L alphabétisation
Publié le 06/12/2018
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LIRE ET ÉCRIRE POUR COMMUNIQUER
L'alphabétisation constitue un défi majeur pour les décennies à venir.
Si la scolarisation des enfants s'améliore, l'accès des adultes analphabètes à la culture de l'écrit progresse lentement. Alors que le monde se globalise, que les communications se multiplient et s'accélèrent, que le world wide web étend sa toile, presque un habitant de la Terre sur cinq - soit 862 millions d'individus -ne maîtrise toujours pas la lecture ni l'écriture. La cause principale en est la pauvreté. Aussi, pour renforcer la lutte contre ce fléau, l'Assemblée générale des Nations unies a proclamé la période 2003-2012 « décennie pour l'alphabétisation ».
QU'EST-CE QUE L'ALPHABÉTISATION ?
Une étape essentielle De l'éducation
• L'alphabétisation est le processus d'apprentissage de la lecture
et de l'écriture. Le terme désigne également le résultat de ce processus.
• L'alphabétisation constitue l'une des principales étapes de l'éducation des enfants. Elle est pratiquée
dans le cadre scolaire.
• Elle concerne aussi les adultes qui n'ont pas été alphabétisés au cours de leur enfance ou qui ont perdu l’usage de la lecture et de l’écriture.
Alphabétisation et contexte
• L'alphabétisation est d'autant plus développée dans un pays que celui-ci dispose d'un système d'éducation ancien et éprouvé. Il est plus facile
à un enfant d’apprendre à lire et à écrire si ses parents ont eux-mêmes été scolarisés et alphabétisés.
• Le financement d'un système éducatif performant est très élevé. Le budget de l'Éducation nationale est le premier budget civil en France. Pour nombre de pays du Sud
en proie à des difficultés économiques et sociales graves, voire confrontés à des situations d'insécurité ou de guerre, l'éducation demeure un luxe.
• C’est pourquoi le taux d'alphabétisation des États reste très corrélé à leur niveau de richesse nationale.
• D'autres critères, sociaux et religieux, coexistent, qui expliquent notamment que les jeunes filles, dans certains
pays, ont moins facilement accès au système éducatif que les garçons.
Alphabétisation et besoin
• L'alphabétisation répond à un besoin. Les peuplades dites
« primitives » ou encore certaines populations des pays du Sud qui ne sont pas alphabétisées ne sont pas plus « incivilisées » que nos ancêtres plus ou moins lointains qui ne savaient ni lire ni écrire. Ce sont des peuples dont le mode de vie et la culture ne nécessitent pas forcément l'usage de la lecture et de l'écriture.
• Cette situation ne constitue pas un « manque » en soi pour
ces populations qui vivent souvent dans une société où la proximité relationnelle exclut les situations de communication à distance. Cet analphabétisme structurel représente en revanche un obstacle à l'intégration de ces populations au
sein d'une « société mondiale » de plus en plus globalisée et uniforme, où l'écrit est devenu l'instrument privilégié de la communication.
• Pendant des siècles, si l'écrit n'était pas absent des sociétés organisées, son usage, et donc ses instruments
- lecture et écriture - étaient réservés à certains domaines - de l'ordre du religieux puis de l'officiel, plus rarement de la sphère privée.
• L'usage de l'écrit s'est naturellement développé avec les besoins de communication liés à l'accroissement de la taille des sociétés, phénomène qui englobe l'augmentation démographique, l'urbanisation,
la multiplication et l'accélération des transports, l'uniformisation des tâches économiques, etc.
«
lANGUE
MATERNEW OU LANGUE ACQUISE
• !:alphabétisation dans la langue
maternelle du locuteur est la plus
efficace pour l'apprenant qui maîtrise
déjà la langue orale.
• Il en est autrement lorsque la langue
maternelle
de l'apprenant
est minoritaire
et se trouve
en conflit
dans son
propre pays,
avec une
langue
dominante.
