Grand oral du bac : L'épilepsie (Histoire de la médecine)
Publié le 16/11/2018
Extrait du document
Le « grand mal »
Les crises tonico-doniques (ou « grand mal ») représentent la forme de crise d'épilepsie la plus connue et la plus impressionnante bien qu'elle ne soit pas la plus répandue. Elles se manifestent par une perte de connaissance, des mouvements convulsifs, une hypersalivation et parfois une perte d'urine. Dans une majorité de cas, même si les sujets épileptiques apparaissent très fatigués après une crise et parfois confus et désorientés, les crises ne laissent pas de séquelles visibles. Il semble cependant que chaque crise renforce l’état épileptogène du cerveau et le rende ainsi plus susceptible de déclencher une nouvelle crise. Par ailleurs, lorsque les crises sont longues et très fréquentes, elles peuvent provoquer des lésions.
L'ENFANCE
Chez l'enfant, cette classification est valable mais il existe aussi des particularités liées à ce jeune âge. En effet, chez l'enfant, les circuits neuronaux ne sont pas encore complètement développés et sont plus sensibles aux modifications d'activité électrique. Par exemple, 3 à 5 % des nourrissons présentent
des crises, appelées convulsions fébriles, qui se manifestent lors
UN ORAGE DANS LE CERVEAU
L'épilepsie (ou comitialité) est une maladie neurologique qui se manifeste par des crises. Les crises surviennent de façon imprévisible (épilepsie du grec epilépsia : attaque) et ne durent généralement que quelques minutes. Elles peuvent s'exprimer indépendamment ou non par une chute, une perte de connaissance, des mouvements convulsifs ou désordonnés et involontaires, une perturbation des fonctions cognitives, etc. Malgré la nature souvent impressionnante de ses manifestations, l'épilepsie n'est nullement une maladie mentale. Elle traduit un dysfonctionnement transitoire de l'activité électrique de certaines régions du cortex cérébral (couche superficielle du cerveau). Dans ces régions, dites épileptogènes (suffixe « gène » du grec genos : origine), des neurones vont brusquement devenir hyperactivés en même temps. Ils vont ainsi émettre des décharges électriques excessives qui provoquent une sorte « d'orage dans le cerveau » à l'origine des symptômes de la maladie. La nature de ces manifestations cliniques est dépendante de la zone cérébrale touchée. En effet, les modifications d'activité électrique peuvent concerner des zones cérébrales différentes et d'étendue variable. C'est pourquoi il n'existe pas une, mais des épilepsies.
UNE MALADIE FRÉQUENTE
En France, l'épilepsie représente, après la migraine, la cause de consultation la plus fréquente chez le neurologue. On répertorie 450 000 personnes atteintes de cette maladie en France et plus de 40 millions dans le monde. L'épilepsie touche indifféremment les hommes et les femmes et se déclare souvent dès l'enfance. Dans plus de 50 % des cas, les premières manifestations de la maladie apparaissent avant 10 ans. Lors de la survenue d'une crise
unique dans la vie d'un individu, on ne parle pas d'épilepsie. C'est la répétition des crises au cours d'une période de la vie qui définit l'épilepsie. Cinq pour cent de la population est susceptible un jour de faire une crise d'épilepsie. Dans un cas sur deux, cette première crise inaugure une maladie épileptique. L'épilepsie est donc une maladie chronique, ce qui ne veut pas pour autant dire qu'une personne épileptique le restera toute sa vie. En effet dans de nombreux cas, la maladie se manifeste dans l’enfance mais disparaît à l'adolescence. Certaines épilepsies peuvent également se produire consécutivement à une lésion cérébrale et disparaître avec le temps.
Le premier médicament
En 1873, Hughlings Jackson, neurologue anglais, suggéra que des décharges d'énergie neurochimique soudaines dans le cerveau pouvaient être à l'origine des crises et que l'expression des crises était dépendante de la localisation des décharges. À cette époque fût proposé le premier médicament contre l'épilepsie : le bromure. Au xxe siècle, une meilleure connaissance de la transmission neurochimique dans le cerveau et le développement de nouveaux outils d'investigation ont permis d'améliorer le diagnostic et le traitement de la maladie.
