Grand oral du bac : L'homéopathie
Publié le 16/11/2018
Extrait du document
Actuellement, plus de trois mille remèdes homéopathiques sont proposés en France et plus de mille ont reçu un visa de spécialité et sont donc remboursés par la Sécurité sociale. Toutefois, les médicaments préparés selon la technique de Korsakoff ne sont pas remboursés, même s'ils sont disponibles en France.
• En l’an 2000, les ventes de médicaments homéopathiques représentaient plus d'un milliard d'euros à travers le monde, soit environ 0,5 % de l'ensemble du marché de la pharmacie.
• Près de 70 % du marché de l'homéopathie se situe en Europe, notamment en France et en Allemagne, pays à partir desquels l'homéopathie s'est développée au siècle dernier.
• La France, avec 230 millions d'euros, est le premier marché mondial de l'homéopathie, suivie par l'Allemagne puis par des pays tels que l’Inde, le Brésil, l'Italie ou les Pays-Bas.
PRINCIPES DE L’HOMÉOPATHIE
Le mot homéopathie vient du grec homeo qui signifie « semblable » et de pathos, « souffrance ». Son étymologie reflète la philosophie générale de cette médecine, puisqu'elle s'articule autour du fait que le traitement doit être de même nature que la cause ayant provoqué la maladie (principe de similitude).
Principes généraux
• Selon le principe de similitude, une personne piquée par une abeille, par exemple, pourra être soignée par du venin d'abeille. Ce n'est pas une idée totalement nouvelle car les médecins grecs avaient déjà envisagé ce type d'approche thérapeutique.
• Quoi qu’il en soit, ce principe du « semblable » oppose l'homéopathie à l'allopathie, ou médecine classique, où l'on prescrit des produits dont les effets s'opposent à ceux de l'affection, selon le principe des « contraires ».
• L'originalité de la méthode d'Hahnemann réside dans l'utilisation de préparations fortement diluées. Cette façon de procéder permet d'utiliser toutes sortes de produits, en particulier des produits qui s'avèrent toxiques quand ils ne sont pas fortement dilués.
• L'homéopathie a un champ d'action très large : elle couvre la plupart des maladies courantes, chroniques ou lésionnelles et s'adapte à tous les âges. Toutefois, elle s'adresse en priorité aux allergies, aux infections, aux affections psychosomatiques et à certaines douleurs.
La consultation homéopathique
• La consultation homéopathique vise deux objectifs : le premier, propre à toute démarche médicale, est d'aboutir à un diagnostic ;
le second, plus spécifique, correspond à la recherche du médicament le plus approprié à l'ensemble des manifestations présentées par le patient.
• En effet, deux personnes atteintes de la même affection présentent des symptômes de la maladie similaires,
mais ces symptômes peuvent être accompagnés de différents signes d’accompagnement, selon les modes réactionnels propres à chacun. Ainsi, les deux patients pourront recevoir des traitements homéopathiques différents.
• L'homéopathe fait suivre l'examen clinique d'un entretien avec le patient, de manière à détecter les symptômes d'accompagnement de la maladie, sur lesquels la médecine classique ne s'attarde généralement pas.
Une approche globale
• Pour bien soigner son patient, le médecin homéopathe doit tenir compte de l'ensemble des traits perceptibles de sa personnalité et noter les difficultés que le patient a rencontré, non seulement dans la cadre de sa maladie, mais au cours de sa vie.
• L'homéopathie originelle est une médecine de la globalité. Elle est donc bien plus qu'une pharmacopée reposant sur l'utilisation de remèdes dilués. Le médecin homéopathe doit avoir une grande connaissance de son patient et lui poser de nombreuses questions afin de déterminer la composition exacte des remèdes et le moment de la journée où ils doivent être pris.
• Selon Hahnemann, un sujet pourrait même être contraint de prendre son traitement à des horaires très précis, voire au beau milieu de la nuit Ce principe, pourtant fondamental dans les théories de l'homéopathie, a été en partie abandonné, ou tout au moins allégé, par les homéopathes modernes, probablement pour ne pas décourager les malades.
LES REMÈDES HOMÉOPATHIQUES
La nomenclature
Les médicaments homéopathiques sont généralement désignés par une appellation latine qui correspond aux noms scientifiques des substances actives à l'origine de la préparation. Ce nom latin est suivi par une formule du type 3CH, 5CH ou 9CH. Le chiffre désigne la hauteur de dilution de la substance de base et les initiales indiquent le
«
..
+
9 parties
de solv an t ..
teinture mère une
partie de teinture mère 1
OH
..
\
+ 9 parties Î de solvant
J
..
0
1 OH une
partie de 1 OH 2
OH
...
ju sq u'à 15 OH, voire 30 CH
Pour réaliser une décim11/e
h11hnem11nnienne (1 DH), un premier
flacon reçoit une partie de la teinture
mère à diluer, à laquelle on ajoute
9 parties de solvant.