Cette dernière, qui est la langue
d'alphabétisation, représente à la fois,
pour l'apprenan� une langue
" étrangère » qui s'impose à lui
et la langue de promotion sociale
dont il souhaite acquérir l'usage.
• Il arrive aussi que la langue maternelle
soit non écrite.
Des systèmes d'écriture
artificiels sont alors élaborés pour
faciliter l'alphabétisation des apprenants.
C'est notamment le cas en Afrique noire
où des parlers indigènes sont parfois
élevés au rang de langues officielles.
lANGUE COMMUNAUTAIRE
OU LANGUE VÉHICULAIRE
• On estime à plus de 6 000 le nombre
de langues parlées dans le monde.
Or, 90 % de la population de la planète
pratique seulement une centaine de
langues.
Certaines langues se distinguent
donc par une fonction véhiculaire
plus importante que d'autres.
• Au Brésil, 99,8% de la population
parle le portugais.
Langue maternelle,
langue nationale, le portugais, bien
qu'importé, est naturellement la langue
d'alphabétisation du pays.
• Le Sénégal présente un cas de figure
très répandu en Afrique.
Le français y
est langue officielle, bien que ce ne soit
la langue maternelle d'aucun Sénégalais.
Six langues nationales et une quinzaine
de langues sans statut officiel complètent
le paysage linguistique du pays.
Comme
d'autres pays en développement
multilingues, le Sénégal a donc promu
la langue de l'ancien colonisateur
pour consolider l'unité nationale.
• Dans le cadre du processus
d'arabisation qui a suivi la
décolonisation, nombre de pays
du Maghreb, du Proche ou du Moyen
Orient ont fait de l'arabe classique
leur langue nationale et celle de
l'alphabétisation.
Or, l'arabe classique
est une langue fabriquée, destinée
à renforcer l'identité communautaire
et à permettre aux ressortissants d'une
même aire culturelle de communiquer.
Les populations, quant à elles, parlent
l'arabe dialectal propre à leur pays.
LE POIDS DE LA CULTURE ORAlE
• C'est dans les zones où prédominent
les cultures orales que l'on dénombre
la majorité des analphabètes, en raison
de la quasi-absence d'environnement
graphique : pas de signalisation, pas
d'affichage, un service postal sommaire
et une circulation des imprimés limitée.
• D'un point de vue pédagogique, une
personne nouvellement alphabétisée -
une néo-alphabète -issue d'une
culture orale doit fournir de très gros
efforts pour fixer ses connaissances.
La rareté des occasions d'écrire et du
matériel pour lire la menacent d'un
analphabétisme de retour, c'est-à-dire
d'une rechute dans l'analphabétisme,
après avoir été alphabétisée.
AiPHABhJSATION n ACCULTURATION
• En enrichissant son savoir par le biais
de l'alphabétisation, l'« apprenant»
change de statut au sein de sa
communauté.
Cette mutation porteuse
d'espoir est aussi source de conflits
et de ruptures avec la tradition orale.
• Au contact de l'alphabétisation,
la culture orale se métamorphose.
La preuve écrite prend le pas
sur la parole donnée, par exemple.
Les conceptions du temps, de l'espace,
les notions de réalité ou de vérité
s'en trouvent modifiées.
• !:alphabétisation peut donc aussi
être la cause d'une acculturation.
Les effets de celle-ci sont moindres
si l'on ne considère plus
l'alphabétisation comme une fin
en soi, mais comme un moyen.
Au-delà de l'apprentissage de
la lecture et de l'écriture, c'est
l'intégration sociale, devenue l'enjeu
essentiel de la démarche, qui doit
être recherchée.
LES TYPES
D 'ALPHABÉTISATION
L' ALPIIABtTISATION DE MASSE
• !:alphabétisation scolaire est une
alphabétisation de masse.
Si ses
méthodes diffèrent selon les lieux
et les époques, elles varient peu
selon les types d'individus.
• Son succès dépend énormément
de la pratique postérieure de la langue.