Les traitements pharmacologiques actuels
Le traitement principal de l'épilepsie est en fait un traitement de fond visant à limiter l'apparition des crises. Une vingtaine de médicaments est aujourd'hui disponible. Utilisés seuls (monothérapie), ces médicaments sont efficaces dans 80 % des cas pour limiter et même faire disparaître les crises. En cas d'échec, une association de plusieurs médicaments
«
notant
la présence de signes
caractéristiques tels les convulsions,
perte de connaissance, hypersalivation,
perte d'urine, etc.
Ensuite, les
enregistrements de l'activité cérébrale
par EEG et IRM révèlent la présence
effective de zones épileptogènes.
I:IRM
permet, en effet, de détecter dans 80 %
des cas la zone épileptogène et de la
visualiser en trois dimensions.
L'imagerie par émission
monophotonique permet également
de visualiser très précisément la zone
d'activité anormale.
Cette technique
consiste en l'injection d'un marqueur
radioactif qui va se fixer dans le cerveau
en fonction de son état d'activation.
Le marqueur va donc se fixer
préférentiellement au niveau des
zones épileptogènes.
Si cette technique
permet une détection très précise
du foyer épileptogène, elle présente
l'inconvénient majeur de devoir être
réalisée au moment d'une crise.
Un examen neuropsychologique est
également systématiquement effectué
afin de déterminer s'il n'existe pas de
déficit fonctionnel lié aux crises.
ORIGINES DES ÉPILEPSIES
LES EPILEPSIES SYMPTOMATIQUES
Dans 40 % des cas, les épilepsies sont
consécutives à une lésion cérébrale
(malformation congénitale, tumeur,
traumatisme crânien, maladie
neurologique évolutive, etc.) ou
à une infection cérébrale (paludisme,
méningite, SIDA ou bien cysticercose
cérébrale, c'est-à-dire un kyste dû au
ténia) très fréquente dans les pays en
voie de développement.
On parle alors
d'épilepsie d'origine symptomatique.
Ces lésions ou infections vont perturber
le fonctionnement des neurones.
À tout âge, une lésion du cerveau
peut déclencher une épilepsie.
Toute maladie du cerveau est en
fait potentiellement susceptible de
provoquer une épilepsie.
Néanmoins,
deux patients atteints d'une même
maladie du cerveau ne développeront
pas forcément tous les deux d'épilepsie.
Ceci suggère qu'il existe une
prédisposition de certaines personnes
à l'épilepsie.
UNE ORI"NE GENETIQUE
Il existe dans 5 à 10 % des cas
d'épilepsie des antécédents familiaux
traduisant une origine génétique.
On a effectivement retrouvé des
li11isons chromosomiques
particulières dans des familles où plusieurs membres
souffraient
d'épilepsie.
Dans d'autres formes
familiales de la maladie, certains gènes
mutés ont été identifiés.
Pour la plupart,
ces gènes codent pour des protéines
participant à l'activité électrique des
neurones.
On peut ainsi comprendre
que l'altération de ces protéines puisse
conduire à des modifications
d'activation des neurones.
Néanmoins,
seules quelques formes familiales
d'épilepsie présentent une transmission
familiale héréditaire évidente.
Pour
le reste, la transmission génétique de
l'épilepsie apparaît très complexe et
est encore méconnue.
Il semblerait
que, plus que la maladie elle-même,
ce soit une prédisposition à l'épilepsie
qui se transmette.
Un fadeur déclenchant
À cette prédisposition doit s'ajouter un
facteur déclenchant l'épilepsie.
Ce
facteur n'est pas toujours facile à définir
et varie en fonction des individus.
Il y a
quelques années s'est développée une
polémique autour des écrtlns de jeux
vidéos comme cause possible de
crises d'épilepsie.
Une étude française
coordonnée par plusieurs centres de
recherche et effectuée sur 115 patients
a montré qu'effectivement chez
certains sujets épileptiques dits
"photosensibles», l'exposition
prolongée à un écran vidéo pouvait
provoquer des crises alors qu'elle
n'engendrait pas de crise chez des
sujets non photosensibles.
D'autre part,
la fréquence de défilement des images
(100 Hz engendrant moins de crises
que 50 Hz), les caractéristiques de
l'image (luminosité, contraste, etc.)
ainsi que la distance de l'écran
influaient également sur le
développement des crises chez ces
sujets.
Les sujets photosensibles
représentent 5 % des épileptiques.
D'autres facteurs favorisent plus
communément les crises chez les
épileptiques : l'abus d'alcool, le
manque de sommeil, le stress, la fièvre,
etc.
Pour limiter la survenue des crises,
les sujets épileptiques doivent donc
s'astreindre à une hygiène et une
régularité de vie.