Puis la solution est
fortement agitée, subissant un certain
nombre de secousses : c'est le
processus de dynamisation.
On obtient
ainsi une première DH.
La deuxième
DH est réalisée comme précédemment,
mais à partir de la première DH, et ainsi
de suite.
Pour réaliser une centésimale
hahnemannienne (série de dilution la
plus utilisée), le principe de base est
exactement le même que pour la
décimale hahnemannienne.
Le flacon
de départ reçoit une partie de la
teinture mère à diluer, mais dans ce cas
on ajoute 99 parties de solvant Le
flacon est ensuite soumis à l'étape de
dynamisation (agitation) et l'on obtient
ainsi une première CH.
La deuxième est
réalisée de la même manière, à partir
de la première CH, et ainsi de suite.
La préparation des granules
homéopathiques se lait par
imprégnation du support avec les
dilutions ainsi réalisées.
Il existe, dans la pharmacopée
européenne, une autre technique de
d ilu tio n des remèdes homéopathiques,
la méthode de Korsakoff : la dilution
est réalisée à partir du liquide resté sur
les parois du flacon après que celui-ci
a été vidé.
• Les médicaments homéopathiques se
présentent sous plusieurs formes
phllrmiiCeutiques ou formes
galéniques.
La plus connue du grand
public, et la plus classique, est celle des
granules, mais il existe d'autres
présentations.
• Les formes galéniques et
les conditionnements les plus
habituellement rencontrés sont : le tube
de granules, la dose de globules, le
flacon de gouttes, le flacon de
trituration, l'ampoule buvable, la boite
de suppositoires, la pommade et les
comprimés.
La
dilution
hahnemannienne
• En fait en dehors des formes granules
et globules, spécificités
homéopathiques, toutes les autres
formes galéniques sont celles de la
médecine allopathique.
• La formule en tube de granules et la
dose de globules sont directement
issues de la tradition hahnemannienne.
• Le tube de granules contient environ
80 petites sphères composées
essentiellement d'un excipient
(saccharose et lactose) et imprégnées
de la dilution du médicament choisi.
Les granules sont par exemple prescrits
par prise de 5 à laisser fondre sous la
langue.
• La dose de globules contient environ
200 unités, des sphères plus petites que
les granules.
La prescription la plus
courante est la prise du contenu en une
seule fois.
La forme du médicament
homéopathique est choisie selon le
type et la durée du traitement
préconisés.
Ainsi, le patient bénéficie de
la formule la plus adaptée.
Pour une
prise unique, la dose de globules est
souvent préférée.
Pour des prises
répétées, le médecin pourra proposer
les tubes de granules ou des gouttes.
L'INDUSTRIE
DE L'HOMtOPATHIE
lA FIIII IICATION
De la fin du xvur siècle jusqu'aux
années 1840, le médecin homéopathe
fabriquait lui-même ses médicaments
car cette médecine était encore peu
répandue et la plupart des pharmaciens
d'officine ne connaissaient pas le mode
de f11bricllfion des pnp��rllfions
homéopathiques.
À
partir des années 1850, apparaissent
les premières pharmacies spécialisées
en homéopathie.
Dès lors, les rôles sont
définis : les praticiens prescrivent les
médicaments et les pharmaciens les
préparent et les vendent
Ces pharmaciens homéopathes affinent
peu à peu les techniques et les modes
de fabrication.
Des règles sont publiées
dans des ouvrages tels que le Codex
des médicaments homéopathiques du
pharmacien Georges Weber en 1854 et
la Pharmacopée homéopathique
française de H.
Ecalle, R.
Del pech et A.
Peurier en 1898.
Parallèlement naît une véritable
industrie pharmaceutique du
médicament homéopathique qui
conçoit de nouv 1111ux llpptll'fils
destinés à automatiser le processus de
fabrication.
C'est ainsi que se créent en France les
laboratoires LHF, LHM, Boiron,
Delpech, Dolisos, Lehning mais
également les laboratoires Schwabe en
Allemagne, le laboratoire Nelson en
Grande-Bretagne, ou USM aux États
Unis.
Peu à peu, face à l'efficacité de
ces laboratoires, la fabrication est
abandonnée par les officines.
Actuellement, plus de trois mille
nmèdes homblptllhiques sont
proposés en France et plus de mille
ont reçu un visa de spécialité et sont
donc remboursés par la Sécurité
sociale.
Toutefois, les médicaments
préparés selon la technique de
Korsakoff ne sont pas remboursés,
même s'ils sont disponibles en France.
• En l'an 2000, les ventes de
médicaments homéopathiques
représentaient plus d'un milliard
d'euros à travers le monde, soit environ
0,5% de l'ensemble du marché de la
pharmacie.
