Robert Desnos, Ce cœur qui haïssait la guerre, 1943
Publié le 28/03/2014
Extrait du document
«
personnels, comme la « haine » (verset 3), la « colère » (verset 14).
La ponctuation traduit cette émotion.
C'est
ici tout l'intérêt du texte, qui est d'ouvrir le lyrisme du texte à une dimension collective, pour montrer que les
sentiments du poète se rejoignent avec des millions d'autres : « je l'entends qui me revient renvoyé par les
échos » (verset 7), d'où l'emploi, non pas du « Je » mais de « ce coeur » relayé par « ces coeurs ».
Une
particularité de l'énonciation de ce poème : le mot « coeur » constitue le centre vital du poème et revient 7 fois.
Le coeur est d'abord l'organe vital par excellence, qui irrigue tout le corps, ce que transcrit notre texte par le
polyptote autours du verbe « battre ».
L'auteur rappelle la dimension physiologique du coeur : « veines »
(verset 2), « sang » (verset 2), « cervelle » (verset 4), « oreilles » (verset 4).
Desnos suggère ainsi que le sujet
qu'il traite et l'appel qu'il lance sont de l'ordre de vital.
Ensuite, ce coeur prend une autre signification, celle du
siège des sentiments et des aspirations, synonyme d'amour et du courage.
Ici, « ce coeur » désigne le poète
lui-même, avec ses sentiments, ses aspirations, ses tensions ; en rejoignant des « millions d'autres coeurs », il
devient le porte-parole de tout le peuple français.
Enfin, le coeur symbole de vie, s'élargit ici à une dimension
cosmique, universelle en s'unissant « au rythme des marées, à celui des saisons, à celui des heures du jour et
de la nuit » ou à « la mer ».
Ce coeur est en harmonie avec l'univers, révélant l'ampleur de la lutte, une lutte de
dimension cosmique.
b) L'appel à une collectivité
Desnos va user de différents moyens et différents procédés pour emporter l'adhésion de son lecteur et le
pousser à l'action.
Une dimension véritablement collective.
Le poète veut en effet montrer que tous ceux qui
sont engagés dans la Résistance et qui travaillent dans l'ombre, qu'ils ne sont pas seuls, mais qu'ils sont
rejoints par des millions, autours d'un même mot d'ordre, d'où cette insistance sur les pluriels et le passage de
« ce coeur » à « ces coeurs ».
Beaucoup de répétitions qui passent du singulier au pluriel, au collectif: « la
cervelle » (verset 4) devient « les millions de cervelles » (verset 11), « bruit » (verset 4) devient « bruits d'autres
coeurs » (verset 8) et « leur bruit » (verset 10).
« sang brûlant » (verset 3) devient « tout ce sang porte dans les
millions de cervelles » (verset 11).
« millions » est répété 3 fois ainsi que « même ».
Toutes ces répétitions
rendent manifeste l'union entre tous, la propagation de la révolte, et traduisent le pouvoir d'un combat collectif..
»
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