LES EPILEPSIES CRYPTOGENIQUES
Dans la moitié des cas d'épilepsie
restants, l'origine est inconnue.
On
parle alors d'épilepsies cryptogéniques.
Il est supposé que ces épilepsies sont
d'origine symptomatique mais la nature
de la lésion n'a pas pu être définie.
UNE MALADIE AUJOURD'HUI BIEN TRAITÉE
Des traitements spirituels
L'épilepsie est connue depuis bien
longtemps.
Un manuel babylonien de
médecine datant de 2000 ans avant
J.-C.
rapporte une description précise
de plusieurs types d'épilepsie.
À cette
époque, l'épilepsie revêtait un caractère
surnaturel et à chaque type d'épilepsie
était associé le nom d'un esprit ou d'un dieu
bien souvent malfaisant.
Le traitement préconisé relevait en
conséquence du domaine spirituel.
Plus tard, au V' siècle avant J.-C., alors
que l'épilepsie nourrissait encore les
fantasmes et les craintes, Hippocrtlfe
émit l'hypothèse assez novatrice qu'un
dérèglement
cérébral pouvait
être à l'origine
des crises.
Mais
les concepts
surnaturels étaient
bien ancrés dans
les esprits et l'idée
d'Hippocrate ne
put trouver un
écho que vingt-quatre siècles plus tard
avec le développement de la
neurologie.
Le premier médicament
En 1873, Hughlings Jackson, neurologue
anglais, suggéra que des décharges
d'énergie neurochimique soudaines
dans le cerveau pouvaient être à
l'origine des crises et que l'expression
des crises était dépendante de la
localisation des décharges.
À cette
époque lOt proposé le premier
médicament contre l'épilepsie :
le bromure.
Au XX' siècle, une meilleure
connaissance de la transmission
neurochimique dans le cerveau et
le développement de nouveaux outils
d'investigation ont permis d'améliorer
le diagnostic et le traitement de
la maladie.
Les traitements
pharmacologiques actuels
Le traitement principal de l'épilepsie est
en fait un traitement de fond visant à
limiter l'apparition des crises.
Une
vingtaine de médicaments est
aujourd'hui disponible.
Utilisés seuls
(monothérapie), ces médicaments sont
efficaces dans 80% des cas pour limiter
et même laire disparaître les crises.
En cas d'échec, une association
de plusieurs médic11ments
(polythérapie) peut être prescrite.
L'efficacité dépend d'un suivi très strict
du traitement mais également d'un
respect d'une certaine hygiène de vie
(éviter l'alcool, le manque de sommeil
et le stress).
Au bout de 2 à 5 ans de
traitement efficace, 70 % des enfants et
60% des adultes peuvent interrompre
leur traitement sans risque de rechute.
Dans 10 à 20 % des cas, les crises sont
résistantes aux traitements
médicamenteux, on parle alors
d'épilepsies pharmaco-résistantes.
Dans
ces conditions, une intervention
neurochirurgicale peut être envisagée.
Les interventions chirurgicales
Ces opérations visent à enlever le tissu
cérébral épileptogène.
Néanmoins,
celles-ci ne sont effectuées que lorsque
la zone épileptogène est unique et
localisée, et, qu'en fonction de sa
localisation, son ablation ne risque pas
de produire des déficits plus
handicapants que les crises.
L'imagerie médicale
offre alors une aide précieuse
afin de localiser précisément cette zone.
Deux à trois cents interventions
neurochirurgicDies sont ainsi
réalisées en France chaque année et les
résultats sont, dans 80 à 90 % des cas,
très satisfaisants, en particulier lorsque
la zone épileptogène intéresse le lobe
temporal (les résultats sont moins bons
dans les épilepsies touchant les lobes
pariétaux ou frontaux).
De façon plus
exceptionnelle et dans des cas
d'épilepsies très sévères provoquant
des crises très graves et très fréquentes,
d'autres types d'interventions
chirurgicales sont effectuées.
La callosotomie vise par exemple à
sectionner des faisceaux de fibres
neuronales mettant en contact les deux
hémisphères cérébraux.
Ces fibres
assurent le transfert d'informations
entre les deux hémisphères cérébraux
et leur section empêche la propagation
d'une décharge ayant pris naissance
dans l'un des hémisphères à l'ensemble
du cerveau.
Cette intervention est
effectuée dans les cas d'épilepsies
généralisées très graves et
handicapantes provoquant des crises
avec chutes brutales comme le
syndrome de Lennox-Gastaut.