L' ALPHABtTISATION FONCTIONNELLE
• En 1965 est apparu le concept
d'alphabétisation " fonctionnelle »,
qui lie le processus d'apprentissage
à l'environnement économique.
Ce principe consiste à inculquer des
connaissances pratiques orientées vers
les activités quotidiennes et le travail.
• Ce type d'alphabétisation a donné
,...-...,...,.,,_,....
d'excellents
résultats.
Ainsi, entre
1970 et 1977,
un programme
fonctionnel
appliqué
à la Ttlnztmie
a fait chuter
le taux
d'analphabétisme de 70% à 20 %.
L' ALPHABfliSATION
« CONSCIENTISANTE »
• Toutefois, il est bientôt apparu
que le principe de fonctionnalité était
trop souvent réduit à celui de sélectivité,
de productivité et de rentabilité,
reléguant l'individu au second plan.
• Partant de ce consta� le Brésilien
Paulo Freire (1921- 1997) a développé
une conception de l'alphabétisation
qui fait appel à la " conscientisation
politique » des populations.
Celle-ci fait usage de textes provenant
de la vie quotidienne des apprenants,
des situations concrètes vécues par eux.
• Cette méthode est aujourd'hui
appliquée dans le monde entier.
lEs
PROGRAMMES MONDIAUX
• Depuis les années 1980, les objectifs
adoptés à l'échelon mondial visent à
encourager la scolarisation des enfants,
not11mment des filles, afin de tarir
l'analphabétisme à sa source,
tout en réduisant celui des adultes.
• t:année 1990 a constitué le point
d'orgue de cette stratégie, avec la
célébration de l'Année internationale
de l'alphabétisation, et la réunion de
la Conférence mondiale sur l'éducation
pour tous, à Jomtien, en Tha·11ande.
• Aujourd'hui, l'alphabétisation
s'inscrit dans le cadre du nouveau
modèle de " développement durable »
que les agences des Nations unies
cherchent à promouvoir.
QU 'EST -CE QUE
L'ANALPHABÉTISME?
PLUSIEURS APPROCHES
• En 1951, l'Unesco considérait comme
analphabète " toute personne capable
seulement de lire et d'écrire des chiffres
et son nom, de même qu'une personne
qui sait lire, mais non écrire, ainsi qu'une
personne qui ne peut lire et écrire qu'une
expression rituelle apprise par cœur».
• En 1978, l'Unesco a donné
une definition fonctionnelle de
l'analphabétisme en précisant : " Est
fonctionnellement analphabète une
personne incapable d'exercer toutes les
activités pour lesquelles l'alphabétisation
est nécessaire dans l'intérêt du bon
fonctionnement de son groupe et de sa
communauté et aussi pour lui permettre
de continuer à lire, à écrire et à calculer
en vue de son propre développement
et celui de la communauté.
»
LES MESURES DIE L' ANALPHABtnSMIE
• Les statistiques de l'analphabétisme
proviennent des recensements
nationaux, d'enquêtes de comportement
ou encore d'études de groupes
spécifiques comme les jeunes
effectuant leur service national.
• La diversité des critères utilisés
ainsi que la large part laissée à
l'autoévaluation lors des recensements
peuvent faire craindre une sous
estimation statistique du phénomène.
L1TAT ACTUEL DE
L'ANAlJtiiAitnsME
SITUATION n DISPARITÉS
• Selon l'Unesco, le nombre d'adultes
analphabètes -plus de 15 ans -
s'établit en 2000 à 862 millions
(20,3 %de la population mondiale)
contre 872 millions en 1995 {22,4 %).
• Les plus
grandes
populations d'analphabètes
se situent
en Asie
du Sud
(47%
du total
mondial des
analphabètes et un taux moyen
d'analphabétisme de 44,7 %), en Asie
de l'Est et pacifique (21 % du total et
un taux moyen de 13,5 %), en Afrique
subsaharienne (15% du total et un taux
moyen de 39,7 %), au Moyen-Orient
et en Afrique du Nord (9 % du total
et un taux moyen de 39,9 %) et en
Amérique latine et caribéenne (5 %
du total et un taux moyen de 11,1 %}.
