Sa mort p lo n ge le pays dans une profonde instabi lité politiqu e, q ui le mène au bord d 'une nouvelle guerre civile .
UN PAYS SOUS INFLUENCE hRAN,ÈRE La crise est réso lue par les Eu ropéens .
Sans se soucier de l'avis du peuple , dont elle n e fait pas grand cas, la Sainte-Alliance impose son propre candidat , le prin ce alle m a nd Otton de Bavière , à peine âgé de 17 ans.
Il est intronisé à Nauplie en août 1832 sou s le nom d'Otton 1".
Cette n om in at ion permet aux puissances protectrices d 'exercer leur influence sur la politique intérieure d u pays, entravant de facto sa souve raineté chèrement acquise.
La guerr e d' indépenda nce s'achève su r un go ût am er pou r les Grecs .
Portée au départ par des idéaux républ ic a in s et libéraux , la révo lution condu it f inalement à l'instaura tion d 'une monarchie absolue ayan t
à sa tête un souverain étranger .
L' • HOMM E MALAD E DE L'EU ROPE •
La perte de la Grèce marque la première grande étape du processus de démantèlement de l 'Empire ottoman .
Victime de sa propre faiblesse , des mouvements d'émancipation nationa le et des ambitions expansionnistes des puissances européennes , il va deve n ir l'«homme malade de l'Europe », selon la célèbre expression forgée par le diplomate russe Alexandre Gorchakov en 1878 .
Tout au long du XIX' siècle et
jusqu 'à sa désagrégation finale au lendemain de la Première Guerre mondi ale , la Sublim e Porte verra ses posses sions dans les Balkans , sur le pourto ur méditerranéen et en mer Noire a ccéder à l'Indépendance ou entrer dans l'orbite des États européens.
C'est la lente agonie de cet empire et sa dépendance financière à l'égar d des capitaux étrangers qui e xpliqu ent ce qualificatif d' • homme malade " pour le désigner ..
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