L'hémisphérotomie (section
fonctionnelle de l'un des hémisphères
cérébraux) consiste à déafférenter
un des hémisphères, c'est-à-dire à
sectionner toutes les libres nerveuses
qui mettent en contact cet hémisphère
cérébral avec le reste du corps, tout en
laissant en place sa vascularisation.
Cette technique est une alternative à
l'hémisphérectomie qui était autrefois
réalisée et qui consistait en l'ablation
complète d'un des hémisphères
cérébraux.
Elle est préconisée dans les
cas d'épilepsie sévère de l'enfant
associée à une hémiplégie (paralysie
d'un côté du corps) ou à des lésions
anatomiques importantes.
Le G11mma Knife est une technique
actuellement à l'essai.
Elle consiste
à irradier la zone épileptogène
avec une puissance de radiation
très élevée.
Cette technique est encore
expérimentale mais présente
l'avantage d'être non invasive et de ne
détruire que les neurones responsables
des crises.
Agir sur l'alimentation
Un autre type de traitement reposant
sur un régime alimentaire très strict, le
régime cétogène, a été mis au point en
1920, après observation d'une
diminution des crises chez des enfants
épileptiques jeûnant.
Le principe de ce
régime est de diminuer l'apport de
sucres qui permettent au cerveau de
constituer des réserves d'énergie directement
utilisables.
En effet les
crises d'épilepsie nécessitent un apport
énergétique rapide et sont ainsi très
dépendantes de ces réserves d'énergie
disponibles.
Le régime limitant l'apport
de sucns force
l'organisme a
utiliser une autre
source d'énergie :
les corps cétoniques
dérivés des
corps gras dont
l'organisme ne .._ __ _ ..._...,�sait
pas faire de
réserves.
Ce traitement est utilisé chez
l'enfant dans 15 à 20% des cas
d'épilepsies résistantes aux
médicaments et est effectué sous
surveillance médicale.
Il permet dans
30 %des cas de maîtriser les crises et
dans 40% des cas de diminuer leur
fréquence.
DES CROYANCES BIEN TENACES
L'épilepsie a longtemps nourrit les
fantasmes, les superstitions et les
craintes.
Les différents noms donnés
à cette maladie (maladie de la Lune,
maladie démoniaque, châtiment du
Christ) reflètent la croyance populaire
selon laquelle la maladie était due
à une possession par de mauvais
esprits ou à une punition divine.
La méconnaissance de la maladie
a souvent conduit à l'exclusion, à la
discrimination des épileptiques voire à
de pires extrémités.
À notre époque,
ces notions restent encore très ancrées
dans certains pays d'Afrique ou d'Asie.
L'épilepsie y est également souvent
considérée comme une maladie
contagieuse.
Jusqu'à une date récente,
il existait dans beaucoup de pays des
lois interdisant aux épileptiques de se
marier et d'avoir des enfants.
En Chine
et en Inde, l'épilepsie est toujours
considérée comme une raison
d'interdire ou d'annuler un mariage.
De même, dans des cultures plus
proches de la nôtre, des lois interdisant
le mariage aux épileptiques n'ont été
abrogées qu'en 1970 en Angleterre
et qu'en 1980 dans certains états
des États-Unis où la stérilisation des
épileptiques était encore effectuée dans
18 états jusqu'en 1956 ! Aujourd'hui, les
traitements sont efficaces et permettent
aux épileptiques de mener une vie
quasi normale.
Mais les vieilles
croyances subsitent malgré tout.
L'épilepsie est encore méconnue et fait
toujours peur.
L'épileptique est souvent
incompris.
Il cherche alors à s'Isoler, le
regard porté par les gens est en effet
parfois plus insupportable que la
maladie elle-même.
D'autre part, la
propre méconnaissance du malade
l'empêche parfois de faire part de sa
maladie et d'accéder aux traitements.
Plusieurs associations telles que
l'Association pour la recherche, pour
l'éducation et l'insertion des jeunes
épileptiques (Arpeije) se sont créées
pour informer le public sur l'épilepsie,
aider les malades et leur famille
et favoriser l'insertion sociale et
professionnelle des malades.
La Fondation française pour la
recherche sur l'épilepsie (FFRE),
quant à elle, soutient la recherche
médicale sur la maladie afin de mieux
comprendre les causes de l'épilepsie
et de mieux la soigner..
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