Les 3 % restants résident dans
les pays développés et dans l'ex-URSS.
• Le taux d'analphabétisme mondial
est de 20,3 %.
Il est de 1,8 % en Europe,
de 6,1 %e n Océanie, de 6,9 Ofo
en Amérique, de 24,4 % en Asie,
de 40,2 % en Afrique.
• Le taux d'analphabétisme est
fortement corrélé avec le degré
de pauvreté des États.
Les taux
les plus élevés sont ceux des pays
les plus pauvres.
Les p11ys les moins
IIVtlncés (PMA) présentent un taux
d'analphabétisme moyen de 48,4 %.
Dans la liste des pays pour lesquels
l'Unesco dispose de statistiques,
parmi les vingt pays présentant un taux
d'analphabétisme supérieur à 50 %,
seuls quatre -Côte-d'Ivoire, Irak,
Maroc et Pakistan -n'appartiennent
pas au groupe des PMA.
• Le taux d'analphabétisme présente
également une forte corrélation
avec le sexe.
Le taux mondial moyen
(20,3 %) est de 25,8 % pour les
femmes (soit un total de 549 millions
d'individus) contre 14,8 % pour
les hommes {313 millions).
!:écart entre les sexes est d'autant
plus marqué que les pays connaissent
déjà un fort taux d'analphabétisme.
Ce sont donc les régions du Moyen
Orient et de l'Afrique du Nord et
celle de l'Asie du Sud qui présentent
le plus fort différentiel dans
ce domaine.
L'ILLETTRISME
•
Au début des années 1980,
les pays industrialisés ont pris
conscience de la subsistance
chez eux d'un phénomène
d'analphabétisme désigné
sous le terme d'« illettrisme ».
• Celui-ci s'apparen te à
l'analphabétisme de retour
dont souffrent les populations
nouvellement alphabétisées qui
ont perdu l'usage de la lecture
et de l'écriture, faute de pratique.
Il peut éventuellement s'agir ici
du même schéma, mais l'Illettrisme
résulte le plus souvent d'une
acquisition incomplète des
capacités de lire et d'écrire en
raison d'une scolarité insuffisante.
• Ces illettrés présentent des
caractéristiques communes :
un sur trois a souffert de la
pauvreté, deux sur trois font partie
de fratries de plus de quatre
enfants, la très grande majorité
d'entre eux est issue du milieu
ouvrier ou de la pe tite paysannerie,
la moitié d'entre eux n'a pas
terminé l'école primaire.
• L'illettrisme qui se reproduit
au sein des milieux défavorisés
constitue l'une des premières
causes de l'échec scolaire
et représente un facteur majeur
d'exclusion sociale.
• !:analphabétisme en milieu rural
est plus important qu'en milieu urbain.
Dans les pays du Sud , il existe
généralement un facteur 2 entre
le taux d'analphabéti sme dans les villes
et le taux dans les campagnes.
• Le taux d'analphabétisme est enfin
corrélé au taux de croissance
démographique.
Une croissance
démographique rapide, caractéristique
des pays du Sud, constitue un défi
majeur à la généralisation
de la scolarisation primaire,
en raison du coût de celle-ci.
En dépit d'une baisse constante
du taux d'analphabétisme enregistrée
depuis 1970, le nombre total
d'analphabètes n'a commencé
à décroître qu'en 1990.
TAUX D'ANALPHABÉTISME PAR RÉGION ET PAR SEXE (UNESCO, 1-)
Femmes
40% 1------------- -
30% 1------------------1
0 %�----� �-- -- � ��-L-- � ��--�� --�
Afrique Moyen-Orient
Pays
développés Amérique
latine sub-et
Afrique
saharienne du Nord Asie
du Sud.
»
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