• Près de 70% du marché de
l'homéopathie se situe en Europe,
notamment en France et en Allemagne,
pays à partir desquels l'homéopathie
s'est développée au siècle dernier.
• La France, avec 230 millions d'euros,
est le premier marché mondial de
l'homéopathie, suivie par l'Allemagne
puis par des pays tels que l'Inde, le
Brésil, l'Italie ou les Pays-Bas.
L'EFFICACirt EN CAUSE
En dépit de son succès, l'homéopathie
est contestée par de nombreux
médecins et chercheurs.
S'il est clair homéopathe
et son malade joue un
rôle psychologique important dans le
processus de guérison, les fondements
de l'homéopathie (prise en compte
d'une multitude de symptômes sans
rapport direct avec la maladie, principe
de similitude et, surtout, importance de
la dilution des principes actifs) sont
vivement critiqués.
LE PIOBÙME DES DILUTIONS
Les dilutions utilisées en homéopathie
sont telles (de un million de fois à plus
de un milliard de milliards de fois !)
qu'il n'y a parfois plus aucune trace de
produit actif dans la solution utilisée
pour imprégner les granules
homéopathiques.
Les dilutions sont donc au centre des
principales critiques formulées à
l'encontre de cette médecine.
Comment
une formule médicamenteuse
dépourvue de tout principe actif
pourrait-elle encore avoir un effet? Les
homéopathes ont cru un moment avoir
trouvé une réponse à ce paradoxe avec
la théorie de la « mémoire de l'eau »
pré sen tée par le Fra nçai s l11cques
Benveniste en 1988.
Ce chercheur et son équipe ont
observé, lors d'une série d'expériences,
que des solutions si fortement diluées
qu'il n'y restait en théorie, plus une
seule molécule de principe actif étaient
capables de faire réagir des systèmes
hypersensibles.
Cette capacité de
mémoire tiendrait à l'existence de
signaux magnétiques moléculaires
capables d'interagir avec les solvants.
Malheureusement, ces expériences,
pourtant d'abord reconnues et publiées
dans des revues scientifiques
internationales, n'ont jamais pu être
reproduites.
La théorie de la mémoire
de l'eau est à présent abandonnée par
la communauté scientifique et ne peut
plus être d'aucun recours pour
interpréter le principe de
l'homéopathie.
lE MANQUE D'tvALUATION SCIENTIFIQUE
Le second type de critiques vient du
constat que peu de préparations
homéopathiques ont été testées.
Quand
c'est le c'est la démarche expérimentale
qui est critiquée sur le
plan méthodologique, ou bien les
résultats ne sont guère convaincants.
Certaines études montrent un effet
pour une préparation, mais d'autres les
contredisent.
En faisant des regroupements d'études
(ce qui est loin d'être idéal sur le plan
de la démarche expérimentale et
statistique), on parvient parfois à
montrer que certaines préparations
donnent des effets significatifs par
rapport à des placebos (substances
neutres administrées selon la même
procédure).
C'est le cas pour des
traitements homéopathiques contre les
allergies et contre différentes
manifestations liées au stress, ainsi que
contre les petites infections de l'enfant.
L'ABSENCE D'EFFm SECONDAI lES
Jamais aucun effet secondaire néfaste
n'a été rapporté par les médecins
prescrivant des remèdes
homéopathiques alors que les effets
indésirables sont le lot quasi inévitable
de n'importe quel médicament
allopathique.
Cette simple constatation
peut à elle seule faire douter de
l'efficacité des médicaments
homéopathiques.
En effet les souches utilisées sont des
produits naturels et il est fort peu
probable que tous soient extrêm em ent
spécifiques dans leur action et donc
sans effets collatéraux.
Cette spécificité
est d'ailleurs battue en brèche par le
constat suivant : une même préparation
peut être prescrite contre des maladies
différentes.
L:absence d'effet secondaire suggérerait
donc une absence d'effet tout court.
Sans doute par dérision, pour bien
affirmer cette innocuité, un journaliste
d'une revue de consommateurs a avalé
plus de 800 comprimés en une seule
fois sans ressentir le moindre malaise.
Quoi qu'il en soit l'adhésion du public à
la médecine homéopathique, de même
que le fait qu'elle soit pratiquée par des
médecins (souvent parallèlement à la
médecine traditionnelle) témoignent de
l'importance de cette médecine
alternative.
Outre les effets
psychosomatiques induits par la relation
médecin-malade (l'état d'esprit du
malade influant sur son corps et sur sa
capacité à surmonter la maladie), on
considère que les médicaments
homéopathiques pourraient agir en
renforçant les défenses naturelles de
l'organisme (défenses immunitaires),
selon un mécanisme encore
mystérieux ....
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